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Henri I. Entraîné par les conseils d'Otton, comte de Gueldre, et de Henri, évêque de Liége, frère de ce seigneur, il se déclara tuteur, contre la volonté des états de Brabant, et se montra résolu à se maintenir dans ce titre les armes à la main. Mais Alix obtint à prix d'argent que le comte et l'évêque engageassent Henri de Gaesbeeck à se désister de ses prétentions. Ainsi, par le consentement des villes et des seigneurs, elle resta seule tutrice de ses enfants. Toutefois, bien que cette princesse fût aussi distinguée par sa prudence que par sa fermeté, les états choisirent deux conseillers pour l'assister: ce furent Godefroi de Perwez et Gauthier Berthold,sire de Malines. Arnould, baron de Wesemael, maréchal héréditaire du Brabant, éprouva le plus grand dépit en se voyant exclu de ce conseil, auquel il croyait que sa naissance, autant que ses titres et ses services, lui donnaient le droit d'être appelé. Pour se venger de cette espèce d'affront, il résolut donc de soulever la ville de Louvain, où il exerçait une grande influence. Homme d'un caractère violent et énergique, il n'eut pas de peine à y réussir; car il y travaillait avec une double ardeur, d'abord à cause de son exclusion du conseil de tutelle, ensuite parce que Henri, le fils aîné de la duchesse, étant dans un état complet d'imbécillité, elle voulait transmettre le pouvoir à son second fils Jean. Cet arrangement, dit l'historien de la ville de Louvain, contrariait singulièrement les vues du sire de Wesemael, qui désirait toujours arriver au pouvoir. Il avait su s'attacher les Lovanistes, et il se forma dans cette ville deux partis, nommés, le premier, les Colveren ou Uytten Brule, et le second, les Blanckaerden, du nom de ces familles. Les premiers, à la tête desquels se trouvait Arnould de Wesemael, tenaient pour le parti de Henri; les seconds, pour celui de la duchesse et de Jean. A chaque instant ces deux factions en venaient aux mains, et le sang n'était pas épargné dans ces rencontres. Enfin, les Blanckaerden

allèrent trouver la duchesse, et accusèrent les Colveren et le sire de Wesemael de tous les excès qui se commettaient journellement dans la ville. Arnould fut chassé de Louvain avec tous ses partisans en l'an 1264, et la paix fut rétablie pour le moment dans la ville, tandis que le parti de Wesemael se jeta sur la seigneurie de Malines, où il exerça les plus grands dégâts, mais où il ne tarda pas à être complétement défait.

Les fils de Henri venaient d'atteindre l'âge où, suivant la constitution du pays, ils étaient reconnus capables d'exercer la souveraineté. Alix convoqua à Cortemberg, entre Bruxelles et Louvain, une assemblée générale des villes et des seigneurs, dans laquelle le prince Henri déclara que, de sa libre volonté et de son mouvement spontané, il faisait à son frère la cession ou donation de tous les droits qu'il pourrait avoir à réclamer sur le duché de Brabant, sous quelque dénomination que ce fut; ensuite, il jura, sur l'Évangile, que jamais il ne contreviendrait à celte donation; déclarant au surplus qu'il déchargeait les hommes de la terre de Brabant, tant présents qu'absents, de la foi et de l'hommage qu'ils lui avaient prétés, et leur ordonnant de tenir son frère comme légitime duc de Brabant, de lui obéir, de le servir comme tel, et de lui prêter foi et hommage.

Cette assemblée, célèbre dans l'histoire de la Belgique, ayant accepté ainsi la renonciation de Henri en faveur de son frère Jean, l'acte en fut dressé huit jours après, le 23 mai 1267, à Cambrai, dont l'évêque s'était trouvé à Cortemberg. Cet acte lui-même reçut la ratification de Richard de Cornouailles, qui jouissait alors du vain titre d'empereur. Le jeune Henri prit l'habit de moine, et entra dans un monastère à Dijon, où il vécut dans la retraite, avec une cour et une suite conformes à sa naissance.

