Page images
PDF
EPUB

HOLLANDE.

sition qui chercha et trouva de l'appui chez les Francs; d'où il résulta ultérieurement que ce parti pencha vers le christianisme, auquel Radbod s'opposa toujours avec une vive énergie, comme à une importation de la suprématie franque. Malgré plusieurs défaites, dont chacune cependant sembla le rapprocher un peu des Francs, Radbod continua à marcher dans cette voie jusqu'au moment de sa mort, sur

venue en 719.

A la tête du parti qui s'était formé contre ce chef, se trouvait Ado Wursing, qui était probablement un des parents d'Adgill. Comme Radbod ne devait la considération dont il jouissait chez les Frisons qu'à la haine irréconciliable qu'il portait aux chrétiens et aux Francs, Ado Wursing s'était enfui chez ces derniers. Cependant, après la mort de Radbod, qui, se sentant vieux et épuisé, lui avait restitué tous ses biens, Wursing ne rentra pas dans sa patrie. Il y envoya son second fils Dietgrimm, pour reprendre possession de ses terres; et luimême attendit jusqu'à ce que, en 724, Charles Martel eût soumis par le fer et la flamme Poppo, successeur de Radbod, et la Frise tout entière. Après cette conquête, l'illustre capitaine franc fonda l'évêché d'Utrecht, et donna à Wursing une étendue de terre assez considérable dans le voisinage de cette ville, avec la mission de protéger le christianisme dans cette contrée. Ce domaine fut affecté plus tard par saint Ludger, fils de Dietgrimm, à la dotation d'un monastère nommé Werthina, qu'il fonda près de l'embouchure du Rhin, sur le bord de la

mer.

Il résulte clairement de ceci que non-seulement le territoire d'Utrecht, mais encore toute la Hollande actuelle, étaient occupés par les Frisons. Il y a même plus ce peuple tenait tout le pays vers l'ouest, et habitait les terres connues dans les auteurs contemporains sous le nom de maritima, c'està-dire de Zéelande.

Les Frisons étaient d'origine germanique, et ils comptèrent parmi les

Francs aussi longtemps que ce der-
nier mot conserva son sens primitif,
c'est-à-dire qu'il signifia les peuples
du nord-ouest de la Germanie qui por-
taient la framée, en opposition aux
Saxones et aux Walchi. La division
du peuple franc en Frisons et en
Francs ne s'établit réellement d'une
manière précise que beaucoup plus
tard, lorsque l'appellation de Francs
ne fut plus attribuée qu'aux descen-
dants des peuples du nord-ouest de la
Germanie, soumis à la domination
de la dynastie mérovingienne.

Après les défaites sanglantes que Charles Martel leur fit essuyer en 724 et en 729, les Frisons occidentaux commencèrent à adopter les institutions franques; et la famille d'Ado Wursing mit tout en œuvre pour répandre parmi eux la doctrine du christianisme, avec le secours de plusieurs missionnaires anglo-saxons.

Déjà, dans les temps antérieurs à Radbod, s'était fondée, sur les confins des Francs et des Francs-Frisons, une puissante ville de commerce, Wykby-Duurstede, qui faisait un immense trafic avec Londres. Tout ce négoce tomba, pendant la guerre des Francs contre ce chef. Mais Wykby-Duurstede se releva bientôt, après que Charles Martel eut rétabli le calme dans le Londres n'était pas le pays. seul endroit avec lequel les Frisons eussent des relations commerciales. Ils occupaient un quartier particulier de la ville de Mayence, et partout les manteaux et les draps de Frise étaient recherchés.

Après la mort de Poppo, successeur de Radbod, les Frisons orientaux, bien qu'ils fussent soumis au tribut par les Francs, continuèrent, il est vrai, à vivre sous leur ancienne législation particulière. Cependant l'histoire nous montre qu'ils firent, à plus d'une reprise, de grands efforts pour détruire les églises et les monastères chrétiens établis sur leurs frontières. Ces efforts, ils les unirent plus tard à ceux des Saxons leurs voisins; et ce ne fut qu'après la victoire remportée par Charleinagne sur Wi

tikind que le christianisme fut réellement implanté dans la terre des Frisons. Mais à peine cette doctrine nouvelle y eut-elle été introduite, que les Danois et les Normands abordèrent aux côtes frisonnes, et se mirent à piller tout le pays. Ces dévastations amenèrent Louis le Débonnaire à donner, en 837, une nouvelle organisation aux comtés et aux évêchés de la Frise, dans le but de mieux protéger le territoire contre ces incommodes hommes du Nord.

