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vier 1227. Depuis lors il ne cessa pas de donner au roi des preuves de fidélité. Aussi Louis IX ne tarda pas à lui permettre de rebâtir en pierres les portes de ses villes. Ferrand mourut à Noyon en 1233.

Jeanne épousa en secondes noces, en 1237, Thomas, comte de Savoie, oncle des reines de France, d'Angleterre et de Sicile, et mourut en 1244.

Son règne fut signalé par deux événements, dont l'un est plein de si étranges et si mystérieuses circonstances, qu'elles font de cette page de notre histoire une des plus romanesques et des plus dramatiques : ce fut l'apparition du faux Baudouin. La nouvelle de la fin de l'empereur Baudouin de Constantinople avait trouvé en Flandre beaucoup d'esprits incrédules. Les regrets qu'y avait laissés sa vie avaient fait douter de sa mort. Tout à coup, en 1225, apparut un homme qui offrait la plus grande ressemblance avec l'empereur, tombé sous les coups des Bulgares. C'était un ermite qui sortait du bois de Glançon, entre Tournai et Lille, où il avait, pendant quelque temps, vécu dans la retraite. Le mystère dont sa vie était enveloppée le rendait propre au rôle que plusieurs gentilshommes du Hainaut l'appelèrent à jouer, mécontents qu'ils étaient de la comtesse Jeanne. Un jour, un bruit étrange se répandit:

Le comte Baudouin est revenu. Cette rumeur populaire ne tarda pas à trouver de l'écho dans toute la Flandre et dans tout le Hainaut. Plusieurs seigneurs même se déclarèrent pour l'imposteur, et crurent en effet reconnaître en lui le mort si regretté. La comtesse, instruite de ces choses, dépêcha vers l'ermite un de ses hommes, Arnould d'Audenarde, qui donna dans le piége comme les autres chevaliers qui étaient allés le visiter dans sa solitude. Le faux Baudouin, dont le vrai nom était Bertrand de Rais, et qui avait d'abord exercé le métier de ménestrel, finit par se donner lui-même pour Baudouin de Constantinople, et raconta de quelle manière miraculeuse il s'était échappé de la captivité où

les Bulgares l'avaient tenu. La comtesse finit par ajouter foi à un bruit qui trouvait croyance dans tous les esprits. Mais, voulant acquérir une assurance positive, elle tint une assemblée dans la ville de Quesnoy, où l'imposteur fut interrogé. Plusieurs indices s'y révélèrent, qui tendaient à prouver la fausseté de ses allégations. Cependant la merveilleuse histoire allait se propageant de plus en plus. Des gens du roi étaient venus pour s'assurer de la vérité, mais ils ne reconnurent pas le comte dans l'habitant de la forêt de Glançon. Le petit peuple s'était entièrement prononcé en sa faveur. Aussi la comtesse consternée quitta le Quesnoy en toute hâte, et bientôt la Flandre et le Hainant furent en feu. Les populations couraient au-devant de l'imposteur, qui fut bientôt maître de tout le pays, et s'empara des deux fils de Bouchard d'Avesnes, neveux de la comtesse. Jeanne, réduite à l'extrémité, se détermina à demander du secours à la France, et parvint à engager le faux Baudouin à aller à Péronne trouver le roi, son droit seigneur. Il s'y rendit, en effet accompagné de cent chevaliers; mais, n'ayant pu répondre à l'interrogatoire que le roi lui fit subir en sa présence, il fut banni du royaume. Il revint donc à Valenciennes, où il passa quinze jours dans une abbaye, et parvint à échapper, à la faveur d'une nuit téné breuse, aux hommes d'armes que la comtesse avait mis à sa poursuite. Il gagna Nivelles, et s'enfuit à Cologne avec un sauf-conduit dont cette ville l'avait muni. Peu de temps après, il tomba entre les mains d'Edouard de Castenai, à Rougemont en Bourgogne. Amené à Lille, il fut condamné au dernier supplice; et, après avoir été promené par la ville sur un mulet, il fut pendu à un gibet dressé dans la halle, entre deux chiens, et ayant à côté de lui un masque à figure de diable. Telle fut la fin de ce singulier personnage, qui remua si profondément le pays, et qui avait tellement excité le fanatisme du peuple, que les moines de SaintJean à Valenciennes gardaient comme

des reliques les poils de sa barbe, et que les habitants de Binche avaient poussé leur dévotion pour lui jusqu'à boire l'eau dans laquelle il s'était baigné.

