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» ville et comté de Neufchâtel et de Vallengin et » leurs dépendances, jusqu'à ce que la paix étant » faite, on pùt convenir d'un tribunal équita>> ble pour juger les droits des prétendans à cette >> souveraineté. >>

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La diète de Baden prit, le 5 de février, un arrêté, pour obtenir du roi la neutralité du pays de Neufchâtel, assurant sa majesté que les Cantons feraient en sorte, « que par Neufchâtel et » ses dépendances, l'on n'entreprît rien de con» traire directement ou indirectement contre la » France; bien entendu qu'ils ne voulaient point par-là préjudicier en rien ni à eux-mêmes en » général, ni au louable canton d'Uri, ni à qui » que ce pût être dans les droits, prétentions >> et compétence respectifs qu'ils ont eus, et ont » encore sur et envers Neufchâtel et ses dépen>> dances. >>

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Puysieux répondit à cet arrêté, en réitérant la proposition du séquestre, et déclara qu'il n'avait point d'ordre d'entrer en aucune proposition qui y fût contraire.

Le canton de Berne n'étant point rassuré par cette réponse, invita les Grisons à la défense de Neufchâtel, et ils promirent de fournir en cas de besoin, quinze cents hommes.

Les Cantons réformés tinrent une diète particulière à Arau, le 24 de mars, et renouvelèrent leurs instances auprès de l'ambassadeur de Fran

ce, pour obtenir du roi «< qu'il lui plût d'accor» der la neutralité aux comtés de Neufchâtel et » de Vallengin, et de lever la défense du com» merce qui avait été faite, entre la province de » la Franche-Comté et ces deux comtés. >>

Le roi voulut bien enfin accorder cette grace, seulement pour toute la durée de la guerre, et la paix d'Utrecht confirma depuis le roi de Prusse en possession du comté de Neufchâtel.

1709. Démarches

de

l'ambassadeur

du roi en

Suisse.

Le marquis de Puysieux avait été remplacé dans l'ambassade de Suisse par le comte de Vin- diverses timille du Luc, lequel avait servi dans les armées de terre et de mer, et avait reçu à la bataille de Cassel, un coup de feu qui lui avait fait perdre le bras droit. Ce ministre arrivant à Soleure, en février 1709, à une époque où là France était menacée sur toutes les frontières, crut que son devoir lui commandait la plus grande vigilance pour déjouer les plans des ennemis voisins de la Suisse. Le premier fruit de ses soins fut d'apprendre que les alliés avaient formé divers projets d'envahissement sur la Haute-Alsace et la Franche-Comté, et que ces projets avaient été conçus par Saint-Saphorin, agent du canton de Berne à la Haye; que les Impériaux qui étaient sur le Rhin, devaient passer par le canton de Bâle, afin d'assurer la tête du pont qu'on établirait à Neubourg, et qu'en même temps, le comte de Daun devait at

taquer le maréchal de Berwick par la Savoie, et pénétrer par le canton de Berne dans la FrancheComté.

Le comte du Luc découvrit aussi que l'on avait projeté de surprendre la citadelle de Besançon sous la conduite du baron d'Arnan, gentilhomme de Franche-Comté, et que le comte de Merci devait passer avec des troupes sur le territoire de Bâle vers la fin d'août.

En même temps que le comte du Luc fit part de ces divers projets au roi et aux autorités des provinces menacées, il agit auprès des Cantons, afin qu'ils eussent à observer la plus stricte neutralité; ce qu'ils promirent. La découverte des desseins des ennemis ne fut point vaine; car elle prépara la défaite du comte de Merci, par le comte du Bourg, le 26 d'août 1709, à Rumersheim; événement très important pour la France; mais comme l'armée du comte de Merci était passée sur le territoire de Bâle, en violation de la neutralité promise par le corps helvétique, le comte du Luc se rendit en personne, à la diète de Baden, vers la fin d'août, et il se plaignit de la violation de la neutralité commise par le canton de Bâle, demandant hautement satisfaction pour le roi.

Les Cantons envoyèrent des troupes dans le territoire de Bâle pour fermer les passages, et empêcher les Impériaux de violer une seconde

fois la neutralité de la Suisse; mais la France peu satisfaite de ces mesures, défendit à la province d'Alsace d'avoir aucun commerce avec la ville de Bâle, et cette interdiction dura six ans.

Du Luc découvrit encore au mois d'octobre, un projet de surprendre Brisach, et au mois de mai 1710, celui de s'emparer de la forteresse de Landskrow; et cette connaissance suffit faire avorter l'un et l'autre dessein.

pour

1711.

Poursuite

par l'ambas

Le comte du Luc poursuivit avec une excessive sévérité le conseiller Thomas Masner, con- d'un conseilseiller de Coire. Cet ambassadeur avait nommé ler de Coire à la charge de conseiller-interprète du roi au- sadeur du roi, près les Ligues, David-François de Merveilleux, de la ville de Neufchâtel. L'interprète s'étant brouillé avec Masner, qu'on accusait d'avoir enlevé au roi, et à ses sujets des sommes considérables, résolut de lui préparer des chagrins. Il engagea un frère qu'il avait à Genève, à lier connaissance avec le fils de Masner qui demeurait alors dans la même ville, dans l'intention de s'assurer de sa personne, se persuadant que le père pour faire rendre la liberté à son fils, restituerait une partie de l'argent qu'il avait enlevé. En conséquence, Merveilleux de Genève, ayant conduit le jeune Masner jusque sur le territoire de Savoie (1), des soldats français

(1) Larrey, Hist. de Louis xiv.

apostés saisirent ce dernier, et le conduisirent au fort de l'Écluse.

Le père de Masner instruit de l'enlèvement de son fils, et de la perfidie des moyens mis en œuvre par Merveilleux de Coire, le fit arrêter par des gens armés, et le retint de son autorité privée dans sa maison.

A la nouvelle de la détention du conseiller interprète, le comte du Luc écrivit à Coire pour se plaindre de cette violence, comme d'un attentat contre le droit des gens. La ville de Coire ébranlée par les sollicitations de l'ambassadeur, ordonna « que Masner mettrait Merveilleux en >> liberté; qu'il se rendrait en personne, à Soleure près de l'ambassadeur de France, lui deman>> derait excuse de sa conduite, et le supplierait » d'engager le roi à relâcher son fils. »

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Thomas Masner se rendit à Soleure avec une députation de Coire, à laquelle le comte du Luc donna une audience publique, exigeant que les excuses qui étaient faites verbalement, fussent mises par écrit. Après cette démarche, Masner sortit de Soleure et alla à Berne consulter lord Stanyan, envoyé d'Angleterre, qui trouva que la soumission de Masner était outrée, et qu'elle déplairait aux alliés. Mais Merveilleux étant sorti des mains de Masner, et le comte du Luc ayant eu la satisfaction désirée, ce ministre ne crut pas devoir s'occuper davantage de cette af

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