Sous le nom de Frise était compris à peu près tout le territoire dont se compose aujourd'hui le royaume des Pays-Bas. Cependant elle se divisait d'abord en deux grandes parties, en citérieure et en ultérieure. Celle-ci s'étendait depuis le lac Flévo, aujourd'hui nommé le Zuyderzée, jusqu'à l'Elbe; celle-là était renfermée entre le lac Flévo au nord, l'Yssel à l'est, la mer à l'ouest, la Meuse et l'Escaut au midi. Puis venaient les sous-divisions. Sous le nom de maritima étaient désignées les terres que bornaient au sud-ouest la rivière de Zwyn, et au nord-est les bouches de la Meuse. Le territoire de Marsum se développait entre les bouches de la Meuse et celles du Rhin. Depuis ce dernier point jusqu'à l'extré mité de la province actuelle de la Hollande méridionale, s'étendait un comté dont le nom local n'est point connu, mais qui forma plus tard le comté de Hollande proprement dit, A l'est du territoire de Marsum et du comté dont nous venons de parler, était situé le Teisterbant, qui se trouvait compris entre le Leck, le Wabal et la Meuse, depuis la jonction de ces rivières jusqu'auprès de Buren. Le comté de Batua ou de Bathua, dont on fit plus tard le Betuwe, était renfermé entre le Rhin et le Wahal, depuis Schenk jusqu'auprès de Buren, entre Thiel et Wykby-Duurstede. Il y avait ensuite le comté de Moilla, qui, borné au nord par le Betuwe, embrassait tout le territoire depuis les environs de Nimègue jusqu'à la Meuse, où il touchait à la Taxandrie. A l'est du Flévo,

s'étendait le territoire de l'Yssel et celui de Triantha (aujourd'hui Drenthe). Et enfin, au nord, les comtés de Westrachie (Westergo) et d'Ostrachie (Ostergo), qui tous deux composent actuellement la partie occidentale de la Frise, et dont le premier avait pour chef-lieu la ville de Stavoren, et le second la ville de Dokkum.

CHAPITRE II.

LES PREMIERS COMTES DE HOLLANDE ET DE ZÉLANDE, JUSQU'A L'EXTINGTION DE LEUR LIGNEE MASCULINE.

On regarde comme la tige probable des comtes de Hollande un comte Gérolf, qui gouvernait le Kennemerland, peut-être aussi la Frise, et qui était issu, selon plusieurs historiens, du sang de Witikind. Quoi qu'il en soit, Gérolf doit avoir été un ardent partisan d'Arnoul de Carinthie, lors de la révolution des vassaux germains contre Charles le Gros; car le nouveau roi, sans doute pour se l'attacher davantage encore, le pourvut en 889, non-seulement d'une forêt royale et d'un domaine situés sur le territoire occupé aujourd'hui par le lac de Harlem, mais encore de plusieurs autres terres dans le comté de Teisterbant. Plus tard, nous trouvons sa famille étroitement liée avec les rois sortis de la même révolution qui avait mis la couronne sur la tête d'Arnoul, et qui lui succédèrent. Seulement, dans le court intervalle d'incertitude qu'il y eut sur le sort de la Lorraine, que se disputaient la France et l'Al femagne, Thierry I, fils de Gérolf, paraît n'avoir en vue que son intérêt particulier entre les partis qui déchiraient le pays même. Car, au mois de juin 922, le roi Charles lui accorda, probablement pour le récompenser de sa fidélité au parti des Français, l'avouerie de l'église d'Egmont dans le Kennemerland; et peut-être le mariage de Thierry avec Gerberge, fille du comte Pepin de Senlis, fut-il le

HOLLANDE.

resultat des rapports ainsi noués avec la cour de France.

