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ces exigences, don Juan ne refusa pas de négocier sur ces bases; et même, pour faciliter les pourparlers, il invita le conseil d'État et les états généraux à venir à Namur traiter avec lui tous ces points. Toutefois il n'osa pas se rendre en cette ville, parce qu'il craignait, disait-on, pour sa sûreté personnelle. Ainsi cette négociation traîna en longueur. Elle donna lieu à plus d'un bruit étrange. On disait qu'un des députés qui étaient allés trouver le prince avait eu la hardiesse de l'engager à se mettre à la tête du mouvement dans les provinces des Pays-Bas, et à s'emparer du pouvoir pour son propre compte. On ajoutait que ces paroles, nul n'aurait osé les lui adresser, sidon Juan n'avait lui-même paru disposé à les entendre. De cette manière, de graves soupçons avaient été propagés contre lui sourdement, et avec tant d'adresse, que les intentions même les plus conciliatrices furent expliquées de la façon la plus injurieuse pour lui. Ainsi, lorsqu'il eut résolu le renvoi des troupes étrangères, et qu'il eut pris la détermination de les faire partir par un des ports flamands, parce que l'hiver empêchait de les diriger par les Alpes, le Taciturne sut faire accroire à la reine Élisabeth d'Angleterre que le prince avait le projet de se servir de ces forces pour délivrer de sa prison Marie Stuart, sa captive. Bien plus, les états des provinces méridionales, qui devaient d'abord pourvoir aux frais de transport par mer, refusèrent de fournir les sommes nécessaires; en sorte que les troupes restèrent forcément dans les Pays-Bas.

Pendant l'hiver (1576-1577), le prince d'Orange s'occupa de négocier avec les villes de Hollande qui n'avaient pas encore reconnu son autotorité, Minden, Weesp, Heusden, et quelques autres. Le château d'Utrecht, tenu jusqu'alors par les Espagnols, se rendit aussi au Taciturne. Bientôt il ne resta plus pour ainsi dire qu'Amsterdam, qui ne se fût pas soumis à sa puissance.

L'empereur Rodolphe chercha, dans ces entrefaites, le moyen d'a

les

mener un accommodement entre don Juan, qui se tenait alors à Marche en Famenne, et les états du pays. Il chargea le duc de Clèves et l'évêque de Liége de préparer les voies. Mais il s'éleva contre ces projets d'arrangement difficultés sur difficultés. Enfin, les états des provinces belges, de même que ceux de Gueldre et d'Utrecht, conclurent l'acte connu sous la dénomination d'Union de Bruxelles, lequel consacrait le maintien de la pacification de Gand, en même temps qu'il stipulait que les troupes étrangères seraient renvoyées du pays, pour ne plus y être admises à l'avenir. La condition qui y fut ajoutée, relativement à la protection de la religion catholique, fut cause que ceux de Hollande et de Zéelande n'entrèrent pas sans de certaines réserves dans cette union, qui, du réste, obtint tout l'effet qu'on en attendait. Car don Juan, rassuré par les deux représentants de l'empereur, ainsi que par évêques du pays et par les docteurs de l'université de Louvain, sur la crainte qu'il avait que la Pacification de Gand ne fut contraire à la foi catholique et aux droits du roi, prit enfin la résolution d'accepter l'Union de Bruxelles, et d'y adhérer par un acte appelé l'Edit perpétuel. Cette adhésion donnée, il fut reconnu en qualité de gouverneur général par les états dont l'union se composait. Après que la paix eut ainsi été rétablie entre les états et le prince don Juan, celuici quitta la province de Luxembourg et se rendit à Louvain, pour ordonner lui-même le départ des troupes étrangères. Elles avaient d'abord manifesté un vif mécontentement à l'idée de quitter ces villes, ces forteresses et ces châteaux, qu'elles n'avaient conquis qu'après tant de combats opiniâtres. Mais enfin elles consentirent à partir, lorsque le roi eut sanctionné l'Édit perpétuel. Toutefois il n'y eut que les Espagnols, les Italiens, et les Bourguignons de la Franche-Comté, qui sortissent du pays, les Allemands et les Wallons n'étant pas considérés comme étrangers.

