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Le communisme a des causes eloi- répondent plus aux exigences; les vertus professionnelles et traditionnelles

Aux causes elogues appartiennent qui tempéraient et maintenaient cha

les suivantes ?

1o La foi des peuples en une condute providentiede des États et des hermes est affie, et, par suite, la pieuse resignation à son état, qui entretout le contentement de l'homme ou le pousse à améliorer insensiblement sa station, est profondément trouMee. Dès lors s'évanouit aussi le courege necessaire à chacun dans son état, dens sa profession, courage qui suppose l'espoir et la confiance dans l'avenir.

L'Église ne peut pas rendre cette pieuse confiance à ceux qui en auraient le plus besoin: la puissance politique l'a évincée de toutes les situations où elle aurait pu agir et avoir une influence directe. On l'a reléguée, dit-on, dans sa sphère propre. C'est fort bien; mais on s'est privé de tout l'appui moral, de tout le concours qu'elle pouvait apporter à l'État en se mêlant sagement à ce qui paraît n'être pas de son domaine immédiat.

2o La société n'a plus la discipline morale qui autrefois ordonnait à chaque état et à chaque homme de remplir sa carrière en la subordonnant à la loi supérieure de la communauté, de se servir de ses droits et de ses avantages, et de se contenter du sort qui lui était échu. L'absence de cette discipline morale a produit une fausse prédominance de l'individualisme, qui entraîne chacun à empiéter sur les droits des autres.

cun ont disparu. La fortune de tous est en péril là où il n'y a plus ni modération, ni mesure, ni conseil; là où l'ambition n'a plus de bornes et les prétentions plus de limites; là où personne ne sait plus se dominer moralement. La corruption gagne de proche en proche. Rien n'arrête, ni les traditions disparues, ni l'autorité méconnue, ni l'État bafoué, ni l'Église dédaignée, ni la conscience étouffée, ni l'honneur ridiculisé. De là le nombre croissant des enfants naturels, fléau des sociétés modernes. L'État, par humanité, se charge des fruits des unions criminelles, et son humanité tourne au détriment de tous, en assurant comme une prime à ceux dont les désordres détruisent la famille et minent la société dans sa base.

3o L'éducation des écoles elle-même, pour laquelle on fait beaucoup dans les temps modernes, contribue à ces tristes résultats. L'enseignement est abstrait et superficiel. Il s'inquiète peu du fond des choses, peu des dispositions de ceux qui apprennent; la forme et le fond ne s'identifient plus, et de là un jugement vague et téméraire, une raison à la fois indécise et hardie, dogmatique quoique sans principe, qui ignore et qui tranche, qui se perd en spéculations vaines et n'a plus de valeur sérieuse et réelle. Cette absence de sens pratique ne nuit pas seulement à la raison; elle nuit surtout aux mœurs, d'autant plus qu'à mesure que l'ins

Une ambition immodérée, des pré-truction augmente dans les écoles l'édutentions exagérées tendent à confondre les rangs, à effacer les distances, à désorganiser tout l'ancien système social. Chacun devient plus exigeant dans sa sphère; on vise plus loin qu'on ne peut atteindre, on aspire à plus qu'on ne peut obtenir; les moyens ne

cation diminue. L'esprit se gonfle tandis que le cœur reste vide, et l'imagination se peuple de fantômes contre lesquels rien ne garantit la volonté. Une littérature folle achève ce qu'un enseignement imprudent a commencé, et la presse périodique, loin de moraliser, de

guider, d'éclairer le peuple, trop souvent l'aveugle, l'égare et le corrompt.

4° Une politique instable, une législation changeante, des gouvernements éphémères ne prêtent plus un appui sûr à l'homme, au milieu de l'agitation des affaires publiques. On ne croit plus au droit divin dans les choses humaines, on ne s'inquiète guère du règne de Dieu qui doit être la base des institutions sociales; avec la foi religieuse s'évanouit la foi catholique. Où est la source de l'autorité? Où est la sanction du pouvoir? Qu'est-ce qui en fait la légitimité? Y a-t-il encore un pouvoir légitime? Tout n'est-il pas mis en question, résolu négativement? La force, le hasard et l'intérêt ne sont-ils pas la trinité politique qu'adorent la plupart des hommes d'État et des gens du peuple? Que devient le droit historique, que deviennent les droits fondés sur les traditions? Ne viole-t-on pas chaque jour et partout les droits acquis des institutions les plus respectables par leur ancienneté, leur but, leurs services, ceux de l'Église, ceux des corporations, ceux des fondations, ceux des communautés? L'idée de l'inviolabilité des droits légitimement acquis n'est-elle pas ébranlée de toutes parts?

