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terrible qui enleva, selon les supputations un peu exagérées peut-être des historiens, le tiers des habitants du Brabant. Cependant, malgré les ravages de ce fléau, Jean III, à peine âgé de quinze ans, s'occupa du choix d'une femme, et épousa Marie, fille de Louis, comte d'Évreux, fils de Philippe le Hardi, roi de France. Comme le jeune duc était mineur encore, son beau-père prit les rênes du gouvernement, avec Gérard, comte de Juliers, et Florent Berthold, seigneur de Malines, qu'assistaient, comme adjoints, plusieurs membres du conseil de Cortemberg.

Jean III sortit enfin de minorité; et, les finances du pays remises en bon état, il allait commencer un règne qui semblait devoir être prospère, quand tout à coup une singulière querelle vint remettre en question le repos public. Jean, roi de Bohême et comte de Luxembourg, fils de Marguerite de Brabant, fille de Jean I, vint à Bruxelles élever des prétentions sur quelques parties du duché de Brabant' qu'il réclamait du chef de sa mère. Le conseil du duc fit connaître au roi que ses réclamations n'étaient fondées ni en droit ni en coutume; que, de temps immémorial, les femmes avaient été, selon les lois du pays, exclues du droit de succession alors qu'il y avait des enfants mâles; et, enfin, que Marguerite elle-même n'avait jamais formé une semblable prétention pendant les dix-huit années qu'elle avait vécu après son père. Irrité de cette réponse, le roi y répondit par une déclaration de guerre Le duc accepta le défi, et se mit aussitôt à faire d'immenses préparatifs. Mais Gérard, duc de Juliers, ayant interposé sa médiation, un congrès se réunit à Rolduc, où il fut préliminairement admis que la paix serait rétablie entre le duc et le roi. La ville de Nivelles fut désignée pour y tenir des conférences où les conditions définitives seraient réglées. Les réunions s'ouvrirent; mais le roi de Bohême y parla d'une manière si impérieuse, que le duc, vivement choqué, ne put conte

nir son indignation. Tous deux s'obstinèrent, et se répandirent en injures et en menaces l'un contre l'autre. Dès lors les conférences furent brusquement rompues, après n'avoir servi qu'à redoubler l'animosité des deux partis, et la guerre devint imminente. Le duc employa tout l'hiver de 1325 à ses préparatifs; et, dès le printemps, ses Brabançons passèrent la Meuse pour se jeter dans le pays de Fauquemont, dont le seigneur, après avoir commis quelques hostilités sur les terres du Brabant, s'était ligué avec le roi. Le château et la ville de Fauquemont furent pris après un siége opiniâtre; la citadelle fut rasée.

Pendant ce temps, Jean de Bohême s'était rendu à la cour de France pour essayer d'exciter le roi Philippe VI contre le duc. Mais, malgré toutes ces sollicitations, Philippe se borna à offrir sa médiation pour terminer le différend. Le duc fit l'accueil le plus honorable aux députés du roi de France, sans accepter toutefois l'arbitrage qui lui était offert; et il pria le roi de lui laisser le soin de finir seul une querelle qu'il avait déjà presque terminée.

La guerre cependant était plus éloignee que jamais de sa fin; car un incident inattendu vint tout à coup exciter le courroux du roi de France contre le duc. Celui-ci avait accordé dans ses États un asile à Robert d'Artois,qui avait été banni du royaume pour avoir refusé de comparaître au lit de justice tenu par Philippe de Valois, à l'effet de s'y disculper du crime dont on l'avait accusé, d'avoir appuyé sur des actes faux les prétentions qu'il élevait, du chef de son père, sur le comté d'Artois, contre sa tante Mathilde. Robert s'était réfugié d'abord chez son neveu le comte de Namur; mais, craignant que celui-ci ne le livrât au roi, il était allé demander un asile au duc Jean, et se crut désormais en sûreté à Louvain. Mais Philippe de Valois fit sommer le duc de lui livrer le banni, ou de le chasser de ses États. Jean refusa d'obtempérer à cet ordre. Alors le roi, irrité,

