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ter, tous les ans, les reliques au village de Sint-Livens-Houtem, pour les ramener, le jour suivant, à Gand. A cinq heures du soir, la procession, composée en grande partie de gens des petits métiers, entra dans la ville. Elle était fort nombreuse, et traversait le marché au blé, au milieu duquel se trouvait établi le bureau de la gabelle, appelée cueillette. Les hommes qui portaient la châsse marchaie nttout droit vers la loge, pendant que la foule criait à haute voix :

-

Saint Liévin ne se détourne pas! Presque au même instant elle tomba renversée sous les efforts de la populace; et le peuple en porta les débris en triomphe par les rues, en criant: Aux armes! aux armes! Les bannières des métiers avaient été séquestrées, en vertu de la paix de Gavre; mais on en avait secrètement fait faire de nouvelles, qui furent aussitôt déployées au marché du Vendredi et autour de la châsse de SaintLiévin. Bientôt les métiers en armes vinrent se ranger chacun sous son enseigne, et la commune fut en mouvement comme pour une révolte.

Le duc ne savait ce qui se passait. De moment en moment ses gens accouraient des divers quartiers de la ville où ils avaient leurs logements, et vinrent se ranger autour de leur maître, pour le défendre. Les archers de la garde s'établirent devant son hôtel. Ignorant toujours de quoi il s'agissait, il descendit, demanda son cheval, et voulut lui-même aller parler au peuple. Ce ne fut qu'après de longs pourparlers qu'il chargea un de ses gentilshommes, le sire de la Gruthuse, d'aller demander d'abord aux Gantois ce qu'on voulait de lui. Ils répondirent qu'ils étaient entièrement dévoués à leur seigneur; mais qu'ils voulaient se défaire de leur magistrat et des gros bourgeois, qui s'enrichissaient de la cueillette. Quand Charles entendit cela, et qu'il vit cette grande multitude de peuple, il se montra fort mécontent d'avoir à commencer son règne par la rigueur. Revêtu de son habit

noir, et son bâton à la main, il se précipita sur le marché au milieu de la multitude, qui se disposait en masses épaisses, et faisait résonner les hampes des piques sur le pavé. Un bourgeois ne s'étant pas rangé assez vite le duc lui porta un coup de bâton, auquel l'homme repondit en retournant le bout de sa pique vers la poitrine du prince. L'agitation en devint si grande, que Charles et les siens commençaient à courir le plus grand péril. Le conseil de ceux qui l'entouraient ne parvint qu'à grand'peine à l'empêcher de pousser à une fatale extrémité cette foule furieuse. Grâce à quelques métiers qui se groupèrent autour de lui, il réussit enfin à atteindre le balcon où les anciens comptes de Flandre avaient coutume de se placer pour adresser la parole à la commune. Il dit aux gens qui encombraient le marché, qu'ils eussent à se retirer chez eux, et à emporter la châsse; que tout leur était pardonné; qu'ils obtiendraient ce qu'ils désiraient; et que, s'ils voulaient être ses bons enfants, il leur serait bon seigneur. Sur quoi ils crièrent de toutes parts: Oui!oui! Cependant quelquesuns d'entre les bourgeois notables arrivèrent sous le balcon, et exposèrent au duc les griefs du peuple contre la cueillette, et contre les magistrats en particulier. Mais comme ceux qui désiraient amener la multitude à une véritable révolte virent que leurs projets allaient échouer, un des mutins, armé de pied en cap, s'élança sur le balcon, où le duc se trouvait toujours; et, frappant de son gantelet de fer sur la balustrade, pour imposer silence:

- N'est-ce pas, demanda-t-il à la multitude, que vous voulez que ceux qui ont le gouvernement de cette ville, et qui dérobent le prince, vous et moi, reçoivent punition? Que vous voulez que la cueillette soit abolie? Que vous voulez que vos portes condamnées soit rouvertes, et que vos bannières soient autorisées comme dans tous les temps? Que vous voulez ravoir vos châtellenies de la campagne, porter vos chaperons blancs, et

BELGIQUE ET HOLLANDE.

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- Oui! oui! répondait chaque fois le peuple avec frénésie.

