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justice, il manda le duc de Bourgogne à comparaître devant le parlement de Paris. Charles ayant fait mettre en prison l'huissier qui vint à Gand lui signifier la citation royale, le président du parlement de Paris saisit et remit aux mains du roi les prévôtés de Vimeu, de Feuilloy et de Beauvoisis. Ce commencement d'hostilité dessilla entièrement les yeux du duc, et le détourna tout à coup de l'Allemagne, de l'Angleterre, et des discordes qui, élevées entre le duc de Gueldre et son fils, devaient bientôt lui fournir un nouveau moyen de s'agrandir. Non content de faire saisir ces prévôtés sur le duc, le roi retira de son service tout ce qu'il put d'hommes capables ou influents. Puis enfin, au mois de décembre 1470, il fit surprendre et occuper la ville de Saint-Quentin, sans que la guerre eût été déclarée. Au mois de janvier suivant, il s'approcha de la rivière de Somme; et la ville d'Amiens, où il avait pratiqué des intelligences, lui ouvrit volontairement ses portes. Roye et Montdidier suivirent cet exemple, sans que Charles pût l'empêcher, faute de forces suffisantes, bien qu'il se trouvât à Doulens, dans le voisinage. Abbeville ne se maintint qu'à grand'peine sous le commandement de Crèvecœur.

Le duc convoqua aussitôt ses troupes. Vers le milieu du mois de février, il campa avec son armée devant Arras, et dévasta Picquigny. Bientôt il s'avança vers Amiens, pour forcer le roi à accepter le combat. Mais celui-ci se tenait sur ses gardes, et il évitait soigneusement une rencontre décisive, Landis qu'il faisait faire de toutes parts des incursions dans le duché de Bourgogne, tant par le Dauphiné que par l'Auvergne, et commettre ainsi d'immenses dégâts. Enfin, les nouvelles venues d'Angleterre, qui annonçaient le succès des armes du roi Édouard, vinrent tout à coup déranger les projets du roi, et le forcer à signer avec le duc Charles, le 4 avril, un armistice de trois mois. Cette suspension d'armes n'était pas expirée encore, qu'elle fut convertie en une trêve d'un an,

c'est-à-dire prolongée jusqu'au mois de mai 1472. Le duc la mit à profit pour établir une bonne armée permanente, destinée, non-seulement à défendre sa personne et les forteresses du pays, mais encore à être toute prête au service, en cas de guerre contre la France. Les provinces, il est vrai, murmuraient au sujet des impôts: même çà et là, en Hollande et en Zéelande surtout, il y eut quelques troubles. Lui cependant persistait; et il sut même augmenter les taxes de cinq cent mille écus, tant ces vastes armements absorbaient d'argent. Cependant, tout en mettant sur pied des forces capables d'affronter toute lutte, il ne cessait pas de négocier avec la France, dans le but de gagner le temps qui lui était nécessaire pour rassembler une armée imposante. Elle se trouva prête à entrer en campagne au printemps de l'an 1472. Mais la trêve fut prolongée jusqu'au 15 juin. Avant qu'elle ne fût entièrement écoulée, le duc Charles se porta avec son train de guerre sur la Somme, et entra dans le royaume de France, jurant de tout mettre à feu et à sang, dans l'exaspération où l'avait jeté la mort de son allié le duc de Guyenne, qu'on disait empoisonné par le roi. Il tomba d'abord sur la ville de Nesle, dont tous les habitants furent impitoyablement massacrés. Ce succès jeta une telle épouvante dans le pays, que la garnison de Roye se rendit d'elle-même. Jusque-là la guerre s'était faite sans avoir été déclarée. Aussi le duc lança un manifeste, dans lequel il accusait le roi de parjure et d'empoisonnement: puis il se dirigea vers la Normandie. Après s'être un moment arrêté devant Beauvais, et avoir donné à l'héroïque Jeanne Laîné l'occasion de rendre célèbre le nom de Jeanne Hachette, il entra dans le pays de Caux, qu'il dévasta, incendiant les villages et démolissant les châteaux, A mesure qu'il avançait, c'était commé si une trombe passait.