organisa contre le Brabançon une ligue formidable, dont le roi de Boheme était la tête, et dont les princes les plus puissants des pays voisins étaient les bras. Elle se composait d'Adolphe de la Marck, évêque de Liége; de Waleram, archevêque de Cologne; de Baudouin, archevêque de Trèves; de Jean de Hainaut, seigneur de Beaumont; de Renaud, comte de Gueldre et de Zutphen; de Gérard, comte de Juliers; de Jean, comte de Namur; de Louis, comte de Looz et de Ciney; d'Édouard, duc de Bar; de Thierry, comte de Clèves ; et de Jean, roi de Bohême et duc de Luxembourg. Toutes les forces de ces princes se réunirent à Fexhe, à deux lieues de Liége, où le connétable de France, Raoul, comte d'Eu, vint les rejoindre avec un corps auxiliaire de troupes françaises. C'était en 1333. L'armée réunie se divisa en trois corps, et résolut d'envahir le Brabant par trois points différents. Déjà l'ennemi s'était avancé jusqu'à Saint-Trond, et la perte du duché paraissait certaine. Mais le duc, quelque grand que parût le danger, ne désespéra de rien. Il se porta, avec une armée beaucoup moins nombreuse que celle des alliés, mais animée de cet esprit patriotique qui double le nombre, sur les frontières de la Hesbaie, dans l'espoir de provoquer l'ennemi à lui présenter le

combat.

Un choc paraissait devenu inévita ble. Heureusement le comte de Hainaut intervint, et offrit sa médiation. Vieux et infirme, il se fit porter en litière dans les deux camps, pour négocier la paix. Mais il ne put rien obtenir d'abord des confédérés, qui commencèrent par dévaster la partie wallonne du Brabant. Cependant le duc faisait si bonne contenance et leur tenait si bien tête, qu'ils ne firent guère de progrès, et qu'un mois après ils consentirent à conclure une trêve de six semaines.

Pendant ce temps, la comtesse de Hainaut, Jeanne de Valois, s'était rendue à Paris auprès du roi son frère, pour l'engager à un ac

commodement avec le duc; et elle réussit d'autant mieux dans cette mission, que Robert était sorti du Brabant pour chercher un asile plus assuré en Angleterre. D'ailleurs la fermeté de la conduite que le duc avait tenue, seul en face d'un si grand nombre d'ennemis puissants, lui concilia si bien les bonnes grâces du roi, que celui-ci lui demanda une entrevue à Compiègne. De là ils se rendirent à Paris, où ils conclurent une alliance, dont les principales conditions furent que Marie, fille du roi de France, épouserait Jean, fils du duc; que le roi ne donnerait plus de secours aux alliés; qu'au contraire il tâcherait, par sa médiation, de les engager à la paix.

Le roi cependant ne parvint qu'à les déterminer à une trêve. Leur but n'était pas de conclure une paix définitive, et ils voulaient se réserver une occasion de guerre, que le temps në tarda pas à leur offrir.

En effet, une singulière et grave question se présenta bientôt : celle de la possession de la ville de Malines. Cette ville avait longtemps appartenu à l'évêché de Liége, qui la faisait administrer par des avoués, les sires de Berthold de Grimbergen. Mais plus tard elle s'étendit au delà de la Dyle, sur une partie de la terre de Sempt, village qui appartenait aux Berthold; de sorte que la rivière la divisait en deux quartiers, dont l'un, l'ancien, était placé sous la seigneurie du chapitre de Liége, tandis que l'autre, le nouveau, reconnaissait l'autorité des Berthold, qui s'arrogèrent pour ce motif le titre de seigneurs de Malines.

Sous le règne du duc de Brabant Jean III, les deux villes se trouvaient réunies sous la domination du comte de Flandre Louis de Nevers, qui avait acheté l'une de l'église de Liége, et l'autre de Renaud, comte de Gueldre, époux de Sophie, fille unique de Florent Berthold. Mais les habitants de Malines refusaient de se soumettre à l'autorité du comte de Flandre, et réclamèrent la protection du duc, dont relevait la seigneurie de Malines, enclavée dans le Brabant. En