L'autre événement est l'histoire de Bouchard d'Avesnes. Ce seigneur, vassal du comte de Hainaut, avait été chargé, après la conclusion du mariage de la comtesse Jeanne avec Ferrand de Portugal, de la garde de la jeune comtesse Marguerite, en vertu d'une décision prise en commun par Philippe-Auguste, par les parents des princesses, et par les bonnes villes. Elevé à la cour de Philippe d'Alsace et reçu docteur en droit à l'Université d'Orléans, il avait été pourvu d'une prébende d'abord dans le chapitre de Notre Dame de Laon, ensuite dans celui de Notre-Dame de Tournai. Mais il se sentit peu fait pour les pratiques du sacerdoce, et embrassa bientôt la carrière des armes. Il fut créé chevalier par Richard Coeur de Lion; et Baudouin de Constantinople, à son départ pour la croisade, l'adjoignit à Philippe de Namur pour gouverner ses États, et servir de protecteur à ses filles et à la reine Mathilde. Il s'était fait dans l'exercice de cette charge une si haute reputation de probité et de justice, qu'on lui confia, après le mariage de Jeanne, la garde de Marguerite. Il parvint bientôt à se faire aimer de cette princesse, et l'épousa en l'an 1212, en présence de Jeanne et de Ferrand. Deux enfants, dont l'un reçut le nom de Jean, l'autre celui de Baudouin, étaient sortis de cette union, quand tout à coup le bruit se répandit en Flandre que Bouchard était sous-diacre; car le chapitre de Tournai l'avait forcé à entrer dans les ordres. L'émotion que cette nouvelle produisit à la cour de la comtesse fut extraordinaire. Aussi, après la bataille de Bouvines, Bouchard se rendit à Rome pour supplier le pape Innocent III de lui accorder une dispense, et de lui imposer la pénitence que le Saint-Siége jugerait convenable.. Le souverain pontife lui refusa la dispense demandée, et lui ordonna de

faire, pendant une année, un pèlerinage à Jérusalem et au mont Sinaï. Revenu de ce long voyage, il ne voulut pas consentir à quitter ses enfants et sa femme, malgré les instances et les sommations réitérées de la comtesse Jeanne et de l'évêque de Tournai. L'affaire en était à ce point, lorsqu'en 1215, le pape, pour vaincre cette obstination, frappa Bouchard d'excommunication, et ordonna que cette condamnation fût lue tous les dimanches et les jours de fête dans toute la province de Reims, jusqu'à ce que le sous-diacre eût remis Marguerite à sa famille, et qu'il fut rentré dans les ordres sacrés. Bouchard tint ferme, et persista dans sa résolution de ne pas se séparer de sa famille. Mais il fut pris, jeté en prison à Gand, et décapité plus tard, par ordre de Jeanne, dans la forteresse de Rupelmonde.

Jeanne employa les dernières années de sa vie, agitée par tant de troubles, à des fondations pieuses, dont plusieurs historiens attribuent l'origine aux remords qui l'agitèrent depuis l'exécution du faux Baudouin, dans lequel, assurent-ils, elle avait réellement reconnu son père. Cette calomnie resta, en effet, longtemps attachée au nom de cette malheureuse femme. Dans le cours du XVIe siècle, l'auteur des Annales de Flandre, Pierre d'Oudegherst, l'entendit répéter par toutes les bouches dans la ville où l'imposteur fut mis à mort. « Et fut, « dit-il, ceste opinion et persuasion tel«<lement enracinée ès cœurs de la mul«titude, comme encore moi-mesme j'ay << entendu estre pour le présent, et si& gnamment en la ville de Lisle, que par << nulles excusations on ne pouvait les << en divertir. La postérité, plus juste, a la conviction maintenant que ce ne fut point pour expier un parricide que Jeanne fonda près de Lille le couvent de Marquette, où elle ordonna que ses restes fussent déposés.