Cependant les maladies avaient commencé à envahir son armée; la solde n'était pas payée, et les trou

pes se mirent à murmurer. Le duc résolut donc de les ramener en Artois et en Picardie, où les armes du roi exerçaient, de leur côté, d'effroyables ravages. Pendant ce temps, Louis XI négocia et traita avec le duc de Bretagne, qu'il détacha de Charles le Téméraire. Ce fut là ce qui détermina ce dernier à conclure, le 2 novembre, une nouvelle trêve de cinq mois.

Le répit que cette suspension d'armes lui donna, il le mit à profit pour négocier l'achat du duché de Gueldre.

CHAPITRE II.

JUSQU'A L'EXTINCTION DE LA MAISON DE BOURGOGNE DANS LES PAYS BAS, EN 1482.

SI. JUSQU'A LA MORT DE CHARLES LE TÉMÉRAIRE, EN 1477.

Avant de se mettre en possession des territoires de Gueldre et de Zutphen, le duc ouvrit, au commencement du mois de mai 1473, un grand chapitre de l'ordre de la Toison d'or, pour faire prononcer, par une sorte de jugement, sur les droits qu'Adolphe de Gueldre pourrait prétendre sur les États de son père. L'assemblée eut lieu à Valenciennes, et le chapitre décida, selon quelques historiens, que l'achat du duché de Gueldre et du comté de Zutphen était légitime et en bonne forme.

Dans les premiers jours de juin, le duc lança une armée dans la Gueldre; et le duc de Juliers, né voulant pas s'engager dans une lutte qui eût pu lui devenir funeste, lui vendit tous ses droits pour la somme de quatre-vingt mille florins. Les villes qui tenaient pour le jeune duc Adolphe ne furent pas aussi effrayées de la puissance bourguignonne: elles essayèrent d'opposer quelque résistance, mais elles fiuirent par succomber. Celle de Nimègue se défendit avec le plus d'énergie: mais elle eût fini par tomber comme les autres, si elle n'eût prévenu sa chute en capitulant, réduite qu'elle - était à l'impossibilité de tenir plus long

temps devant la terrible artillerie des Bourguignons. Ainsi le duc Charles se trouva possesseur définitif de tout l'héritage d'Arnould de Gueldre. « Maintenant il fallait continuer à s'agrandir en Allemagne, et y devenir maître des bords du Rhin, de manière que ce fleuve, depuis le comté de Ferrette et la comté de Bourgogne jusqu'en Hollande, ne coulât plus que sous sa domination. Il voulait que tant de seigneuries et d'États fussent réunis en un grand royaume. Rien ne lui tenait plus à cœur que de porter le noble titre de roi. Depuis plusieurs années, il était en continuelle négociation avec l'empereur et la maison d'Autriche pour obtenir cette faveur; il voulait être roi des Romains, et vicaire impérial. On a déjà vu qu'il avait cherché à y parvenir en cherchant des alliances et en se faisant un parti parmi les princes de l'Empire, lorsqu'en 1469 il avait conclu un traité avec le roi de Bohême. Son moyen de se concilier la bonne volonté de la maison d'Autriche était surtout de lui promettre sa protection armée contre les Suisses; ses ambassadeurs avaient maintes fois été chargés d'assurer le duc Sigismond qu'aussitôt que les affaires de France et d'Angleterre lui en laisseraient le pouvoir et le loisir, il s'armerait contre les ligues suisses, et envahirait leur pays. Ce n'était pas la seule espérance dont il flattait la maison d'Autriche; il employait envers elle le même appât qui lui servait à séduire tant d'autres princes: le mariage de sa fille. Déjà en 1470, lorsque le duc Sigismond était venu à Hesdin conclure la vente du comté de Ferrette, il avait été question de marier Marie de Bourgogne à Maximilien d'Autriche, fils de l'empereur Frédéric. Le duc avait continué à entretenir cette espérance, et à solliciter en même temps le vicariat de l'Empire, l'érection en royaume de quelques-uns de ses pays, et le titre de roi des Romains; car, disait-il, après la mort de Frédéric d'Autriche, la couronne impériale passant à lui duc de Bourgogne, il lui serait facile de faire roi des

Romains son gendre Maximilien, et de lui assurer la succession à l'Empire.

