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A. Politische Urkunden.

I. Dokumente zur Marokkofrage.

Nr. I. Stücke aus dem marokkanischen Gelbbuch *).

A. Die Verhandlungen vor dem Berliner Abkommen.

1) M. Jules Cambon, Botschafter der französischen Republik in Berlin, an M. Cruppi, Minister der Auswärtigen Angelegenheiten in Paris.

Berlin, le 22 juin 1911.

Je me suis rendu avant-hier à Kissingen. J'y ai trouvé M. de Kiderlen Die Kissinger et ai eu le jour même et le lendemain deux entrevues avec lui.

Le premier jour, je l'ai trouvé extrêmement réservé. Je lui ai parlé de mon entretien du dimanche 11 juin avec M. de Bethmann-Hollweg. Il en avait connaissance ainsi que de la déclaration de Votre Excellence sur la portée de nos opérations militaires au Maroc: „Le Chancelier m'ayant manifesté le désir que je m'entretinsse avec vous, lui ai-je dit, nous avons quelques questions à traiter ensemble comme celles des chemins de fer marocains; j'espère aussi recueillir quelques indications au sujet de reflexions d'ordre général sur les rapports de l'Allemagne et de la France que nous avons échangées avec le Chancelier." Le Secrétaire d'Etat laissa tomber la conversation.

„Ministère des affaires étrangères. Documents diplomatiques. 1912. Affaires du Maroc VI. 1910-1912. Paris. Imprimerie Nationale. 1912. [XXII u. 671 Seiten.] S. 372 ff. (Nr. 399 ff.) Diesem Bande sind vorhergegangen: Bd. I 1905 (1901-5), Bd. II 1906 (1906), Bd. III 1907 (1906-7), Bd. IV 1908 (1907-8), Bd. V 1910 (1908-10). Aus den Drucksachen des deutschen Reichstages sind dazu zu vergleichen: 12. Legislaturperiode, II. Session 1909/11 Nr. 1140, 1141, 1159, 1160 und die Protokolle der 201., 202., 203. Sitzung (9., 10., 11. November 1911), 217. Sitzung (5. Dezember 1911), Seite 7707 ff., 8325 ff. Die französischen Parlamentsverhandlungen sind abgedruckt: Journal officiel 1911 S. 3969, 3987, 4002, 4041, 4057, 4077; 1912 S. 32, 125, 131, 147, 165, 181, 201, 215, 260, 1190, 1252, 1332.

Verhandlungen.

Le lendemain mercredi nous passâmes quelques heures ensemble. Cette fois ce fut lui qui aborda la question marocaine, et la conversation prit tout de suite une allure vive. Il me parla de l'Espagne. Je me contentai de lui répondre que l'Espagne ayant pris une initiative qui paraissait peu conforme à l'Acte d'Algésiras, le Gouvernement Allemand ne pourrait, en cette occasion, observer une autre ligne de conduite que celle que nous aurions nous-mêmes en nous appuyant sur l'Acte d'Algésiras. A ce point de vue, j'insistai sur le caractère de la dernière déclaration que Votre Excellence m'avait chargé de faire au Gouvernement Impérial.

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Fort bien, me répondit mon interlocuteur, mais pourquoi vous en ferais-je compliment? Faut-il considérer comme un mérite qu'on tienne sa promesse ?" Je repris qu'assurément nous ne faisons qu'exécuter ce que nous avions dit, mais qu'on en avait douté et que nous pouvions de faire remarquer aujourd'hui, après que nous avons dépensé tant de millions et de vies humaines. Et qui vous a demandé de le faire? Le Sultan, notre Consul, le Consul d'Angleterre, tous juges du péril. Vous ne parlez plus du Consul d'Allemagne ? Je relevai cette remarque en lui rappelant que la mention du Consul d'Allemagne avait été aussitôt démentie que lancée. Il n'importe, continua M. de Kiderlen, il n'en est pas moins vrai qu'aujourd' hui vous avez laissé derrière vous, à Fez, une situation tout autre que celle que vous y avez trouvée: des forces, commandées par des Français, répandues sur tout le pays, et un Sultan à votre dévotion." Vous vous trompez, repris-je, sur le pouvoir du Sultan et même sur son caractère. Nous sommes obligés de mettre entre ses mains une force militaire et de la discipliner, si nous ne voulons pas abandonner le pays à l'anarchie et y ruiner tout Quant à l'autorité du Sultan, souvenez-vous que c'est collaboré pour la rédaction de l'Accord de 1909. Que consacre cet Accord? L'égalité économique entre la France et l'Allemagne et l'influence politique reconnue à la France. Pourquoi contestez-vous aujourd'hui que nous exercions cette influence?" „Je ne conteste pas votre influence, reprit M. de Kiderlen, mais qui dit influence ne dit pas protectorat et c'est un véritable protectorat que vous êtes en train d'organiser. Cela n'est ni dans l'Acte d'Algésiras, ni dans l'accord de 1909, pas plus que ce que vous faites à l'Est et à l'Ouest du Maroc, dans la Chaouya et sur la Moulouya."

commerce. . . .

