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qui appartient à la nourriture dans les villes assiégées, bloquées et investies.

Par l'art. XXVI, il était convenu que tout ce qui se trouverait sur les navires ennemis de l'une des deux puissances, bien que ce ne fût pas de contrebande serait saisissable; et réciproquement tout ce qui serait aux ennemis sur des vaisseaux appartenant à l'une ou l'autre des puissances contractantes, ne serait point saisissable, à moins que ce ne fût objet de contrebande.

.

Les art. XXVII, XXVIII et XXIX énonçaient les précautions à prendre contre les violences des vaisseaux de guerre, corsaires et armateurs. Ce traité devait durer vingt-cinq ans.

Le maréchal d'Huxelles et M. Ménager (1) signèrent pour la France, tous les traités conclus à Utrecht. Ils eurent l'avantage ou plutôt le bonheur d'être les instrumens de la paix universelle (2).

(1) M. Ménager survécut peu à sa gloire; il mourut à Paris le 15 de juin 1714, âgé de cinquante-neuf ans. A beaucoup de sens il joignait une rare modestie, qui quelque→ fois même, dans les discussions, dégénérait en timidité; mais il n'était pas moins ferme dans ses principes, qui le servirent beaucoup dans la défense des intérêts commerciaux de sa patrie. Ceux-ci furent maintenus dans les deux traités de commerce avec la Grande-Bretagne et les Provinces-Unies.

(2) La paix d'Utrecht fut le sujet d'une médaille, où l'on

1713. Considéra.

paix d'U

trecht.

La révolution qui arriva au mois d'août 1710, tions sur la dans le cabinet britannique, changea la fortune de la France alors si désespérée, que Louis XIV qui n'avait jamais connu le découragement, parla de s'ensevelir sous les débris du trône. II faut avouer ici à la louange des ministres anglais et de Bolingbrocke en particulier, qu'abjurant la haine nationale, ils se portèrent à la paix avec générosité, en signant les préliminaires du 8 d'octobre 1711. Mais ce qui rend la négociation qui eut lieu à Londres, différente de beaucoup d'autres, « c'est, dit le ministre Torci, qu'il » ne fut jamais question d'autre récompense, que de procurer la paix à l'Europe, ni d'autre » intérêt que celui de l'état. Si de la part de la >> France, on prit soin d'employer toujours les ter » mes les plus capables de plaire à la reine, non>> seulement ils étaient dus à son sexe; mais son » zèle pour la paix, et la sincérité de ses ministres » méritaient les louanges qu'il est juste d'accor» der à la bonne foi qui ne règne pas toujours >>> entre les négociateurs; plusieurs au contraire, » se persuadant faussement, que l'artifice et le

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voit Astrée descendant du ciel avec les attributs de la paix, de la justice et de l'abondance. La légende et l'exergue étaient Spes felicitatis orbis, pax Ultrajactensis, xi aprius 1713; (la paix d'Utrecht, espoir de la félicité universelle.)

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» mensonge sont de grands traits de politi

» que. »>

Ces principes secondèrent parfaitement M. de Torci. Car il est possible qu'il eût échoué, si traitant avec un homme droit et impétueux comme Bolingbrocke, il se fût jeté dans un système de ruses et de faussetés, dont le moindre inconvénient eût été de détruire la confiance, et d'amener des délais interminables.

M. de Torci obtint du ministère anglais, tout ce qu'il y avait de plus désirable dans la circonstance présente, et notamment la suspension d'armes par terre et par mer, dont l'effet fut de faire rappeler le corps de troupes anglaises uni aux alliés; défection qui rompit les vastes desseins du prince Eugène et facilita l'inappréciable succès de Denain.

Quant aux intentions qui dirigèrent le ministère anglais, elles se trouvent dévoilées par le mot suivant de Bolingbrocke au duc de la Feuillade. « Vous auriez pu, lui disait ce seigneur » nous écraser dans ce temps-là, pourquoi ne >> l'avez-vous pas fait? - C'est, répondit Boling» brocke, parce qu'alors, nous ne craignions plus votre puissance. »

Ainsi l'humiliation de la France, et son impuissance de nuire portèrent principalement l'Angleterre, à ne lui proposer que des conditions modérées. Si Louis XIV eût eu des succès

1714 Traité de

le cabinet de Saint-James eût été moins con

ciliant.

Les divers traités de la paix d'Utrecht furent calculés d'après le principe de l'équilibre de l'Europe, auquel on parvint par les coupures qu'on fit dans la succession de Charles 11, et par la précaution que jamais les monarchies de France et d'Espagne ne seraient réunies sur la même tête; mais comme Louis xiv n'aspirait pas à cette réunion, il atteignit par quelques. sacrifices, le but essentiel de la guerre, qui était d'asseoir son petit-fils sur le trône d'Espagne.

L'empereur, malgré les revers de la campapaix entre la gue de 1712, avait refusé de conclure la paix à France, l'em- Utrecht, parce que l'abandon de la monarchie

pereur et L'Empire.

espagnole, sur laquelle il avait régné concurremment avec Philippe v, sous le titre de Charles III, lui paraissait trop douloureux. Il songea donc à relever sa fortune par des succès, ou à justifier sa renonciation par l'impuissance de la soutenir. Dès lors, l'action de la guerre se porta sur le Rhin; et le maréchal de Villars, toujours rapide en ses opérations, prit Landau le 20 d'août 1713, et Fribourg en Brisgaw, le 16 de novembre suivant. Louis XIV profita de ces deux avantages pour offrir une paix non moins désirable pour lui que pour ses ennemis.

L'empereur consentit à des négociations. Le prince Eugène et le maréchal de Villars, géné

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raux des deux armées, se rendirent à Rastadt comme plénipotentiaires, et les conférences commencèrent le 26 de novembre 1715.

Le maréchal de Villars voulut en vain faire comprendre dans le traité, Philippe v; l'empereur s'y refusa, prétendant qu'il avait des raisons pour ne traiter qu'avec la France seule. Ainsi, la négociation fut restreinte aux différends existans entre cette couronne, l'empereur et l'Empire. Le prince Eugène consentait à prendre pour base de la paix, les conditions proposées par la cour de France à Utrecht, mais en y ajoutant des modifications avantageuses. Il insistait en particulier, sur le rétablissement de tous les priviléges des Catalans; l'empereur ne pouvant consentir que ces peuples qui s'étaient sacrifiés pour lui, eussent à lui reprocher de les avoir abandonnés.

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Le maréchal de Villars, au contraire, prétendait que les succès de la campagne, donnaient au roi le droit d'exiger des dédommagemens des frais de la guerre; et il insistait à son tour, sur l'entier rétablissement des électeurs de Bavière et de Cologne, avec une indemnité pour les pertes qu'ils avaient éprouvées.

Comme le bruit courait dans le monde, que les deux négociateurs toujours épris de la passion de la guerre, ne voulaient point la paix, le prince Eugène dit à ce sujet, au maréchal de

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