sa qualité de suzerain, le duc n'était point intervenu dans la vente illégale de ce fief. Il se rendit donc à Malines, qui lui prêta le serment de fidélité. Le comte de Flandre, irrité, confisqua tous les biens des Malinois situés dans la Flandre, et renoua la fameuse ligue dont l'intervention de Philippe de Valois avait vainement essayé de débarrasser le duc. Les alliés, qui cette fois avaient attiré le comte de Hainaut dans leur parti, étaient au nombre de quinze. Ils s'engagèrent réciproquement à ne conclure aucune paix séparée avec le Brabant, et résolurent d'envahir, chacun de son côté, le duché par les frontières qui touchaient à leurs domaines respectifs. Après que chacun d'eux eut déclaré la guerre en son propre nom, les hostilités commencèrent sur tous les points à la fois. Le duc Jean n'avait pour alliés que le roi de France et le duc de Bar.

Après que la guerre eut sévi pendant quelque temps, et que de grands dégâts eurent été commis de part et d'autre, le roi Philippe, dont les forces étaient entrées dans le Brabant, moins pour seconder le duc par les armes que pour amener les parties belligé rantes à conclure la paix, parvint à leur faire accepter son arbitrage. En effet, au mois d'août 1334, on arrêta en commun, à Cambrai, un arrangement dont les principaux articles portaient: que tous les traités d'alliance, faits de part et d'autre depuis le commencement de la guerre, seraient nuls; qu'il y aurait une paix sincère et une amitié réciproque entre tous les seigneurs confédéres; que le roi mettrait garnison dans la ville de Malines jusqu'à ce qu'il fût mieux instruit du droit des parties intéressées ; que Jean, fils aîné du duc Jean, épouserait Isabeau, fille aînée de Guillaume, comte de Hainaut (car Marie, fille du roi, avec laquelle le jeune prince avait été fiancé d'abord, était morte en 1333); que Henri, son deuxième fils, épouserait la fille de Renaud, comte de Gueldre, et que le fils de celui-ci épouserait Marie, fille cadette du duc.

Des trois mariages stipulés dans

réalisé,

ce traité, un seul fut Jean, fils du duc de Brabant, étant mort peu de temps après, avant d'avoir pu être uni à la princesse Isabeau de Hainaut, et Henri, deuxième fils du duc, s'étant uni, en 1347, à Jeanne de Normandie. Dans la même année, le fils du duc de Gueldre épousa Marie de Brabant.

La paix que ce traité avait cherché à établir, avec toutes les conditions possibles de stabilité, ne dura guère plus de quatre années.

Robert d'Artois, qui avait trouvé un asile en Angleterre, n'avait pas négligé de mettre à profit son séjour à la cour du roi Edouard III, dans l'intérêt de sa propre vengeance. Il était parvenu à faire passer toute sa haine contre les Français au cœur de cet ambitieux monarque, et avait donné lieu au célèbre Vou du Héron, qui ralluma avec plus de fureur que jamais les vieilles querelles entre la France et l'Angleterre, dans lesquelles tant de sang avait coulé, et qui devaient en faire tant couler encore. C'était en 1338.

Cédant aux instigations de Robert d'Artois, le roi Édouard résolut enfin de revendiquer, les armes à la main, le titre de roi de France, qu'il croyait lui être dévolu du chef de sa mèra Isabelle de France, comme héritière légitime de la couronne qu'avaient portée les trois derniers rois, ses frères. Toutefois, avant de commencer la guerre, il voulut, d'après l'avis de son conseil, s'assurer du concours ou de l'appui des princes de la haute et de la basse Allemagne. L'évêque de Lincoln, chargé de cette mission, s'adressa d'abord au comte de Hainaut, dont Édouard était le gendre. Ce prince, que le voisinage de la France inquiétait grandement, n'osa se prononcer. Il engagea l'évêque à commencer par attirer dans le parti du roi le duc de Brabant, l'évêque de Liége, le duc de Gueldre, l'archevêque de Cologne, et le marquis de Juliers. Édouard envoya donc une ambassade au duc Jean, qui eut quelque répugnance à contracter une alliance avec

