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dait la justice et qui commandait à la guerre; ensuite il avait de simples avoués dans les districts particuliers où ils exerçaient le même pouvoir. Le haut avoué portait quelquefois le nom de comte ou de châtelain d'Utrecht, comes ou castellanus Trajectensis. Dans des temps plus rapprochés de nous, il y avait dans la ville d'Utrecht, outre ce dignitaire, un écoutète ou bailli, que secondait un tribunal d'échevins, dont les membres assistaient même parfois le châtelain dans ses sessions judiciaires. Le nombre de ces échevins a probablement de tout temps été de douze; du moins il était ainsi fixé pendant les derniers siècles du moyen âge.

Nous avons déjà signalé les querelles qui eurent lieu sous le règne d'Adelbold, successeur d'Ansfried, au sujet du Holtland ou de la Hollande. Ce prélat, avant d'avoir été investi de la crosse, avait longtemps été le fidèle conseiller de l'empereur Henri II, qui lui donna de grandes marques de sa munificence, comme fit aussi plus tard, en 1027, l'empereur Conrad II, dont Adelbold obtint tout le territoire de Teisterbant.

Après la mort de ce prélat, le siége d'Utrecht fut vivement disputé, comme il méritait de l'être en effet, à cause de l'importance qu'il avait acquise. Enfin, pour mettre un terme à ce débat, Conrad II vint lui-même à Utrecht. Pendant qu'il se trouvait en cette ville, sa femme donna le jour à un enfant. Elle était logée dans la maison de Bernulf, prêtre de l'église de Saint-Martin, qui courut en toute hâte porter cette nouvelle à l'empereur, auquel le chapitre venait précisément de s'en référer pour le choix d'un nouvel évêque. Quand le messager fut arrivé, et qu'il eut annoncé à Conrad que l'impératrice lui avait donné un fils, l'empereur se leva, et, s'adressant aux chanoines : Voilà, dit-il, celui qui sera votre évêque.

Le chapitre répondit par de vives acclamations aux paroles de l'empe

reur, et Bernulf fut inauguré sur le siége épiscopal. Ce choix avait été le résultat d'un entraînement du cœur; la suite prouva qu'il était une véritable inspiration. Bernulf fut, en effet, un des prélats les plus sages qui aient tenu l'évêché d'Utrecht. It maintint la paix avec les princes voisins, et il gouverna par la justice. S'il fallait lui donner un surnom, c'est à celui de Bâtisseur qu'il aurait le plus de droit; car il construisit deux nouvelles églises à Utrecht, leur donna des chapitres, et les dota richement; il en éleva une autre à Deventer; partout il restaura et agrandit celles que ses prédécesseurs avaient négligées. Mais, outre qu'il entassa ainsi édifice sur édifice, il agrandit aussi les domaines de l'évêché, grâce aux nombreuses donations dont l'empereur Henri III le pourvut. Parmi ces donations, les plus importantes par leur étendue furent le comté de Drenthe, et surtout la ville de Deventer, avec le comté de Hameland ou de Zutphen.

CHAPITRE TROISIÈME. JUSQU'A L'ÉVÊQUE JEAN D'ARKEL. 1342.

Plus les domaines de l'évêché devenaient puissants, plus les princes voisins devaient chercher à y placer quelque membre de leur famille, pour augmenter ainsi leur propre influence et affermir leur propre autorité.

Aussi, après Bernulf, mort en 1054, ce fut Guillaume, frère du grand bailli de Gueldre, qui fut investi de la prélature. Nous avons vu, dans l'histoire de Hollande, quels embarras ce prélat suscita aux souverains de ce comté. Le rôle qu'il joua dans ces débats nous prouve le degré de puissance où l'humble évêché de Willibrord était par venu à cette époque. Son successeur, l'évêque Conrad, né en Souabe, lequel avait été précepteur de l'empereur Henri IV, ne se montra pas moins terrible dans la lutte contre la Hollande. Mais il

ne se borna pas à cela seulement; il ajouta à son tour de nouvelles seigneuries au diocèse que son impérial disciple lui procura: ce furent celle de Broeckershoven dans le Veluwe, celle de Stavoren en Frise, enfin celle de l'Ostrachie et de la Westrachie.

