Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

puissent faire subsister sa majesté britanni» que, sans se soumettre entièrement à ses sujets, votre majesté les facilitera de sa part, » autant qu'il sera en son pouvoir. J'ai bien » chargé milord Saint-Alban de faire valoir au » roi de la Grande-Bretagne la considération » que votre majesté a en cela pour ses intérêts, préférablement à toutes les raisons qu'elle pourrait avoir de s'opposer à la grandeur du prince d'Orange. Milord Saint-Alban m'a dit que le roi de la Grande-Bretagne avait reçu » cette ouverture avec beaucoup de joie, et qu'il l'avait chargé de m'en remercier; mais > ce prince ne s'est point encore ouvert sur la » conclusion d'un traité, et par-là, il paraît qu'il » n'est pas encore déterminé à casser le par»lement.

>>

[ocr errors]

>>

[ocr errors]

>> J'ai cru, Sire, que l'avance que j'ai faite à » sa majesté britannique, ne pouvait produire qu'un bon effet. Votre majesté m'a donné » ordre de favoriser plutôt la prétention du » prince d'Orange que celle de Montmouth. Je »> ne le pourrais faire dans le parlement, sans » me discréditer entièrement, et perdre le fruit » de toutes les liaisons que j'y ai faites; mais les intentions de votre majesté auraient leur effet, si le prince d'Orange emportait la ba» lance dans l'esprit de sa majesté britannique, » sur le duc de Montmouth.

ע

Après ce que votre majesté m'a mandé sur » cela, je ne me donne plus la liberté de penser » que l'élévation de Montmouth serait une oc>casion de trouble pour long-temps, en Angle>> terre, entre deux familles qui prétendraient à » la couronne. Je me renferme à ce que votre » majesté m'a prescrit, et je ne perdrai point » l'occasion de traverser les prétentions du duc >> de Montmouth, quand je pourrai le faire avec » succès. Je reconnais que votre majesté doit >> empêcher qu'il ne serve de prétexte à une réu»> nion, et qu'il ne s'établisse en sa personne une » royauté si faible, que ce serait dans le fond » une république. C'est sur cela que je dirige>> rai ma conduite. Cependant je crois qu'il est » de la prudence de ne rien faire paraître d'une >> telle intention, etc. >>

t

1682. Traité secret

tre Louis XIV et Charles II.

L'ambassadeur Barillon fit proposer en 1680, à Charles II, par lord Saint-Alban, un nouveau de subside entraité avec la France (1); mais ce prince tint la négociation en suspens, depuis le mois de décembre 1680, jusqu'au 16 de mars 1681, soit qu'il trouvât les conditions de la France trop dures, soit qu'il espérât de l'argent du 40 parlement. Mais quand il vit que non-seulement les communes lui refusaient tout secours d'argent, mais qu'elles avaient empêché des par

(1) Mém. secrets de la Grande-Bretagne; d'Alrymple.

ticuliers de lui en prêter, il se hâta de conclure son traité avec la France le 24 de mars 1681, et cassa quelque jours après le parlement, avec la résolution de ne jamais en convoquer d'autre.

Les conditions du traité étaient que la France lui donnerait deux millions, la première année, et cinq cent mille écus, chacune des deux années suivantes; à condition qu'il se détacherait peu à peu de l'alliance de l'Espagne, et qu'il prendrait des mesures pour que le parlement ne fit rien de contraire à ses engagemens.

Barillon pressa Charles II, mais inutilement, pour que ce traité fût couché par écrit, mais il resta verbal, et fort secret; car à l'exception de lord Hyde, personne n'en eut connaissance, pas même le lord Saint-Alban, qui en avait été le premier entremetteur, ni la duchesse de Portsmouth à qui le roi affecta de n'en rien dire afin que si la chose venait à transpirer, elle pût affirmer avec vérité qu'elle y était étrangère.

Dans le compte que Barillon rendit à sa cour, de ce traité, il y avait quelques expressions qui emportaient que la France n'attaquerait point les Pays-Bas, ni Strasbourg; ce qui fut ensuite matière à contestation, aussi bien que le montant de la pension accordée à Charles; inconvénient ordinaire des traités secrets et verbaux.

Le lord Saint-Alban, ayant fait entendre à

l'ambassadeur de France, qu'il s'attendait à uue récompense pour le service qu'il avait rendu à son maître dans cette occasion, Louis xiv lui fit donner la boîte enrichie de diamans, que lord Holles avait refusée, et qui était estimée quinze cents livres sterlings. Ce même prince écrivit à Barillon, au commencement de 1680, d'offrir dix mille pistoles à Sunderland, et cinq-mille à la duchesse de Portsmouth, avec promesse de renouveler les présens, s'ils retenaient Charles II dans les intérêts de la France,

Cependant les nouveaux empiètemens de Louis XIV dans les Pays-Bas, et du côté de l'Allemagne en 1681, mirent Charles II dans de grands embarras, parce que, tandis que les Espagnols le persécutaient pour leur fournir les secours promis par le traité d'alliance du ro de juin 1680, la France le menaçait de retirer son subside, s'il secourait l'Espagne. Aussi ce monarque s'exhala-t-il en reproches et en plaintes réitérées, sur ce que le roi de France violait l'engagement qu'il avait pris avec lui, de ne point attaquer les Pays-Bas. Il lui représentait qu'il ne pouvait demeurer dans l'inaction, sans s'exposer au mépris et à la haine de son peuple et de ses ministres; mais Louis XIV, loin d'avoir égard à ces remontrances, osa même proposer au roi d'Angleterre de ne point traverser le dessein qu'il avait sur la ville de Luxembourg, qu'il demandait

Considéra. tions sur les

Charles

II

comme l'équivalent de ses prétentions sur la Flandre.

Après plusieurs conférences, Charles II, qui au fond ne voulait que de l'argent, acquiesça à un million d'augmentation de subside ou de pension, et consentit à laisser prendre Luxembourg par la France. Comme il fallait pourtant en imposer au public, il se porta pour arbitre entre la France et l'Espagne; et si celle-ci eût accepté sa médiation, il aurait adjugé Luxembourg à Louis XIV; mais l'Espagne l'ayant refusée, ce refus servit de prétexte à Charles it, pour ne point troubler le monarque français dans ses acquisitions.

Les liaisons de Charles II avec la France fuliaisons de rent pour lui une source de désagrémens: 1°. Le avec la Fran- traité secret de Douvres devint presque public par les indiscrétions de quelques personnes attachées au cabinet de Louis XIV;

ee,

2o. Charles II, deux ans avant sa mort, fut malheureusement instruit des liaisons que la France entretenait depuis long-temps avec l'op-, position, ou le parti populaire;

5°. La France refusa de continuer à lui payer le subside promis en 1681, soit qu'elle crût n'avoir plus besoin de lui, jugeant sa réconciliation avec le prince d'Orange impossible, soit que le dérangement de ses propres finances la dispensât de tenir des engagemens qui n'étaient ni

« PreviousContinue »