Son fils Thierry II eut à lutter avec les Frisons du nord, qui tenaient encoreà une grande partie des pratiques du paganisme; car la chronique d'Egmont nous apprend qu'il fut forcé de remplacer par des moines les religieuses de ce monastère, ob asperitatem et molestiam duræ gentis Fresonum. Il eut pour femme Hildegarde, fille du premier burgrave germanique de Gand, laquelle lui donna trois enfants, dont deux fils, Arnoul et Ecbert, et une fille, Éclinde. Ecbert devint évêque de Trèves, et Arnoul succéda à son père en 988, dans le comté de Marsum, de Kennemerland, et d'une partie de la Frise. En moins d'un siècle, cette famille était ainsi devenue une des plus puissantes de la Germanie occidentale. Elle avait même, 'outre les territoires que nous venons d'indiquer, d'importantes possessions dans le Teisterbant. Luidgarde, femme d'Arnoul, étant sœur de l'impératrice Cunégonde, parvint à attirer sur son mari la faveur de la maison impériale, et obtint qu'il succédât à son grandpère dans la charge de burgrave de Gand. Le père d'Arnold, Thierry II, était déjà parvenu, en 985, à faire transformer en alleux de sa maison plusieurs fiefs de l'Empire qu'il tenait dans le comté de Marsum, dans le Kennemerland et dans le territoire de Texel, lequel, à cette époque, se trouvait encore lié à la terre ferme.

Arnoul ayant succombé, en 993 ou en 1003, dans une guerre contre les Frisons septentrionaux, eut pour successeur son fils Thierry III, qui se vit bientôt enveloppé dans de graves difficultés avec l'évêque d'Utrecht. Des troupes de Frisons du comté de Marsum s'étaient établies dans l'île de Merwède, qui alors avait beaucoup plus étendue, et dont la possession était fort contestée, bien que depuis longtemps cette île eût été concédée par l'Empire en commun à l'évêque d'Utrecht et aux archevêques de Cologne et de Trèves, pour y exercer le droit d'a

battage, de pâturage et de pêche. Ce
territoire s'appelait Holland, ou terre
basse. Il était entièrement inculte.
Aussi les Frisons de Thierry, quand
ils y arrivèrent, ne trouvèrent per-
sonne qui s'opposât à leur établisse-
ment. Les évêques les laissèrent s'y
installer, et y mettre la terre en cul-
ture. Mais lorsque les nouveaux co-
lons, non contents de cette concession,
voulurent exiger pour Thierry un droit
de passage des bâtiments marchands
qui longeaient leur île, et piller ceux
qui refusaient de payer; quand ils eu-
rent construit une forteresse (proba-
blement Dordrecht) dans laquelle
Thierry entretenait une garnison,
alors les prélats de la basse Lotharin-
gie et les marchands de Thiel s'ému-
rent, et réclamèrent en l'an 1018, de
l'empereur Henri, le châtiment du
comte.

aux

L'empereur fit aussitôt enjoindre à Thierry d'évacuer le territoire de Merwède, et ordonna au duc de Lotharingie, Godefroi de Verdun, archevêques de Cologne et de Trèves, et à l'évêque d'Utrecht, de mettre sur pied une armée, pour forcer au besoin le comte à l'obéissance. Pendant que cette armée le menaçait, les Frisons, contre lesquels Arnoul avait échoué, se remirent en campagne contre Thierry; mais il sortit victorieux de cette double guerre. Il fit même prisonnier le duc Godefroi, qu'il ne relâcha qu'à condition que celui-ci emploierait sa médiation auprès de l'empereur et de l'évêque d'Utrecht. En effet, le duc fit si bien, que nonseulement l'empereur pardonna à Thierry, mais qu'en outre il lui donna tout le territoire contesté de Holland, et lui fit concéder en fief, par l'évêque, la partie occidentale du comté d'Utrecht près de Bodengraven et de Zwammerdam, conquise par Thierry sur Thierry-Bavon, vassal de l'Église d'Utrecht.