Nous avons vu les évêques d'Utrecht devenir plus guerriers à mesure que leur puissance s'est accrue. Guillaume et Conrad nous offrent des types de ces prélats chevaleresques du moyen âge, qui maniaient la crosse aussi bien que la masse d'armes; car, l'Église leur défendant de se servir de l'épée, ils assommaient, ils n'égorgeaient pas. Ce fut par l'épée que Conrád périt, non pas sur un champ de bataille, il est vrai, comme un homme de guerre, mais dans son palais, par la main d'un assassin. Il avait entrepris de faire bâtir à Utrecht une église à la Vierge, mais il ne put parvenir à rendre le terrain assez solide pour en soutenir les piliers. Alors se présenta un Frison, chef d'une de ces corporations maçonniques qui parcouraient les pays pour élever ces vastes édifices religieux dont la construction réclamait de grandes connaissances techniques. Il offrit de se charger de l'édification de l'église, consentant à subir la mort s'il ne parvenait à l'achever selon les désirs de l'évêque; mais exigeant une somme considérable en cas qu'il réussit. Le prélat trouva le prix exorbitant; mais il corrompit le fils de l'architecte, qui lui confià tous les secrets de la science paternelle. Maître de ces plans, Conrad reprit lui-même son ouvrage, et le mena heureusement à bonne fin. Le Frison irrité jura de faire mourir l'évêque, et accomplit sa vengeance au mois d'avril 1099. Il pénétra dans le palais épiscopal, et frappa l'évêque à mort.

Ici se présente de nouveau, sur le siége d'Utrecht, une succession de deux évêques, dont le règne n'est d'aucune importance majeure pour l'histoire de ce diocèse. Nous nous bornerons donc à citer simplement leurs noms.

C'est d'abord Burkard, dont l'origine est inconnue, et qui mourut en

1112.

C'est ensuite Godebald, qui, sorti d'une famille frisonne, ne se distingua que par son zèle pour le maintien de la discipline monastique. Il s'éteignit en 1128.

Mais voici venir un prélat dont le règne sut rendre à l'histoire de l'évêché ce mouvement et cette vie que Guillaume et Conrad y avaient donnée. Ce fut André de Cuyck. Un des premiers actes de son autorité fut la réconciliation de sa famille avec celle des comtes de Hollande, qui n'avait pu oublier jusqu'alors le meurtre commis, près de Hemert, sur Florent I, par le comte de Louvain et par le sire de Cuyck. Mais cette paix ne fut guère de longue durée; car elle fut rompue par un nouveau meurtre commis par les hommes de l'évêque sur Florent, frère de Thierry VI, comte de Hollande. Ce crime ralluma la guerre entre ce prince et l'évêque. Nous avons vu, dans l'histoire de Hollande, comment elle se termina (1).

Après André de Cuyck, mort en 1138, l'évêché fut successivement occupé par Heribert ou Herbart, qui réussit à obtenir en 1148, de l'empereur Conrad, l'Ostrachie et la Westrachie, à l'exclusion de la Hollande, et mourut en 1150; ensuite par Herman de Hoorn, qui parvint à la crosse grâce à l'appui des princes de Hol lande, de Gueldre et de Clèves, et après deux années de luttes contre les partisans de Frédéric de Hovel, que les gens d'Utrecht lui opposaient; puis par Godefroi de Rheenen, qui enrichit l'évêché de la seigneurie de Rheenen, et succomba en 1178; enfin, par Baudouin, frère de Florent III, comte de Hollande.

Sous ce prélat nous trouvons les ducs de la basse Lotharingie investis du comté de Veluwe comme d'un fief épiscopal d'Utrecht, sans que nous sachions de quelle manière Baudouin

(1) V. ci-dessus page 173.

lui-même y parvint. Nous avons vu à quelle guerre sanglante cette investiture donna lieu entre l'évêque et le comte de Gueldre (1). Baudouin mourut le 21 avril 1196, à Mayence, où il était allé demander des secours à l'empereur pour continuer cette lutte.