.....

vous et moi qui avons

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"Il est difficile, répondis-je à M. de Kiderlen, quand il s'agit d'une autorité barbare, de déterminer jusqu'où peut aller l'influence. Vous devez en convenir mais je ne saurais vous laisser mettre en doute ni notre ferme propos de nous tenir sur le terrain que vous nous avez reconnu, ni le caractère de l'occupation de la Chaouya qui résulte de nos accords antérieurs avec le Sultan; c'était justement pour éviter ces malentendus, qui pourraient dans l'avenir être une source de conflits ou tout au moins de difficultés graves entre nos deux pays, que nous nous étions entretenus avec M. de Bethmann-Hollweg de la possibilité d'étudier un accord de nature à les éviter." Et je demandai à M. de Kiderlen s'il y avait réfléchi.

Je le trouvai de nouveau silencieux et réservé. Je repris ce que j'avais dit à M. de Bethmann-Hollweg sur la façon dont l'état de crise, qui existait il y a quelques années, entre l'Angleterre et la France, s'était dénoué. Je marquai qu'il n'en pouvait pas être de même entre l'Allemagne et la France, puisqu'il était un douloureux souvenir qui nous séparait, mais que, néanmoins, cette défiance hargneuse qui divise l'opinion et la presse des deux pays et qui rend leurs rapports si difficiles pouvait être atténuée, si on apportait un peu de bonne volonté et de largeur d'esprit à chercher un accord.

M. de Kiderlen me dit: „Eh bien, je partage votre sentiment, mais si nous restreignons notre conversation au Maroc, nous n'aboutirons pas; il est inutile de replâtrer ce qui a été fait au sujet du Maroc et qui semble se lézarder aujourd'hui.“

,Vous êtes d'autant plus dans le vrai, lui répondis-je, que, vous vous en souvenez, vous m'avez autrefois parlé du Maroc. Or, autant vaut-il dire tout de suite que, si vous souhaitez d'avoir quelque part du Maroc il vaut mieux ne pas commencer la conversation: l'opinion en France ne l'accepterait pas sur ce terrain et, d'ailleurs, dans l'intérêt de nos bons rapports, il vaut mieux que nous ne multiplions pas les voisinages; il n'y a pas de pires querelles que les querelles de murs mitoyens: on peut chercher ailleurs."

,Oui, on le peut, reprit M. de Kiderlen, mais il faut nous dire ce que vous voulez."

„Je ne saurais le faire, car ces idées sont nouvelles, lui dis-je alors, mais je les soumettrai à mon Gouvernement puisque je vais à Paris, et vous de votre côté, réfléchissez à ce que vous voulez."

La conversation tourna, mais lorsqu'une heure après nous nous séparâmes, M. de Kiderlen eut soin de me dire: „Rapportez-nous quelque chose de Paris. J'y tâcherai, lui dis-je en le quittant. Si nous ne réussissons pas aujourd'hui, il ne faudra pas nous brouiller pour cela, mais attendre que le temps rende le succès possible."

Je persiste à penser que nous devons, surtout si nous parvenons à une entente avec l'Allemagne, rester fidèles à l'esprit qui a inspiré nos accords espagnols de 1904. Une politique de suspicion envers l'Espagne serait dangereuse.

Il ne faut se dissimuler aucune des difficultés extérieures et intérieures que la conversation que j'ai commencée comporte. Elle sera présentée en France par les gens mal intentionnés comme un acte de faiblesse et non comme un acte de prévoyance. D'autre part, il importe qu'on n'y voie pas l'aveu d'embarras que nous rencontrerions au Maroc. Nos engagements remplis, il appartiendra à tous les signataires de l'Acte d'Algésiras de demander à tous l'exécution de cet Acte.

Quoi qu'il en soit, j'ai cherché à traduire auprès de M. de Kiderlen, comme je l'avais fait auprès du Chancelier, les intentions que m'avait esquissées Votre Excellence et sur lesquelles elle m'avait invité à pressentir la Chancellerie impériale. J'ai donné à ces entretiens un caractère très per

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sonnel pour laisser au Gouvernement de la République toute sa liberté. Il importe cependant aujourd'hui de poursuivre car il ne nous est plus permis de paraître nous retirer, et de déterminer avec précision les éléments qui pourront servir de base aux conversations ultérieures.

2) Minister de Selves an die französischen Vertreter bei den europäischen Großmächten und in Tanger.

Paris, le 1er juillet 1911.

