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1685. Honneur du

de moindre prix. Le doge retourna à Gènes le 26 de mai (1).

La contestation au sujet du sopha, après avoir sopha accordé duré cinq ans entre le grand-visir et l'ambassaà l'ambassadeur de France, fut accommodée à la satisfaction de la France, au voyage de M. de Guillera

deur de Fran

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gues à Andrinople, en 1684.

Cet ambassadeur, conduit à l'audience du grand-visir, se plaça sur le sopha, qui était disposé comme il l'avait demandé, et s'entretint avec le grand-visir d'objets divers. A la fin de cette conversation, le teschifrat-Emini, ou maître des cérémonies, présenta une requête pour demander qu'on fit l'insertion de cette distinction dans les archives de l'empire, comme n'ayant jamais été pratiquée, criant même tout haut qu'il fallait brûler l'ancien livre du cérémonial.

Guilleragues eut audience du grand-seigneur le 26 de novembre, et le harangua. Le sultan lui parla deux fois, ce qui est une faveur particulière; car il se contente d'entendre les ambas

(1) La soumission de la république de Gènes fut le sujet d'une médaille. On y voit le roi debout sur le marche-pied de son trône, et devant lui, le doge avec ses quatre séna¬ teurs en posture de supplians. La légende est : Genua obsequens, (Gènes soumise); l'exergue, lux legatus et deprecator 1685; (le doge envoyé pour implorer la clémence du roi);

sadeurs, et de leur répondre par un signe de tête.

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Guilleragues ne jouit pas long-temps de la faveur à laquelle il était parvenu près de la Porte; il mourut d'apoplexie à Constantinople, le 5 de mars de cette année, après avoir obtenu près de quatre-vingts.commandemens et barats de la Porte, en faveur du commerce français, dont un, entre autre, portait réduction à trois pour cent, des droits sur les marchandises des négocians français au Caire.

Il obtint un commandement contre les corsaires d'Alger, de Tunis et Tripoli, qui vou-. draient entrer dans les ports, et s'avancer jusque sous les forteresses du grand-seigneur, pour se saisir des bâtimens français qui y seraient réfugiés, avec ordre à tous aga et officiers du grand, seigneur, de les défendre contre l'attaque des corsaires, et de faire restituer les bâtimens et marchandises qui auraient été enlevés par eux.

Un autre commandement obtenu par Guilleragues, est celui qui interdit au douanier de Constantinople, de prendre connaissance des hardes et présens qui viennent de la chrétienté, à l'adresse de l'ambassadeur, et de les visiter ou de les soumettre à aucun droit.

Girardin, conseiller au parlement, et depuis lieutenant civil au Châtelet, fut le successeur de Guilleragues. En arrivant devant Constantino

1686. Révocation

Nantes.

ple, le 10 de janvier 1686, sur le vaisseau du roi
le Vaillant, il envoya un drogman au caïmacan,
pour l'avertir qu'il était en vue de la ville, et
savoir si le canon du sérail lui rendrait le salut
qu'il lui ferait, parce que sans cette assurance,
le vaisseau de S. M. ne saluerait pas. Le caïma-
can fit réponse que le sérail ne savait ce que
c'était
que de saluer; qu'il ne pouvait faire ren-
dre le salut sans exposer sa tête, et que l'ambas-
sadeur pouvait passer devant le sérail sans saluer.
A son audience, Girardin fut placé sur une chaise
de velours rouge posée sur le sopha.

Louis XIV, par un édit du 18 d'octobre 1685 (1); de l'édit de révoqua le fameux édit de Nantes de 1598. Il prit conseil sur ce point, du chancelier le Tellier, de Louvois, son fils, ministre de la guerre, du père de la Chaise, son confesseur, et de madame de Maintenon, qui s'était déjà insi→ nuée dans les affaires d'état. Dès l'année 1679, les concessions faites aux protestans, avaient été graduellement restreintes. Pour les forcer à obéir à l'édit qui révoquait celui de Nantes, on employa contre eux la violence. Le Béarn, le Languedoc, la Guienne, l'Anjou, la Saintonge, le Poitou, le Vivarais et les Cévennes, furent témoins de mesures sévères et d'exécutions souvent cruelles. Deux cent cinquante mille

(1) Hist. de l'édit de Nantes, par Benoît,

protestans abjurèrent la religion de leurs pères ; mais plus de trois cent mille s'y refusèrent, et cherchèrent un asile en Hollande, en Angleterre, en Allemagne, en Danemarck, où ils furent accueillis, soit par l'intérêt qu'inspire la persécution, soit parce qu'ils possédaient des arts qui enrichissaient les pays où ils se fixaient. Quatre cent mille protestans qui ne purent fuir, dissimulèrent leurs principes religieux, afin de se soustraire à l'intolérance qui fut poussée à un tel degré, que par l'édit du 29 avril 1686, les protestans malades qui refuseraient le viatique, devaient étre considérés et punis comme apostats, s'ils revenaient en santé; les hommes étre condamnés aux galères perpétuelles, les femmes à la prison et à la perte de leurs biens; en cas de mort, leurs biens étre vendus, leurs cadavres exhumés, et jetés à la voirie.

Louis XIV, voyant que les religionnaires aimaient mieux renoncer à leur patrie, qu'à leurs opinions, non-seulement donna des ordres sévères à tous les gouverneurs de places frontières et maritimes pour les arrêter, mais il promit des récompenses considérables aux dénonciateurs des fugitifs, et prononça les peines les plus rigoureuses contre ceux qui auraient favorisé l'évasion de quelque religionnaire; et malgré tant d'efforts et de précautions, son autorité fut impuissante. Londres, la Haye,

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1688. Querelle

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avec Rome,

Berlin, se remplirent de réfugiés; tant il est vrai que le pouvoir le plus absolu échoue, quand il dédaigne l'humanité et la raison, parce que ses ordres sont alors mal secondés.

Les protestans ont toujours regardé les édits rendus en leur faveur depuis Henri 11, et notamment celui de Nantes, comme des actes sinallagmatiques, et comme de vrais traités obligatoires pour le roi. Sans discuter ici cette prétention, au moins est-il certain que Louis XIV, au moment où l'Europe irritée se liguait contre lui, fit une faute capitale en politique, en forçant tant de sujets utiles et honnêtes, à porter dans l'étranger leurs bras, leurs talens, et une industrie non moins dangereuse que la haine.

Le gouvernement d'Innocent xi; pontife d'un caractère inflexible, et peu porté pour Louis XIV, au sujet de la fut marqué par plusieurs contestations assez vives entre la France et le saint-siége (1).

Régale et des franchises.

La première de ces contestations, et qui même dans son principe était antérieure au pontificat d'Innocent x1, était relative à la régale, droit d'après lequel le roi nommait aux bénéfices pendant la vacance des siéges épiscopaux. Ce droit, long-temps contesté à l'autorité royale, lui avait été confirmé par arrêt du parlement,

(1) Reboulet, la Hode et Limiers, Hist. de Louis XIV, et Lorenz, summa Historiæ, t. IV.

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