Le lecteur sait déjà à quelles âpres querelles la succession de Baudouin donna lieu entre Thierry de Hollande et Arnould d'Isenburg (2). Nous avons également touché les points les plus importants de l'histoire des évêques qui se suivirent sur le siége d'Utrecht depuis Baudouin, à savoir: Thierry I de Hollande, qui succéda à Arnould en 1198, et ne survécut guère à son élévation; Thierry II, d'Aarburg (3), dont la mort survint en 1212; Otton II, de Lippe, sur lequel l'influence des comtes de Hollande et de Gueldre parvint à faire tomber le choix du chapitre, et qui, après une vie usée à demi dans les croisades en Orient, à demidans les guerres avec ses voisins, périt misérablement en 1226, dans les marais de Koeverden, en combattant comme il l'avait fait en Palestine (4); Willibrand d'Oldenbourg, que la mort enleva en 1233, pendant qu'il s'occupait de venger la mort d'Otton de Lippe (5); Otton III, de Hollande, qui mit un terme à la guerre désastreuse que ses prédécesseurs avaient depuis si longtemps soutenue dans le pays de Drenthe, et laissa, après sa mort, survenue en 1249, le trésor épiscopal richement fourni, et les finances relevées du désordre où elles étaient tombées; Goswyn d'Amstel, qui succéda à Otton III, et qui céda la place à Henri de Vianden, neveu du comte de Hollande, en 1150; et enfin Jean I de Nassau, sous lequel les paysans de Kennemerland forment un des épisodes les plus dramatiques de cette longue histoire des soulèvements dont les classes agricoles nous offrent le spectacle pendant tout

(1) Voyez ci-dessus, page 200. (2) Voyez ci-dessus, page 202. (3) Voyez ci-dessus, page 202. (4) Voyez ci-dessus, page 203. (5) Voyez ci-dessus, page 203.

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le moyen âge (1). Après que les paysans se furent emparés, en 1268, de la ville d'Utrecht, ils aidèrent les bourgeois à en chasser les patriciens, et à remplacer le magistrat noble par des hommes tirés des métiers utrechtois. Ils gouvernèrent ainsi en maîtres la ville pendant deux ans. Un des chevaliers épiscopaux réussit enfin à les chasser eux-mêmes, et à les refouler dans leur territoire. Cependant la retraite de leurs alliés, et le retour de la noblesse de l'évêque,n'empêchèrent pas les bourgeois de faire plus tard de nouvelles tentatives pour s'emparer du pouvoir. Mais ils furent complétement battus par Nicolas van Kats et par les chevaliers hollandais. Tous ces troubles civils inquiétaient fort peu l'évêque Jean, qui ne prenait souci que de tirer de son évêché le plus d'argent possible. Il abusait de toutes les manières de son autorité, engageait les terres, les châteaux et même les villes du diocèse; en un mot, il administrait si mal, qu'enfin un chapitre général fut ouvert, auquel s'adjoignirent le comte de Hollande et plusieurs autres des principaux vassaux de l'Église d'Utrecht, pour déclarer la déchéance du prélat, Sa déposition fut prononcée en 1288, et approuvée par le pape.

Jean I laissa l'évêché singulièrement obéré. Jean II, comte de Sierk en Lotharingie, qui lui succéda, eut à réparer d'abord les brèches faites à la fortune publique, ensuite à libérer les domaines engagés par son prédécesseur. Avec l'aide du comte de Hollande, il parvint à ressaisir ainsi les forteresses de Vredeland et de Montfoort. Mais à peine eut-il accompli cette rude tâche, qu'il renonça en 1296, pour le siége de Toul, à celui d'Utrecht, dans lequel il eut pour successeur Guillaume Berthold de Malines, qui, distingué par la profondeur de ses connaissances, remplissait à la cour de Rome de hautes fonetions ecclésiastiques.

(1) Voir notre Étude sur les causes des soulèvements et des guerres des paysans aux moyen age. I vol. in-8°, Liège, 1841.