Alors cet homme, se retournant vers le duc :

· Monseigneur, lui dit-il, vous savez maintenant ce que veulent tous ces gens. J'ai parlé pour eux, et ils m'ont avoué, ainsi que vous l'avez entendu. Excusez-moi. A présent c'est à vous d'y pourvoir.

Le peuple, enhardi par ce qui venait de se passer, ne voulut pas vider la place, malgré les bonnes paroles que le duc pût dire; et il refusa d'emporter la châsse avant qu'il lui eût été donné satisfaction au sujet de tous ses griefs. Charles, voyant qu'il ne gagnait rien sur l'esprit de cette foule désordonnée, descendit du balcon, remonta à cheval et quitta le marché, escorté de ses serviteurs et des bons bourgeois de la ville. Aussitôt qu'il fut rentré dans son hôtel, il renvoya au marché le sire de la Gruthuse et deux conseillers, pour inviter le peuple, de sa part, à mettre ses demandes par écrit. Une cédule leur fut délivrée, où elles étaient énoncées; ils la portèrent au duc. Après qu'il en eut pris connaissance, et qu'il en eut délibéré avec ses conseillers, il ordonna au sire de la Gruthuse de se transporter de nouveau au marché, pour dire au peuple qu'il voulût veiller cette nuit; que monseigneur prendrait attention à tout; et qu'il espérait apporter, le lendemain matin, une bonne réponse. Le peuple demeura donc en armes toute la nuit. Vers huit heures du matin, le 30 juin, le sire de la Gruthuse revint, et, après avoir remercié au nom du duc ceux qui étaient pré« A sents de la bonne garde qu'ils avaient faite, il cria à gorge déployée : — bas la cueillette! à bas la cueillette! Monseigneur est de cela bien content! Et il leur donna l'assurance que le duc avait tout pardonné, et qu'ils obtiendraient tout ce qu'ils avaient demandé dans leur cédule. Seulement il les invita à nommer six d'entre eux pour solliciter leurs demandes auprès

du prince, et ensuite à se retirer en leurs
maisons ce à quoi ils consentirent.
Alors ils emportèrent saint Liévin,
qui fut reconduit à Saint-Bavon. De là
ils allèrent briser les portes que le
traité de Gavre condamnait à rester
fermées, et ils démolirent une mai-
son où la cueillette sur le son était per-
çue. Enfin, le même jour, le duc signa
un acte qui contenait son acquiesce-
ment à tous les points que le peuple
avait demandés.

Le 1 juillet, Charles, plein de honte
son avénement venait d'être signalé
et de colère, sortit de cette ville, où
par de si cruels affronts. Toutefois,
il autorisa les Gantois à tenir ouvertes
par des lettres datées du même mois,
les portes condamnées, et à reprendre
leurs bannières et leurs enseignes. En
outre, il leur pardonna la sédition dont
ils s'étaient rendus coupables, à con-
dition que, le 8 août, quatre échevins,
les deux grands doyens, et dix-neuf
personnes de chacun des trois mem-
bres de la ville, savoir la bourgeoisie,
au nom de toute la communauté de
les métiers et les tisserands, vinssent,
Gand, têtes nues, sans ceinture et à
deux genoux, solliciter l'entérinement
de ce pardon: condition qui fut ac-
complie à Bruxelles, au jour fixé.

Cependant le funeste exemple donné par la ville de Gand ne tarda pas à porter ses fruits. Toutes les autres tés avaient reçu de si grandes atteintes villes, dont les priviléges et les libersous Philippe le Bon, essayèrent, à les, Anvers et Malines tentèrent le leur tour, de les reconquérir. Bruxelmoyen qui avait si bien réussi aux Gantois. D'ailleurs, le moment paraissait propice aux révoltes. Louis XI, qui pressentait déjà les graves démêlés méraire, cherchait de toutes les manièqu'il aurait un jour avec Charles le Téres à lui susciter des embarras ; et c'est à l'instigation du roi que Jean, comte de Nevers et d'Etampes, vint élever des prétentions sur les duchés de Brabant et de Limbourg. Ce prince, qui appartenait à la maison de Bourgogne, et qui était cousin germain du dernier duc de Brabant, mort eu