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Jeanne de Constantinople n'ayant point laissé d'enfants, sa sœur Marguerite lui succéda. Cette princesse, qui s'était mariée en secondes noces, après la mort de Bouchard d'Aves

nes, avec Guillaume de Dampierre, baron de Champagne ou de Bourgogne, était devenue veuve, pour la seconde fois, en 1241. Elle avait eu du premier deux fils, Jean et Baudouin d'Avesnes, et du second une fille et trois fils, Guillaume, Gui et Jean. Toute son affection s'étant portée sur ces derniers, elle voulut, enprêtant, en 1245, à Louis IX le serment de vasselage et en jurant le maintien de la paix de Melun, faire admettre à l'hommage, comme son héritier présomptif, l'aîné des enfants qu'elle avait eus de Guillaume de Dampierre. Jean d'Avesnes se rendit aussitôt à Péronne, réclamant les droits que sa qualité de fils aîné lui assurait. Le roi ne décida rien, la question de la légitimité des enfants du premier mariage étant fort controversée encore; car la commission que nomma le pape Innocent IV pour faire une enquête sur leur naissance ne rendit une sentence en leur faveur que le 25 novembre 1249. Cette préférence de la mère fut l'origine d'une querelle entre les tils des deux lits, qui prit bientôt un caractère violent. Un fait l'avait produite, un mot l'envenima. Guillaume de Dampierre avait donné à Jean d'Avesnes le nom de bâtard, en présence de Louis IX, à Péronne. Une guerre sanglante sortit de ce mot. Jean d'Avesnes, secondé par le comte Guillaume de Hollande, dont il avait épousé la sœur, commença cette lutte en 1246 contre sa mère et contre les fils de son second mari. Mais, toute la chevalerie du Hainaut s'étant déclarée pour lui, la décision de la querelle fut soumise à Louis IX et au pape, qui résolurent qu'après la mort de Marguerite, Guillaume de Dampierre obtint la Flandre, et Jean d'Avesnes le Hainaut. Sur ces entrefaites, Guillaume de Dampierre, qui s'était étroitement attaché au roi, résolut de l'accompagner dans la croisade entreprise en 1248. Jean d'Avesnes profità de l'absence de ce prince pour recommencer la guerre. Il réussit à se mettre en possession non-seulement du Hainaut, mais encore du territoire d'Alost, du pays de Waes, de Termonde, de Grammont,

et des districts des Quatre-Métiers de Flandre. Marguerite, en cette extrémité, se vit réduite à capituler avec son fils, et acheta la paix au prix de soixante mille livres. Jean d'Avesnes mourut en 1257. La guerre dans laquelle il entraîna sa mère ne fut pas la seule à laquelle la Flandre se trouva exposée sous le règne de Marguerite. Elle se vit forcée de prendre part à la fameuse dispute qui divisa, en 1257, les princes de l'Empire, partagés sur le choix du successeur de Guillaume de Hollande, roi des Romains. Mais, cette fois, la comtesse se préserva de nouveaux désastres par la diplomatie. Elle s'assura de l'investiture de la Flandre impériale, en négociant à la fois avec les deux principaux concurrents à la couronne de l'Empire, Alphonse le Sage, roi de Castille, et Richard de Cornouailles, fils de Jean sans Terre. Ce dernier l'emporta, et la Flandre resta en repos.

Il était temps, en effet, que le comté obtint quelque trêve; car c'était bien assez de douze années de luttes pour une simple querelle de famille, qui valut à la comtesse le surmon de la dame Noire et de Marguerite l'Enragée, nom que porte, encore aujourd'hui, le monstrueux canon de fer forgé qu'on voit couché sur le marché du Vendredi à Gand. Cette princesse ne s'appliqua plus dès lors qu'à l'administration intérieure du pays, en suivant fidèlement la politique adoptée par Baudouin et par Jeanne de Constantinople. Elle favorisa le commerce et l'industrie, creusa plusieurs canaux, affranchit les serfs flamands, fit faire de nouveaux progrès aux libertés individuelles et publiques, agrandit les villes, organisa le système monétaire, et érigea un grand nombre d'établissements de bienfaisance. Mais ces avantages ne purent faire oublier le morcellement nouveau que subit la Flandre, dont les îles zélandaises furent détachées en faveur du jeune Florent, comte de Hollande, en 1256.