D'ordre de son Gouvernement, l'Ambassadeur d'Allemagne vient de me remettre le memorandum suivant: Des maisons allemandes établies au Sud du Maroc, et notamment à Agadir et dans ses environs, se sont alarmées d'une certaine fermentation parmi les tribus de ses contrées, que semblent avoir produite les derniers événements dans d'autres parties du pays. Ces maisons se sont adressées au Gouvernement impérial pour lui demander protection pour leur vie et leurs biens. Sur leur demande, le Gouvernement a décidé d'envoyer au port d'Agadir un bâtiment de guerre pour prêter, en cas de besoin, aide et secours à ses sujets et protégés ainsi qu'aux considérables intérêts allemands engagés dans lesdites contrées. Dès que l'etat de choses au Maroc sera rentré dans son calme antérieur, le bateau chargé de cette mission protectrice aura à quitter le port d'Agadir!"

En me remettant le memorandum ci-dessus, le Baron de Schoen m'a dit que la situation dans laquelle le Maroc se trouve actuellement rend nécessaire dans un très bref délai une conversation sur ce sujet; l'Ambassadeur a ajouté qu'il ne voulait pas examiner si l'envoi d'un bâtiment de guerre allemand à Agadir est ou n'est pas conforme à l'Acte d'Algésiras; en effet cet Acte a déjà reçu trop d'atteintes pour qu'on puisse l'alléguer avec autorité. En ce moment, lorsqu'il s'agit du Maroc, l'opinion publique allemande se montre très nerveuse, aussi est-ce en grande partie pour la calmer que le Gouvernement impérial a décidé d'envoyer un bâtiment de guerre à Agadir, mais cette mesure de précaution prise en vue de sauvegarder la vie et les biens de sujets allemands, ne doit pas avoir d'influence sur l'état de nos relations et M. de Schoen m'a en conséquence exprimé le voeu qu'elle ne fût pas dramatisée par l'opinion publique française, de manière à exercer une répercussion défavorable sur nos conversations.

J'ai répondu à M. de Schoen que je regrette vivement la décision prise par le Gouvernement Allemand. J'ai ajouté que j'étais moi aussi convaincu de l'utilité d'une conversation entre nos deux pays au sujet des affaires marocaines, mais que l'envoi du navire de guerre allemand à Agadir modifie gravement l'aspect que devait avoir cette conversation. J'ai fait observer qu'il y a en France ainsi qu'en Allemagne une opinion publique. Elle suit avec attention les affaires marocaines et sera plus difficile que moi à persuader de la réalité du motif invoqué par le Gouvernement allemand pour expliquer la décision qu'il a prise.

Pour Londres et Saint-Pétersbourg: Je vous prie de communiquer d'urgence ces renseignements aux Gouvernements britannique et russe et de leur demander leur sentiment sur la situation.

Pour Londres: Il serait possible que nous fussions amenés à envoyer un navire de guerre à Mogador. Le Gouvernement anglais serait-il disposé à prendre, le cas échéant, une mesure analogue?

3) M. de Berckheim, Geschäftsträger der französischen Republik in Berlin, an Minister de Selves.

Berlin, le 1 juillet 1911.

En l'absence de M. de Kiderlen, le Sous-Secrétaire d'Etat vient de commenter de la manière suivante l'envoi du „Panther" à Agadir:

Nous avons cru devoir envoyer un bâtiment de guerre à Agadir pour deux raisons: 1o parce que les intérêts considérables possédés par nos ressortissants dans la région dont il s'agit paraissaient menacés en raison de l'agitation que les partisans da Glaoui préparent dans le but de venger sa disgrâce et qui pourra éclater aussitôt que que la récolte sera terminée, 2o parce que l'opinion publique en Allemagne ne pouvait plus longtemps souffrir que le Gouvernement impérial semblât se désintéresser des affaires marocaines, au moment où Français et Espagnols ne paraissaient plus vouloir s'en tenir à l'Acte d'Algésiras".

4) Minister M. de Selves an M. Paul Cambon, Botschafter der französischen Republik in London.

Paris, le 2 juillet 1911.

Je me suis entretenu avec le Chargé d'affaires de Russie, ce matin, de l'envoi à Agadir d'un navire de guerre allemand. Le Chargé d'affaires a manifesté l'intention de prier le Gouvernement russe d'inviter son représentant à Berlin à marquer sa surprise et son étonnement de la mesure que le Gouvernement impérial a cru devoir prendre. M. Demidoff m'a fait part également de son intention de demander que le Cabinet de Saint-Pétersbourg s'informât exactement des causes qui ont motivé l'action du Gouvernement allemand et se renseignât sur le but qui est en réalité poursuivi.

5) De Selves an die französischen Vertreter bei den Großmächten und in Tanger.

Paris, le 2 juillet 1911.

L'Ambassadeur d'Allemagne, que j'ai vu aujourd'hui m'a parlé de sa communication d'hier. Il a insisté sur le désir de son Gouvernement que l'envoi du „Panther" à Agadir ne fût pas interprété en France inexactement et tendancieusement: pour me préciser le mobile qui a fait agir son Gouvernement et les dispositions qui l'animent, il m'a remis une note que je vous transcris ici:

Le Gouvernement allemand se maintient dans une stricte réserve visà-vis des opérations militaires françaises. Il n'a pas l'intention de créer des

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