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cour de France, tandis que le duc d'Orléans objectait que parler ainsi, c'était exposer le nom français au mépris des ennemis du royaume. Par ces dissensions, la baine des deux princes s'envenimait de plus en plus.

Sur ces entrefaites, le Brabant, après la mort de la duchesse, arrivée le 1er décembre 1406, venait d'échoir au duc Antoine, qui se fit aussitôt inaugurer.

Peu de temps après que le duc Jean eut échoué devant Calais, un accommodement fut conclu entre les villes de Flandre et les Anglais, en vertu duquel le commerce flamand obtint enfin la neutralité si longtemps désirée. Cet arrangement fut suivi d'une trêve entre la France et l'Angleterre, après les fêtes de Pâques 1407. Le duc se trouvait précisément vers ce temps en Flandre. Il laissa sa femme à Gand, et se rendit en France. C'est pendant ce séjour de Jean de Bourgogne à Paris, qu'eut lieu, le 23 novembre, le fameux assassinat de son ennemi, le duc d'Orléans. Après s'être ouvertement déclaré l'auteur de ce crime au duc de Berri, Jean quitta brusquement Paris, prit le chemin de la Flandre, et s'arrêta enfin à Lille. C'est là qu'il convoqua ses barons et son clergé, qu'il trouva entièrement dévoués à sa cause. Mais comme eux seuls n'étaient pas capables de le protéger, il chercha à s'assurer l'appui des villes. Il se rendit à Gand, où il manda des députés des principaux membres du pays, c'esta-dire de Gand, de Bruges et d'Ypres, qui promirent de le soutenir contre qui que ce fut, hormis le roi de France et ses enfants. Ils lui prouvèrent même que cette promesse n'était pas une vaine parole, en lui fournissant de grosses sommes d'argent; car un prince dont l'intérêt était opposé à celui de la cour de France ne pouvait manquer d'être solidement secondé par ces populations, animées d'une haine séculaire contre les Français. C'est ainsi que le duc Jean se trouva bientôt à même de réunir une armée suffisante pour rentrer en France. En effet, il repartit pour Paris en février 1408.

Nous passons ici quelques détails qui ne se rattachent pas directement à notre sujet, et qui appartiennent plus immédiatement à l'histoire de France. Nous nous bornerons à indiquer que le résultat qu'eurent pour la Flandre le fait de ce meurtre, et la fausse position dans laquelle il plaça le duc à l'égard de la cour de France, fut une extrême libéralité dont Jean usa à cette époque envers ses sujets flamands, auxquels il accorda tous leurs désirs, fondés et même non fondés; car, jamais il n'eut plus besoin d'eux qu'alors.

Pendant ce temps, Antoine, duc de Brabant, frère de Jean de Bourgogne, fut, à cause de sa fidélité à l'exempereur Wenceslas de Luxembourg, sur le point d'entamer une guerre avec l'empereur Rodolphe de Bavière, qui voulait le forcer à lui rendre l'hommage. Mais Rodolphe ne se hasarda point à en venir aux mains, Antoine s'étant mis sur un bon pied de défense, et s'étant même avancé jusqu'à Fauquemont à la rencontre de l'ennemi. Bientôt après, l'union déjà si étroite du Brabant et du Luxembourg fut resserrée encore par une alliance nouvelle. Le duc Antoine épousa, en 1409, Élisabeth de Gorlitz, unique héritière de ce duché.

Dans le cours de l'année précédente, les affaires de son frère, et plus encore celles de l'évêque de Liége, Jean de Bavière, avaient rappelé le duc Jean dans les Pays-Bas. Il a déjà été question de la célèbre bataille d'Othée, où l'évêque mérita le surnom de Jean sans Pitié, et le duc celui de Jean sans Peur. La victoire que ce dernier aida si puissamment à forcer dans cette journée mémorable, remplit ses ennemis de France de terreur et d'épouvante. Nous laissons de côté tout ce que le duc fit dans ce royaume jusqu'à la paix de Bicêtre, qui intervint au mois de novembre 1410. Pendant qu'il se battait ou qu'il négociait en France, ses sujets de Flandre vivaient des jours d'or, grâce à la neutralité conclue avec l'Angleterre. Ce n'était que travail, jeux et fêtes, dans toutes les villes. Celles-ci s'enrichissaient à l'envi

