Page images
PDF
EPUB

garnison allemande un des capitaines. du prince de Parme, était cernée par le comte de Lalaing, et vivement pressée. Le comte de Berlaimont allait marcher au secours de cette place, quand on apprit tout à coup que les confédérés s'étaient empares du passage du Rhin. Farnèse résolut alors de se diriger lui-même vers ce point; car il sentait la nécessité de maintenir dans l'obéissance la princi pale forteresse de l'Over-Yssel, qui pouvait lui être d'un si grand secours dans les entreprises qu'il méditait de faire dans la Frise d'un côté, dans la Gueldre de l'autre.

Il se mit donc en route, et marcha droit vers Limbourg. Mais à peine y fut-il arrivé, qu'il reçut la nouvelle que Deventer s'était rendu aux confédérés. Alors il prit le parti de mettre le siége devant la place de Maestricht, pendant que ses lieutenants remportaient partout des avantages. Mondragon parcourait en vainqueur la Gueldre, battant les confédérés, et enlevant les villes et les châteaux forts; et le marquis de Berg se multipliait sur tous les points du territoire qui s'étend entre Maestricht et Louvain.

Farnèse se tourna brusquement vers la Gueldre. Il passa, par une mancuvre rapide, la Meuse au-dessus de Ruremonde, et assit son camp près de Weert, avant que les confédérés eussent eu le temps de se reconnaître. Dès ce moment l'entrée du Brabant lui était ouverte, et il se trouvait à la tête de vingt-cinq mille fantassins et de huit mille hommes de cavalerie, outre les troupes placées sous les ordres de Mondragon et du marquis de Berg. La place de Weert fut emportée. Quelques sanglantes escarmouches eurent lieu près d'Eyndhoven et de Turnhout, à la suite desquelles une partie de la cavalerie des confédérés, composée d'Allemands et commandée par le duc Maurice de Saxe, en l'absence du prince Casimir, demanda à composer, et se retira en Allemagne. L'armée des états ainsi affaiblie, le prince de Parme releva encore ses affaires, en allant attaquer

le prince d'Orange sous les murs mêmes d'Anvers, dont il brûla les faubourgs.

Ces succès décidèrent enfin les provinces wallonnes à rentrer sous l'obéissance du roi. Cinq mille hommes, appartenant à cette partie des PaysBas, quittèrent l'armée du prince d'Orange, rentrèrent dans l'Artois, et en chassèrent les partisans que les états y avaient conservés. Ce fut un coup terrible pour ces derniers. Aussi rien ne fut négligé pour ramener les Wallons. Le Taciturne commença, de son côté, à négocier avec eux, tandis que le prince de Parme mit tout en œuvre pour les attirer à lui. Ainsi doublement sollicités, ils déclarèrent à Farnèse que rien ne leur tenait à cœur autant que la religion de leurs pères et le service du roi, mais qu'ils ne voulaient rien avoir de commun avec les Espagnols; et qu'ils ne se joindraient à lui qu'à la condition expresse qu'il ferait sortir des Pays-Bas les troupes étrangères.

Le prince de Parme dissimula ď’abord, et ne repoussa pas formellement ces prétentions. Cependant le prince d'Orange, tout en employant mille manœuvres secrètes auprès des chefs des Malcontents, agissait avec énergie auprès de l'empereur Rodolphe, accepté pour arbitre par le roi Philippe dans les affaires des Pays-Bas, et deman dait qu'on ne traitât que dans la ville de Cologne, d'accord en cela avec les Malcontents.

Enfin, après de grandes difficultés de part et d'autre, un accommodement fut conclu entre les Wallons et le prince de Parme. Ils s'engageaient à maintenir la religion catholique et romaine, et l'obéissance au roi; à observer le traité de Gand, l'Union, et l'Édit perpétuel; à concourir, après leur admission dans l'armée du roi, à la défense de toutes ces choses; à donner au roi les villes de Menin, de Cassel, et les autres places environnantes, à condition que leurs provinces seraient délivrées de la milice étrangère. Ceux d'Artois et de Hainaut avaient d'abord signé cet accord. Leur

exemple entraîna la Flandre gallicane, excepté Tournai et le Tournaisis.