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Déjà, pour s'attacher le duc de Guyenne, Charles le Téméraire avait pris avec ce prince quelques engagements au sujet du mariage de mademoiselle de Bourgogne. Plus tard, afin de se concilier la maison d'Anjou, il avait entamé pour le même objet des négociations avec Nicolas de Calabre, petit-fils du roi René. Il y avait même une promesse formelle faite par écrit, signée et échangée entre ce prince et la princesse Marie. Mais le duc Charles s'était fait rendre la lettre de sa fille, lorsque, ayant changé de vues, il eut pour ses nouveaux projets plus grand besoin de la maison d'Autriche que de la maison d'Anjou. D'ailleurs le duc Nicolas de Calabre et de Lorraine mourut presque en ee même temps, et fournit à Charles le Téméraire l'i dée d'un nouvel agrandissement. En effet, s'appuyant du crédit dont il jouissait auprès de l'empereur, il concut le projet de s'emparer de l'héritage de Lorraine, ou de le disputer à la branche cadette de cette maison. Plein de cette pensée, dont l'exécution devait arrondir les États bourguignons, la Lorraine joignant le duché de Luxembourg à la comté et au duché de Bourgogne, Charles se rendit à Trèves, où il eut une entrevue avec l'empereur, et lui demanda le titre de roi, avec l'office de vicaire général de l'Empire. Il réclama, en outre, de grandes augmentations de territoire, entre autres les quatre évêchés de Liége, d'Utrecht, de Tournai et de Cambrai, qui étaient fiefs relevant directement de l'Empire. Peut-être avec tout cela eût-il obtenu la Lorraine, si le roi de France n'eût fait mettre cette province en état de défense, et n'eût excité adroitement la défiance de l'empereur, en lui représentant les dangers qu'il courrait en favorisant un prince dont l'orgueil et l'ambition ne connaissaient aucune borne. Cependant une partie des désirs du duc allaient être remplis. Son couronnement comme roi paraissait

assuré. Il avait reçu de l'empereur l'investiture du duché de Gueldre, et de toutes ses seigneuries relevant de l'Empire. L'église de Saint-Maximin de Trèves était tendue de superbes tapisseries, et deux trônes y étaient dressés, l'un pour l'empereur, l'autre pour le nouveau roi. Le sceptre, la couronne et le manteau royal étaient exposés aux regards des curieux. Enfin, l'évêque de Metz était désigné pour sacrer le successeur des anciens rois de Bourgogne, quand, le matin du jour fixé pour la solennité, on apprit que l'empereur avait subitement quitté la ville, se jouant ainsi des espérances du duc et de ses pompeux préparatifs.

Sicette conduite excita grandement la colère de Charles le Téméraire, elle ne lui fit changer en rien les projets qu'il avait formés sur l'Allemagne; seulement il concevait maintenant Fidée d'y revenir à force ouverte : c'était là que se tournaient toutes ses volontés. Il commença par s'assurer de l'alliance de René, duc de Lorraine; conclut avec ce prince un traité contre le roi, et obtint pour lui et pour son armée un passage à travers la Lorraine, afin de se rendre dans son comté de Ferrette et dans la comté de Bourgogne. Il prit aussitôt sa route par Nancy, et se dirigea vers les domaines qu'il tenait en gage du duc Sigismond. Depuis trois ans que ce pays était au pouvoir du duc, la plus furieuse haine s'y était allumée contre son gouvernement. Il y avait toujours comme gouverneur le sire de Hagenbach, qui ne négligeait rien pour se rendre chaque jour plus odieux, à cause de sa tyrannie et de son insolence, autant qu'à cause de ses débauches, qui ne respectaient ni les familles les plus nobles, ni même la clôture des monastères. De là une indignation violente, non-seulement dans le pays même, mais encore dans les contrées voisines et chez les princes de la Souabe, contre le sire d'Hagenbach. Il n'avait pas eu plus d'égards pour les villes libres de Strasbourg, de Colmar et de Schelestadt,

