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à Illkerck un traité de soumission avec les magistrats de Strasbourg, le 30 de septembre, s'engageant à le faire ratifier par le roi.

La surprise de Strasbourg au sein de la paix, augmenta les plaintes universelles contre l'ambition de Louis XIV. On se récriait surtout contre la violence de Louvois, préparant dans le silence des envahissemens aussi contraires à la foi publique.

L'empereur qui sentait le danger pour l'Allemagne et l'Italie, de l'acquisition par la France de Casal et de Strasbourg, envoya au roi le comte de Mansfeld, pour solliciter l'évacuation de ces deux places, et de la seconde principalement, qui jusqu'alors avait fait partie de l'Empire; mais cet envoyé ne reçut d'autre réponse, sinon, que cette ville s'étant volontairement soumise au roi, ne faisait plus partie de l'Empire. L'empereur distrait par la révolte de la Hongrie, dissimula, quoiqu'il sentît le peu d'adresse de cette réponse.

avec l'Espa.

La cour de France avait des difficultés non Difficulté moins sérieuses avec l'Espagne ; car indépen- gue. damment de celle au sujet du comté de Chinei, dont le roi réclamait l'hommage comme fief de sa couronne, il en existait une autre, au sujet des dépendances des places des Pays-Bas que roi avait rendues à cette puissance, et de celles qu'il avait acquises par le traité de Nimègue,

le

1682.

Conférences

Ce traité n'avait pas suffisamment déterminé le nombre des restitutions; et tandis que les Espagnols prétendaient restreindre le territoire des places cédées par eux, les Français cherchaient au contraire à l'étendre. Louis XIV commença par s'emparer des points contestés; mais comme ces voies de fait pouvaient amener une guerre, la France et l'Espagne envoyèrent des commissaires à Courtrai, pour régler tous les différends à l'amiable.

Le roi d'Espagne renonça d'abord au comté de Bourgogne, et consentit à céder au roi le 'comté de Chinei; mais il refusa la cession du comté d'Alost que la France prétendait vouloir retenir, par , par le motif que l'ayant conquis, elle n'avait pas dit dans le traité de Nimègue qu'elle le rendrait; ce qui suspendit les conférences.

Pour terminer des contestations qui ne dede Francfort. vaient pas manquer de rallumer la guerre, le

roi consentit à ouvrir des conférences à Francfort sur le Mein. Saint-Romain et de Harlay y arrivèrent au mois de septembre 1681, en qualité de plénipotentiaires.

Le premier, Melchior de Héron, baron de Saint-Romain, formé à l'école du comte d'Avaux, avait été chargé de beaucoup de négociations. secondaires au congrès de Munster, et avait été ambassadeur près le corps helvétique depuis 1672, jusqu'en février 1676.

Le second plénipotentiaire, Nicolas-Auguste de Harlay, comte de Céli, de conseiller au parlement était devenu conseiller d'état, et faisait son entrée dans la carrière politique.

Diverses contestations eurent lieu entre ces plénipotentiaires et les députés de la diète, parce que ceux-ci ne voulaient pas recevoir les mémoires des premiers qui étaient en français, et parce que les plénipotentiaires du roi refusaient de donner aux ministres des électeurs, le titre d'ambassadeur et d'excellence. Les plénipotentiaires français donnèrent au mois de décembre, les propositions du roi, qui consistaient à restituer ce qui avait été occupé avant leur départ de Paris, et à retenir Strasbourg; mais à rendre Fribourg à l'empereur, pourvu qu'il consentît à la démolition de Philisbourg. Le 20 d'avril 1682, la diète donna aux ministres de France une réponse d'après laquelle elle demandait provisoirement la cessation des réunions, la restitution de tout ce qui avait été occupé depuis leur départ de France, et le rétablissement dans leurs droits, de tous les états grevés, après quoi la diète offrait de traiter sur les prétentions dé lá France, d'après le traité de Munster.

Les plénipotentiaires français répondirent le 28 d'avril, qu'il ne s'était point fait de réunion depuis leur départ; qu'il était avantageux à lá cause du roi, qu'on entrât dans la discussion de

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1684.

Trève de

T'empereur et l'Empire.

ses droits; mais que le parti qu'ils avaient offert, était plus court et plus favorable à l'Empire.

Le roi laissa encore long-temps ses ambassadeurs à Francfort; mais comme on n'y terminait rien, ils en partirent au commencement de décembre 1682.

Les négociations furent pourtant continuées à Ratisbonne, avec l'empereur et l'Empire, par Créci, ministre du roi près la diète.

On se communiqua de part et d'autre, divers vingt ans avec projets de traité, sans pouvoir en arrêter un; mais le roi ayant restreint au 15 d'août 1684, le pouvoir de conclure le traité, il fut signé dans la soirée de ce jour.

Les principales conditions étaient « ( art. Ior) qu'il serait conclu une trève de vingt ans entre » la France, l'empereur et l'Empire ;

» Que les traités de Westphalie et de Nimè» gue (art. II) seraient maintenus dans toute >> leur force;

Que le roi (art. IV) resterait en possession » de la ville de Strasbourg et du fort de Kehl, de » même que de tous les lieux et seigneuries » qu'il aurait réunis en vertu des arrêts des >> chambres de Metz, de Brisach et de Besançon, jusqu'au 1er d'août 1681;

ע

Que le roi exercerait librement et sans au» cune contradiction, (art. V.) dans les lieux » réunis, tous les droits de souveraineté, et qu'il

» ne serait permis à qui que ce fût, de le troubler » dans l'exercice de ses droits;

» Que le roi laisserait (art. VIII) tous les sei» gneurs, propriétaires, leurs héritiers et suc» sesseurs, et tous autres qui lui auraient prêté » serment de fidélité, dans leur état et dans >> l'entière perception des fruits et revenus qui dépendaient de la propriété des lieux réunis, » se réservant ceux qui appartenaient à la sou

>> veraineté. >>

Les articles de cette trève, et notamment le Ve et le VIII, confirmaient la souveraineté du roi sur les états et princes immédiats situés en Alsace.

Ce succès de la France fut dû principalement à la position fâcheuse de l'empereur, menacé par les Turcs qui avaient mis le siége devant Vienne en 1683, et non moins inquiété par les Hongrois révoltés.

1684.

Trève de

Louis XIV sentant l'importance de la forteresse de Luxembourg, qui était la clef de l'Allemagne vingt ans avec et des Pays-Bas, en avait fait la demande à l'Es- l'Espagne. pagne, en échange de ses autres prétentions sur des portions des Pays-Bas; mais la cour de Madrid s'y était refusée obstinément. La France avait alors demandé que l'Espagne lui cédât Courtrai et Dixmude. Cette proposition ayant encore été rejetée, le roi avait ordonné en 1683 au maréchal d'Humières, d'entrer dans la Flandre

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