Au mois de juin 1267, le duc Jean I, âgé alors de dix-sept ans, fit son entree solennelle à Louvain, et y prit

possession de la souveraineté du pays. Le traité de Cortemberg y fut ratifié et confirmé par les villes et par les seigneurs. Toutefois le duc ne le crut pas suffisant, puisque, Rodolphe de Habsbourg étant parvenu à l'Empire en 1273, il se rendit à Aix-la-Chapelle, et fit de nouveau ratifier cet acte par l'empereur. Dès lors Jean se sentit affermi dans sa puissance. Il en donna les premières preuves dans la fameuse guerre de la Vache, qui éclata, en 1274, entre la principauté de Liége et les gens de Namur et de Luxembourg, Nous en avons raconté les sanglants épisodes, au règne du prince-évêque Jean d'Enghien.

Dans le cours de la même année, une grande joie se répandit dans le Brabant. Marie, sœur du duc Jean, devenait l'épouse du roi de France Philippe le Hardi. Cette princesse, qui joignait à une beauté touchante un esprit vif et délicat, avait hérité des inclinations et du talent de son père pour les lettres. Selon le témoignage des historiens de la poésie française, ce fut grâce à elle que les poetes qui avaient brillé sous le règne de saint Louis jouirent d'une considération plus grande encore sous Philippe le Hardi, à la cour duquel elle avait conduit le poëte Adenez le Roi.

Après quatre années de mariage, en 1278, cette princesse faillit devenir l'innocente victime d'un drame qui eût été non moins lamentable que celui dont Marie, fille du duc Henri II, avait été l'héroïne en 1256, au château de Donawert.

Le roi Philippe avait des enfants de son premier mariage avec Isabelle d'Aragon. Tout à coup son fils aîné Louis mourut empoisonné, et la reine fut accusée d'avoir commis ce crime pour frayer à ses propres fils le chemin du trône, quand elle aurait réussi à se délivrer de tous les enfants du premier lit de son époux. Cette accusation fut produite par Pierre Labrosse, qui, après avoir été barbier ou chirurgien de saint Louis, était parvenu à la dignité de chambellan et de conseiller intime de Philippe,

son fils et son successeur. Quelques historiens ont prétendu qu'il recourut à ce moyen criminel pour perdre la reine, parce qu'elle voyait avec déplaisir l'ascendant qu'il exerçait sur l'esprit du roi, et qu'elle aurait voulu ruiner le crédit de ce perfide ministre, qui abusait insolemment d'un pouvoir dont il était digne. Mais un chroniqueur flamand, contemporain de l'événement, Jean Van Heelu, affirme que Pierre Labrosse, ayant essayé de porter atteinte à l'honneur de la reine, se vengea par cette accusation du refus de Marie.

Dese Pirs hadde ondaet

Ghetracht op die conincginne '.

Philippe, prêtant l'oreille à ces odieuses insinuations, fit enfermer la reine dans une étroite prison; et, pour s'éclairer sur cet horrible empoisonnement, il recourut à l'art des devins. « Il y avait alors, à Nivelles, dans le Brabant, dit l'historien belge M. Dewez, une de ces religieuses connues sous le nom de béguines, qui passait pour une habile devineresse. Le roi envoya successivement des députés à cette femme pour la consulter sur cet abominable mystère. Il dépêcha d'abord Matthieu, abbé de Saint-Denis, auquel Labrosse fit adjoindre Pierre, évêque de Bayeux, parent de Labrosse et auteur de son élévation. L'évêque, qui avait eu soin de prendre les devants, flatta, menaça, intéressa la prophé tesse, que quelques écrivains traitent sérieusement de sorcière, et l'engagea à lui révéler le secret en confession. L'abbé arrive : la devineresse lui dit que l'évêque de Bayeux est instruit de tout le mystère. Le roi, qui attendait leur retour avec la plus vive impatience, fut étrangement surpris quand l'évêque refusa de lui rendre compte de sa mission, alléguant que c'était un secret de confession.

« - Dom évêque, lui dit le roi avec colère, je ne vous ai pas envoyé pour la confesser. Par Dieu qui me fit, j'en saurai la vérité.

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Il envoya donc Thibaut, évêque de Rymkronyk van Jan van Heelu, p. 55, vers 1380; Bruxelles, 1836.