Dès que Guillaume eut revêtu le pouvoir, il commença contre la Hollande cette guerre qui eut pour résultat d'adjuger à cette dernière l'Amstelland et la seigneurie de Woerden (1). La science même de ce prélat lui fut aussi fatale que le lui furent les armes hollandaises. Exhumant et examinant avec son esprit de jurisconsulte toutes les questions qui se rattachaient aux fiefs qu'il jugeait dévolus de droit à son Église, il ne manqua pas de se créer un grand nombre d'ennemis parmi les chevaliers utrechtois. Ce fut bientôt un noyau d'opposition prêt à servir celui qui aurait la volonté de s'en emparer. Le comte Jean de Hollande-Hainaut entreprit de tirer avantage de ces dispositions hostiles, et il réussit à se former un parti puissant dans l'évêché. Les nobles, étant ainsi assurés de l'appui du comte, commencèrent à se prononcer ouvertement contre le prélat. Ils s'emparèrent de sa personne, et

l'enfermèrent au château de Lichtenberg, où ils le retinrent prisonnier pendant une année tout entière. Cette longue captivité ennuya si bien l'évêque, qu'il se dégoûta complétement de son diocèse, et que, relâché de sa prison, il partit pour Rome, afin de se démettre de sa dignité entre les mains du souverain pontife. Mais le pape refusa d'accepter cette résignation, et ordonna à l'évêque de Munster de prêter secours à Guillaume d'Utrecht contre ses vassaux. Guillaume rentra donc dans son diocèse, rassembla dans le comté d'Yssel une armée avec laquelle il descendit dans l'évêché. Il tenta d'abord de reprendre sa capitale, mais il fut bravement repoussé. Pendant ce temps, les chevaliers utrechtois avaient eu le loisir de s'armer de leur côté. Ils marchèrent contre l'évêque. Les deux armées se rencontrèrent, le 12 juillet 1301, près de Hoogewoerden. Au premier choc la victoire parut pencher en faveur de Guillaume. Mais l'arrivée de Zweder de Montfoort avec ses gens d'armes vint tout à coup la décider en faveur

(1) Voyez ci-dessus, page 188.

des rebelles, et le prélat lui-même resta sur le champ de bataille.

Si la mort de l'évêque délivra ainsi les nobles d'un chef qui leur était importun, elle ouvrit le champ à des divisions nouvelles. Il s'agissait de pourvoir à la vacance du siége épiscopal, et deux partis se formèrent: l'un, la faction hollandaise, se prononça pour Gui d'Avesnes; l'autre, pour Rodolphe de Waldeck. Le premier s'installa à Utrecht même; le second s'établit dans l'Over-Yssel et dans les fiefs frisons de l'évêché. L'Église utrechtoise avait ainsi deux chefs qui commencèrent à lutter avec des forces à peu près égales. Gui d'Avesnes succomba d'abord, grâce à des querelles intestines élevées dans sa capitale entre le peuple et la noblesse: il fut jeté en prison, et ses ennemis occupèrent la ville, où ils changèrent le magistrat dans le sens du parti populaire. Mais, relâché bientôt, il parvint à réconcilier les factions, et à s'affermir sans partage sur le siége de l'évêché. Son autorité était établie déjà sur une grande partie du diocèse. Il voulut l'étendre aussi sur les Frisons, qui refusaient toujours de s'y soumettre. Il prit done les armes contre eux; mais il interrompit un moment cette campagne, pour se rendre au concile de Vienne. A son retour, il les trouva occupés du siége de Vollenhoven, les força à la retraite, et les soumit compléte

ment.

Toutes ces luttes avaient entièrement épuisé l'évêché. Les finances surtout étaient dans un dérangement déplorable. Aussi, le repos obtenu, il fallut songer à les réparer. C'est pourquoi l'évêque alla passer cinq années en France (1312-1317), où, vivant dans la plus profonde retraite, il rétablit si bien par son économie le trésor épiscopal, qu'à son retour dans le diocèse il libéra le pays de toutes ses dettes. Il mourut en mai 1317.