Depuis ces acquisitions, Thierry III et ses descendants, pour faire valoir leurs droits incontestables sur les territoires nouveaux, adoptèrent le titre de comites Hollandenses (comtes

en

de Hollande), avec lequel cependant celui de marquis ou de comtes de Frise alterne encore assez fréquemment dans les actes qu'ils nous ont laissés. Tous les États de Thierry III échurent après sa mort, survenue 1039, à son fils Thierry IV, bien que, selon plusieurs historiens hollandais, la Frise fût attribuée à son fils cadet Florent. Quoi qu'il en soit, Florent recueillit bientôt toute la succession de son père, Thierry IV ayant été assassiné, en 1049, à Dordrecht, sans laisser de postérité légitime, par des sicaires des évêques d'Utrecht, de Liége et de Metz. Ceux-ci l'avaient vu, avec grand déplaisir, mis en possession de la Hollande; et au moyen de ce meurtre ils parvinrent à se rendre de nouveau maîtres de tout le territoire de Merwède. Ainsi dépouillé, Florent s'adressa à son allié Godefroi, fils de Gothelon le Grand, duc de la basse Lotharingie. Celui-ci accourut avec une armée, dans l'intention de reconquérir la Hollande pour son propre compte; mais il fut battu par les évêques alliés, et forcé de prendre la fuite. En 1058, Florent essaya une nouvelle tentative pour s'emparer des domaines de Merwède, mais sans obtenir un meilleur succès. Trois années après, il fut plus heureux. Il battit sur tous les points les princes lorrains qui lui avaient si longtemps disputé l'héritage paternel; mais, surpris par les ennemis au moment où il se reposait sous un arbre, près de Hemert, après un combat acharné contre les comtes de Louvain et de Cuyk, il fut massacré avec un grand nombre des siens.

Il fallait plus que jamais un bras ferme pour gouverner et défendre le comté; et Florent ne laissait qu'un enfant presque au berceau, qui lui suc céda sous le nom de Thierry V. Sa veuve Gertrude prit en main l'administration des affaires, au nom de son fils. Ce pendant les difficultés devinrent toujours plus grandes; car non-seulement l'empereur refusait à Thierry V l'investiture du comté de son père, mais encore il décida le retour à l'évêché

d'Utrecht des seigneuries que les comtes de Hollande avaient arrachées à cette Église. Dans l'extrémité où Gertrude se trouvait ainsi réduite, elle consentit à épouser, en secondes noces, Robert de Flandre. Cette alliance procura à Robert le surnom de Frison, et à Gertrude un défenseur qui, occupant les îles zéelandaises de PEscaut occidental, s'était appliqué d'abord lui-même à s'agrandir aux dépens de la Hollande. On pense généralement que le comte Thierry III, en s'emparant du territoire de Merwède, se rendit maître aussi des îles zéelandaises de l'Escaut oriental, comme appartenant aux marches frisonnes; et que Robert de Flandre, avant son mariage avec la veuve de Florent I, avait conquis sur cette princesse cette partie de la Zéelande, et peut-être la Hollande elle-même. Toujours est-il que, uni à Gertrude, il gouverna tout le pays depuis le Zuyderzée jusqu'au Zwyn, et qu'il défendit aussi bien contre l'étranger les domaines de son pupille, qu'il sut maintenir l'ordre au dedans. Il signala le commencement de son règne en arrachant la Hollande à l'évêque d'Utrecht. Ce prélat ne trouva d'autre moyen de rentrer dans cette possession que de la donner en fief à Godefroi V, duc de la basse Lotharingie, qui, ayant battu Robert en 1071, près de Leyden, le força à se retirer à Gand, et s'établit dans toute la partic qui compose aujourd'hui la Hollande méridionale et s'étend jusqu'à Delft, où il bâtit une citadelle. L'année suivante, Godefroi poussa ses conquêtes sur tout le reste des domaines de Thierry V, c'est-à-dire jusqu'à Alkmaar, et il en resta possesseur jusqu'en 1076. Mais en cette année il fut assassiné à Anvers, selon quelques-uns, l'instigation de Robert le Frison. Cette mort, qui fut suivie bientôt de celle de l'évêque d'Utrecht, vint tout à coup changer la face des affaires de Thierry V, qui, secondé par Robert, reconquit en peu de temps tous les domaines de son père, depuis la Zéelande jusqu'aux frontières des Frisons du Texel.

à

HOLLANDE.