La révolution française a profondément altéré la foi en la sainteté de la propriété. Il en a été de même de la sécularisation des biens de l'Église dans l'empire d'Allemagne, au commencement de ce siècle. Cet empiétement de l'État, usurpant des biens qui ne lui appartenaient pas, a perverti l'idée du juste dans les masses. N'ont-elles pas le droit qu'ont eu les gouvernements? Il ne s'agit que d'être le plus fort. En fait de lois on a abandonné la mesure historique et traditionnelle. Un esprit de généralisation aride s'est glissé partout; la loi est abstraite; elle prétend s'appliquer à tout, et dans la réalité elle

a peine à s'appliquer à quoi que ce soit, ayant pris sa mesure ailleurs que dans les faits, la nature, l'histoire et les besoins vrais de l'homme et de la société. Il y a un abîme entre le bon sens équitable du peuple et la législation moderne.

L'action vivante et libre des corporations ayant été paralysée ou écartée dans toutes les constitutions modernes, le gouvernement indépendant et moral de ces utiles corporations a été partout remplacé par un régime illimité de police minutieuse et tracassière. Cette centralisation de l'administration n'ayant pas pu s'identifier suffisamment avec les intérêts particuliers dont elle était chargée, elle a suscité plus de mécontentement que de satisfaction; elle n'a pas avancé les affaires, mais elle a embarrassé, entravé, limité partout la liberté des communes. Devant tout voir, tout prévoir, suffire à tout, l'État a multiplié ses fonctionnaires; une immense bureaucratie s'est étendue sur le pays, augmentant le mal au lieu de le diminuer, aggravant les charges financières sans autre profit que celui qu'en tirent les salariés de | l'État.

Le droit des nations ayant été méconnu dans le partage qu'en ont fait entre eux les rois de l'Europe, les crises qui menacent la paix du monde sont plus fréquentes.

Le droit des nations méconnu, le droit politique des États a été ébranlé ; les révolutions deviennent pour ainsi dire périodiques; et, l'autorité du droit civil chancelant avec le droit politique, les particuliers se ruinent en procès, et les délits contre la fortune publique augmentent. Le système actuel de l'administration de l'État ne répond pas aux besoins multiples de la société moderne. Et de là les causes immédiates que nous avons dit amener et favoriser le communisme.

mus à pas mahace est d'a- des agents salariés et indifférents qui ma de sère, qui dépensent, tandis que c'étaient des adæ ævne e povjerisme, c'est-ministrateurs gratuits et intéressés à la citarea as laquelle la pau- prospérité des œuvres qui les dirigeaient. mal sporadique, L'État a cessé par là d'être le régulaA mai epidémique, la teur du prix des subsistances, et a livré la vie du peuple à l'arbitraire du commerce et de l'usure.

4ade di pauperisme l'économie poLegalement menaçante. On * & tier, le siècle est fécond en arcurcuits scientifiques; il sait appliquer sce et en tirer avantage; mais organisation économique tend ps à augmenter la masse des richesses quà en faire une répartition équitable tre les diverses couches de la société. La classe moyenne, dont la prépondérace relative dans la société est un bonheur pour l'État, diminue; au-dessus d'elle il se forme quelques grandes fortunes; mais au-dessous d'elle la multitude des misérables pullule de plus en plus.

La propriété s'est divisée à l'infini. Quand cette division est modérée et proportionnée au pays, elle produit beaucoup d'avantages moraux, légaux, politiques, économiques; s'étend-elle avec excès, prend-elle des proportions exagérées le sol, partagé outre mesure, a peine à nourrir de pauvres journaliers; le paysan libre, qui fait la force et l'indépendance du pays, disparaît de jour en jour. On s'efforce d'affranchir le sol de dîmes, de redevances; mais le propriétaire, pour payer les impôts, fait des dettes, qu'il ne peut plus supporter à la longue on l'exproprie et il devient prolétaire. L'État et l'Église avaient une masse de propriétés foncières qu'ils pouvaient destiner à leurs vassaux l'État a dissipé ses domaines, et, après avoir sécularisé les biens de l'Église et se les être appropriés, il les a aliénés comme les siens propres. Les fondations, au lieu d'être administrées naturellement, le sont financièrement, c'est-à-dire que ce sont