de bonnes franchises et de gros revenus; car le duc cherchait à faire argent de tout. Il leur vendait des priviléges de toute nature; il aliénait ses propres droits; il accorda même à la commune de Gand la faculté d'acquérir et de posséder autant de fiefs qu'elle voudrait. Il trafiqua des emplois publics, dont il vendait la possession viagère. Enfin, il rendit toute chose vénale, pour autant que les états ne le contrariaient pas. Mais comme, en beaucoup d'endroits, le prix de ces ventes d'offices consistait uniquement dans la facilité que témoignaient les fonctionnaires et les officiers à lever de nouveaux impôts, on vit éclater çà et là des troubles assez sérieux. Le duc alla lui même dans les villes apaiser ces mouvements, et confirmer les priviléges des communes, qui lui témoignaient chacune leur reconnaissance par de beaux dons gratuits. Ainsi la ville de Furnes lui fit présent de dix mille écus d'or; celle de Bergues, de huit mille. Jean, voyant combien les Flamands étaient gens faciles et libéraux quand on s'y prenait bien, résolut de visiter, en 1411, toutes les communes du pays. Il leur présenta son fils Philippe, et obtint ainsi en présents beaucoup plus que n'auraient pu lui produire des impôts même onéreux.

Enfin, quand tout eut été préparé par le moyen des négociations et à force d'argent, le duc parvint, grâce à ses barons et aux bonnes villes, à mettre sur pied une armée de près de vingt-cinq mille hommes, tous bien vêtus et bien armés. Toutes les cours de justice du pays suspendirent leurs travaux, et un nombre considérable de gens des corporations se joignirent à l'armée, qui était organisée par métiers et par villes. Un mouvement extraordinaire semblait imprimé au pays, et tout respirait la guerre.

Au commencement du mois de septerbre, le duc arriva avec toutes ces forces devant la forteresse de Ham, en Picardie, que défendait le sire Bernard d'Albret, capitaine des Armagnacs. Les fiers bourgeois de Flandre, habitués à la vie riche et aisée qu'ils

menaient dans leurs villes, ne voulurent rien changer à leurs habitudes dans les camps, où il leur fallait, sinon toutes les facilités de l'existence; au moins toute l'abondance possible. de sorte que la discipline ne tarda pas à en souffrir grandement, des querelles se renouvelant sans cesse entre eux et les chevaliers, parce que les uns ne voulaient pas céder aux autres les meilleurs quartiers, et que c'était une lutte constante d'amourpropre. Puis encore les gens des métiers enlevaient aux Picards tout ce qu'ils pouvaient, comme s'ils eussent été en pays conquis; et ils chargeaient le butin sur leurs charrettes de bagage ce qui ne se faisait pas toujours sans une vive résistance et sans effusion de sang. Enfin, le sire d'Albret ayant évacué Ham avec ses Armagnacs et les habitants notables de la ville, les Flamands la pillèrent et la ravagèrent horriblement, malgré la défense du duc. Tout le pays en fut bientôt dans l'épouvante. Mais quand l'armée se fut avancée jusqu'à Montdidier, et qu'elle fut sur le point d'en venir aux mains avec les Armagnacs, les chefs des métiers déclarérent que le temps était écoulé pour lequel les bourgeois des villes de Flandre s'étaient engagés à servir leur prince, et qu'ils allaient retourner avec leurs hommes dans le comté. Toutes les prières, toutes les supplications du duc pour les retenir pendant huit jours encore, furent inutiles. A l'instigation des Gantois, les métiers levèrent leurs tentes le lendemain au matin. Comme le duc, secondé par son frère de Brabant, voulut tenter un dernier effort, les, suppliant à mains jointes de rester encore quatre jours, les appelant ses frères d'armes, et leur proinettant force libertés et priviléges de tout genre s'ils consentaient à ne pas le laisser ainsi à l'abandon, ceux de Bruges et d'Ypres commencèrent à chanceler. Mais les tenaces Gantois tinrent bon, et montrèrent la lettre qui fixait le terme du service, avec le nom et le sceau du duc apposés au bas. Ils allèrent même jusqu'à

menacer, s'il ne les ramenait au jour marqué de l'autre côté de la rivière de Somme, de couper par morceaux son fils le comte de Charolais, qui était resté à Gand. Voyant cette obstination, Jean consentit enfin à les congédier. Avant de s'en aller, ils mirent le feu à leurs tentes; et la flamme se répandit dans le reste du camp, qu'elle consuma en partie.