Le 1er mai, don Juan arriva de Louvain à Bruxelles, où il fit, comme nouveau gouverneur général, son entrée solennelle. Il y fut reçu avec un grand enthousiasme; car tous avaient conçu une profonde confiance dans son bon vouloir, et il s'était gagné tous les cœurs. Parmi les témoins de cette fête, il y avait un vieillard cassé par l'âge, et qui avait joué un rôle important dans toute l'histoire des troubles passés, le président Viglius. En voyant défiler devant lui le jeune prince avec son étincelante escorte, il dit, avec un sourire moqueur : « Est-ce donc là l'enfant qui doit nous ramener la paix ? » Viglius doutait, et il avait raison. En effet, le prince d'Orange avait l'œil sur les événements; et, afin de pouvoir mieux les suivre, il se tenait à Berg-op-Zoom, où les états le mettaient au courant de tout ce qui se passait. Il prévoyait que la paix ne serait pas plus perpétuelle que l'Édit ne le serait lui-même, en dépit de la qualification qu'on lui avait donnée; et il sentait que son rôle n'allait être suspendu que pour peu de temps. Dans la prévision d'une rupture prochaine, il était parvenu à engager adroitement les états de Hollande et de Zéelande à refuser leur adhésion aux termes de l'Édit, tandis que les provinces de Frise et de Groningue n'y accédèrent pas davantage, bien qu'après quelques difficultés, elles eussent été amenées à consentir conditionnellement à l'Union de Bruxelles.

Les affaires se précipitèrent avec plus de rapidité que le prince d'Orange ne l'avait calculé. Dès le séjour de don Juan à Louvain, de petites causes de mécontentement étaient nées dans l'esprit de quelques seigneurs, le nouveau gouverneur général n'ayant pas voulu se résoudre à composer sa maison exclusivement de Belges. Bientôt des bruits d'une gravité extrême furent mis en circulation contre don Juan. On disait que les troupes étrangères, au lieu d'avoir repris le chemin de l'Italie, se tenaient cachées, par son ordre, dans les fo

rêts du Luxembourg, de la Lorraine et des environs; que d'autres, parties pour la Bourgogne, étaient entrées au service de la Ligue en France, prêtes à revenir au premier signal; enfin, qu'une partie était restée dans les provinces mêmes, sous le prétexte d'attendre le payement de leur solde. La défiance contre l'Espagne était si grande, que les bruits les plus absurdes et les plus incroyables étaient sûrs d'être accueillis et de s'accréditer. Aussi don Juan ne tarda-t-il pas à se trouver dans la plus fausse des positions, entouré qu'il était de toutes parts de gens sur l'appui desquels il ne pouvait compter pour l'accomplissement de l'œuvre de pacification qu'il avait entreprise. Bientôt il ne se crut plus lui-même en sûreté au milieu de ces populations, sourdement travaillées d'inquiétudes et de soupçons de tout genre. Chaque jour il lui parvenait de sinistres avis et des menaces anonymes, qui le troublaient d'autant plus qu'il n'avait ni une place forte, ni une retraite où se mettre à l'abri, en cas de danger. Il chercha donc à s'assurer d'une forteresse d'où il pût faire respecter son autorité. Une circonstance inattendue lui fournit

bientôt l'occasion d'exécuter ce projet. Au mois de juillet 1577, la reine Marguerite de Navarre, sœur du roi de France, se rendait aux eaux de Spa, en passant par Namur. complimenter cette princesse, se Don Juan, sous le prétexte d'aller transporta dans cette ville avec sa cour, et une suite de quelques gentilshommes. Le château de Namur était commandé, au nom des états, par le fils du comte de Berlaimont. Don Juan manifesta le désir de voir cette citadelle fameuse. Ils lui firent grande politesse, et le prièrent d'entrer. Le prince, y ayant pénétré avec toute sa suite, se mit d'abord à examiner tous les ouvrages; et, s'étant assuré de la faiblesse de la garnison, déclara

qu'il retenait le château au nom du roi, et qu'il était résolu à y fixer sa résidence, comme gouverneur général des Pays-Bas. Il avait réussi.

