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>> vinces-Unies, de troubler le repos de l'Europe >> par une nouvelle guerre aussi injuste que mal » fondée ; que ces puissances ayant commencé » de toutes parts, des actes d'hostilité, au preju» dice de traités si solennellement jurés, et ayant » fait publier des manifestes et déclarations de » guerre, sa majesté très chrétienne se trouvait » dans la nécessité de déclarer la guerre à l'em» pereur, à l'Angleterre, aux Provinces-Unies >> et aux princes, leurs alliés. >>

Louis XIV ordonna aussitôt l'arrestation de Wallestein, ambassadeur de l'empereur à Paris, qui fut mis d'abord à Vincennes, et de là transféré à Bourges, où il fut accompagné par SaintOlon (1), qui fit auprès de lui le même personnage qu'il avait fait auprès du nonce Ranucci. On ignore les motifs de cette arrestation, qui doit tenir à quelque circonstance particulière.

Louis XIV chercha à fortifier ses armes par des alliances utiles. Dans cette vue, il conclut en 1701, un traité d'alliance avec le prince Clément de Bavière, électeur de Cologne et évêque de Liège, lequel reçut garnison française dans ces deux villes. Il en fit un pareil en 1702, avec Maximilien-Emmanuel, électeur de Bavière, son frère, à qui le nouveau roi d'Espagne, Philippe v, faisait don des Pays-Bas espagnols.

(1) Vie de Saint-Olon.

Ferdinand de Gonzague, duc de Mantoue, se prêta par un traité du 5 d'avril 1701, à recevoir garnison française dans Manfoue.

Louis XIV avait conclu également une alliance avec Pierre II, roi de Portugal, le 18 de juin 1701; mais le comte de Melgar, amirante de Castille, ayant été nommé ambassadeur en France', à la place du marquis de Los Rios, qui passait à la vice-royauté du Pérou (1); Melgar, au lieu de se rendre à son poste, se retira à Lisbonne où, non content de publier une lettre dans laquelle il prétendait que le dernier testament de Charles 11 était supposé, il mit tous ses soins à détacher la cour de Lisbonne de l'alliance de la France et de l'Espagne, et il y parvint; car, le 16 de mai 1703, il fut conclu un traité d'alliance offensive entre l'empereur, l'Angleterre, 'les Provinces-Unies et le roi de Portugal, Pierre Ce dernier publia un manifeste dans lequel il se plaignait « que le roi de » France avait violé le traité de partage par l'ac»ceptation du testament de Charles u; ce qui

(1) Louis xiv considérait beaucoup le marquis de Los Rios, soit par une estime méritée, soit parce qu'il avait parfaitement secondé ses vues pour l'établissement de son petit-fils en Espagne. Il lui dit, à son audience de congé : « Vous reviendrez plus riche, mais non plus grand; » et une émotion sensible qui rarement se manifestait sur le visage du roi, accompagna ces paroles. A

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» était préjudiciable aux intérêts de toute l'Eu» rope : qu'il n'avait pas reçu les secours que >> lui avait promis la France pour garantir ses >>> états contre toute attaque; et qu'on avait ex» posé à Paris, des gravures représentant le roi » Philippe v, au bas desquelles ce prince était » qualifié de roi d'Espagne et de Portugal; į » Que contre le droit des gens, on avait enlevé » à Lisbonne, un gentilhomme espagnol, pour >> l'amener en France, et que cette violence avait >> été commise par la crainte qu'on avait qu'il >> ne découvrât ce qu'il savait de la supposition » du testament de Charles 11; qu'enfin la cour de » France paraissait avoir le projet de réunir le Portugal à l'Espagne, etc.

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La cour de Versailles répondit en substance à ce manifeste, que le roi de Portugal se plai gnait du traité de partage qui ne le regardait en rien; et qu'il avait également tort de se plaindre que la France ne lui eût pas envoyé de secours, puisqu'il n'avait point encore été attaquégan« Que les gravures ou tailles-douces avaient été désavouées; que le fait du gentilhomme espagnol était controuvé, et que la France, malgré son intention de rendre l'Espagne florissante, n'avait jamais eu celle d'y réunir le royaume de Portugal.

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L'alliance du Portugal fut, fort avantageuse aux ennemis de la France et de l'Espagne.

1703. Manifeste

de Savoie.

Le duc de Savoie, qui avait également contracté alliance avec la France et l'Espagne, piqué de la France de ce que ces puissances ne lui avaient pas con- contre le duc féré le commandement de leurs troupes, ainsi qu'on le lui avait fait espérer; mécontent de ce que les subsides n'étaient pas exactement acquit tés, et craignant l'irruption des Autrichiens dans ses états, avait ouvert une négociation secrète avec l'empereur. Le comte d'Aversperg arriva à Turin, le 15 de juillet 1703, muni de pleins pouvoirs pour un traité entre l'Autriche et la Savoie. Il alla se loger chez l'ambassadeur de l'empereur, M. de Prié, où le duc de Savoie eut ayec lui, des conférences nocturnes. Pour mieux masquer les négociations, le comte d'Aversperg s'établit dans une maison de campagne près de Turin, où le duc continua les conféren ces secrètes avec lui..

L'ambassadeur de France à Turin, le comte Phélippeaux, qui était vif et clairvoyant, ne tarda pas à pénétrer le mystère, et il en fit part à Louis XIV qui, sans vouloir attendre le dénoûment, ordonna au duc de Vendôme de désarmer et de retenir prisonnières, les troupes piémontaises qui étaient dans les armées de France et d'Espagne en Italie. Cet acte un peut violent, mais justifié par les dispositions du duc, fut exécuté le 29 de septembre 1703 (1).

(1) Mém. de Lamberty, t. II.

A cette nouvelle, le duc de Savoie fit signifier à l'ambassadeur de France, qu'il était en état d'arrestation; sur quoi Phélippeaux dit « que >> son altesse royale n'avait pas tant de raison » de s'assurer de sa personne, que le roi en avait » eu de désarmer ses troupes; ne devant point » douter qu'étant à la solde du roi, ce monarque >> ne fût le maître de sa personne, de ses troupes » et de ses états. » Cette réponse blessa vivement le duc de Savoie, qui, apprenant que la cour de France avait fait arrêter le comte de Ver non, son ministre à Paris, fit conduire le comte Phélippeaux dans la forteresse de Coni, dont il ne sortit qu'au commencement de 1704, et par échange avec le comte de Vernon.

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La France déclara la guerre au duc de Savoie, le 4 de décembre, d'après le motif que ce prince, au lieu de maintenir le traité de 1696, s'était rapproché intimement de l'empereur et de l'Angleterre; que le roi, suspectant avec fondement sa fidélité, avait cru devoir faire désar. mer ses troupes qui étaient dans l'armée combinée de France et d'Espagne en Italie, et faire marcher contre les états du duc la même armée, sa M. T. C. lui proposant, avant d'exercer aucune hostilité contre lui, de donner des places de sûreté et de réduire ses troupes sur le pied de l'année 1696, propositions que le duc avait rejetées.

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