Page images
PDF
EPUB

» de votre majesté. C'est l'homme d'Angleterre,

[ocr errors]

pour qui toutes les cabales ont le plus de con» sidération. Il est généralement respecté de tous » les partis, mais principalement des presbyté» riens. Rien ne m'a tant servi auprès de lui, >> que l'offre que je lui ai faite de la part de votre

[ocr errors]

majesté, d'une boîte de portrait en diamans. Il » a témoigné beaucoup de reconnaissance, pour >> cette marque de l'estime que votre majesté fait » de lui; mais il n'a point accepté le présent, et » je l'ai encore entre les mains. Je l'ai pressé plusieurs fois de le prendre, il s'en est toujours » défendu, et m'a dit qu'il servirait votre ma» jesté avec moins de scrupule et plus utilement, >> s'il ne l'acceptait pas; et qu'il ne pouvait s'y » résoudre sans la permission du roi de la Grande, >> Bretagne, étant présentement de son conseil.... >> Personne n'a été plus utile à votre majesté que » milord Holles. Quoiqu'il n'aille pas souvent au parlement, il est consulté par beaucoup de » gens, et ses avis sont d'un grand poids.. >> Il voudrait que la nation ne s'emportât pas >> contre la France, et croit que ce serait une

[ocr errors]

....

grande imprudence que de donner quelque » sujet de mécontentement à un prince si puis>> sant, et qui peut si aisément nuire. Je vois quelquefois ce milord, mais, pour ne pas ren>>dre suspectes des visites trop fréquentes, nous → avons commerce ensemble par le sieur Beber;

[ocr errors]

» c'est un homme qui a un grand crédit sur l'es» prit de milord Holles, et qui est fort considéré » parmi les presbytériens. Il m'a été fort utile » en beaucoup d'occasions, et c'est par lui que » j'ai été averti à temps, de ce qui se passe dans » les différentes cabales : j'ai eu par la même » personne une étroite liaison avec le sieur Lid» leston, qui est un des plus considérables de >> la chambre-basse, et dont les avis ont toujours » été le plus suivis. J'ai conservé aussi une cor» respondance particulière avec le sieur Poücle. » Il a été mis au conseil, lorsqu'on y mit des » gens opposés à la cour. Il s'est ménagé depuis » ce temps-là; en sorte qu'il peut toujours être » utile quand le parlement s'assemblera. C'est un » homme propre à remplir les premières char»ges de l'Angleterre. Il est très éloquent et très >> habile. Notre premier commerce est venu par » le moyen de Montaigu; mais je l'ai entretenu » depuis cela, de mon chef et fort secrètement.

» Le sieur Harbord est encore de ceux de qui » je me suis servi, et qui a beaucoup agi dans » l'affaire du grand trésorier et du licenciement » des troupes; mais il me serait impossible de

l'employer présentement. C'est un homme qui » a assez de crédit parmi les gens des provinees; » il serait plus propre si on voulait attaquer un » ministre, qu'il ne le sera pour parler dans » un parlement contre une alliance que la cour

» voudrait faire, et qu'on voudrait empêcher. » Ces quatre personnes ont touché ce qui leur » avait été promis, quand le licenciement des » troupes serait fait, et que M. le grand-tréso»rier serait hors des affaires.

» J'envoie un mémoire à part, par lequel » votre majesté verra ce qui a été donné pour » cela, et pour quelques autres dépenses faites » par ses ordres.

[ocr errors]
[ocr errors]

Sidney m'a été d'une grande utilité dans bien >> des occasions. C'est un homme qui a été dans » les premières guerres, et qui naturellement » est ennemi de la cour. On l'a soupçonné depuis quelque temps de s'être laissé gagner par » milord Sunderland; mais il me paraît toujours » dans les mêmes sentimens, et n'avoir point changé de maximes. Il a beaucoup de crédit parmi les indépendans, et est ami intime de >> ceux qui sont le plus opposés à la cour dans le parlement. Il a été élu pour celui-ci. Je ne lui >> ai donné que ce que votre majesté m'a permis. » Il aurait bien voulu avoir davantage; et si on >> lui faisait quelque gratification nouvelle, il >> serait aisé de l'engager entièrement. Cependant >> il est dans des dispositions fort favorables pour » ce que votre majesté peut désirer, et ne vou>> drait pas que l'Angleterre et les états-généraux >> fissent une ligue. Il est fort mal avec son frère » qui est en Hollande, et se moque de ce que

»

» la cour s'en sert comme d'un négociateur. Je » crois que c'est un homme qui serait fort utile, » si les affaires d'Angleterre se portaient à l'ex>> trémité.

[ocr errors]

»Depuis le temps qu'on a parlé d'une alliance » avec les états-généraux et l'Angleterre, j'ai » pris beaucoup de soin d'entretenir les défiances » que quelques gens des plus considérables du parlement ont contre le prince d'Orange : ils >> appréhendent que son union avec la cour ne » rende le gouvernement plus ferme et plus » autorisé, mais à dire la vérité comme elle me » paraît, je ne crois pas qu'il fût possible d'em» pêcher que le parlement n'approuvât une ligue » qui serait faite avec les états-généraux pour » garantir la paix. Tout ce qui pourrait se pra»tiquer dans la suite (si cela arrivait), ce se>> rait d'empêcher le parlement de donner des » sommes considérables; ainsi je ne crois pas >> devoir proposer à votre majesté de faire pré>> sentement de nouvelles dépenses dont le suc>> cès serait fort douteux. Il sera toujours temps » de faire des gratifications, et d'en promettre à >> ceux dont on voudra se servir, lorsqu'on verra » que le parlement doit s'assembler.

[ocr errors]

» Si votre majesté croit que je doive encore » presser milord Holles d'accepter la boîte de >> diamans, je pourrais par le moyen de madame » Holles, la faire accepter; et je ne présume pas

» qu'il fût si difficile qu'il l'a été. J'attendrai >> aussi les ordres de votre majesté, pour offrir >> quelque chose aux autres dont j'ai fait men» tion, et je ne me servirai de la permission » qu'elle me donnera qu'en des occasions que » je croirai essentielles pour son service.

>>

» Je dois rendre compte à votre majesté de ce » qui regarde Montaigu séparément des autres, » étant engagé, comme il l'est, dans les intérêts » de votre majesté par des considérations par»ticulières. J'ai eu assez de peine à me défendre

depuis six mois, des instances qu'il m'a faites » pour le paiement de la somme qui lui a été

promise pour la perte de M. le grand-trésorier. >> Il prétend que la condition est accomplie de sa >> part. J'ai toujours essayé de lui faire compren>> dre qu'étant pleinement assuré de ce qui lui a » été promis, il ne devait pas s'inquiéter que le » paiement se fît un peu plutôt, ou un peu plus >> tard. Il ne se rend point à mes raisons. Les deux >> voyages que le sieur Falaiseau a faits inutile»ment, le feraient résoudre d'aller lui-même sol>> liciter le paiement de la somme qu'il prétend, >> s'il avait pu quitter l'Angleterre, dans un temps » où les affaires sont dans un si grand mouve» ment, et auxquelles il a une très grande part.

>> Votre majesté se souviendra, s'il lui plaît, » que Montaigu me parla au mois de janvier » passé, pour essayer de faire en sorte qu'elle

« PreviousContinue »