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» ligue si avantageuse, par laquelle on travaille » à assurer le salut, la liberté et la tranquillité >> commune de l'Europe; et cela, sans y être obli» gée par aucune nécessité, ou par aucun nou>> veau malheur, mais par la seule raison alléguée » dans la lettre de V. A. R. d'accepter les offres » avantageuses que la France vous faisait, qui, » à la vérité, sont spécieuses et toutes propres » à surprendre V. A. R., mais dans lesquelles » nous doutons fort qu'elle trouve la sûreté » l'honneur et les avantages qu'elle aurait trou» vés dans l'alliance dans laquelle elle a été en» gagée, si elle eût voulu résister, etc.»>

Le traité entre le roi et le duc de Savoie fut exécuté en tout point, et le contrat de mariage entre la princesse de Piémont et le duc de Bourgogne, fut signé le 15 de septembre, et la restitution des pays conquis sur le duc de Savoie, eut lieu d'après un acte du 28 de septembre suivant.

La cour de Versailles se comporta habilement dans cette occasion; car il lui était fort important de détacher le duc de Savoie de la ligue formée contre elle, afin d'attaquer le roi d'Espagne dans le Milanais, et la neutralité de Savoie déconcertait une partie des desseins des alliés (1).

(1) Cette paix fut jugée si importante, qu'elle devint l'objet d'une médaille particulière. On y voit une Minerve qui, d'une main, tient un javelot, et de l'autre, un ra

1696. Mort

et

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politique de mourut le 28 de juillet 1696, âgé de soixante

Croissi,

sept ans. Ce ministre ne passait pas dans le
monde pour avoir beaucoup de talens, et ses
manières brusques et peu soignées contribuèrent
à accréditer cette opinion. D'autres personnes
qui le connurent, et en
et en particulier Gourville,
après avoir lu des dépêches et des instructions
faites par lui, l'ont jugé avantageusement (1).

meau d'olivier. Elle a à ses pieds son égide. Près d'elle est assis l'Hymen qui a son flambeau allumé, et qui s'appuie sur un écusson aux armes de France et de Savoie. La légende, était : Minerva pacifera, (Minerve pacifique); et l'exergue, Pax Sabaudice (la paix avee la Savoie), 1696.

(1) Le premier commis Pachau fut remplacé par M. Bergeret, avocat-général au parlement de Metz, qui s'était donné la réputation de faire tout le travail de M. de Croissi. L'abbé de Choisi s'exprime ainsi à son sujet : « Bergeret, >> premier commis de M. de Croissi, allait tous les jours >> écrire sous son maître les lettres qu'il lui dictait, et » n'était qu'un simple scribe, quoiqu'il eût deux mille écus > d'appointemens. Il n'y changeait pas une parole, et ce>> pendant, lorsqu'on parlait des belles dépêches de M. de » Croissi, et qu'on le flattait d'y avoir quelque part, il se » donnait un air modeste, qui laissait entendre ce qui » n'était pas, sans pourtant qu'on pût l'accuser de s'en être » vanté grossièrement. J'ai moi-même été trompé comme » les autres, jusqu'au jour, qu'à la honte de notre siècle, » l'Académie le préféra à Ménage. Alors il me consulta sur » une harangue que M. d'Harcourt, son ami, lui avail

Mais ses voies et ses moyens n'étaient pas toujours estimables, et la correspondance de Barillon, résultat des instructions du cabinet, suffirait pour inculper la politique de ce ministre.

Quant à ses opérations et à ses mesures d'état, il serait difficile de le juger plus favora blement. Beaucoup d'actes violens et hautains se rapportent à son administration, et semblent l'effet de ce caractère âpre, de cette écorce sauvage qu'on lui reprochait. Le bombardement de Gènes, l'envahissement de Strasbourg, l'enlèvement du duché des Deux-Ponts au roi de Suède, allié de la France, et cette multitude d'actes inconvenans et précipités qui, sous le prétexte de dépendances des pays conquis ou réunis, dépouillèrent plusieurs princes dignes d'égards, attestent que Croissi ne connut pas toujours l'art des ménagemens, et qu'il crut trop que la puissance pouvait se passer de la politique. C'est à ses procédés dominateurs, qu'il faut attribuer ces ligues haineuses et fortement combinées, qui éclatèrent dès les premières années de son ministère, et allumèrent une guerre universelle dont il ne vit pas la fin. Toutefois le

» faite, et je connus son incapacité par les manières inno»centes et niaises dont il reçut mes corrections, dont il » n'entendait pas la moitié.» (Mém. de Choisi, p. 428.)

1696. Torci nommé

est

ministère des

gères.

département des affaires étrangères a l'obligation à ce ministre d'avoir réuni les correspondances politiques éparses, et créé ses archives; monument utile sous plus d'un rapport.

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Colbert, marquis de Torci, fils de Croissi, fut au son successeur dans le ministère des affaires affaires étran- étrangères. Il était né à Paris, le 14 de septembre 1665. A la fin de ses études, Croissi commença à le former à la politique, en lui faisant lire d'anciennes dépêches. N'étant encore âgé que de dix-neuf ans, il fut envoyé en 1684, en Portugal pour féliciter le nouveau roi de Portugal, don Pedro, sur son avénement au trône. L'année suivante, il se rendit à Copenhague pour complimenter le roi de Danemarck sur la mort de la reine-mère. De Danemarck, il alla à Hambourg, à Berlin, à Ratisbonne, à Vienne, à Munick, passa en Italie par le Tyrol, et se rendit à Rome et à Naples. En 1687, il alla complimenter la reine d'Angleterre sur la perte de la duchesse de Modène, sa mère.

La mort du pape Innocent x1, qui arriva en 1689, fut pour Torci, l'occasion d'un autre voyage instructif. Le roi voulut qu'il accompagnât les cardinaux français au conclave, afin qu'il observât de plus près les ressorts de la politique romaine. Ce fut pendant ce voyage que lui fut accordée la survivance de la charge de secrétaire d'état que possédait son père, et dont il remplit

les fonctions, immédiatement après sa mort. Toutefois, le roi engagea Pomponne, dont Torci avait épousé la fille, à l'aider quelque temps de ses conseils, dans l'exercice d'une charge où il faut tant de maturité, et Torci n'avait guère que trente ans, Pomponne, en père, en ami et en ministre d'état consommé, seconda jusqu'à sa mort Torci (1), et il lui inspira ces vertus publiques et privées qui, pendant son administration l'avaient rendu lui-même si respectable à toute l'Europe.

1697. Démarches

pour faire roi

le prince de Conti

Louis XIV avait envoyé, en 1693, l'abbé de Polignac, depuis cardinal, en qualité d'ambassadeur extraordinaire en Pologne (2). Ce minis- de Pologne tre qui n'était alors âgé que de trente-deux ans, avait suivi le cardinal de Bouillon au conclave de 1689 où fut élu Alexandre vIII. Admis dans la négociation qui eut lieu immédiatement avec le saint-siége, au sujet des articles de l'assemblée du clergé de 1682, l'abbé de Polignac entretint plusieurs fois ce pontife qui goûta son esprit, et lui dit, dans une de ses dernières au

(1) Pomponne mourut le 20 de septembre 1699, âgé de quatre-vingt-un ans. Le roi en fut très affligé : voyant la douleur de l'abbé de Pomponne, son fils, il lui dit avec sensibilité : « Vous pleurez un père que vous retrouverez » en moi, et moi, je perds un ami que je ne retrouverai

(2) Hist. du cardinal de Polignac.

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