Page images
PDF
EPUB

PREMIÈRE PARTIE

LES CONFÉRENCES DE LA PAIX

DE 1899 ET DE 1907

I

LA LIMITATION DES ARMEMENTS

1

EN 1899

Le programme de la première Conférence de la Paix, contenu dans la circulaire du comte Mouravieff du 30 décembre 1898, plaçait au premier plan l'étude des moyens propres « à mettre un terme à l'accroissement progressif des armements de terre et de mer ».

La discussion de ce problème montra rapidement qu'on se heurtait à une double difficulté. En premier lieu, certaines Puissances semblaient opposées en principe à toute solution et le représentant technique de l'Allemagne résumait en ces termes cet état d'esprit : « Le peuple allemand n'est pas écrasé sous le poids des charges et des impôts...;

quant au service militaire, l'Allemand ne le regarde pas comme un fardeau pesant, mais comme un devoir sacré... ». En second lieu, les Comités, chargés par la Conférence d'examiner la question, reconnurent qu'il serait très difficile de fixer le chiffre des effectifs sans régler en même temps d'autres éléments de la défense nationale et qu'il serait non moins difficile de régler, par une Convention internationale, les éléments de cette défense. >>

L'initiative du Tsar risquait donc de rencontrer sur ce point un échec complet malgré la popularité dont elle avait joui. M. le Baron de Bildt, délégué de Suède et Norvège, s'étant fait le porte-parole éloquent des regrets que cet échec suscitait, M. Léon Bourgeois (vit dans ce discours une occasion de dégager le sentiment commun des délégués et de constater leur accord de principe avec la pensée qui avait inspiré le programme russe. Il s'exprima dans ces termes (1):

J'ai été très heureux d'entendre les paroles éloquentes que vient de prononcer M. le Baron de Bildt. Elles répondent non seulement à mon

1. Pour ces différentes interventions, voir les « Actes et Documents » de la première et de la deuxième Conférence de la Paix, publiés par le Gouvernement des Pays-Bas La Haye, Imprimerie nationale, 1899 et 1907).

sentiment personnel et au sentiment de mes collègues de la Délégation française, mais, j'en suis sûr, au sentiment unanime des membres de la Conférence.

Je m'associe donc, Messieurs, à l'appel que M. le Délégué de Suède et de Norvège vient de vous adresser. Je crois même que pour manifester plus complètement encore la pensée qui l'a inspiré, la Commission a quelque chose de plus à faire.

J'ai lu attentivement le texte des conclusions adoptées par le Comité technique. Ce texte indique avec beaucoup de précision et de force. les difficultés qui s'opposent actuellement à la conclusion d'une convention internationale pour la limitation des effectifs. L'examen de ces difficultés pratiques était bien exactement l'objet du mandat du Comité technique et nul ne songe à critiquer les termes dans lesquels il s'est acquitté de ce mandat déterminé.

Mais la Commission a le devoir de considérer d'un point de vue plus général et plus

« PreviousContinue »