l'Angleterre contre Philippe de Valois, avec lequel il venait à peine de signer le traité de Cambrai. Toutefois il promit de faire partie d'une ligue contre la France aussitôt que les autres princes auraient consenti à y entrer, et il s'engagea à fournir un secours de mille cavaliers. Cette confédération ne tarda pas à se former à Valenciennes, où le duc de Gueldre, le marquis de Juliers, le sire de Fauquemont, l'archevêque de Cologne et le comte de Hainaut s'unirent aux Anglais contre la France. La condition exigée par le duc de Brabant se trouvant ainsi remplie, ce prince devait par là même être regardé comme acquis au parti de l'Angleterre. Ces seigneurs gagnés, Édouard se tourna vers les communes flamandes, que leur commerce de laine, et l'influence qu'exerçait sur elles Jacques Van Artevelde, parvinrent sans peine à rallier à la cause de ce roi.

commerce avec l'Angleterre était fort étendu, et surtout fort profitable au pays.

C'est au milieu des événements que cette guerre produisit, que l'acte d'une singulière importance dont nous avons déjà parlé, c'est-à-dire le traité d'alliance ménagé par Jacques Van Artevelde, fut conclu entre le duc de Brabant et le comte de Flandre.

Mais la lutte qui vient de commencer entre Édouard III et Philippe de Valois n'appartenant pas à l'histoire du Brabant, puisque ce pays n'y prit qu'une médiocre part, nous renvoyons le lecteur à ce que nous en avons dit dans l'histoire de Flandre.

La mort avait enlevé au duc Jean III ses trois fils, Jean, Henri et Godefroi, sans qu'il lui restât l'espoir d'obtenir un nouvel héritier mâle. Il n'avait que trois filles, dont l'aînée, Jeanne, avait épousé Wenceslas I, comte de Luxembourg; la seTout se trouvant ainsi préparé, conde, Marguerite, s'était unie, à Édouard s'embarqua vers le milieu du Louis, comte de Flandre; enfin, la mois de juillet 1338, et aborda au port troisième, Marie, était l'épouse de d'Anvers avec une flotte considérable, Renaud de Gueldre. Dans la crainte et un grand nombre de comtes, de que ses Etats ne fussent morcelés après barons et de chevaliers. A l'arrivée du sa mort, ou que son héritage ne devînt roi, les principaux seigneurs de la Bel- l'objet d'une querelle entre ses gengique se réunirent à Hal pour délibérer dres, le duc Jean voulut régler sa sucsur le grand objet qu'il méditait, et cession. Il ouvrit donc à Louvain des l'engagerent à chercher un motif qui conférences, où les villes, représenpút justifier son entreprise. Ils lui sug-tées par leurs députés, s'engagèrent gérerent l'idée de se faire nommer pår l'empereur vicaire de l'Empire en Belgique, et de réclamer à ce titre la restitution du Cambrésis, que les Francais avaient usurpé. Edouard accueillit cette idée, et chargea le comte de Gueldre et le marquis de Juliers d'aller solliciter pour lui le titre de vicaire impérial, qu'ils obtinrent à force de présents. Après s'être fait investir de sa dignité par l'empereur à Cologne, il revint prendre possession de son vicariat dans la petite ville de Herck, située dans le comté de Looz.

C'est ainsi que le duc de Brabant "se trouva dans l'obligation de prendre part à la guerre contre la France, à laquelle d'ailleurs il était naturellement poussé par son peuple, dont le

solennellement à maintenir l'unité du pays, et décidèrent que la souveraineté du duché serait placée entre les mains de Jeanne et de Wenceslas, tandis qu'il serait fourni un apanage convenable aux deux autres princesses. Cet acte porte la date du 8 mars 1355. Le duc fit, en même temps, un testament conçu dans le même sens, et que l'empereur Charles IV ratifia dans le cours du mois suivant. Le 5 décembre 1355, Jean III mourut, après avoir pris l'habitde l'ordre de Saint-Bernard.