A peine cet événement (car c'était un véritable événement) fut-il connu, qu'il s'opéra un mouvement extraordinaire dans tout le pays. On cria à la trahison; on disait que la reine de Navarre avait trempé dans le complot, et que même, dans la prévision d'un échec, elle avait, à force d'argent, ménagé au prince l'entrée de quelques places fortes sur les confins de la France, dans le Hainaut et dans l'Artois. On ajoutait qu'il avait dépensé à ces intrigues des sommes importantes. Enfin, les provinces furent inondées d'un déluge d'écrits, tous remplis de reproches et de récriminations.

Don Juan s'adressa d'abord aux états de Namur. Ils répondirent. Ce ne fut de part et d'autre que plaintes et querelles. L'émotion et la rumeur étaient devenues plus vives que jamais. Des apologies et des manifestes furent le prélude de la nouvelle guerre qui allait éclater. Bientôt des motifs plus sérieux de mécontentement vinrent se joindre à ceux que l'on avait déjà. On apprit qu'un corps d'Espagnols était en marche vers la Belgique, et venait d'arriver à Mézières. On ajoutait que la corruption avait été essayée sur les commandants des châteaux d'Anvers et de Termonde, et que ces capitaines auraient livré leurs forteresses à don Juan, si l'on n'avait prévenu à temps cette trahison. L'alarme répandue ainsi dans le pays, l'irritation fut bientôt à son comble. Les villes se tenaient soigneusement fermées; on levait de l'argent et des troupes partout; on ne parlait que de trahisons et de parjure; on reprochait aux Espagnols leur mauvaise foi et la rupture de la paix; enfin, on déclara don Juan agresseur, ennemi du roi et de la patrie, et il fut résolu qu'on lui ferait la guerre.

Déjà les états des provinces avaient envoyé leurs députés au prince d'Orange pour l'inviter à venir à Bruxelles, afin de concerter avec lui les moyens de remettre le pays en paix et en liberté. Il se rendit à cet appel, et débarqua, le 18 septembre 1577, à

BELGIQUE ET HOLLANDE.

Anvers, où une députation considérable des états généraux vint le recevoir. Cinq jours après, il entra à Bruxelles comme un triomphateur, au milieu des acclamations et de l'enthousiasme du peuple. Le 22 octobre, les états de Brabant lui conférèrent la dignité de ruwaert de leur province.

Dès le mois d'août, les états généraux avaient résolu de démolir les châteaux de Gand et d'Anvers du côté de ces villes; et les bourgeois, hommes, femmes et enfants, y avaient prêté la main avec une joie presque frénétique. Les habitants d'Utrecht, de Lille et de Valenciennes imitèrent cet exemple. On réussit par ruse à faire sortir de Bréda le commandant de cette forteresse. Bref, en payant la solde de toutes ces garnisons, on parvint à délivrer le pays de ce qu'il y avait encore de troupes étrangères, des Wallons.

Bientôt il ne resta plus à don Juan que les provinces de Namur et de Luxembourg. Son autorité était perdue partout ailleurs, tandis que celle des états était devenue plus forte que jamais. Il lui eût même été impossible de se maintenir dans les deux provinces qui lui étaient restées fidèles, si la noblesse brabançonne avait été d'accord avec le prince d'Orange; mais elle connaissait trop bien le Taciturne, pour ne pas se défier de lui autant que des Espagnols eux-mêmes. Elle s'était surtout grandement émue de la réception qui lui avait été faite à Anvers, de son entrée triomphale à Bruxelles, et du titre de ruwaert qu'il venait d'obtenir : elle craignait qu'il ne visât à se poser dans les provinces méridionales en quasi-dictateur, comme il l'avait fait en Hollande et en Zéelande. Aussi bientôt il se forma parmi elles un parti, à la tête duquel se trouvait le duc d'Arschot, dans le but d'élever au pouvoir un prince qui, appartenant à l'Église romaine et sorti du sang même des Habsbourg, pût donner à la position qu'on lui préparait une apparence de légitimité: c'était l'archiduc Mathias d'Autriche, frère de

