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Unigenitus, par le clergé de son royaume, défendit en même temps, la vente des ouvrages de Quesnel. Cette bulle fut, entre Rome et la France, un principe de négociations épineuses et abstraites, lesquelles ont un caractère particulier, parce que les discussions théologiques venaient s'y mêler sans cesse. Ces négociations qui eurent lieu entre Rome et le roi dirigé par les jésuites, et entre le pape, les évêques appelans et le clergé, formeraient peut-être une collection aussi volumineuse que toutes les autres négociations politiques qui eurent lieu entre Louis XIV et les autres puissances; nous nous dispenserons donc de les développer.

1715: Traité défensif avec la

Charles XII, prince plus guerrier que politique, voulut à son retour de Bender où il avait joué un rôle si romanesque, punir ses ennemis Suède. des coups qu'ils lui avaient portés dans son absence avec peu de générosité. Mais ses moyens n'étaient point en proportion avec ses désirs de vengeance, et assiégé dans Stralsund, il combattait sans succès pour les débris de sa monarchie. La cour de Versailles, quoique peu satisfaite de ce prince, qui dans la guerre de la succession, avait refusé d'interposer ses bons offices entre elle et ses ennemis, sentant néanmoins le vide que la chute du trône suédois laisserait dans le Nord, s'intéressait à Charles XII, comme à un ancien allié malheureux. Déjà pendant son

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séjour à Bender, la cour de Versailles avait fait remettre sans aucune reconnaissance une somme assez considérable au général Stenbock pour soutenir l'armée suédoise en Pomeranie; armée qui battit celle du roi de Danemarck à Gadesbuch, le 20 de décembre 1712. L'ambassadeur de France à la Porte, M. des Alleurs s'intéressant vivement pour Charles XII, lui avait fait obtenir, pendant son séjour en Turquie, quelques secours d'argent, et lui avait prêté personnellement quarante mille écus.

La France voyant ce prince enfermé dans Stralsund et sur le point de tomber entre les mains de ses ennemis; ce qui eût rendu la paix avec eux extrêmement difficile; lui envoya en 1714, le comte de Colbert-Croissi, frère de M. de Torci, en qualité d'ambassadeur extraordinaire, et de médiateur entre la Suède, la Prusse et le Danemarck.

M. de Croissi se rendit auprès de Charles XII dans Stralsund. Là il conféra avec ce monarque, qui le menait à la tranchée en causant, et tandis que les bombes tuaient du monde, à côté et derrière eux. M. de Croissi ayant passé au camp de Frédéric 1er, roi de Prusse, qui faisait le siége de Stralsund, lui proposa comme prélimi

naires :

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1°. Qu'on travaillerait à une paix générale dans le Nord;

2°. Que le roi de Suède reconnaîtrait Auguste, électeur de Saxe, pour roi de Pologne ;

3°. Que ce monarque donnerait entière satisfaction aux alliés ;

4°. Qu'il garderait Stralsund.

Ce dernier point fut rejeté par la Prusse.

M. de Croissi resta jusqu'au 13 de novembre 1714 à Stralsund, et ne put rien conclure. Ayant obtenu permission du roi de Prusse de sortir avec ses bagages, il prit congé de Charles XII, et partit pour Hambourg. Là se termi→ uèrent son ambassade et sa médiation. Quant à Charles xii, pressé dans Stralsund, il en sortit sur un petit bâtiment, et n'aborda en Suède que par une espèce de miracle. Stralsund capitula le 24 de décembre 1714.

Louis XIV voulant redonner à la Suède épuisée quelque considération, conclut avec Charles xit à Versailles, le 3 d'avril 1715, un traité d'alliance défensive (1), contenant, 1°. garantie de tous les états de part et d'autre, et spécialement de ceux que l'une et l'autre couronne avaient acquis par la paix de Westphalie, sous l'obligation que l'une d'entre elles étant attaquée contre la disposition de cette paix, elle serait secourue par l'autre, jusqu'à ce que le trouble eût cessé; 2°. Que l'on se garantirait réciproquement les

(1) Mém. du maréchal de Tessé.

1715.

Discussion

traités de Westphalie, de Nimègue, de Ryswick, de Bade, et tous ceux du Nord, dans lesquels le roi de France était intervenu;

3°. Que la France emploierait ses bons offices pour faire rendre au roi de Suède, les places et pays dont il avait été dépouillé en Allemagne, et qu'elle lui donnerait à cet effet des secours;

4°. Que la distance des lieux ne permettant pas d'envoyer des troupes au secours du roi de Suède, la France permettait de lui faire payer cent cin'quante mille écus, tous les trois mois, pendant la durée de l'alliance;

5°. Que les propositions de paix seraient réciproquement communiquées;

6o. Que si la France était attaquée, le roi de Suéde la secourrait par une diversion ou par des secours effectifs ;

7°. Que ces secours seraient de cinq mille hommes d'infanterie, et de deux mille sept cent chevaux, ou de huit navires de guerre armés, et que l'onferait un nouveau traité de commerce fondé sur des avantages réciproques;

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8°. Que cette alliance serait limitée à trois ans. Louis XIV eut, depuis la paix d'Utrecht, une

au sujet du seule discussion avec l'Angleterre ; et ce fut port et du ca au sujet du port et du canal de Mardick. L'article IX du traité d'Utrecht portait (1) : « Sa ma

nal de Mardick.

(1) Mém. du règne de Georges 1er, t. II.

» jesté très chrétienne fera en sorte que toutes » les fortifications de la ville de Dunkerque soient >> rasées, le port comblé, les digues et écluses >> qui servaient à nettoyer ledit port, rompues, » le tout à ses propres dépens, et dans l'espace » de cinq mois après la conclusion et la signa>>ture de la paix : c'est-à-dire, les ouvrages du >> côté de la mer, dans l'espace de deux mois, et >> ceux du côté de la terre de même que les >> susdites digues trois mois après; et avec cette » condition, que lesdites fortifications, ports, digues ou écluses, ne pourront jamais être » rétablis, »

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Tandis qu'en exécution de cet article, la cour de France faisait, quoiqu'avec beaucoup de lenteur, combler ce nort, elle faisait creuser à Mardick, village situé à une lieue de Dunkerque, un autre port qui devait être plus profond que celui qu'on comblait, et auquel aboutissait un canal de vingt-quatre toises de profondeur de trente de largeur, et de seize cents' de longueur, dont onze cents toises étaient déjà terminées; en sorte que le nouveau port devait être plus important que celui de Dunkerque. Douze mille hommes travaillaient au canal de Mardick, qu'on devait protéger par de petits forts, et mêine par de gros bastions semés d'espace en espace.

Il paraît que Louis XIV voulait s'en tenir à la

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