Jeanne et Wenceslas s'étant mis en possession du duché, le comte de Flandre vint réclamer l'apanage de sa femme, que le duc avait fixé, dans son testament, à la somme de cent vingt mille écus. Par malheur, le

trésor ducal ne se trouvait pas mieux garni qu'il ne l'avait été depuis Jean I, et il fut impossible de faire droit à la réclamation du comte, qui dut recou rir à la guerre; ce qu'il fit avec d'autant plus d'ardeur qu'il avait vu avec l'envie la plus jalouse le duché échoir à Jeanne. Wenceslas chercha danc tout d'abord à bien s'affermir dans la possession du Brabant; et, s'étant adressé à son frère l'empereur Charles IV, il parvint à obtenir de celui-ci un acte dans lequel il fut statué que, si Jeanne mourait la première sans enfants, les duchés de Brabant et de Limbourg passeraient à Wenceslas; que si, au contraire, ce dernier mourait le premier sans enfants et que Jeanne se remariât, les enfants issus de cette seconde union lui succéderaient; et, enfin, que si l'un ou l'autre venait à mourir sans avoir d'enfants d'un mariage postérieur, la souveraineté appartiendrait à l'empereur Charles IV, ou à son plus proche parent. Cet acte, daté du 20 fevrier 1356, fut ratifié par les villes. On conçoit à quel point il dut irriter le comte de Flandre, dont l'épouse se trouvait lésée d'une manière aussi flagrante dans les droits éventuels qui pouvaient lui échoir à une succession à laquelle elle avait des titres si légitimes et si positifs. Aussi, dès ce moment, il ne se contint plus. Il avait à réclamer la dot de sa femme, et en outre la somme de quatre-vingt-cinq mille cinq cents réaux d'or,pour laquelle il avait cédé,en 1346, sa part de la ville de Malines à Jean III, et qui ne lui avait pas été payée.

Le duc se trouvait encore à Maestricht, où il venait de conclure avec l'empereur le concordat dont nous venons de parler, quand le comte envahit soudain le Brabant avec une armée nombreuse, semant la dévastation sur son passage. Tout fut bientôt dans le plus grand désordre. Les Flamands étaient déjà établis à Anderlecht, près de Bruxelles, et menaçaient la capitale du duché, où les gens de Louvain s'étaient rendus, sous les ordres du jeune Gérard de Juliers, comte de Berg, pour empêcher l'en

nemi d'y entrer. Ces forces étaient loin d'être en état de se mesurer avec celles du comte de Flandre. Il eût donc été sage d'attendre l'arrivée du duc, et les renforts qui devaient venir d'Anvers et de la Campine. Mais la précipitation perdit tout. L'étendard du Brabant, que gardait toujours l'abbaye d'Afflighem, fut déroulé, et remis à son guidon héréditaire, le seigneur d'Assche; et l'armée sortit de Bruxelles le 17 août 1356, se dirigeant vers Scheut, près d'Anderlecht, où les Flamands l'attendaient en bon ordre. Le comte de Berg commandait l'avant-garde des Brabançons, et engagea le combat; mais il fut bientôt forcé de céder le terrain aux Flamands, qui, supérieurs en nombre, mirent le désordre dans ses rangs, et le chargerent avec tant d'impétuosité, que le sire d'Assche prit la fuite, après avoir lâchement jeté l'étendard commis à sa garde. Ce fut le signal d'une déroute complète : l'armée tout entière des Brabançons se débanda, et se dispersa de toutes parts. Alors commença un carnage effroyable: les uns furent massacrés sur le champ de bataille, les autres périrent dans les marais ou dans les eaux de la Senne. Quelques débris parvinrent à gagner la porte de la ville, où ils entrèrent pêle-mêle avec les vainqueurs. Cette défaite mémorable (qui donna au jour où elle eut lieu le nom de Mauvais Mercredi, Kwaede Woensdag) fut si prompte, que la duchesse eut à peine le temps de se sauver de Bruxelles et d'échapper aux Flamands, en se dirigeant vers Maestricht, où le lâche Wenceslas, selon l'historien Butkens, « s'amusait avec assez peu de soin, se laissant mener par le conseil de jeunes gens sans expérience, plus adonnés à leurs plaisirs qu'à ce qui était nécessaire pour la défense de la patrie. »

Cependant le comte de Flandre, après avoir établi son autorité à Bruxelles, se dirigea vers Louvain, qui se soumit à sa puissance. Malines, Ñivelles, Tirlemont, Léau, reconnurent à leur tour sa domination.

Presque tout le duché était perdu,

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