qui relevaient de l'Empire, pour les seigneurs immediats de l'Alsace et des bords du Rhin, pour les évêques de Strasbourg et de Bâle, pour les ligues suisses elles-mêmes, les anciennes et bonnes voisines de la maison de Bourgogne. Il n'était personne qui n'eût à lui reprocher une violence. Les premiers résultats de sa conduite furent d'amener une alliance entre les Suisses et les villes libres d'Alsace; ensuite d'inspirer au roi de France l'idée de faire tous ses efforts pour tenter de réconcilier le duc Sigismond et les ligues helvétiques, et de les réunir dans une alliance contre le duc de Bourgogne. La nouvelle du projet, conçu par le duc, de se faire nommer roi, acheva d'inspirer la plus grande défiance aux Suisses; car ils avaient été compris dans l'ancien royaume de Bourgogne, et l'on disait qu'ils seraient également absorbés par le nouveau. Tel était l'état des choses, au moment où le duc Charles alla visiter ses États du Rhin.

Charles le Téméraire ne cherchait en aucune manière à dissiper les craintes qui s'étaient ainsi établies. Non content d'avoir mis sur pied une armée imposante, il la grossit encore d'une troupe d'Italiens, commandée par deux célèbres condottieri, le comte de Campo-Basso et le seigneur Galeotto. Par là la défiance s'était encore accrue. Elle fut à son comble quand le duc eut congédié, sans leur donner la moindre réponse, les députés que les Suisses lui avaient envoyés à Thanu, pour lui exposer les griefs dont ses serviteurs ne cessaient de les accabler. Alors ils se tournèrent vers le roi Louis XI, qui traita aussitôt, et s'occupa de former une ligne entre eux, le duc Sigismond, les villes libres de l'Alsace et des bords du Rhin, les seigneurs de tout ce pays, et les malheu reux sujets des seigneuries engagées au duc de Bourgogne. Cependant ces négociations ne pouvaient se faire d'une manière assez secrète pour que le duc n'en fut pas instruit. Aussi il mit tout en œuvre pour les empêcher de réussir, et envoya une ambassade aux gens des ligues. Mais partout se renouvelèrent

les plaintes déjà formulées contre le sire d'Hagenbach. Charles enfin,'rappelé en Flandre par les projets qu'il méditait avec l'Angleterre, quitta les bords du Rhin, y laissant l'odieux gouverneur qui déjà lui avait excité tant d'embarras, et qui devait, en ébranlant les Suisses dans leur ancien attachement pour la maison de Bourgogne, les pousser définitivement dans l'alliance concertée par Louis XI.

A peine fut-il rentré dans ses États de Flandre, que les Suisses commencèrent par s'allier avec les Autrichiens; et bientôt tout fut en mouvement dans la haute Alsace et dans le comté de Ferrette. Le duc Sigismond lui fit savoir, en même temps, que le montant de la créance était à sa disposition dans la ville de Bâle, et qu'ainsi les pays donnés en gage devaient rentrer sous la puissance de leur seigneur naturel. Avant que le duc de Bourgogne eût pu donner une réponse, le pays se trouvait déjà en pleine insurrection. Hagenbach fut pris, livré par Sigismond à un tribunal composé de députés de toutes les villes, condamné à mort, et décapité à Brisach.

Charles le Téméraire, qui avait été loin de s'attendre à une explosion aussi prompte, fut outré de colère en apprenant la mort de son favori. Il mit d'abord quelques troupes à la disposition du frère d'Hagenbach, ne pouvant tourner toutes ses forces vers les points insurgés, à cause des projets qu'il méditait, pour porter un coup fatal à Louis XI. En effet, il traitait avec le roi d'Angleterre, et négociait avec le duc de Bretagne et le roi d'Aragon, pendant que Louis resserrait de plus en plus l'alliance des Suisses avec le duc Sigismond, et travaillait à détacher le duc de Lorraine de l'alliance bourguignonne.