Marguerite de Constantinople avait, dès le commencement de sou règne, associé son fils Guillaume de Dampierre

aux affaires du comté. Mais ce prince, ayant eu le malheur d'être fait prisonnier par les infidèles en Égypte, contracta, pendant cette captivité, une maladie à laquelle il succomba, peu de temps après son retour dans sa patrie, en 1251; de sorte que la comtesse, avant sa mort, qui survint en 1280, légua solennellement toute la Flandre à son deuxième fils, Gui de Dampierre.

Tout le pays vit avec inquiétude l'avénement de ce prince, qui ne possédait aucune des qualités qui avaient distingué sa mère, ni l'énergie, ni la prudence, ni l'activité. Mais, avant d'entrer dans le règne de ce prince, qui joua un rôle si triste et si douloureux dans notre histoire, tournons un instant les yeux vers le comté de Hai

naut.

LEHAINAUT DEPUIS SON ORIGINE JUS QU'A LA RÉUNION DE CE COMTÉ A CELUI DE FLANDRE, SOUS BAUDOUIN LE COURAGEUX (860-1067).

Le comté de Hainaut se compose originairement de trois comtés franks, de celui de Hainaut, dont Mons était le siége; de celui d'Ostroban, dont le chef-lieu était Bouchain ou Douai, et de celui de Burban, dont la capitale était Ath. Vers la fin du neuvième siècle, à l'époque où la possession de la Lorraine flottait entre la France et l'Allemagne, le Hainaut était placé sous l'administration du comte héréditaire Raginer ou Renier, qui fut, en 898, dépouillé de ses possessions par Suentibold, roi de Lorraine, et se retira avec sa famille dans un château nommé Durfos, qu'il possédait sur la Meuse, et où il se fortifia si bien en en mettant tous les abords sous l'eau, que son suzerain ne put parvenir à le réduire, même après un siége de deux ans. Il était petit-fils de l'empereur Lothaire, dont son père Giselbert avait enlevé et épousé une fille; et son comté avait été érigé pour servir de boulevard, comme celui de Flandre, aux incursions des Normands. La mort de Suentibold ayant fait échoir

la Lorraine à Louis, dit l'Enfant, roi de Germanie, le comte Renier fut rétabli dans ses domaines. Sa puissance s'accrut considérablement en 912; il fut créé duc de Lotharingie par Charles le Simple sur la tête duquel il avait puissamment contribué à placer la couronne de ce royaume. Son fils aîné Giselbert lui succéda en 914 dans cette dignité héréditaire, tandis que son deuxième fils, nommé aussi Renier, le remplaça dans le comté de Hainaut. Mais Renier II, que les historiens appellent Renier au Long Col, se vit arracher son manteau de comte, en 958, par Brunon, duc de Lorraine et frère de l'empereur Othon le Grand, qui l'enferma dans une étroite prison, où il mourut en 970. Ses fils Renier et Lambert, après que le comté eut été donné à Ricaire ou Ricuin, seigneur puissant de ce pays, s'étaient retirés à la cour de France, où le roi Lothaire, qui désirait réunir la Lorraine à la couronne de son royaume, les avait accueillis et comblés de faveurs. A la mort d'Othon le Grand, survenue en 973, ils entrèrent avec une nombreuse armée dans le Hainaut, et livrèrent dans la plaine de Binche une bataille sanglante aux fils de Ricuin, qu'Othon II avait investis du comté, et qui périrent tous deux dans la mêlée. Mais Renier et Lambert furent tellement affaiblis dans cette terrible rencontre, qu'Arnould, comte de Flandre, et Godefroi, comte de Verdun ou d'Ardennes, auxquels Othon avait commis le gouvernement du Hainaut, n'eurent pas de peine à les forcer de rentrer en France. Cependant la paix ayant été conclue en 977 entre l'empereur et Charles, frère du roi Lothaire, Renier III, fils de Renier au Long Col, fut restitué dans le comté de Hainaut, qu'il occupa jusqu'en 1002. Il avait épousé Hedwige, fille de Hugues Capet, dont il eut un fils, qui lui succéda sous le nom de Renier IV, et mourut sans enfants mâles en 1036. Il paraît que, sous le règne de Renier III, l'organisation législative des comtés Hennuyers avait un caractère entièrement germani.

