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ces moments: elle maintint, au moyen d'argent, de bonnes paroles et de procédés, les cantons hélvétiques en état d'hostilité contre le duc; de façon qu'ils se remirent en campagne dès le mois de mars 1475, et commirent les plus affreux dégâts dans la comté de Bourgogne. De son côté, le duc de Lorraine se jeta dans le duché de Luxembourg, où il commença d'affreux ravages.

Lorsque tout se trouva bien engagé, Louis XI, qui voyait toujours le duc Charles s'obstiner aveuglément à la prise de Nuess, résolut de commencer aussi la guerre, ni la Picardie, ni l'Artois, ni le duché de Bourgogne, n'étant munis de forces suffisantes pour l'arrêter. Au moment où la trêve expirait, il entra donc dans la Picardie, et se mit à y exercer des dévastations d'autant plus cruelles, qu'il voulait forcer le duc à signer une trêve avant que les Anglais eussent pu descendre en France. Ces succès du roi portèrent les princes à pousser l'empereur à se rapprocher de Nuess. Il parut en effet en vue du camp de Charles le Téméraire, avec une armée forte d'environ cent mille hommes; mais dans l'intention de négocier, le mariage de son fils Maximilien avec mademoiselle de Bourgogne lui tenant toujours sérieusement à cœur. Quelques engagements inévitables, mais peu importants, s'ensuivirent; et enfin au mois de juin les deux princes signèrent une trêve de neuf mois, remettant l'affaire de Cologne au jugement du pape.

Le roi cependant n'avait pas continué ses ravages dans la Picardie. La nouvelle de la prochaine arrivée des Anglais l'avait tout à coup fait se transporter en Normandie, vers l'embouchure de la Seine, pour les accueillir à leur débarquement. Mais, ce bruit reconnu faux, il renvoya aussitôt son armée tout brûler et dévaster en Picardie et en Artois.

Le moment était venu où le roi Édouard se trouva enfin au bout de ses préparatifs de guerre. Il s'embarqua à Douvres, d'où il envoya des lettres de défi à Louis XI, et descendit le 5 juil

let à Calais, où il comptait trouver le duc de Bourgogne avec ses gens. Charles le Téméraire ne s'y présenta que neuf jours après, mais peu accompagné; il avait laissé à Namur les débris de l'armée qu'il avait ramenée de Nuess, et il avait honte de la montrer aux Anglais. L'étonnement fut grand quand on le vit venir ainsi presque seul, et surtout quand on l'entendit soutenir qu'il fallait agir séparément, et que lui irait porter la guerre en Lorraine. Et il fit comme il venait de dire. Il reprit le chemin de Namur, d'où il se rendit dans le Luxembourg, attendant le moment favorable de se mesurer avec le duc de Lorraine, quand tout à coup il reçut la nouvelle que le roi de France et le roi d'Angleterre étaient en voie de négociation. Ce fut un coup de foudre pour lui. Il se hâta de retourner au camp d'Édouard, pour essayer de faire rompre les pourparlers. Mais n'ayant pu rien obtenir, il retourna de nouveau à Namur, pendant que les deux rois, dans une entrevue qu'ils eurent sur la Somme à Picquigny, conclurent, le 29 août, une paix définitive. Chacun des contractants y fit comprendre virtuellement ses alliés, et le duc de Bourgogne fut porté au nombre de ceux de l'Angleterre; toutefois Charles signa le 13 septembre, avec Louis XI, une paix particulière, pour la durée de neuf ans.

Débarrassé de cette difficulté, Charles le Téméraire chassa aussitôt le duc René des terres de Luxembourg, et entra dans la Lorraine, dont il s'empara, bien que ce prince eût été porté au traité parmi les alliés du roi de France. Maître de ce duché, qu'il se proposait bien de garder, il songea à se venger des Suisses. Le comte de Romont, gouverneur du duché de Bourgogne, avait commencé à insulter les gens de Berne, arrêtant leurs marchands et les pillant sur les grandes routes. Les Bérnois avaient appelé aux armes les cantons alliés, et la guerre avait recommencé avec l'énergie presque sauvage de ces hommes, qui ne comptaient jamais avec le danger. Tout cédait devant eux. Les garnisons bourguignonnes furent impi

toyablement massacrées, et le comte de Romont fut forcé de se replier, avec les débris de ses troupes, vers la comté de Bourgogne.

