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>> ver la monarchie entière contre ma puissance >> secondée de celle des Anglais et des Hollandais; » et que quand même il y pourrait résister, » l'Espagne ne doit pas se le promettre, puisque l'empereur consentirait au partage; et dans >> ce cas, il est certain que les plaintes des peuples doivent être bien plutôt contre l'empe» reur que contre moi. Je n'en ai donné aucun >> sujet au roi d'Espagne ; j'ai évité de parler de >> succession, et je n'ai pas voulu l'inquiéter pendant sa vie ; mais je ne fais rien à son préjudice, lorsque je prends des mesures pour >> assurer après sa mort le repos de l'Europe. Je >> cède même dans cette vue, la plus grande partie >> des droits de mon fils. Le roi catholique pour. » rait avoir lieu de se plaindre, s'il avait paru >> disposé à rendre justice à ses héritiers légi>> times, à faire un testament en faveur de mon >> fils ou de mes petits-fils; mais au lieu de cette » disposition, il n'a été question depuis la paix, >> que du prince électoral de Bavière; et sitôt qu'il a été mort, je n'ai entendu parler que >> des intrigues des ministres de l'empereur à >> Madrid, pour y faire appeler l'archiduc, et le >> faire reconnaître successeur de toute la mo>> narchie.

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» Il est vrai que les peuples ont paru désirer, >> que si le roi leur maître venait à mourir, la

justice fût rendue aux légitimes héritiers;

» mais ce ne sont que de simples vœux sans » effet, et je n'ai pas vu la moindre démarche >> en faveur de mon fils, ou de mes petits-fils,

pendant que l'ambassadeur de l'empereur avait » le crédit de changer le conseil du roi d'Es» pagne, et de faire éloigner les ministres qui » avaient le plus de part à la confiance de ce prince, et de donner une nouvelle forme au » gouvernement, lorsqu'il ne le croyait pas as>> sez favorable aux intentions de son maître.

» On ne doit pas être surpris que dans cette >> conjoncture, j'aie cherché d'autres voies pour » assurer le repos de l'Europe, qui aurait été » certainement troublé, soit que le roi d'Espagne » eût vécu, et qu'il eût déclaré l'archiducson suc» cesseur, soit qu'il fût mort sans testament.... » Néanmoins, ajoute le roi, l'incertitude où » je suis encore du parti que l'empereur prendra, » est cause que je ne puis vous donner d'ordre >> bien précis sur la conduite que vous auriez à tenir, si le roi d'Espagne venait à mourir. Si >> le traité de partage était signé, vous n'auriez » alors qu'à vous joindre à l'ambassadeur de » l'empereur, aux envoyés d'Angleterre et d'Hollande, déclarer aux états ou au conseil, si les » états n'étaient pas assemblés, les conditions » du partage; faire voir qu'il était nécessaire » pour le maintien de la paix, et qu'il assure une longue tranquillité à l'Espagne ; et comme je me

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» mettrai en possession des états destinés à mon >> fils, en même temps que l'archiduc passerait >> en Espagne, il n'y aurait nulle autre négocia» tion à faire, et vous reviendriez auprès de » moi.

» Mais s'il arrive que Dieu dispose du roi ca>> tholique, avant que l'empereur ait accepté le » traité, ou que le temps auquel il doit être » signé, fixé au 25 de septembre, soit expiré, >> vous n'aurez en ce cas, d'autre parti à prendre, » que de recevoir favorablement ceux qui vien» dront vous faire des propositions, et leur dire » que vous m'en rendrez compte, que je les » écouterai avec plaisir; qu'il faut en même >> temps qu'ils fassent connaître les moyens qu'ils >>ont, de marquer par les effets leur bonne vo»lonté; vous m'en avertiriez, et j'aurai certai»nement le temps de vous envoyer mes ordres, » avant que les états fussent assemblés.....

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J'ai examiné, s'il convenait de vous rap» peler dès à présent de votre ambassade, ou de » vous y laisser encore quelques mois : j'ai con»sidéré d'un côté les inconvéniens de vous lais» sér exposé aux mouvemens du peuple, et » peut-être hors d'état de conserver la dignité » de votre caractère; d'un autre côté, le préju>> dice que recevrait le bien de mon service » si je vous rappelais présentement.

>> Pendant la vie du roi d'Espagne, je ne vois

» nul danger. Si ce prince meurt, et que l'em» pereur ait signé le traité, le comte d'Harrach >> sera plus exposé que vous. Je suis cependant persuadé que vous pourriez aisément vous sou» tenir réciproquement l'un et l'autre.

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>> Si l'empereur n'a pas signé, la considération >> des peuples pour vous, en sera plus grande » encore. Ils verront qu'en appelant l'archiduc, » ils n'éviteront pas le partage; qu'ils seront obligés de soutenir une guerre très désavanta» geuse avec des forces inférieures aux miennes, » et qu'au lieu d'attendre du secours de l'An

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gleterre et de la Hollande, ces deux puissances » se joindront à moi ; ainsi, bien loin de craindre » que le peuple manque de respect à votre égard, » vous verrez augmenter son empressement à » demander mon assistance, comme la seule >> ressource de la monarchie espagnole.

» Ces raisons m'ont fait conclure qu'en vous » laissant à Madrid, il n'y avait à craindre au>> cune insulte de la part du peuple, et qu'il y >> aurait en même temps de grands inconvéniens » à vous en retirer.

» La raison la plus forte qui doit déterminer » l'empereur à consentir au traité, sera l'opinion » d'un parti considérable que je puis avoir en » Espagne, et que ceux qui le composent, peu>> vent traverser toutes les mesures qu'il prén>> drait pour faire déclarer l'archiduc successeur

1700.

Second traité

» du roi catholique. Je ne puis vous rappeler,
» sans donner un juste sujet de croire que je
>> connais moi-même le peu de fond que je dois
» faire sur ce parti, que je l'abandonne, que
l'empereur n'en doit rien craindre, et qu'il per-
» drait par conséquent en traitant avec moi
>> tous les états qui composent le partage de mon
» fils.

» Il est certain que, jusqu'à présent, le roi d'Angleterre et les états-généraux ayant eu la même opinion du parti que j'ai en Espagne, >> il ne convient pas qu'ils la perdent.

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>> Vous connaissez assez l'importance de ces >>.considérations, pour n'avoir pas regret à quel» ques mois que mon service demande que vous » demeuriez encore à Madrid, etc. »

On voit combien dans cette circonstance, la cour de Versailles dirigée par l'honnête et prudent Torci, cherchait à mettre de la mesure dans ses démarches..

Au moment de la mort du prince électoral de de partage de Bavière, que le premier traité de partage donla succession nait pour successeur à Charles ir; mort qui eut

d'Espagne.

lieu le 8 de février 1699, la cour de Versailles donna ordre au comte de Tallard, de sonder les dispositions du roi d'Angleterre, et de lui proposer un nouveau traité de partage. Guillaume in accueillit les ouvertures que lui fit cet ambassadeur, et il en résulta un traité signé à

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