Les troubles dont la ville d'Anvers fut bientôt après le théâtre contribuèrent grandement à consolider cet arrangement nouveau, connu sous le nom de traité d'Arras, et signé par le prince de Parme le 28 juin 1579. Un autre événement n'y concourut pas moins efficacement : ce fut la prise de Maestricht. Farnèse, profitant des préoccupations auxquelles se livraient les confédérés pendant que toutes ces affaires se négociaient, s'était brusquement porté avec son armée devant cette place, qu'il investit de toutes parts. Le Taciturne avait eu soin de confier le commandement de cette ville au célèbre ingénieur français Sébastien Tapin, qui la munit avec tant d'art et de célérité, qu'il la rendit presque inexpugnable. Le prince de Parme ne s'en laissa pas déconcerter. Il commença par jeter deux ponts de bateaux sur la Meuse, en amont et en aval de la forteresse, afin d'établir des communications entre les corps qu'il avait postés sur les deux rives du fleuve. Puis il dressa de formidables batteries, et se mit à foudroyer les remparts. La brèche ouverte, il commanda l'assaut; mais il échoua deux fois, et fut forcé de rentrer dans ses retranchements, après le combat le plus meurtrier. Ce siége terrible avait duré près de quatre mois, et une disette de vivres et de munitions commençait à se faire sentir parmi les assiégés, qui d'ailleurs avaient perdu, dans des attaques multipliées, la plus grande partie de leurs soldats. Cet état de détresse et de misère ne pouvait durer. Farnèse, qui en était instruit, fit proposer à la ville une capitulation honorable; mais elle préféra s'ensevelir sous ses propres ruines. Le siége fut donc poussé avec une nouvelle vigueur; mais il n'avançait que lentement, car le terrain était disputé pied à pied, et les Espagnols n'en gagnaient un pouce qu'au prix d'un combat acharné. Les Tongues fatigues de cette défense, autant que l'accablante chaleur de l'été, eurent bientôt tellement épuisé la gar

nison, que les retranchements ne se gardaient plus qu'avec un relâchement extrême, et seulement par quelques sentinelles endormies à demi. Une nuit, un Espagnol s'approcha des remparts, se glissa par une brèche, trouva le poste livre au sommeil, et vint sur-le-champ en donner avis au prince de Parme. Les ordres furent donnés aussitôt, et à la pointe du jour l'armée avait pénétré dans la ville. Le carnage fut horrible; il dura trois jours, et un grand nombre d'habitants périrent sous l'épée des Espagnols et dans les eaux de la Meuse.

La perte de ce boulevard, qui rendait Farnèse maître du cours de la Meuse, porta un coup terrible aux états. Elle rattacha en même temps à la cause de l'Espagne la plus grande partie des Wallons, qui n'appartenaient pas aux Malcontents. Malines même se remit sous l'obéissance du prince de Parme.

Les états avaient mis tout en œuvre pour empêcher la chute de Maestricht. Ils avaient envoyé le comte Jean de Nassau avec un corps d'armée, pour essayer de dégager cette place; mais, dans l'impossibilité de rien entreprendre, ces troupes avaient été forcées de se retirer, sans avoir même tenté de forcer les retranchements espagnols. De son côté le prince d'Orange, ne voyant aucun moyen de secourir la ville, avait vainement fait proposer une suspension d'hostilités au représentant du roi, à l'assemblée qui se tenait à Cologne pour la pacification des Pays-Bas. Mais rien n'avait pu arrêter la chute de cette forteresse si importante.

Le Taciturne attribuait surtout cette perte au trouble que la république gantoise avait jeté dans les affaires du parti des états. On avait espéré que la Paix de religion, enfin acceptée par les Gantois, aurait ramené le calme et la concorde en cette ville; mais cet espoir fut déçu; car, sous le prétexte que les états n'avaient pas rempli l'engagement qu'ils avaient pris de soutenir les Gantois contre les Malcontents, cette ville s'était déclarée entièrement indépendante; et le parti qui

y dominait, toujours sous les ordres d'Hembise et de Ryhove, se livrait aux emportements de la tyrannie la plus affreuse, sans s'inquiéter en aucune manière de la paix. La reine Élisabeth, qui, grâce au prince palatin, les avait en quelque sorte pris sous sa protection, leur avait, il est vrai, écrit dès l'année précédente les lettres les plus pressantes, pour les ramener à la modération. Elle avait même ordonné à son chargé d'affaires auprès des états généraux de se rendre de Bruxelles à Gand, pour joindre à ces remontrances écrites ses remontrances verbales. Mais toutes ces démarches avaient été sans résultat. Elles furent même suivies d'excès plus graves et plus odieux. Le désordre allait augmentant chaque jour. Les mutins faisaient à chaque moment des courses furieuses dans la province, brûlaient les châteaux, ravageaient les biens, et exilaient les citoyens qui avaient le malheur de leur déplaire.