que. Ce prince tenait ses lits de justice sous les chênes de Hornu. Son fils Renier IV eut, en 1015, une rude guerre à soutenir contre Godefroi d'Enghien, dit le Jeune, duc de la basse Lotharingie. Après la conclusion de la paix, il agrandit le Hainaut de tout le territoire du comté d'Eenham, par son mariage avec l'héritière de ce domaine; et, depuis cette époque, il se montra constamment attaché aux intérêts de la maison de basse Lotharingie, dont il épousa même le parti dans l'opposition qu'elle fit au choix du roi Conrad II, en Allemagne. Il laissa le Hainaut à sa fille Richilde, dont le mari, Herman de Saxe, prit une part active à la guerre que Godefroi, duc de la basse Lotharingie, et le comte de Flandre, Baudouin de Lille, firent à l'empereur Henri III. La comtesse mit tout en œuvre pour détacher son époux de cette coalition. Herman abandonna donc ses alliés. Mais le comte de Flandre, outré de colère, se jeta dans le Hainaut, le fer et la flamme à la main. Mais, grâce à l'intervention du saint-siége, un traité de paix fut conclu à Aix-la-Chapelle, et vint un moment suspendre les querelles entre les deux comtés. Cette paix cependant ne fut que de courte durée; car, le comte Herman étant mort en 1050, Baudouin conçut l'idée de réunir les deux États, en demandant pour son fils la main de Richilde. La comtesse se refusa à ce mariage. Alors la guerre se ralluma. Les Flamands entrèrent dans le Hainaut, prirent Mons et s'emparèrent de la comtesse, qui fut forcée d'accepter pour époux Baudouin VI, dit de Mons. Ce prince, ayant succédé à son père en 1067, régna de cette manière sur les deux comtés à la fois.

LE HAINAUT JUSQU'EN L'AN 1191.

Cette réunion du Hainaut à la Flandre ne dura que peu d'années. Nous avons vu comment les deux États furent séparés après la mort de Baudouin de Mons en 1070, et quelle guerre sanglante fut produite par le

BELGIQUE.

pacte de famille qui consacra cette séparation.

On attribue à la comtesse Richilde l'établissement, dans le Hainaut, d'une institution pareille à celle que Baudouin de Lille avait organisée dans son comté, celle des douze pairs de Flandre, c'est-à-dire un tribunal suprême, composé des douze principaux seigneurs du pays, chargés de connaître de toutes les causes où il s'agissait de décider de la vie, de la liberté ou de la propriété des grands du comté.

En vertu du pacte de famille de Baudouin de Mons, le second fils de ce prince obtint le comté de Hainaut, sous la tutelle de sa mère Richilde. Sa vie appartient moins aux annales de son pays qu'elle n'appartient à l'histoire des croisades; car il partit, en l'an 1098, pour la terre sainte avec un grand nombre de seigneurs Hennuyers, parmi lesquels se distinguaient surtout Baudouin, comte de Rethel, son neveu; Gilles de Chin, seigneur de Berlaimont, qui se rendit célèbre par ses éclatants faits d'armes ; et Gillon de Trazegnies, dont le nom s'est perpétué intact jusqu'à ce jour dans une race qui peut faire valoir toutes les illustrations. Baudouin II trouva la mort à Nicée, l'année même de son départ.

Son fils aîné Baudouin fortifia les alliances du Hainaut par son mariage avec Yolande, fille du comte de Gueldre, tandis que le deuxième, Arnould, par son union avec l'héritière de Gautier, sire de Roeulx, introduisit dans sa maison cette seigneurie, qui n'était pas sans importance.

Baudouin III étant mort, en 1133, d'une fièvre qui le saisit un jour à son retour de la chasse dont il aimait passionnément l'exercice, son fils Baudouin IV lui succéda; mais ce prince n'apporta dans l'histoire aucun acte digne d'être signalé, si ce n'est l'acquisition de la châtellenie de Valenciennes et de la seigneurie d'Ath, qu'il acheta à prix d'argent, et dont il agrandit son comté. Il est connu dans nos annales par le surnom de Bâtisseur, parce qu'il construisit à Mons l'église

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