1430, se trouvait conséquemment héritier au même degré que la branche aînée de sa maison. Son droit et celui de son frère aîné, feu Charles de Bourgogne, comte de Ne vers, n'avaient point autrefois paru fondés aux états de Brabant, qui, dé libérant sous l'influence du due Philippe, avaient reconnu que le duché devait passer à la branche aînée. Les deux princes de la branche de Nevers avaient eux-mêmes acquiescé à cette sentence; et c'était à titre de dédommagement que le duc Philippe avait donné å Jean de Nevers les seigneuries de Roye, Péronne et Montdidier; mais il les lui avait retirées depuis, à la suggestion de son fils le comte de Charolais. Après la guerre du Bien public, le comte de Nevers avait renouvelé formellement sa renonciation au duché de Brabant; mais ce motif ne l'arrêta point. Poussé par Louis XI, au moment même où des ferments de révolte se révélaient de toutes parts dans les États du duc Charles, il revint tout à coup à ses préten tions. Le roi le releva de la renonciation qu'il avait faite, et l'envoya solennellement réclamer son héritage par-devant les États. En même temps il écrivit des lettres et dépêcha dos messages à Bruxelles et dans les autres villes. Bientôt il y gagna beaucoup de partisans. La bourgeoisie lui était partout favorable; car elle avait vu, par expérience, combien il est préjudiciable aux libertés d'un pays d'avoir un seigneur qui tire sa puissance des autres domaines qu'il possède. Les bonnes villes, qui autrefois avaient su défendre leurs priviléges contre les ducs de Brabant, les avaient vus succomber sous le grand pouvoir du duc de Bourgogne, comte de Flandre, d'Artois, de Hainaut, et seigneur de tant d'autres États: elles pensaient que le comte de Nevers, appelé par les hommes du pays, et tenant d'eux toute sa force et sa richesse, ne pour rait avoir des volontés si absolues. Au contraire, la noblesse et les gens de guerre étaient tous dévoués au duc de Bourgogne, dont ils attendaient

leur avancement et l'agrandissement de leur fortune.

Cet état de choses augmenta encore la colère de Charles contre les Gantois. Il se sentait disposé à bien les châtier, pour avoir ouvert la mauvaise route où les villes étaient entrées maintenant; mais il trouva bon de différer cette vengeance, et tourna uniquement son attention vers les communes de Bruxelles, d'Anvers et de Malines, où il résolut d'agir avec énergie, si la nécessité le requérait. Cependant cette nécessité ne se posa pas d'abord. Louis XI continuait, il est vrai, à intriguer dans les villes ; mais le duc, laissant à ses gentilshommes le soin de les menacer et de les effrayer, leur faisait promettre, en son nom, « qu'il n'avait pas de plus grand désir que de vivre amicalement avec elles; de les maintenir en paix; de protéger leur commerce; de reconnaître leurs droits autant et plus que l'avait fait son père; de faire tout ce qui pourrait être jugé utile au bien du pays, et d'entendre libéralement les avis qui lui seraient donnés. » Enfin, l'affaire fut si bien conduite, qu'après douze jours les états de Brabant lui envoyerent des députés à Malines, où il avait fait sa joyeuse entrée, comme seigneur de Malines, le 3 juillet, sans qu'aucun trouble s'y fût manifesté. Il se rendit aussitôt à Louvain, y fit son entrée solennelle, proclama sa prise de possession du duché de Brabant, et reçut les hommages de la noblesse, des gens des villes et de l'université. Puis il vint à Bruxelles, où il fut aussi reçu avec grande affection, et montra bienveillance et faveur aux habitants. Mais une sédition furieuse ne tarda pas à éclater à Malines. Le peuple se souleva, sonna la cloche d'alarmes, brûla et saccagea les maisons de plusieurs membres du magistrat, entre autres de l'écoutète du duc; ordonna de nouveaux statuts, et remplaça les magistrats par des hommes de son choix. Le duc nomma d'abord un nouvel écoutète; mais son autorité ne fut pas respectée. Les mu tins s'emparèrent même des clefs des

portes de la ville, ne laissant entrer et sortir que ceux qui leur convenaient, et appelant, pour se fortifier, les bannis et les fugitifs de tous les pays. Charles, voyant qu'il n'y avait rien à gagner par la douceur sur l'esprit de cette populace en émeute, se rendit en armes à Malines, et réussit à mettre un terme à ces désordres, sans se montrer seigneur trop sévère. Anvers aussi se remit dans l'obéissance, après avoir fait une tentative de rébellion.

