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un traité de commerce, d'après lequel (art. III) les habitans des villes anséatiques étaient assimilés, pour les droits directs et indirects, aux sujets français.

L'art. VI accordait à ce villes, la franchise du port de Marseille, pour les marchandises du levant.

L'art. XXII portait : « Les vaisseaux des villes anséatiques, sur lesquels il se trouvera des » marchandises appartenantes aux ennemis de » sa majesté, ne pourront être retenus, ame» nés, ni confisqués, non plus que le reste de >> leur cargaison; mais seulement lesdites mar>>chandises, appartenantes aux ennemis de sa » majesté, seront confisquées, de mêine que >> celles qui seront de contrebande; sa majesté » dérogeant à cet égard à tous usages et ordon>>nances à ce contraires, et même à celles des » années 1536, 1584 et 1681, qui portent que » la robe ennemie confisque la marchandise et » le vaisseau ami, etc. »

>> Et par l'art. XXIV, toutes les marchandises » et effets appartenans aux sujets des villes anD séatiques, trouvés dans un navire des enne» mis de sa majesté, seront confisqués; quand » même ils ne seraient pas de contrebande, etc. »

On doit remarquer ici que les deux derniers articles contiennent des principes différens, et sont presque contradictoires; car l'article XXII

Sitnation politique de la France.

reconnaît que le pavillon ami n'est pas une garantie pour la marchandise ennemie; et l'article XXIV prononce que le pavillon décide du sort de la marchandise, laquelle, quoiqu'amie, sera confisquée, si elle est sous pavillon ennemi.

Ce traité fut signé par les maréchaux d'Huxelles et d'Estrées, et Amelot de Gournai, conseiller-d'état pour le commerce.

La paix dont la France jouissait à la mort de Louis XIV, ne paraissait pas solidement établie, les prétentions opposées de Philippe v et de l'empereur Charles vi n'avaient pas été levées. Les hostilités étaient seulement suspendues par l'acte de neutralité, signé à Utrecht le 14 de mars 1713, entre la France et l'Angleterre, et rappelé par le traité de Bade entre la France et l'empereur. Mais l'indécision des prétentions réciproques de l'empereur et du roi d'Espagne, laissait de justes sujets d'appréhender que sous le moindre prétexte, la guerre ne se renouvelât entre eux, et ne devint générale.

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Cet événement eût été funeste à la France épuisée par les efforts violens qu'elle avait faits pour soutenir la dernière guerre. Tous les revevenus ordinaires étaient engagés; le crédit du souverain auprès de ses sujets, et des sujets entre eux, était anéanti; les fonds manquaient pour payer les troupes, et acquitter plusieurs autres charges indispensables; les campagnes étaient

dépourvues de bras; et une longue paix devenait nécessaire pour la restauration publique méditée par le régent, qui sentait tous les dangers d'une administration entravée par de si pressans besoins.

Ce prince fit d'abord témoigner aux diverses puissances de l'Europe, son désir d'une parfaite intelligence, en prenant pour base les derniers traités; mais les dispositions des cours de Vienne et de Londres ne paraissaient pas aussi pacifiques.

cours de Vien

L'empereur excité par les Espagnols qui Esprit des avaient suivi son parti, ne cessait d'inspirer au ne et de Louduc d'Orléans, le goût de la guerre, en l'échauf- dres. fant de l'espoir de réaliser pendant la minorité du roi de France, ses prétentions sur la monarchie espagnole. On lui faisait envisager comme facile, une révolution en Espagne, surtout si Philippe v venait, dans certains cas éventuels, à monter sur le trône de France.

Le roi d'Angleterre, en sa qualité d'électeur d'Hanovre, paraissait être par inclination, reconnaissance et intérêt, dans la dépendance de la maison d'Autriche ; et il lui importait extrêmement de ménager l'empereur, pour se maintenir dans les duchés de Brème et de Verder, que le roi de Danemarck lui avait remis récemment pour une somme d'argent, après les avoir conquis sur la Suède; mais la conquête, non

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Esprit des Provincesnies,

moins que
la cession de ces pays, devaient dé-
plaire à la France, garante des possessions de la
Suède en Allemagne.

Les ministres anglais étaient si peu disposés à maintenir les traités conclus avec la France, sous le règne de la reine Anne, qu'ils poursuivaient comme criminels d'état, et traîtres à leur patrie, les ministres de cette princesse qui les avaient négociés.

Les ministres de Georges 1er, qui, pour la plupart, étaient Wighs, croyaient de plus, avoir droit de reprocher à la France, la violation de la paix d'Utrecht, en fomentant les troubles d'Ecosse, en faveur du chevalier de Saint-Georges (le prétendant); et en construisant un nouveau port à Mardick, près de Dunkerque. Les ministres anglais ne dissimulaient même pas, qu'aussitôt que ces mouvemens intérieurs seraient apaisés, ils ne tarderaient pas à diriger contre la France les armes de la Grande-Bretagne.

Les Hollandais aigris par le souvenir des trois dernières guerres qu'ils avaient soutenues contre la France, s'étaient accoutumés à regarder cette puissance comme leur plus dangereuse ennemie, et celle qui menaçait le plus leur indépendance. C'était même dans cette appréhension, qu'après avoir remis à l'empereur, en vertu des traités d'Utrecht et de Bade, les Pays-Bas catholiques, ils s'étaient réservé par le traité de bar

rière du 15 novembre 1715, d'entretenir des garnisons hollandaises dans les places frontières de ce pays, qu'ils envisageaient comme leur seule défense contre la France; mais nonobstant ce traité, le gouvernement hollandais était persuadé que ces places ne seraient pour lui, un boulevard suffisant, qu'autant que l'Angleterre les lui garantirait, et témoignerait un intérêt direct à sa conservation. C'est d'après cette opinion , que les magistrats de la république se montraient excessivement complaisans pour les volontés de la cour de Londres; complaisance qui s'était tournée en habitude, et que n'altérait même pas la rivalité du commerce subsistant intérieurement entre les citoyens des deux

états.

ce et l'Angle.

Cet exposé des sentimens des deux puissances Négociations maritimes, suffit pour faire sentir combien il entre la Franétait de l'intérêt de la cour de Versailles, de calmer terre. leurs préventions, et d'assoupir leurs alarmes; aussi le régent s'était-il déjà adressé à l'Angleterre, pour l'enchaîner par une alliance; mais. ses premières démarches avaient échoué par J'opinion où l'on était, à Londres, qu'il favorisait le chevalier de Saint-Georges. Comme cette opinion était inexacte, le régent crut pouvoir faire de nouvelles tentatives; et le sieur d'Iberville, envoyé extraordinaire du roi à Londres, reçut ordre, le 13 de mars 1717, d'insinuer à

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