Le duc Charles frémit de colère en apprenant ce désastre. Il était précisément occupé du siége de Nancy. Après avoir pris cette ville, dans laquelle il achevait la conquête de la Lorraine, il eût voulu tourner son épée contre les Suisses. Il est vrai qu'il se trouvait mieux à la portée de l'Alsace et du pays de Ferrette; mais il avait consenti, dans le traité conclu avec l'empereur, àun délai de six mois, pour tenter avec le duc Sigismond un accommodement à l'amiable. Il commença par accorder aux gens d'Alsace une trêve jusqu'au 1 janvier 1476. Ensuite il fit sommer la ville de Strasbourg de se rendre. Dès le mois de décembre, il publia un mandement dans lequel il annonçait sa résolution de marcher contre les Suisses. Ceux-ci tinrent, le 1er janvier, une assemblée à Zurich, et envoyèrent au duc des députés pour lui demander de remettre à des arbitres le jugement des difficultés qui régnaient entre eux. Mais il les reçut aussi mal que possible, et dix jours après il se mit à la tête de son armée. L'avant-garde, commandée par le comte de Romont, pénétra dans la Suisse par Jougne et Orbe, et s'empara d'Yverdun, que la garnison brûla elle même avant de se replier sur Granson. L'armée tout entièredu duc arriva bientôt devant cette ville, que l'ennemi était résolu à défendre jusqu'à la dernière extrémité, repoussant vaillamment les assauts que les Bourguignons lui donnaient sans relâche, et souffrant avec courage le manque de vivres qui déjà commençait à se faire sentir. Granson était cerné du côté du lac aussi bien que

de la terre, et l'artillerie des assiégeants battait jour et nuit ses murailles. Enfin, la garnison fatiguée, et n'espérant plus de secours, capitula; mais le duc la fit cruellement mettre à mort; une partie fut pendue, l'autre noyée dans le lac. Cette cruauté excita une colère profonde dans tous les cantons, qui lancèrent sur les Bourgui

gnons une armée de vingt mille combattants, et les mirent, le 2 mars, dans une déroute si complète, que tous les bagages et tout le trésor de Charles le Téméraire restèrent sur le champ de bataille. Cette défaite mémorable rendit célèbre le nom presque ignoré de Granson, et elle ne dut être éclipsée que par cette autre défaite où les rêves insensés du dernier duc de Bourgogne s'évanouirent pour toujours le désastre de Nancy.

Bien que la journée de Granson eût été plutôt une déroute qu'une bataille (car il n'y périt que mille hommes à peine), le roi Louis XI en éprouva une grande joie, et se mit incontinent à essayer de détacher du duc les alliés qui lui restaient encore. Il réussit à attirer de son côté René d'Anjou, roi de Sicile, le duc Galéas de Milan, et la duchesse de Savoie.

Le duc Charles se laissa d'abord tellement abattre par le chagrin, qu'il en tomba malade; mais il ne tarda pas à se rétablir, et il reprit toute son énergie. Sa première pensée fut de refaire son armée, plutôt dispersée que battue, esparse et escartée, comme il l'écrivait aux magistrats de la ville de Malines. Il en réunit les débris, et joignit à ces forces déjà imposantes dixhuit mille hommes qui lui arrivèrent de Flandre, de Liége, de Luxembourg, d'Angleterre, et des États du pape. A la tête de cette armée, il se remit en campagne le 27 mai, se dirigea d'abord vers ceux de Berne, et s'avança jusqu'au delà de Morat. Cette ville fut investie par le comte de Romont, qui commandait l'avant-garde, et bientôt toute l'armée bourguignonne se trouva sous ses murailles. Le siége cependant n'avançait que lentement, parce que la place recevait à tout moment des renforts, des vivres et des munitions par le lac. L'artillerie toutefois ne cessait de battre la ville et d'en ruiner les remparts. Elle résistait avec courage, et détournait tous les assauts que le duc ne cessait de lancer contre elle. Cette longue et merveilleuse défense donna aux confédérés le temps de se réunir; car c'était la saison des pâtu

rages, et les montagnards étaient retournés dans leur pays, après la grande victoire de Granson. Quand leurs forces se trouvèrent assemblées, ils marchèrent contre les Bourguignons. Ils étaient au nombre d'environ trentequatre mille. La bataille s'engagea le 22 juin. Elle fut âpre et rude. De part et d'autre on fit des prodiges de valeur. Mais Charles le Téméraire fut complétement battu, et forcé de prendre la fuite. Huit ou dix mille des siens restèrent sur le champ de bataille, et leurs restes servirent à construire cet effroyable ossuaire de Morat, sur lequel les Suisses placèrent cette inscription, qui vaut toute une histoire:

DEO OPTIMO MAXIMO. INCLITI ET FORTISSIMI BURGUNDIE DUCIS EXERCITUS, MORATUM OBSIDENS, AB HELVETIIS CASUS, HOC SUI MONUMENTUM RELIQUIT.

A Dieu très-bon et très-grand. L'armée du très-illustre et très-puissant duc de Bourgogne, assiégeant Morat, defaite par les Suisses, a luissé ici ce monument.

Ce deuxième désastre n'avait fait qu'irriter de plus en plus le duc. Il se rendit à Salins, et songea plus que jamais à venir à bout de ces redoutables confédérés, dont le triomphe étonnait les princes les plus puissants. Il donna de toutes parts des ordres pour de nouvelles levées. Dans une assemblée des états de la comté de Bourgogne, il fixa à quarante mille hommes l'armée qu'il voulait mettre sur pied, et résolut de taxer chacun de ses sujets au quart de son avoir. En vain on lui représenta que le pays était épuisé, et qu'il valait mieux chercher à se défendre soi-même qu'à faire des guerres de conquêtes impossibles: il s'emporta, et menaça la comté de faire pour toujours sa demeure dans la Flandre. Les états du duché de Bourgogne, réunis à Dijon, hors de la présence de leur prince, répondirent plus hardiment qu'il n'était pas besoin de con tribuer à une guerre inutile, ni de molester le peuple pour une querelle si mal fondée. Les provinces des Pays-Bas

montraient encore moins d'obéissance. Malgré les instances et les menaces du prince, les états du pays, réunis à Gand au mois d'avril 1476, avaient déjà pris la résolution de ne plus l'aider d'hommes ni d'argent, le peuple et les villes se trouvant épuisés d'impôts, les nobles se voyant constamment tenus sous les armes, et devant engager leurs biens sans espoir de profit ni de gloire; enfin le clergé n'était pas mieux ménagé par les taxes que ne l'étaient le peuple et les villes.

La nouvelle de cette rébellion jeta le duc dans un désespoir si profond, qu'il s'enferma dans le château de la Rivière, près de Joux et de Pontarlier, sans rien faire ni rien résoudre, pendant que sa fortune croulait de toutes parts, que Louis XI se liait plus étroitement que jamais avec la Suisse, et que le duc de Lorraine reprenait Nancy sur les Bourguignons. Les gens sages de son conseil voulaient que, dans l'impossibilité où il se trouvait de mettre sur pied une armée telle qu'il la désirait, il réunît au moins les débris que Morat lui avait laissés, pour se faire jour à travers la Lorraine, et revenir dans ses provinces des Pays-Bas rétablir son autorité. Mais il s'obstinait à ne vouloir rien résoudre. Cependant, quand la nouvelle lui parvint que Nancy et presque toutes les petites villes de la Lorraine étaient reprises, il sortit tout à coup de son inaction. Il rassembla un corps de six mille hommes, et parut devant Nancy le 22 octobre.

La ville était pourvue d'une forte garnison, et les habitants étaient bien disposés pour le duc René. Aussi elle se défendit à merveille, pendant que ce prince allait chercher des secours en Suisse pour abattre une bonne fois cet orgueilleux duc de Bourgogne, dont tout le monde avait à se plaindre. Dans ces entrefaites l'hiver arriva; et si les assiégés souffraient de ce siége obstiné, les assiégeants ne souffraient pas moins dans leur camp, où ils périssaient de froid, de misère et de maladies. Dans la seule nuit de Noël, il y mourut quatre cents hommes. Mais

BELGIQUE ET HOLLANDE.

les intempéries de la saison et le manque de vivres n'étaient pas les seuls ennemis appelés à ruiner le duc Charles. Il y en avait un autre bien plus à craindre: la trahison. Le comte de Campo-Basso avait été gagné par Louis XI; mais il se tenait toujours auprès du duc, pour être mieux à même de le perdre.

