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poursuivis par le duc de Vendôme, ayant imprudemment divisé leurs forces, le général anglais Stanhope fut fait prisonnier avec cinq mille Anglais à Brihégua; et le comte de Staremberg, qui était venu pour le dégager, fut battu à Villa-Viciosa, le 10 de décembre, par Philippe v, qui avait avec lui le duc de Vendôme. Cette double victoire releva les affaires de Philippe v, qui paraissaient presque désespérées.

Dans la campagne de 1711, les alliés commandés par lord Marlborough, prirent Bouchain.

La même année 1711, le chef d'escadre Dugay-Trouin, dans un moment où la marine française était presque réduite à se cacher, t ft une expédition contre le Brésil, et surprit la ville de Janeiro, sur laquelle il leva une forte contribution.

La mort de l'empereur Joseph 1er, arrivée le 17 d'avril 1711, fut un événement très important pour Philippe v, parce que l'archiduc Charles se trouvant appelé à la couronne impériale, ne porta plus qu'un intérêt indirect à celle d'Espagne. Dès-lors, les desseins des alliés manquèrent d'ensemble, et le triomphe de Villars à Denain en fut la suite.

La cour de Versailles profita de cette circonstance et des dispositions du cabinet britannique, pour préparer la paix devenue si urgente pour la

nation épuisée. Elle donna une nouvelle activité aux négociations, et nomma pour ses plénipotentiaires à Utrecht, lieu choisi pour le congrès de pacification, le maréchal d'Huxelles, l'abbé de Polignac et M. Ménager. Les plénipotentiaires anglais étaient Robinson, évêque de Bristol, garde du sceau privé, qui avait déjà résidé vingt-trois ans, dans les cours du Nord, et lord Stafford, colonel de dragons, ambassadeur en Hollande.

Les conférences pour la paix s'ouvrirent, le 29 de janvier 1712, et se tinrent dans l'hôtel-de-ville d'Utrecht; et le maréchal d'Huxelles engagea à ôter la cheminée de la salle d'assemblée, afin de supprimer la distinction des places.

Tout étant disposé pour la tenue des conférences, les plénipotentiaires arrivés se rendirent à l'hôtel-de-ville. MM. d'Huxelles, de Polignac et Ménager entrèrent dans la grande salle de leur côté, tandis que l'évêque de Bristol et le comte de Stafford entraient du leur. Ces ministres se saluèrent réciproquement de loin, s'avancèrent à pas égaux vers la table, posée au milieu de la grande salle, et s'assirent dans les fauteuils qui étaient à leur portée. Les ministres de Savoie et de Hollande entrèrent à leur tour. Parmi ces derniers étaient les deux ministres Buys et van Derdussen, qui avaient assisté aux conférences de Gertruydemberg:

Après la communication réciproque des pleins pouvoirs, le premier plénipotentiaire anglais prenant la parole, prononça un discours brillant, dans lequel il dit « qu'assemblés pour tra» vailler à la paix générale entre les hauts-alliés » et le roi très chrétien, ils étaient venus dans » des dispositions sincères de la conclure; qu'ils » avaient des ordres précis de leur souverain d'y » concourir de tout leur pouvoir, et de la con» duire à une fin si salutaire et si chrétienne. » Il ajouta « qu'il espérait que les ministres de >> France seraient dans les mêmes dispositions ; » que leurs pouvoirs seraient simples; qu'ils pour>> raient répondre, sans perdre de temps, à l'at>> tente des hauts-alliés, et qu'ils le feraient d'une » manière si raisonnable, que chacune des puis>>sances confédérées y trouverait une juste sa» tisfaction. >>

Le maréchal d'Huxelles répondit brièvement que tels étaient aussi les pouvoirs qu'ils avaient du roi leur maître. L'abbé de Polignac parla ensuite sur le même sujet avec beaucoup d'éloquence (1). Cette première assemblée fut peu

nombreuse. Les ministres de la Grande-Bretagne, de France et de Hollande, de Savoie, s'y trouvèrent seuls, et on se contenta d'arrêter qu'on s'assemblerait deux fois par semaine, le

(1) Hist. du cardinal de Polignac.

mercredi ef le samedi, et qu'on travaillerait sans perte de temps aux affaires principales.

A la seconde conférence, qui se tint le mercredi, 3 de février, les ministres de la GrandeBretagne et ceux de France déclarèrent que les articles préliminaires signés entre la France et l'Angleterre par le sieur Ménager, ne devaient être considérés que comme de simples propositions qui n'obligeaient point les alliés. Cette déclaration engagea les plénipotentiaires de l'empereur à se rendre au congrès.

A la quatrième conférence, qui se tint le io, les plénipotentiaires français donnèrent leurs propositions par écrit. Elles portaient :

<< Le roi reconnaîtra en signant la paix, la reine » de la Grande-Bretagne dans cette qualité, aussi >> bien la succession à cette souveraine, sui>> vant l'établissement présent, et de la manière » qu'il plaira à sa majesté britannique.

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que

>> Le roi fera démolir toutes les fortifications » de Dunkerque, immédiatement après la paix, » moyennant un équivalent à sa satisfaction..

» L'île de Saint-Christophe, la baie et le dé>>troit d'Hudson, seront cédés en entier à la » Grande-Bretagne.

» L'Acadie, ainsi que le fort et Port-Royal, >> seront restitués en entier au roi.

» Quant à l'île de Terre-Neuve, le roi offre » de la céder à la Grande-Bretagne, en se réser

>> vant seulement le fort de Plaisance, et le droit » de pêcher et de sécher la morue comme avant >> la guerre.

>> On conviendra de faire, avant ou après la >> paix, au choix de l'Angleterre, un traité de » commerce, dont on rendra les conditions égales entre les deux nations, le plus qu'il >> sera possible.

>>

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>>> Le roi consentira par la paix, que

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les Pays

» Bas cédés à l'électeur de Bavière par le roi d'Espagne, servent de barrière aux Provinces>> Unies; et pour l'augmenter, il y joindra Fur»nes, Ypres et sa Châtellenie, Menin, etc.; et » en échange, le roi demande pour former la » barrière de France, Aire, Saint-Venant, Bé» thune, Douai et leurs dépendances, etc. »

Le roi demandait pour équivalent de la démolition de Dunkerque, les villes et citadelles de Lille et de Tournai.

Il promettait encore un traité de commerce avantageux aux Provinces-Unies, et que le roi son petit-fils renoncerait pour le bien de la paix à toutes prétentions sur les royaumes de Naples et de Sardaigne, ainsi que sur le duché de Milan, etc.

Les frontières de part et d'autre sur le Rhin, devaient être remises dans l'état où elles étaient avant la guerre.

Moyennant les conditions ci-dessus, le roi

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