Pour justifier leur conduite, les Gantois alléguaient, non sans quelque fondement, que la guerre du duc ne touchait en aucune manière aux intérêts de la Flandre; qu'elle se faisait uniquement dans l'intérêt d'une faction française, pour laquelle ils ne se sentaient pas disposés à verser leur sang; qu'ils ne devaient, comme sujets du duc, qu'un service limité, et que ce service ils l'avaient fourni; que, du reste, les guerres qui désolaient la France étaient une punition méritée, pour l'attachement qu'elle témoignait pour un faux pape; que, de leur côté, ils avaient toujours été fidèles au véritable successeur de saint Pierre, et qu'ils ne prétendaient aucunement prendre part au fléau que le ciel envoyait à ses ennemis.

Quelque désolé que fût le duc de voir ainsi échouer tous ses plans, grâce aux Gantois, il reconnut pourtant qu'il n'avait pas le droit de les retenir. Il reconduisit donc les Flamands à Péronne, où il les remercia des bons services qu'ils lui avaient prêtés.

Pendant qu'ils reprenaient ainsi le chemin de la Flandre, les gens de Bruges engagèrent ceux de Dixmude, de l'Écluse, de Damme et d'Ostende, à faire halte devant Lille, et à se faire remettre les lettres originales par lesquelles le duc avait établi une cueillette sur les grains dans la ville de Bruges; impôt qui avait été étendu à plusieurs autres villes de Flandre. Après avoir passé douze jours devant Lille, ils obtinrent ce qu'ils demandaient Les lettres furent apportées à Gand, où elles furent déchirées, dans une assemblée qui eut lieu à Saint-Ba

von.

Après la désagréable expérience

que le duc venait ainsi de faire, il fit sortir toute sa famille de Gand, et la manda auprès de lui à Paris. Mais les trois capitales de Flandre ne tardèrent pas à lui faire exposer à ce sujet des représentations par leurs députés. Jean jugea qu'il était prudent d'accéder à leur demande; et il trouva, dans les périls auxquels le séjour de la France pouvait exposer les siens, un prétexte de contenter les Flamands sans avoir l'air d'y être contraint. Il renvoya donc à Gand le comte de Charolais et la princesse royale, sa fiancée. Les gens de Flandre attachaient d'autant plus d'importance à tenir entre leurs mains ces otages, que, en vertu d'une déclaration du roi d'Angleterre, du mois de mai 1412, la trêve avec les Flamands ne serait observée de la part des Anglais que pour autant que ceux-là ne fourniraient point de secours au duc de Bourgogne contre les Armagnacs en France. Cependant l'armistice ne tarda pas à être rompu, bien qu'on n'en vint pas encore à la guerre. L'année suivante, la chance s'était tournée contre le duc, et il revint dans ses provinces flamandes, où il se prépara à se remettre en campagne. Les hostilités qui s'ouvrirent en 1414 avaient pris un caractère tel, que les villes de Flandre refusèrent d'y prendre part pour le duc; car celui-ci, maintenant que le roi s'était livré aux Armagnacs, se trouvait réellement en guerre contre son suzerain. Aussi, dans l'armée qu'il avait mise sur pied, il n'y eut que de simples volontaires des villes, ces dernières disant qu'elles ne prendraient les armes que dans le cas où le roi attaquerait leur propre territoire. Jean en témoigna un vif mécontentement, surtout quand, vers la fin du mois de mai, ses affaires empirèrent de plus en plus. Alors le duc Antoine de Brabant et la comtesse Marguerite de Hainaut-Hollande cherchèrent à ménager, de concert avec les villes flamandes, un accommodement entre le duc Jean et le roi. Mais ils n'obtinrent aucun résultat. D'un autre côté, le parti d'Orléans tenta, avec aussi peu de succès, d'attirer les