Le 4 janvier 1477, René de Lorraine arriva tout à coup avec une armée composée de Suisses, d'Alsaciens et de gens de Strasbourg. Il ne se trouvait plus qu'à deux lieues du camp bourguignon. Tous les capitaines du conseil du duc Charles étaient d'avis qu'il fallait éviter une bataille, et qu'il était temps encore de se retirer à Pont-à-Mousson: mais il résolut, contrairement à l'opinion de son conseil, d'en venir à un engagement, et il s'occupa de prendre les dispositions nécessaires. Le lendemain, avant qu'on en fut venu aux mains, Campo-Basso passa au duc de Lorraine avec sa troupe, après avoir laissé dans l'armée bourguignonne quelques hommes chargés de crier Sauve qui peut! et plusieurs autres pour tenir l'œil sur le duc Charles, et le tuer dans le désordre de la fuite. La neige tombait à gros flocons, et l'air en était tout obscurci. Les deux armées ne connurent leur présence que par quelques coups de canon tirés hors de portée par les Bourguignons. Alors René de Lorraine donna le signal. Bientôt l'engagement commença, et la lutte devint terrible. D'un côté, le nombre et la vengeance; de l'autre côté, le désespoir: car les ennemis avaient une armée trois ou quatre fois plus forte que celle du Téméraire. Aussi elle ne tarda pas à enfoncer les rangs des Bourguignons, et à les mettre dans une déroute complète. Un grand nombre voulurent passer le pont de la Meurthe; mais Campo-Basso leur barra le passage, et les força de se jeter dans la rivière, où la plupart se noyèrent. D'autres cherchèrent à se sauver comme ils purent, en s'enfonçant dans les bois ou en gagnant les campagnes. Déjà depuis longtemps la bataille était finie, que les vainqueurs poursuivaient

encore les fuyards, et égorgeaient
tous ceux qui leur tom baient sous la
main.

Le duc de Bourgogne avait disparu
dans cette effroyable bagarre, sans
que personne put dire ce qu'il était
devenu. Le lendemain, le duc René,
égorgé comme le reste, le fit chercher
craignant que son ennemi n'eût été
parmi les morts; mais on ne le trouva
point. Quelques-uns croyaient qu'il
avait pris la route de Luxembourg. La
plupart disaient qu'il s'était échappé,
et qu'il ne tarderait pas à reparaître.
Enfin, le 7 janvier, Campo-Basso
ayant amené la veille, devant René,
un jeune page de l'illustre maison
romaine des Colonna, qui pretendait
avoir vu de loin tomber le duc Charles
dans la mêlée, l'amena sur le champ
à chercher le corps. On le trouva en
de bataille, et l'on se mit de nouveau
effet dans la vase d'un étang, où il
était à demi enfoncé, avec une dou-
« Une pauvre blanchisseuse de la mai-
zaine d'autres cadavres dépouillés.
son du duc s'était, comme les autres,
mise à cette triste recherche; elle
au doigt d'un cadavre dont on ne
aperçut briller la pierre d'un anneau
voyait pas la face. Elle s'avança, et re-
tourna le corps. « Ah! mon prince!
chant cette tête de la glace où elle
s'écria-t-elle. On y courut. En déta-
était prise, la peau s'enleva; les loups
et les chiens avaient déjà commencé
voyait qu'une grande blessure avait
à dévorer l'autre joue en outre,
profondement fendu la tête depuis
l'oreille jusqu'à la bouche. »

on

Il fut parfaitement reconnu par son et par ceux de ses autres serviteurs frère le grand bâtard de Bourgogne, qui étaient tombés au pouvoir des vainqueurs. Le duc René lui fit faire de magnifiques funérailles, tandis que les rhetoriciens de Tournai se mirent à le chansonner dans leurs vers (1).