Dans l'industrie c'est le capital qui domine la fabrication; la fabrication diminue de plus en plus la main d'œuvre, que la puissance des machines écrase. L'artisan, affamé, devient ouvrier de fabrique, livré à la merci du fabricant plus que ne le fut jamais le vassal à l'égard de son seigneur. Mais les luttes de la concurrence menacent les grands seigneurs de l'industrie; là aussi a disparu toute sécurité ; le commerce, s'abandonnant à des spéculations chimériques, perd son assiette solide, que la masse des établis sements de crédit et le faible principe de l'association ne peuvent garantir. A cette incertitude du bénéfice se joint le luxe, qui dissipe ce qui est acquis, et qui, partant des situations les plus élevées, s'étend dans tous les sens, parmi la classe moyenne, et pénètre jusqu'aux dernières couches de la société; celles-ci sont dévorées par le fatal abus des liqueurs fortes, qui empêche toute économie, entretient la paresse, engendre l'immoralité et dégrade le peuple jusqu'à la bestialité. Le blé, la pomme de terre, ce qui doit nourrir et enrichir le peuple est employé à faire de l'eau-de-vie, cette peste de l'humanité! Et au milieu de ces effrayants désordres les générations pullulent, et, malgré la science et ses plus ingénieuses applications, l'agriculture, le commerce et l'industrie ne peuvent plus nourrir le surcroît de la population. Le flot des populations exténuées émigre, et retrouve au loin avec ses anciens vices son ancienne misère.

Comment remédier à ce danger me

naçant du paupérisme, et du communisme, qui en est la conséquence fatale? Il faut sans doute employer les moyens directement opposés aux causes du péril. La société moderne s'est évidemment affranchie d'une manière trop brusque de tout ce qui l'a précédée dans l'histoire; elle a rompu tous les liens du passé. Les hommes de la génération présente sont tellement pleins du sentiment de leur liberté qu'ils ne veulent plus reconnaître d'autorité, et en même temps ils sont tellement esclaves de leurs passions, tellement le jouet des vanités et des jouissances de ce monde, qu'ils ne savent plus se maîtriser eux-mêmes ni se diriger moralement.

L'ordre ne peut se rétablir qu'autant que chacun sera vaincu dans son orgueil et dompté dans sa volonté; mais la volonté ne se soumet pas à ce qui lui | est égal; elle ne peut obéir dignement qu'à une puissance supérieure, à celle de Dieu même. Aussi la restauration religieuse de la société est le premier et le principal remède contre les périls des temps présents. Pour que la religion soit restaurée, il faut que l'Église soit affranchie; il faut qu'elle puisse agir dans la plénitude de sa liberté, si elle doit reprendre de l'ascendant sur le peuple, le moraliser et le ramener au sentiment du vrai, du juste et du devoir. Il faut aviser aux périls de l'excès de population en organisant des émigrations régulières, encouragées par l'État, soutenues par des fonds suffisants, dirigées par des agents expérimentés, officiellement chargés d'acheter dans les pays d'émigration des terres pour les nouveaux colons et d'y veiller à leur établissement. Quand on aura sagement pourvu à l'avenir de cette population exubérante, il faudra retenir la population de la mère-patrie dans des bornes raisonnables et modérées, en n'accordant l'autorisation de se maENCYCL. THÉOL. CATH. — T. V.

rier qu'à ceux qui pourront établir clairement qu'ils possèdent les moyens d'entretenir une famille; en employant contre le danger des enfants naturels, outre les remèdes religieux et moraux, tous les moyens que peuvent fournir les censures de l'Église, la sévérité des lois civiles, tels que les amendes, la privation des droits civils et politiques prononcées contre les délinquants. Lorsque les rapports de la population avec le sol et les moyens d'existence qu'il fournit seront redevenus réguliers, il faudra que la société se remette sous une discipline morale par trop négligée dans les temps modernes ; il faudra bien qu'en place de l'indépendance absolue, à laquelle chacun prétend, la société rentre sous une loi disciplinaire com mune, appliquée par l'État, tant que les corporations et les états divers n'auront pas recouvré la force, la vitalité, l'autonomie nécessaires pour diriger ceux qui feront partie de ces états et de ces corporations; il faudra que l'instruction secondaire réponde davantage aux besoins actuels; que l'instruction populaire soit rétablie sur sa base religieuse; que l'enseignement scientifique soit à la fois plus positif et plus chrétien, l'enseignement industriel ramené à son but pratique; que la littérature se préoccupe des besoins moraux du peuple; que la presse périodique soit dirigée de façon qu'elle expose chaque jour plus clairement au peuple ce qu'il y a de positif, d'actuellement utile et de réalisable dans l'Église, l'État et les mœurs; que le droit et la politique se rattachent aux institutions traditionnelles, aux règles du droit historique, en tant qu'il peut s'appliquer encore aux circonstances présentes.