Flamands. Cependant le roi s'empara de Bapaume, et forma le siége d'Arras. Il échoua devant cette dernière ville, les vivres commençant à manquer dans l'armée, et les maladies y exerçant d'ailleurs les plus cruels ravages. Aussi il consentit enfin, le 4 septembre, à conclure la paix, grâce à l'intervention du Dauphin, du duc de Brabant, et de la comtesse de Hainaut. Cette paix fut jurée à Tournai, au mois de mars suivant, par Antoine de Brabant, Marguerite de Hainaut, le comte de Charolais, et les députés des villes flamandes. Les états d'Arras, de Bourgogne, et des autres parties de la Flandre, la jurè. rent aussi plus tard. Le duc seul hésitait toujours d'y accéder, voyant les affaires du royaume s'embrouiller à merveille.

Cependant la trêve entre la France et l'Angleterre expira le 1er août 1415. Le 25 octobre, eut lieu la fameuse bataille d'Azincourt, où la chevalerie française reçut un si terrible échec. Cette journée changea brusquement la face des choses. Antoine de Brabant et Philippe de Nevers, frères du duc, y étaient tombés. La mort du premier fit échoir la succession du Brabant à son fils aîné Jean IV, à peine âgé de treize ans. Mais la défaite que l'armée royale venait d'essuyer releva tout à coup le duc de Bourgogne, auquelle roi, dans la terreur que lui inspirait la puissance de ce prince, offrit, par lettres patentes datées du 7 novembre, une abolition générale et sans exception de tout le passé, et, en outre, une pension de quatre-vingt mille écus, et le gouvernement de la Picardie, pour le comte de Charolais. Le duc se trouvait ainsi en position de reprendre toute son influence dans les affaires du royaume; et il résolut d'en tirer avantage, malgré les ordres qui lui furent envoyés de congédier son armée. Il marcha vers Paris; mais il ne réussit pas à y entrer. Il s'en revint donc en Flandre essayer de se faire charger de la tutelle de son neveu Jean de Brabant, mais sans y réussir davantage.

Le moment cependant arriva bientôt, où Jean de Bourgogne vit tourner selon ses vœux les affaires de Paris. Le comte d'Armagnac n'y régnait que par la terreur. Aussi les Parisiens profitèrent du moment où ce seigneur marchait contre la garnison anglaise d'Harfleur, qui faisait des incursions dans le pays, pour s'adresser au duc de Bourgogne, et le prier de venir les délivrer du joug odieux sous lequel ils gémissaient. La tentative qu'il fit pour s'emparer de leur ville échoua, à la vérité; inais elle le décida à se mettre en hostilité ouverte avec l'armée du roi.

Tandis qu'en 1416 toutes les tentatives qu'on put faire pour établir une paix générale entre la France et l'Angleterre restaient sans résultat, une trêve fut conclue sans la moindre difficulté entre le roi anglais et le duc de Bourgogne, en faveur des villes de Flandre et d'Artois. Elle commença le jour de la Saint-Jean 1416, pour finir le 1er octobre 1417. Cet acte excita à la cour de France une grande défiance contre le duc. Ce fut pis encore, quand le roi d'Angleterre, le duc et l'empereur Si gismonds'étant rencontrés à Calais, peu de temps après la conclusion de cette trêve, elle fut prolongée jusqu'au 1 octobre 1419. Aussi le Dauphin s'empressa d'écrire à Jean de Bourgogne, pour lui demander une entrevue que le comte de Hainaut leur ménage à Valenciennes. Là, le prince français requit le duc de jurer que jamais il ne se rangerait du côté des Anglais, et qu'au contraire il assisterait le royaume contre cet ennemi. Jean le promit sous serment, et obtint du Dauphin la promesse de faire en sorte que le duc fût mandé à la cour, se réconciliat avec le roi, et pût conclure un bon traité, pour le plus grand avantage du royaume.