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l'empereur Rodolphe II et neveu du roi Philippe. On avait hésité d'abord entre la reine d'Angleterre, l'archiduc Mathias, le duc d'Alençon, et le prince palatin Jean-Casimir, fils de l'électeur: Mathias l'emporta. Ungentilhomme flamand fut chargé d'aller à Vienne négocier l'acceptation de ce prince, qui consentit sans peine à accéder à l'invitation des états des PaysBas, et s'enfuit secrètement et en petite compagnie du territoire de l'Em, pire, Rodolphe n'ayant pu, par égard pour la cour d'Espagne, lui permettre de se rendre dans le Brabant. Avant la fin du mois d'octobre, l'archiduc se trouvait déjà à Lierre.

Le prince d'Orange, pour qui la mesuré adoptée par une partie de la noblesse brabançonne n'était pas restée un mystère, ne vit pour lui, dans le choix de Mathias, qu'une source de nouveaux avantages. Lui, en effet, qui était parvenu à renverser la puissance de Philippe II et du duc d'Albe dans les Pays-Bas, il devait avoir bon marché de ce jeune et pauvre archiduc, que son propre frère, l'empereur, avait été forcé de désavouer, pour prévenir une rupture avec la cour de Madrid. Puis encore, il prévoyait bien qu'en élevant ce prince au gouvernement général du pays, on établirait une certaine mésintelligence entre l'Autriche et l'Espagne, et qu'il serait facile de faire retomber sur cet enfant toutes les fautes que l'on commettrait. Sur ainsi de ne rien perdre de son influence tout en mettant mieux sa responsabilité à couvert, le prince d'Orange accepta l'archiduc; mais il eut soin de s'emparer des négociations relatives aux conditions sous lesquelles Mathias serait investi du pouvoir suprême dans les provinces. On tomba bientôt d'accord, et les articles furent signés. Il y en avait plus de trente, mais tous pouvaient se réduire à deux principaux, savoir que le prince d'Orange serait le lieutenant de l'archiduc en tout et partout, et que celui-ci ne pourrait exercer aucune autorité, pas même sur ses propres gardes, dans l'ar

mée, dans le gouvernement politique, ni dans les finances, sans l'avis du conseil d'État, et sans le consentement des états généraux des provinces. Cet acte présente une autre particularité remarquable: c'est que l'on n'y écarta pas encore entièrement le nom du roi, bien qu'on y attribuât à Mathias un pouvoir entièrement souverain dans les Pays-Bas, sous le titre de simple gouverneur général.

Le 18 janvier 1578, l'archiduc fit son entrée à Bruxelles; et, deux jours après, il jura solennellement le maintien des articles convenus. Pendant le cours de ces négociations, le prince d'Orange était parvenu à faire renouyeler l'Union par les états généraux, et à y introduire une stipulation par laquelle les catholiques et les protestants se promettaient une tolérance mutuelle, et s'engageaient à mettre leurs forces en commun, pour secouer le joug de l'ennemi commun des pro

vinces.

Sur ces entrefaits, un événement d'une extrême gravité était accompli à Gand. Deux seigneurs, animés d'un vif esprit d'indépendance, les sires de Ryhove et d'Hembise, s'étaient mis à la tête du peuple gantois, et le berçaient de l'espoir d'obtenir le rétablissement de tous ses anciens priviléges, même de ceux dont Charles-Quint l'avait dépouillé en 1540. Ils étaient parvenus à répandre ainsi l'excitation dans cette ville, déjà si prompte aux troubles et aux émotions, quand le duc d'Arschot, investi par les états généraux du gouvernement de la Flandre, y arriva le 23 octobre 1577, avec vingt trois compagnies de fantassins et trois cents cavaliers. Accueilli avec un grand enthousiasme par la population gantoise, il lui promit, pour se rendre agréable, la restitution des priviléges si instamment réclamés; mais il reconnut bientôt qu'il avait été trop loin dans ses promesses; et cependant il ne pouvait reculer sans blesser profondément ces inflammables bourgeois flamands, et sans s'exposer aux plus grands périls. Comme il hésitait, il fut abordé un jour, dans la rue, par Hem

bise et sa faction, qui le sommèrent de rétablir les priviléges de la cité. Il chercha d'abord à se retrancher dernière quelque faux-fuyant; mais, serré de trop prés:

- On fermera bien la bouche à ces mutins en leur passant un collier de chanvre au cou, dit-il, quand même ils seraient soutenus par le prince d'Orange.

