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Le comte de Creci avait signé plusieurs traités en Allemagne en 1672, et avait conclu en 1684 la trève de vingt ans entre la France, l'empereur et l'Espagne.

Le comte de Callières avait rempli plusieurs missions particulières en Pologne, en Italie et en Allemagne.

Les ministres de l'empereur étaient les comtes de Kaunitz, de Straatman et le baron de Seilern;

Ceux d'Espagne, don Quiros, et le comte de Tirimond;

Ceux d'Angleterre, le comte de Pembrock, le vicomte de Darford, le lord Lexington et le chevalier Williamson;

Ceux des Provinces-Unies, Jacques Boréel, Antoine Heinsius, etc.

Sans s'en tenir aux articles préliminaires signifiés par la France, les Espagnols qui ne les agréaient pas, firent des demandes particulières contenues en cinquante-six articles, lesquels se réduisaient à ce qu'on traitât sur le pied de la paix des Pyrénées, c'est-à-dire, que la France abandonnât tout ce qu'elle avait acquis à titre de réunions et de dépendances; et même, tout ce qui lui avait été cédé par les traités d'Aix-laChapelle et de Nimègue.

Les plénipotentiaires de l'empereur demandaient la restitution entière des villes et pays

réunis; de plus, le rétablissement des villes impériales de l'Alsace dans les priviléges dont elles jouissaient avant la paix de Westphalie, prétendant qu'elles n'avaient été cédées à la France qu'avec la garantie de leurs priviléges.

Les plénipotentiaires français se bornèrent à demander aux ambassadeurs d'Espagne et de l'empereur, s'ils consentaient à traiter sur le pied des préliminaires, ou s'ils y renonçaient; que s'ils les acceptaient, ils devaient voir que leurs prétentions n'étaient pas admissibles; que si, au contraire, ils rejetaient les préliminaires, on traiterait sur les objets en litige, comme s'il n'eût été question de rien.

Les plénipotentiaires espagnols et impériaux déclarèrent qu'ils acceptaient les préliminaires; mais seulement comme faisant partie de leurs prétentions. Par cette réponse adroite, ils éludèrent la difficulté, et se maintinrent dans le droit de revenir à leurs demandes. Cependant les Hollandais continuaient leurs conférences avec les ministres français, et ils convinrent le 27 du mois de mai, d'une suspension d'armes. pendant le cours de la négociation.

Sur ces entrefaites, les ministres de France reçurent de leur cour, une réponse définitive aux demandes des espagnols et des impériaux, laquelle portait : « qu'ils ne devaient rien at» tendre au-delà de ce qui avait été proposé

» dans les articles préliminaires; le roi déclarait >> même qu'il ne consentait à persister dans ses » engagemens à cet égard, que jusqu'à la fin du >> mois d'août; et qu'il se regarderait comme » libre de traiter sous toute autre condition, si » d'ici à cette époque, ses ennemis ne consen» taient point à la paix. ».

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Le roi d'Espagne ayant perdu Barcelonne, et n'ayant plus ni troupes, ni argent, donna ordre à ses ambassadeurs, de finir au plutôt, en tâchant néanmoins de tirer de la France, le meilleur parti possible.

Les plénipotentiaires de l'empereur ayant demandé que, pour prévenir les guerres que la succession à la couronne d'Espagne, pourrait amener un jour, on réglât ce qui y était relatif, les français éludèrent ce point important, en répondant que la succession du roi d'Espagne n'avait rien de commun avec le traité dont il s'agissait; et qu'il ne convenait pas, pour un article inattendu, et dont la discussion pouvait être longue, de retarder la paix générale. Cette réponse parut raisonnable aux alliés, et le roi d'Espagne lui-même, ne fut pas fâché de voir cette discussion mise à l'écart.

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La cession de Luxembourg que la France exigeait de l'Espagne, rencontra une forte opposition de la part des impériaux; ceux-ci observant, que si cette place, qui servait de commu

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'1697.

Traité de

nication entre l'Empire et les Pays-Bas espagnols, et de barrière aux provinces situées entre la Meuse, la Moselle et le Rhin, était cédée à la France, il en résulterait pour l'Empire et l'Espagne, un tort irréparable. La cour de Versailles abandonna ses prétentions sur cette place ; mais en même temps, elle remit au médiateur, un mémoire dans lequel elle déclarait, « que l'empe» reur n'ayant pas profité des délais qu'elle lui » avait accordés pour se concilier, elle retirait » l'offre faite de lui remettre Strasbourg, ou de » lui donner un équivalent, et qu'elle entendait >> retenir cette place. »

Le même mémoire accordait au duc de Lorraine des conditions plus favorables que par le passé, et fixait un nouveau délai définitif au 20 de septembre, lequel terme arrivé, le roi se regardait comme libre de proposer de nouvelles conditions. Ce terme était près d'expirer, lorsque l'Angleterre, la Hollande et l'Espagne voyant qu'elles n'avaient pas de nouveaux avantages à espérer, se détachèrent de l'empereur, et signérent chacune leur paix séparée.

Les plénipotentiaires des Provinces-Unies fupaix avec les rent les premiers qui signèrent leur traité avec la France, le 20 de septembre 1697.

Provinces

Unies.

Toutes les conquêtes faites de part et d'autre, depuis le commencement de la guerre étaient restituées, et nommément Pondichéri, qui devait

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être rendu à la compagnie des Indes Orientales de France.

Les sujets des états-généraux (art. XV) ne devaient plus être regardés en France, comme aubains.

Il fut signé le même jour, un traité de commerce et de navigation entre les deux états.

1697.

Traité de

avec

l'Espagne.

Le traité entre la France et l'Espagne, fut conclu le 20 de septembre. Les conquêtes (art. IV paix et suivans), occupations et réunions faites par sa majesté très chrétienne, tant en Espagne qu'aux Pays-Bas, depuis la paix de Nimègue, étaient restituées à l'Espagne. Ces restitutions comprenaient Gironne, Barcelonne, Mons, Charleroi, Ath et ses dépendances, Courtrai, Luxembourg et le comté de Chinei. La France ne retenait que quatre-vingt-deux bourgs ou villages, qu'elle prétendait être des dépendancos de places cédées par les traités précédens; ce qui devait être décidé par des commissaires nommés de part et d'autre ; et au cas qu'ils ne pussent s'accorder, les états-généraux étaient acceptés par les deux rois, pour arbitres.

Le roi (art. XXXI) consentait à rendre Dinan à l'évêque de Liége, et le roi d'Espagne rendait au duc de Parme, l'île de Ponza.

1697. Traité de

Le roi d'Angleterre, Guillaume I, ayant donné des pouvoirs au comte de Portland, qui paix se trouvait dans l'armée des alliés en Flandre,

avec

l'Angleterre,

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