Dans ces entrefaites le comte de Hainaut mourut, ne laissant pour héritière qu'une fille, Jacqueline, à laquelle son oncle Jean de Bavière, évêque de Liége, commença à disputer les seigneuries hollandaises qui appartenaient aux domaines de HainautBavière. La maison de Brabant-Bour

gogne entra dans cette querelle pour un double motif. Le duc Antoine de Brabant avait laissé veuve sa seconde femme Élisabeth de Luxembourg-Gorlitz; et celle-ci, mécontente des cinq mille écus d'or que les états de Brabant lui avaient offerts à titre de douaire, les avait refusés, et s'était retirée du duché. Or, au moment où le fils aîné d'Antoine, Jean IV de Brabant, voulut rendre l'hommage à l'empereur Sigismond pour le duché de basse Lotharingie, et pour les fiefs impériaux de Maestricht et d'Anvers, Sigismond lui en refusa l'investiture, jusqu'à ce qu'il eût été fait droit à la duchesse Élisabeth. Jean IV força, il est vrai, en mai 1417, les Maestrichtois àlui prêter le serment de fidélité, sans que Jean de Liége y eût fait opposition au nom de l'Empire. Mais quand l'évêque eut appris que l'intention de la maison de Bourgogne était d'unir Jacqueline de Hainaut, veuve déjà du Dauphin de France, au jeune duc de Brabant, il la prit aussitôt en haine; et, pour se créer un parti capable de le soutenir dans ses prétentions sur la Hollande, il s'attacha à la maison de Luxembourg, en épousant la veuve d'Antoine de Brabant, presque en même temps que Jean IV se mariait avec Jacqueline. La faiblesse de ce dernier doubla la force et l'audace de l'intrépide évêque de Liége, qui parvint à s'établir, comme nous l'avons raconté, dans une partie des domaines hollandais. Il le put d'autant plus facilement, que, pendant les années 1417 et 1418, le duc de Bourgogne se trouva entièrement absorbé par les affaires de France, où, l'année suivante, il périt, traîtreusement assassiné, le 10 septembre, sur le pont de Montereau, sous les yeux mêmes du Dauphin.

Les circonstances dans lesquelles le duc périt de cette mort inattendue, porterent la famille de Bourgogne à détacher entièrement ses intérêts de ceux de la famille royale. Philippe, fils et successeur du duc Jean, avait passé en grande partie les dernières années dans la Flandre, qui manifes

tait toujours une profonde aversion pour la France, et tendait de toutes ses forces vers l'Angleterre; et il s'y était profondément identifié avec cet esprit. Il n'est donc pas étonnant que dès lors la Flandre ait acquis une si haute importance pour la maison bourguignonne, que celle-ci considéra désormais le duché de Bourgogne comme un domaine presque accessoire.

SIV. RÈGNE DU DUC PHILIPPE LE BON EN FLANDRE, DE JEAN IV ET DE PHILIPPE I EN BRABANT, JUSQU'A LA MORT DE CE DERNIER EN 1430.

Philippe le Bon, qui alors portait encore le titre de comte de Charolais, fut saisi de la plus vive douleur en apprenant à Gand la mort de son père. Toutefois il ne fit point expier à sa femme la trahison dont son frère le Dauphin s'était rendu coupable. «< II avait vingt-trois ans malgré sa jeunesse, il se montra tout aussitôt animé du ferme désir de venger son père, et de se maintenir dans une puissance que sûrement le parti du Dauphin allait s'efforcer de détruire. Après avoir consulté son conseil et les gens de Gand, d'Ypres et de Bruges, il prit, comme unique héritier du duc Jean, les titres de toutes ses seigneuries; puis il se rendit à Malines, où il eut une conférence avec le duc de Brabant son cousin, Jean de Bavière son oncle, le duc de Clèves son beau-frère, et la comtesse de Hainaut 1. »> Tous furent d'avis que, pour venger la mort de son père, il ne lui restait qu'à conclure une alliance avec l'Angleterre. Bien qu'en France le parti bourguignon fût encore très-puissant; que les habitants de Paris se fussent déclarés contre le Dauphin et en faveur du comte de Saint-Pol, qui représentait la maison de Bourgogne; et que même, dès le 12 septembre, ils eussent envoyé des députés au nouveau duc, pour lui faire savoir qu'ils étaient décidés à vaincre ou à périr avec le comte de Saint-Pol; Philippe resta cependant fermement résolu à contracter une alliance avec les étrangers; et il manda

1 DE BARANTE, Hist. des ducs de Bourgogne.

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