De cette manière, Louis XI et le comte d'Étampes voyaient une partie de leurs projets contre le duc Charles paralysés. Mais ils furent plus heureux du côté des Liégeois, qu'ils parvinrent à exciter de nouveau contre lui. Cette ardente population, toujours si attachée à ses institutions et à ses libertés, ne supportait qu'avec impatience les conditions du traité conclu, le 22 décembre 1465, avec Philippe de Bourgogne. Aussi elle commença bientôt à 'émouvoir elle envoya une grosse troupe de gens à Huy, où l'évêque Louis de Bourbon tenait sa résidence, et que défendait, avec une petite garnison, un officier du duc, le sire de Boussu. Leur dessein était de s'emparer du premier, et de tuer le second. Dans l'impossibilité d'opposer une bonne défense, il ne restait à l'évêque et au capitaine bourguignon qu'à se faire jour les armes à la main. Le sire de Boussu ne prit cette résolution qu'à la dernière extrémité, le duc lui ayant ordonné de se défendre à outrance. Mais les petites gens de Huy ayant pris parti pour les Liégeois, il se décida à faire une sortie à la tête de ses hommes d'armes, et emmena sous bonne escorte l'évêque, par la route de Bruxel les. La ville de Huy tarda peu à recevoir la récompense de sa perfidie; car à peine eut-elle ouvert ses portes, que les Liégeois la mirent au pillage et la réduisirent en cendres. Ce premier mouvement opéré, les gens de Liége commencèrent à se livrer à toute sorte de dégâts, se répandant partout en armes, et n'épargnant ni amis ni ennemis Des pillards et des hommes sans aveu

se joignirent à eux, et commirent millé excès, qui passaient pour être l'œuvre des Liégeois. Tel était l'état des choses vers le milieu du mois de septem→ bre 1467.

Tandis que, d'un côté, les avantages que Louis XI aurait pu retirer des entreprises des Liégeois étaient ainsi en grande partie détruits par les excès mêmes auxquels ils se livraient; d'un autre côté, il ne tarda pas à être déçu dans l'espoir qu'il avait d'exciter la maison d'York, en Angleterre, contre celle de Lancastre, alliée du duc de Bourgogne. Le projet seul du mariage de Charles, veuf alors, avec la princesse Marguerite d'York, eut pour résultat de renforcer d'un corps de cinq cents Anglais, venus de Calais, l'armée que ce prince rassemblait à Louvain contre les Liégeois car le duc était d'autant plus fermement résolu à en finir avec cette turbulente population, qu'elle n'agissait ouvertement qu'à l'instigation du roi. Il ne s'inquiétait guère des représentations que Louis XI pouvait lui adresser par ses ambassadeurs au sujet de l'alliance avec l'Angleterre, et de la guerre projetée contre les Liégeois, alliés de la France. Vers le milieu du mois d'octobre il mit son armée en mouvement, après avoir envoyé des hérauts publier la guerre dans tout le pays, l'épée nue d'une main et la torche de l'autre, pour signifier qu'on allait commencer une lutte de feu et de sang. Les Liégeois, de leur côté, s'étaient avancés jusqu'à Saint-Trond en Hesbaie, et avaient jeté dans cette place une garnison de trois mille hommes. Il fallut commencer par faire le siége de cette ville. Le duc l'investit avec son armée. Mais à peine se trouvait-il là depuis un jour, que les gens de Liége, au nombre de trente mille combattants, accoururent au secours des assiégés, réalisant ainsi ce vieux dic. ton populaire :

Qui passe dans le Hesbain
Est combattu le lendemain.