BELGIQUE.

Dol, et Arnould, chevalier du Temple, qui furent très-bien reçus par l'oracle de Nivelles.

Engagez de ma part le roi, leur dit-elle, à ne pas croire les mauvaises paroles qu'on lui dit de sa femme. Le poison a été donné par un homme qui est tous les jours auprès du roi. » Tels sont les détails que nous fournissent sur cet événement les anciens chroniqueurs. Toutefois nous devons à la vérité d'ajouter qu'aucune des circonstances relatives à la devineresse de Nivelles ne se trouve relatée dans la chronique flamande de Van Heelu, qui fut pourtant témoin de toute la vie du duc Jean I, dont il détaille les gestes avec une complaisance souvent trèsprolixe.

Quoi qu'il en soit, il est certain que, la reine étant parvenue à instruire son frère de la fâcheuse position où elle se trouvait, le duc se rendit incontinent à Paris, où il fit bientôt éclater l'innocence de sa sœur. Quelques-uns disent qu'il fournit cette preuve après avoir offert le combat de Dieu à Labrosse. Mais cette circonstance n'est pas plus rapportée par Van Heelu que ne le sont celles que nous venons d'indiquer. Le fait est que le perfide ministre fut reconnu coupable de l'empoisonnement, et condamné à mourir au gibet. Il fut pendu à Montfaucon, où Jean I et le comte d'Artois le menèrent en chantant, selon la grande Chronique de Flandre.

L'esprit d'aventures, qui s'était manifesté de bonne heure dans le jeune duc, trouva bientôt un aliment digne de lui. Ce fut la conquête du duché de Limbourg.

Waleram III, duc de Limbourg, le dernier de cette famille, mort en 1280, nommée avait laissé une fille unique, Ermengarde, qui épousa Renaud, comte de Gueldre et de Zutphen, surnommé le Belliqueux. Cette princesse mourut deux années après son père, sans laisser d'enfants. Son héritier, selon l'ordre naturel, devait être Adolphe, comte de Berg, petit-fils de Henri de Limbourg, père de Waleram. A ce titre, et au témoignage de tous les

auteurs contemporains, le comte
devait être investi de la possession
du Limbourg; car, dans ce duché,
de même que dans les autres provin
ces des Pays-Bas qui relevaient de
Empire d'Allemagne, les collatéraux
étaient admis à la succession des
grands fiefs.

Cependant d'autres prétendants se mirent également sur les rangs, soit pour recueillir une partie de l'héritage, soit pour revendiquer la possession de quelques fiefs qu'ils soutenaient leur être dévolus selon la coutume d'Allemagne. Dans cette dernière classe se trouvaient l'archevêque de Cologne et l'évêque de Liége.

Renaud de Gueldre s'était placé à la tête du duché comme possesseur usufruitier, à titre de son mariage et en vertu d'une concession que l'empereur lui avait faite le 18 juin 1282. Mais il fit d'autres actes que ceux de simple usufruitier; il greva le pays de plusieurs dettes, et plus tard il vendit même la terre de Wassenberg à l'évêque de Cologne; ce qu'il n'avait aucunement le droit de faire.

Le comte de Berg n'était pas en mesure de lutter contre des compétiteurs si puissants. A défaut de pouvoir appuyer ses prétentions par les armes, il s'adressa d'abord au duc de Brabant le 3 août 1283, à l'effet de recevoir l'investiture d'une partie du Limbourg, que le duc Henri III avait rendue fiet du Brabant. Ensuite i invoqua l'aide de plusieurs membres de sa famille, pour l'aider à déposséder le comte de Gueldre. Mais sa famille ne voulut lui prêter des secours qu'à condition qu'elle serait admise au partage de la succession d'Ermengarde. Adolphe de Berg refusa de se soumettre à cette condition, et s'adressa de rechef au duc de Brabant, auquel il vendit tous ses droits sur le duché de Limbourg. Mais Renaud de Gueldre n'était pas homme à lâcher prise facilement, et le duc Jean I dut l'attaquer par la force des armes. Telle fut l'origine de cette guerre du Limbourg, qui dura cinq ans, et se termina par la fameuse journée de Woe