Son successeur, Frédéric de Sierk, était personnellement si pauvre, qu'il ne tarda pas à devenir un objet de mépris pour ses riches vassaux. A ce mépris des grands ne tarda pas à se join

dre la haine des petits; car l'évêque fut forcé, pour maintenir son État, d'entraîner de nouveau le pays dans des dettes énormes. Aussi, des rébellions éclaté rent bientôt, et Frédéric invoqua le secours de Renaud; comte de Gueldre, qui cependant ne lui prêta guère main forte. Alors il s'adressa au comte de Hollande, dont il obtint une aide plus efficace ; de sorte qu'il put réduire le pays tout entier. Mais il ne survécut pas longtemps à cette victoire; il mourut en 1322, laissant l'évêché obéré, et plusieurs seigneuries engagées entre les mains des Hollandais.

Après la mort de Frédéric, il y eut, à propos de l'élection épiscopale, de nouveaux troubles dans l'évêché. Le comte de Hollande désirait placer sur le siége d'Utrecht Jacques de Suda; mais il trouva la plus vive résistance dans Florent de Jutphaas, prévôt de la cathédrale, et dans la plupart des chanoines. Ceux-ci portèrent leurs Voix sur le doyen du chapitre, Jacques d'Outshoorn; et le peuple travailla si tumultueusement en faveur de cette élection, que le comte fut forcé de se retirer de la ville. Il assouvit sa colère sur le château de Doorne, qui appartenait au doyen, et qu'il fit réduire en cendres. Mais ce facile succès ne l'empêcha pas de voir son candidat se désister d'un siége qui lui était si hostile, et Jacques d'Outshoorn investi de la crosse.

Ce prélat, cependant, mourut sans avoir occupé l'évêché pendant une année révolue. On soupçonne qu'il succomba au poison.

Il eut pour successeur Jean de Bronckhorst, prévôt du chapitre de Saint-Sauveur, à Utrecht, que les chanoines proclamèrent d'une voix unanime. Toutefois, cette élection fut attaquée par le duc de Brabant et par les comtes de Gueldre et de Hollande, qui s'adressèrent au saint-siége, et la représentèrent comme étant simoniaque, et faite sous des promesses de bénéfices ecclésiastiques. Le pape, faisant droit à cette réclamation, déclara nulle l'élection de Jean de Bronckhorst, et donna l'évêché à Jean III,

de Diest, que les trois princes lui avaient proposé.

Cependant Bronckhorst s'était déjà mis en possession du siége épiscopal; de sorte qu'il fallut employer la force pour l'en chasser. Jean de Diest y réussit sans peine, grâce au secours de ses puissants alliés.

Les services que ceux-ci lui rendirent en cette circonstance furent, il est vrai, loin d'être désintéressés; car non-seulement l'évêque laissa le château et la seigneurie de Vollenhoven engagés au comte de Gueldre, mais encore il engagea à ce prince tout l'Over-Yssel, tandis qu'il accordait, au même titre, le Vredeland, et presque toutes les terres inférieures du diocèse, au comte de Hollande. Ce fut à ce prix que Jean obtint l'évêché; mais ce fut aussi un motif de haine constante contre lui de la part du peuple, qui éclata, à plus d'une reprise, en mécontentements. Cependant la mort ne laissa pas au prélat le temps de voir ces mécontentements se transformer en révoltes ouvertes. Il expira en 1340.

Alors ce furent de nouveaux débats pour l'élection d'un nouvel évêque. Deux partis se formèrent: celui "des Hollandais élut Jean d'Arkel; celui des Gueldrois désigna Jean de Bronckhorst; mais le pape ne confirma ni l'un ni l'autre. Il porta son choix sur Nicolo de Capucci. Toutefois, ce prélat, ne pouvant se résoudre à venir résider, selon la coutume, dans la capitale de l'évêché, et rendre la justice aux époques fixées par les lois, résigna le siége en faveur de Jean IV d'Arkel, qui fut sacré en 1342.

CHAPITRE QUATRIÈME. JUSQU'A L'ÉVÊQUE DAVID DE BOURGOGNE. 1455.

Jean IV était fort jeune encore, mais d'une haute instruction et d'une grande sagesse. Il se trouvait à la cour papale, quand le choix de Rome le revêtit de sa dignité; et il vint se faire inaugurer à Utrecht, au mois de mai 1343.

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