Ces paroles se répétèrent de rue en rue. Partout on courut aux armes, et bientôt la ville se trouva divisée en deux camps, dont l'un était pour, l'autre contre le duc d'Arschot. Cependant, grâée à l'intervention du magistrat, ce tumulte ne tarda pas à s'apaiser un peu, quand malheureusement le sire de Ryhove, qui avait été à Anvers proposer au prince d'Orange de s'emparer du duc, revint à Gand avec huit hommes de guerre qui l'accompagnaient. A peine eut-il appris ce qui venait de se passer, qu'il cria aux armes, se rendit maître du palais des comtes et de toute l'artillerie, et fit prisonniers le duc d'Arschot et huit de ses gentilshommes. Il mit la main sur les caisses publiques, fit tendre les chaînes dans les rues, et fermer les portes de la ville; tandis qu'Hembise rétablit les anciens priviléges et organisa une espèce de république, à la tête de laquelle il plaça dix-huit assistants ou notables, tirés des différents quartiers de la commune.

Guillaume le Taciturne, après avoir d'abord refusé de prendre ouvertement part à cette affaire, comme le seigneur de Ryhove l'en avait prié, résolut tout à coup de tirer parti de ces circonstances nouvelles il s'entremit pour obtenir la liberté du duc d'Arschot, espérant s'attacher ce seigneur, dans lequel il avait toujours eu un ennemi décidé. Ces démarches eurent pour résultat de faire élargir le duc, mais seulement lorsque Mathias se trouvait déjà entièrement au pouvoir du prince d'Orange.

Pendant ce temps, les événements avaient marché avec une rapidité extraordinaire. Le 7 décembre, don Juan avait été déclaré, par les états gé

néraux, ennemi de la patrie; et, dès le mois suivant, l'archiduc Mathias leur ayant prêté serment, la guerre commença.

Au moment où les hostilités éclatèrent, don Juan n'avait qu'une armée très-peu considérable. Elle était composée surtout d'Allemands qu'il avait pris à sa solde. Cependant il n'avait rien négligé pour se préparer à une lutte énergique : il avait rappelé une partie des Espagnols qu'il avait fait partir pour l'Italie, et des soudards qui, après avoir été renvoyés des PaysBas, s'étaient mis au service de la Ligue en France. Toutes ces troupes lui arrivèrent peu à peu; et quand, au mois de janvier 1578, l'armée des états, forte d'environ vingt mille hommes, vint prendre position sur le territoire de Namur, don Juan comptait un nombre égal de combat

tants.

Le 25 janvier, don Juan envoya une déclaration de guerre en forme aux états, qui donnèrent à leurs capitaines l'ordre de marcher sur Namur. Les deux armées se rencontrèrent à Gembloux le 31 janvier, et un combat sanglant s'engagea. Les troupes confédérées essuyèrent une horrible défaite, et laissèrent sur le champ debataille tous leurs canons, leurs enseignes, leurs bagages, un grand nombre de tués et de prisonniers. Cette déroute répandit la consternation dans le pays. L'épouvante était si grande, que l'archiduc Mathias, les états généraux et le conseil d'État s'enfuirent de Bruxelles à Anvers. Et cette peur n'était rien moins que fondée : car, outre Gembloux, Tirlemont, Bouvignes, Sichem, Diest, Jodoigne, Nivelles, et plusieurs autres places fortes du Brabant et du Hainaut, tombèrent au pouvoir des Espagnols, qui, heureusement pour les états, ne purent poursuivre leur victoire, et furent forcés de rentrer à Bruxelles, surtout à cause du manque d'argent.

Mais les provinces du nord trouvèrent en quelque sorte une compensation à cette perte dans la reddition de la dernière ville que les Espa

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