ringen *. Cette lutte semblait devoir se prolonger, quand Jean I, sentant que la querelle ne pouvait être tranchée que par une bataille décisive, fit d'immenses préparatifs. Il resserra les liens qui l'unissaient à la France, et employa dans son armée les meil leurs capitaines de cette nation belliqueuse, les comtes de la Marche, d'Angoulême, de Soissons, de Vendôme, de Saint-Pol, les sires de Châtillon, de Craon, de Montmorency. Il comptait pour alliés les comtes de Hollande, de Looz, de Bourgogne, de la Marck, de Waldeck, et le sire de Cuyck. Mais Renaud de Gueldre réunissait dans son parti des alliés plus nombreux. Le comte de Luxembourg, les principaux seigneurs des pays de Clèves, de Juliers et de Limbourg; les comtes de Seyne, de Nassau, de Spanheim, de Salm et de Nieuwenare, et Thibaut, fils du duc de Lorraine, tenaient pour le parti de Gueldre. Avant de tirer l'épée contre son suzerain, Renaud renonça d'abord à son fief. Il était prêt à entrer en campagne, renforcé encore d'une puissante armée que Sifroid, archevêque de Cologne, amenait à son secours. De son côté le duc Jean était prêt aussi à la guerre. Les bourgeois brabançons, pour l'aider à la soutenir, lui avaient accordé le vingtième de leurs biens, et les seigneurs lui avaient apporté leurs bonnes épées *.

Tous les préparatifs terminés, le duc de Brabant lança ses troupes au delà de la Meuse, et entra dans le pays de Limbourg et de Juliers. Il balaya devant lui ses ennemis jusqu'au Rhin. Les deux armées se trouvèrent bientôt en présence. Ce fut au mois de juin 1288.

Dans le cours du mois précédent, le comte de Gueldre avait cédé au comte de Luxembourg, et à son frère le sire de Ligny, ses droits sur le Limbourg. Pleins de confiance dans le nombre et la bravoure de ses troupes

1 Introduction du RYMKRONYK VAN JANVAN HEELU, publice par M. WILLEMS.

DEWEZ, Histoire générale de la Belgique, tom. in, p. 131.

lui et ses alliés se croyaient tellement assurés de la victoire, qu'ils avaient fait conduire sur le champ de bataille des chariots chargés de chaînes et de cordes, pour attacher les prisonniers.

Les deux armées avaient pris position à Woeringen, près de Cologne. Dès le matin du 5 juin, l'archevêque de Cologne célébra une messe solennelle, à la suite de laquelle il donna l'absolution générale à toutes les troupes de ses alliés, et lança l'excommunication contre le duc de Brabant.

La bataille était devenue inévitable. La veille, une partie des chevaliers et des seigneurs de l'armée du duc avaient communié, et les cérémonies religieuses avaient recommencé le matin. Quand elles furent terminées, le due excita tous les siens à se conduire vaillamment, et à lui donner la mort s'il tombait entre les mains de l'ennemi, ou s'ils le voyaient prendre la fuite. Le combat s'engagea presque aussitôt. Au premier choc, les Brabançons furent forcés de se replier. Les soldats du comte de Gueldre, croyant que la victoire était gagnée, avaient déjà commencé à piller les tentes. Cependant l'affaire n'était pas décidée encore, bien que le danger fût devenu pressant. L'archevêque avait réuni en une masse compacte et serrée les trois corps de bataille de ses alliés, et venait d'écraser les gens de Berg, au secours desquels le duc s'élança aussitôt. Tous les efforts de l'ennemi se dirigeaient du côté de ce prince, que l'éclat de son armure distinguait de ses autres capitaines. Les troupes de Limbourg, de Gueldre et de Cologne criaient à haute voix: Au duc! au duc! Le comte de Luxembourg réussit enfin à se faire jour à travers la mêlée, et à joindre le prince brabançon, qui, déjà blessé au bras par Wautier de Wes, continuait à se battre avec une incroyable énergie. Alors commença entre le duc et le comte une lutte corps à corps. Le frère du comte, Waleram de Ligny, était parvenu aussi à s'avancer du même côté; mais la presse devint si forte, qu'il fut renversé de sa