Les deux armées se rencontrèrent près de Brusthem, à une demi-lieue de Saint-Trond, et se livrèrent une grande

bataille, dans laquelle les Liégeois furent cruellement défaits. Cet échec décida la chute de la place, qu'ils venaient essayer de dégager. La ville se rendit, et se racheta du pillage pour une somme de vingt mille florins. Le duc la fit démanteler, et se fit livrer, en outre, dix hommes à discrétion. Dans ce nombre il s'en trouvait six qui avaient fait partie des cinquante otages que le duc avait tenus, pour garantir l'exécution de l'accommodement fait l'année précédente avec le pays de Liége. Ces dix hommes furent impitoyablement décapités. A la nouvelle du désastre de Brusthem et de la prise de Saint-Trond, Tongres se rendit sans résistance. Les murs de cette ville furent également démolis, et elle fut forcée de livrer dix hommes, que le duc fit également mettre à

mort.

Liége était dans l'épouvante, car l'orage approchait. Charles étant arrivé à Othée, ce champ de bataille si célèbre, où son aïeul Jean sans Peur mérita son chevaleresque surnom, ceux de Liége lui envoyèrent des députés qui, après divers pourparlers, déclarèrent que la cité se rendait à sa volonté, sans réserve aucune, sauf le feu et le pillage. Le 11 novembre, l'armée des Bourguignons se trouva aux portes de la cité. Malgré la soumission faite, ils se tenaient sur leurs gardes; car on savait que les habitants n'étaient pas d'accord entre eux, les uns voulant la paix, les autres ne la voulant pas. Cela dura jusque dans la nuit. Alors ceux qui étaient opposés au traité abandonnèrent la ville, au nombre de trois à quatre mille hommes. Le lendemain, dix hommes de chacun des métiers de Liége vinrent, en chemise, la tête et les pieds nus, à une demi-lieue de la ville, où le duc était logé, lui crier merci, en se prosternant à ses pieds, et lui présenter les clefs des portes. Charles le Téméraire fit aussitôt occuper celles-ci par ses gens. Il ne voulut pas entrer dans la cité autrement que par une breche qu'il fit pratiquer, en ordon

nant qu'on démolit vingt brasses de mur, et que l'on comblát le fossé. Il fit son entrée triomphante le 17 novembre, à cheval, l'épée à la main, accompagné de l'évêque également armé, et escorté de ses officiers, de deux mille cavaliers et de deux mille archers à pied. Le doyen de Saint-Pierre le reçut à la porte Šainte-Marguerite au nom du clergé, qui bordait un côté de la rue; les bourgeois bordaient l'autre, chacun placé devant la porte de sa maison, et tenant un flambeau à la main. Avant de se rendre à l'évêché, le duc parcourut en vainqueur différents quartiers de la ville, et l'évêque prit son logement dans la maison de Mérode.

Le 26, le peuple fut convoqué au palais en présence du duc et de l'évêque, pour entendre la sentence que le vainqueur avait dictée. Elle se composait de quatre cent soixante-neuf articles, dont les principaux étaient les suivants : La cité de Liége et les autres villes du pays, excepté celle de Huy, seront démantelées, aux frais de chacune d'elles. Toute l'artillerie et toutes les armes, sans en excepter une flèche, seront remises au duc. Les habitants ne pourront retenir que les couteaux de table. Toutes les chartes, papiers, édits, ordonnances concernant les libertés, les franchises et les priviléges de la cité et du pays, seront livrés au duc. Le Perron, autrement dit colonne de la Fortune, qui est dressé sur le marché, sera enlevé.

Après la lecture de ces humiliantes conditions, le duc fit demander au peuple s'il voulait s'y soumettre. Les habitants témoignèrent leur adhésion du geste et de la voix; et le même jour on commença à abattre le Perron, cet antique symbole de la liberté des Liégeois, qui fut transporté à la Bourse de Bruges, et garni d'inscriptions en latin et en français, dans lesquelles étaient rappelés le souvenir du lieu où il avait été pris, et la victoire du duc Charles. Après quelques jours passés à Liége, il revint en grand triomphe à Bruxelles le 24 décembre.

Tout cela s'était fait avec une rapi

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