Il légua en 1091 ce magnifique héritage à son fils Florent II, qui porte dans l'histoire le surnom de Riche, et qui passe pour avoir obtenu de l'Empire, dès 1107, les îles occidentales de la Zéelande, comme un arrière-fief de la Flandre. Ce qui est certain, c'est que son fils les posséda à ce titre.

La mort de Florent II laissa, en 1122, le pays dans une situation exactement semblable à celle où la mort de son aïeul l'avait laissé. Sa veuve Pétronille, fille du duc Thierry de Lorraine, resta avec des enfants mineurs, dont elle eut à défendre, à son tour, les domaines contre l'Empire. Un événement imprévu, arrivé à Utrecht, l'avait entraînée tout à coup dans les difficultés les plus graves. L'empereur Henri V célébrait, en 1122, les fêtes de Noël en cette ville. Une querelle s'éleva entre les bourgeois et les seigneurs de la suite de ce prince. L'évêque se rangea du côté de ses hommes, et les deux partis se livrèrent un combat acharné. Les hommes du prélat succombèrent, et luimême fut fait prisonnier par l'empereur. La comtesse de Hollande se trouva mêlée à ces hostilités, soit en sa qualité de vassale de l'Église d'Utrecht, soit pour toute autre cause. En effet, en 1123, l'empereur envoya une armée contre Utrecht et la Hollande; mais le duc Lothaire de Saxe accourut au secours de sa belle-sœur, la comtesse Pétronille, et paralysa si bien les forces impériales, que l'évêque fut remis en liberté, et que la guerre cessa aussitôt.

Peu d'années après, la mort de l'empereur Henri V ayant laissé vacant le trône d'Allemagne, Lothaire de Saxe y fut promu. Dès lors une puissante protection était assurée à la comtesse de Hollande. Cependant elle n'empêcha pas les Frisons orientaux de faire de vigoureuses tentatives pour renverser l'autorité comtale. Heureusement le jeune Thierry VI était en âge de porter l'épée de son père. Il marcha contre eux en 1132, les rejeta hors des frontières de son territoire,

et pénétra aans le leur, où il mit tout
à feu et à sang. Mais s'il réduisit de
il
cette manière l'ennemi du dehors,
rencontra, au sein de son comté même,
un ennemi plus dangereux : c'était son
propre frère Florent, qui s'était
formé un parti puissant dans le pays,
et qui, après avoir passé une année au
milieu des Frisons, entra dans les
États de Thierry les armes à la main.
Cette guerre civile, commencée en
1133, fut conduite avec un acharne-
ment incroyable. Florent finit cepen-
dant par succomber, après deux an-
nées de luttes et de dévastations.
L'empereur Lothaire s'était interposé
inutilement d'abord; mais, ayant me-
nacé les deux frères de sa disgrâce,
il parvint à les forcer à déposer les
armes. Cette paix fut scellée quelques
années plus tard, par la mort de Flo-
rent, qui fut tué, en 1137, sous les
murs d'Utrecht, par les hommes de
l'évêque. Malgré l'inimitié qui avait
longtemps divisé Florent et Thierry,
celui-ci résolut de tirer du meurtre de
son frère une éclatante vengeance; et
à cet effet il marcha, avec une armée,
contre l'évêque d'Utrecht. Mais cette
guerre se termina, comme la plupart
de celles que nous avons vues s'enga-
ger avec l'évêché de Liége, par un
anathème. Le prélat battit avec les
armes de l'excommunication le comte
de Hollande, qui consentit à s'humi-
lier devant son ennemi, et à lui deman-
der pardon pieds nus et la tête décou-

verte.

Le goût des croisades entraîna un moment Thierry vers la terre sainte, où il passa trois ans. Il était temps qu'il revînt dans ses États en 1143, pour mettre en jeu toute son influence dans l'élection du nouvel évêque qu'il s'agissait de donner à Utrecht, le prélat Herbart étant mort. Le choix du chef qu'il fallait placer à la tête de l'évêché était d'une haute importance pour les seigneurs qui tenaient des fiefs de cette Église. Les comtes de Hollande, de Gueldre et de Clèves se décidèrent pour Herman, prévôt de Saint-Géréon à Cologne, tandis que les dignitaires du chapitre, les villes

« PreviousContinue »