selle, et broyé sous les pieds des chevaux. La fureur d'Henri de Luxembourg redoubla quand il vit tomber son frère; et cette fois le combat devint si rude, que le duc fut culbuté à deux reprises, et sa bannière abattue. Déjà la terreur avait saisi les Brabançons, et les trompettes ne se faisaient plus entendre de leur coté, quand leur bannière se releva tout à coup, et avec elle le courage des soldats. Le due combattit pendant quelque temps à pied avec un courage digne des héros d'Homère, et parvint enfin à remonter sur le cheval d'un échevin de Louvain, Arnould van der Hofstadt, qui se trouvait auprès de lui. Les Luxembourgeois l'avaient cru mort. Mais, quand il reparut, le désordre se mit dans leurs rangs et leur bannière fut renversée à son tour. Leur comte attaquait le due avec un acharnement toujours croissant. Bien que son cheval fût blessé au ventre, il ne lâchait pas prise. Les deux guerriers donnaient ainsi, au milieu de la bataille, le spectacle d'une joute où le courage était égal des deux côtés, et dont le prix devait être la mort de l'un des deux. Après qu'ils se furent longtemps battus à l'épée, ils se saisirent par le corps, l'un essayant d'arracher l'autre de son cheval. Mais, au moment où Henri de Luxembourg se penchait vers son adversaire, un chevalier brabançon, Wautier van der Bisdomme, saisit le défaut de la cuirasse, que ce mouvement venait de découvrir, et porta au comte une blessure mortelle.

rie.

Alors la bataille devint une bouche

Le duc entamait de plus en plus le centre de l'armée ennemie, tandis que d'un côté son frère Godefroi rompait les rangs des soldats de l'archevêque, qui fut pris avec son étendard planté sur une énorme tour de bois crénelée, que traînaient des chevaux sur un char. Pendant ce temps, Renaud de Gueldre succombait de l'autre côté, et, tout couvert de blessures, il n'obtint la vie sauve que grâce à son parent Arnould, comte de Looz.

Un seul des alliés limbourgeois opposait encore une âpre résistance: c'était Waleram, sire de Fauquemont et de Montjoie. Mais il finit par succomber à son tour. Blessé d'un coup d'épée au visage, il fut sauvé, comme Renaud de Gueldre, par Arnould de Looz.

En ce moment la déroute des ennemis devint complète, malgré l'opihiâtreté désespérée avec laquelle les vassaux limbourgeois essayaient encore de disputer le terrain. Ils furent dispersés après un effroyable carnage. La perte de l'ennemi, en morts et en prisonniers, fut considérable. Presque tous les chefs furent pris ou tués. La bataille avait commencé à six heures du matin, et elle ne fut décidée qu'à trois heures de l'après-dînée. L'archevêque de Cologne fut livré à Arnould de Berg, et le comte de Gueldre au duc Jean, qui le tint, pendant une année, prisonnier au château de Louvain.

La mémorable journée de Woeringen assura au duc la possession du Limbourg, et lui mérita le surnom de Victorieux. Elle a été célébrée jusqu'à nos jours par une procession que les Bruxellois faisaient, tous les ans le 5 juin, sous le nom de Ommeganck; et le souvenir en a été conservé par la chapelle de Notre-Dame des Victoires, que firent ériger, en 1304, les membres de la confrérie du Grand Serment, dont les arbalètes contribuèrent puissamment à cette grande victoire.

Le duc Jean consacra les dernières années de sa vie à corriger la législation de son duché. Dans une assemblée solennelle des principaux seigneurs du Brabant, il publia ces lois célèbres connues sous le nom de Landcharter, charte du pays. « C'est une espèce de code pénal, par lequel, pour contenir dans le devoir, par la crainte des châtiments, ceux qu'on ne peut y attacher par l'amour de la vertu, le duc décerne différentes peines, amendes, bannissement ou mort, suivant la gravité du délit, contre ceux qui injurient, calomnient, frappent ou blessent les autres; qui vont les at

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