Les trêves entre la France et le duc Charles avaient été prolongées jusqu'au 1er mai 1475. Le roi les eût voulues plus longues, et semblait même désirer une paix définitive; mais elles parurent suffisantes au duc pour terminer ses préparatifs, consommer son

BELGIQUE ET HOLLANDE.

union avec le roi d'Angleterre, et concerter avec lui leurs plans de guerre. Enfin, le 25 juillet 1474, divers traités furent conclus à Londres par Antoine, grand bâtard de Bourgogne, au nom du duc son frère. Le roi Edouard s'engageait à entrer en France avec une armée de dix mille hommes au moins, et donnait à Charles de Bourà titre de souverain du royaume gogne, et en considération des services que son allié devait rendre, le duché de de Bar, les comtés de Champagne, Nevers, de Rethel, d'Eu et de Guise, la baronnie de Douzy, et toutes les villes de la Somme.

Pendant que le roi Édouard se préparait à commencer les hostilités en France, le duc de Bourgogne, dont l'armée était prête à entrer en campagne, résolut d'abord de terminer de vive force l'affaire de Cologne. L'archevêque, Robert de Bavière, avait été chassé de son siége par les habitants de la ville, et il s'était adressé au duc Charles pour obtenir des secours, que ce prince lui promit, dans l'espoir sans doute d'être investi de l'avouerie de cette Église. Charles se dirigea vers Nuess, petite mais forte ville, où commandait le nouvel évêque Hermann de Hesse, contre lequel il s'était déclaré. Il commença par investir et attaquer cette place, qui se défendit vaillamment. Cependant les gens de Cologne étaient allés trouver l'empereur à Augsbourg, pour le conjurer de songer à les secourir, et de ne point les abandonner au duc de Bourgogne. En même temps Frédéric était pressé par tous les princes d'Allemagne. Louis XI lui-même s'en mêla, et promit d'envoyer un corps de vingt mille hommes au secours de l'empereur, aussitôt qu'il serait arrivé devant Cologne. Les ordres furent donnés dans tout l'Empire; mais les troupes ne s'assemblaient qu'avec une lenteur extrême. Pendant ce temps, le duc était toujours devant Nuess, et n'avançait pas plus un jour que l'autre.

Les troupes qu'il avait placées sous les ordres du frère d'Hagenbach avaient, dans ces entrefaites, com

mencé les hostilités dans la haute Al-
sace, et s'y étaient livrées aux excès les
plus atroces. L'empereur et Louis XI
liés de mettre un terme à cette invasion
pressaient de tout leur pouvoir les al-
sauvage, en s'avançant contre les Bour-
guignons. Les Suisses hésitèrent d'a-
bord; mais enfin ils envoyèrent au duc
Charles des lettres de défi ; et, bientôt
après, ils envahirent ses Etats du Rhin,
où ses hommes essuyèrent une dé-
faite complète et sanglante. Après
cet exploit, les alliés retournèrent
son côté.
tranquillement chez eux, chacun de

Cependant le duc s'obstinait tou-
trouvait encore au mois de novem-
jours devant la ville de Nuess. Il s'y
bre, bien que, dès le mois précédent, le
roi Edouard eût envoyé son héraut d'ar-
mes à Louis XI, pour lui signifier qu'il
eût à restituer au monarque anglais
ses duchés de Guyenne et de Nor-
mandie; faute de quoi il lui ferait
la guerre, et descendrait en France
avec toute sa puissance. L'armée an-
miné tous ses préparatifs, et ne pou-
glaise n'avait pas, il est vrai, ter-
vait se mettre en campagne avant le
printemps prochain. Mais le printemps
arriva, et le duc ne quittait pas le
siége de Nuess. Depuis l'automne,
l'empereur s'était rendu à Andernach,
entre Cologne et Coblentz; et les
deux armées étaient restées en pré-
sence, sans en venir à un engagement
décisif, et se bornant seulement à se
livrer quelques petites escarmouches.

Si fausse que fut la position où le duc de Bourgogne s'était placé là, devant une ville qui ne se rendait pas et qu'il ne pouvait prendre, le roi n'en cherchait pas moins à traiter avec lui pour la prolongation de la trêve tout en travaillant, d'un autre côté, qui devait expirer le 15 mai 1475, le duc René de Lorraine, déjà pressé à détacher de l'alliance bourguignonne par l'empereur et par les seigneurs toutes parts, céda enfin, accéda à la d'Allemagne. René, ainsi sollicité de ligue des Suisses et des pays du Rhin, L'autorité du roi fut prodigieuse en et envoya défier Charles le Téméraire.

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