Il existe dans le registre manuscrit des Ouvriers de rhetoricque, de Tournai, déposé à la bibliothèque de cette ville, une chanson fort curieuse sur la mort de Charles le Téméraire. Nous l'avons reproduite dans notre Essai sur l'histoire de la poésie française en Belgique; Bruxelles, 1838.

Les restes du malheureux prince furent déposés devant l'autel de SaintSébastien, dans l'église Saint-Georges, à Nancy.

SII. JUSQU'A LA MORT DE MARIE DE BOUR

GOGNE.

Le roi Louis XI ressentit une grande joie en apprenant ce qui venait de se passer à Nancy; et il résolut de mettre au plus vite à profit la mort du duc Charles, pour s'emparer des domaines français de ce prince, comme de fiefs qui retournaient à la couronne. Il écrivit aux bonnes villes de Bourgogne, et envoya le bâtard de Bourbon, amiral de France, et le sire de Commines, en Picardie et en Artois, pour requérir la soumission de ces provinces à l'autorité royale.

Pendant ce temps, la nouvelle de la fin du duc arriva en Flandre. Le chancelier Hugonet fut le premier informé de cet événement; mais il n'osa prendre sur lui d'en faire part à la jeune princesse Marie, héritière de Bourgogne. Il en instruisit d'abord la dame de Halewin, gouvernante de la duchesse, et la chargea de la préparer à entendre ce déplorable événement; puis lui-même et le sire d'Humbercourt achevèrent d'apprendre tout à la fille du duc. Elle pensa mourir en écoutant ce fatal récit.

Mais autant Marie fut affligée, autant les villes flamandes manifestèrent de joie et d'allégresse. A Gand, personne n'assista aux obsèques qui furent faites au mort, si ce n'est ses propres serviteurs. Il en fut de même dans les autres villes. On alla jusqu'à murmurer publiquement contre la dépense des services funèbres qui furent eélébrés. Tout le monde se félicitait d'être débarrassé de ce maître si dur, qui avait cherché à tuer les libertés publiques, et qui n'avait cessé d'accabler le peuple de rudes impôts.

Toutes les haines, toutes les rancunes, si longtemps comprimées, purent en ce moment faire explosion à leur aise. Mais on ne se borna pas là : en commença, dans la Flandre et dans

le Brabant, à refuser de payer les impôts et les taxes. Ainsi les liens de l'obéissance se relâchaient partout, et personne n'était capable de les resserrer; car de tous côtés on avait la plus grande défiance des nobles, qu'on soupconnait de vouloir livrer le pays à la France.

Louis XI voyait avec plaisir la Bourgogne prenaient ainsi. Pendant tournure que les affaires de Marie de ce temps, il avait réussi à s'établir dans la Picardie. L'Artois, le duché et la comté de Bourgogne, le Ponthieu et le der de le recevoir, et de se soumettre à comté de Boulogne, ne pouvaient tarleur tour.

Si le duc Charles avait eu son rêve, c'est-à-dire l'espoir de porter un jour une couronne de roi, Louis XI avait son temps, c'est-à-dire, l'idée de réunir un rêve aussi, qu'il nourrissait depuis longjour les vastes États du Téméraire du Dauphin avec mademoiselle Marie au royaume de France, par le mariage des motifs qui l'engagèrent à se mettre de Bourgogne. Ce fut même là un majeure partie du vaste héritage de si promptement en possession de la Charles. Mais quand il vit avec quelle facilité il réussissait, grâce à la toutepuissance de l'argent, à s'attacher les seigneurs et les états des provinces qu'il convoitait, il parut abandonner bientôt ce projet d'alliance, mais pour jamais. Cependant il n'en continuait y revenir ensuite plus fortement que pas moins à seconder de toutes ses forces l'esprit de désordre qui se révélait sur tous les points du pays, dans le but de parvenir plus sûrement à obtenir ce qu'il désirait. Il avait envoyé en Flandre, pour y nouer des intriOlivier le Dain, ou le Diable. Ce pergues, son chirurgien-barbier, maître sonnage, de petite origine, était natif du village de Thielt, ou de Damme, près de Bruges; et le roi l'avait pris en si grande affection, qu'il lui avait le titre de comte. Ce fut cet homme donné la seigneurie de Meulan, avec qui entreprit de travailler le peuple de Gand, dans l'intérêt de la France. Mais il était impossible qu'il réussît

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