Avant tout il faut réveiller l'élément des corporations, rendre aux associations qui se forment, autant que possible, la nature, les droits, l'autonomie des corporations anciennes, afin qu'elles soulagent

l'État d'une partie du fardeau administratif sous lequel il succombe. Il faut arrêter la désorganisation, l'anarchie qui règne dans la société au point de vue économique. Dans une société qui n'a plus la forte organisation des corporations antiques, le principe laisser faire, laisser passer, ne peut amener que du désordre. Il faut que l'État agisse avec force et énergie pour combattre cet égoïsme qui dévore la société; il faut qu'il arrête le morcellement indéfini de la propriété, qui n'est favorable qu'à la multiplication du prolétariat; qu'il rétablisse une juste proportion entre les grandes, petites et moyennes propriétés ; qu'il restreigne la liberté absolue de toutes les professions; il faut que comprendre et savoir son état soit la condition première de son exercice; que, jusqu'à un certain degré, la profession soit surveillée dans son exercice ainsi que dans son premier établissement; et, comme il est devenu nécessaire à beaucoup d'industries d'être exploitées en grand, il faut que les gouvernements, pour empêcher l'ilotisme des fabriques, interviennent entre les fabricants et les ouvriers, fondent un patronage durable, qui soit une garantie pour les travailleurs et assure vis-à-vis des fabricants leurs intérêts spirituels, moraux, civils, hygiéniques et économiques. Ces réformes, ces réorganisations diminueront la pauvreté sans la détruire, et la tâche de soigner les pauvres sera toujours considérable. L'Eglise s'en est autrefois acquittée avec persévérance et succès. L'État lui a enlevé cette mission, mais il n'a pas hérité de son bonheur à la remplir. En faisant du soin des pauvres une obligation civile au lieu d'un devoir religieux, en sécu larisant l'économie charitable, il lui a enlevé, avec le cachet divin, la bénédiction qui vient d'en haut. La pauvreté est une souffrance qui atteint l'esprit comme le corps, et l'âme autant que l'un et l'autre. Le remède doit être

proportionné à ce mal d'une nature mixte et multiple. La nature humaine tend à l'infini; ses besoins sont sans mesure c'est à la liberté de l'homme à mettre des limites à son désir, des bornes à ses appétits de tout genre. Mais que peut l'Etat sur la liberté morale? Que peut un règlement administratif sur les passions? Ici la religion seule sait atteindre la source du mal, modérer les désirs, tempérer les passions, affaiblir les convoitises, inspirer la tempérance, donner la force de la pratiquer; opposer au luxe, qui ruine les plus opulentes situations, des associa tions qui obligent ses membres à la simplicité chrétienne dans leur vêtement, leur nourriture, leur logement, tout leur mode d'existence; fonder parmi le peuple de vraies sociétés de tempérance, pour combattre la peste des liqueurs fortes, ce qui n'exclut pas les mesures que doit prendre l'Etat pour diminuer le nombre des fabriques d'eau-de-vie et empêcher la trop facile circulation de ces poisons publics.

La religion seule peut donner les moyens de réhabiliter les pauvres. La pauvreté énerve et brise l'énergie de la volonté; la religion sait rendre le courage moral, réveiller le sentiment de la force et de la dignité humaine. En même temps qu'elle secourt matériellement le pauvre, elle ennoblit le secours en s'inquiétant à la fois de l'âme et du corps, en associant l'assistance spirituelle au bienfait matériel. L'Église a toujours su porter sa sollicitude sur tous les besoins du pauvre et fonder des établissements pour y pourvoir. Elle a créé des maisons d'éducation pour les orphelins et les enfants trouvés, des asiles pour les jeunes filles, des refuges pour les repenties, des hospices pour les voyageurs et les nécessiteux, pour les malades et les blessés, pour les fous, pour les vieillards; et dans toutes ces institutions elle place un prêtre

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