Les choses se trouvant à cette déplorable extrémité, le prince d'Orange résolut d'y mettre un terme. 11 écrivit d'abord au magistrat de Gand, s'offrant à pacifier cette ville, sauf à prendre des mesures énergiques, si sa voix n'était pas écoutée. Hembise se croyait perdu, si le prince venait dans la ville aussi fit-il tous ses efforts pour empêcher que le Taciturne y fit admis. Il alla même jusqu'à distribuer un écrit dans lequel il développait les motifs qui s'opposaient à ce qu'on reçût le prince. Une des principales raisons était que celui-ci, entièrement dévoué à la France, n'avait tiré les Flamands du joug des Espagnols que pour les placer sous celui des Français. Du matin au soir, assisté de son confident le ministre protestant Dathenus, il haranguait le peuple. Mais ses desseins secrets ne tardèrent pas à se trahir par ces manœuvres mêmes. En vantant ses services passés, il déclara qu'ayant étudié la constitution de toutes les républiques anciennes et modernes, son plan était de faire de Gand une autre Genève, mais beaucoup plus formidable; que la cité flamande,

avec ses solides fortifications et sa population guerrière, serait à l'abri de toute insulte, et qu'il y amènerait le commerce le plus florissant de l'Europe. Cependant il eut beau faire: il ne put empêcher que la résolution d'inviter le prince d'Orange à venir à Gand fût adoptée; que le jour de son entrée fût fixé; et que même les préparatifs nécessaires pour sa réception fussent ordonnés.

Hembise fut saisi d'effroi en voyant le brusque changement qui venait de s'opérer dans les esprits; et il songea à se sauver par la fuite, età suivre dans le Palatinat son ami Dathenus. Déjå il se trouvait à quelque distance de la ville, quand il fut arrêté par un de ses propres compagnons, et raméné à Gand, où il n'osa se montrer aussi longtemps que le prince y fut, bien qu'il continuât d'exciter sous main des tumultes qui n'aboutirent à rien. En effet, le Taciturne, qui était entré à Gand le 18 août, y rétablit complétement l'ordre ; il ramena aussi la tranquillité à Bruges, et bientôt toute la Flandre flamande se trouva pacifiée.

Pendant que ces événements se passaient en 1579, le congrès ouvert à Cologne par les soins de l'empereur Rodolphe, pour chercher les moyens de rendre le repos aux provinces des Pays-Bas, n'avait pas un moment interrompu ses travaux. Outre les représentants du pape et les princes de l'Empire qui assistaient à cette assemblée, le roi Philippe II et les états y avaient leurs députés. Mais les prétentions qu'on éleva de part et d'autre étaient si impossibles à concilier, qu'on se sépara après neuf mois de négociations infructueuses. Le duc d'Arschot, qui y avait pris part comme plénipotentiaire de l'archiduc Mathias et des états, conclut seul un accord particulier, et rentra dans l'obéissance du rói.

Ces pourparlers, s'ils ne produisirent pas le résultat qu'on en attendait, eurent cependant une conséquence fort importante: c'est que, depuis ce mòment, les états et le prince d'Orange se

dépouillèrent entièrement du masque politique dont ils n'avaient cessé de se couvrir jusqu'alors, en prétendant qu'ils n'agissaient qu'au nom et dans l'intérêt du roi Philippe, tandis qu'ils ne négligeaient rien pour expulser des Pays-Bas le dernier de ses fidèles serviteurs. Cependant, comme on n'en était pas encore venu à l'idée d'établir une république sans un chef souverain, et que le prince d'Orange n'était pas tellement placé au-dessus des autres grands seigneurs du pays qu'il exclût forcément toute rivalité, et fût le seul chef possible à donner aux provinces révoltées, il ne restait qu'à s'adresser à un prince étranger. Le parti le plus naturel à prendre en ce moment eût été d'offrir la souveraineté à la reine Élisabeth, ou à quelque prince voisin, qui professât le protestantisme. A la vérité, ni l'un ni l'autre de ces projets ne s'accordait avec l'ambition du prince d'Orange, qui eût nécessairement dû s'employer à affermir la puissance du souverain élu; et ceci ne s'accordait guère avec ses intérêts. Il s'appliqua donc à faire valoir les avantages d'une union avec la France, et revint à l'idée de placer à la tête des provinces le duc d'Alençon, qui avait déjà été une fois appelé au titre de défenseur des libertés des Pays-Bas; car il avait la conviction que ce choix était incapable de rien fonder de stable pour l'avenir. Ce projet amena naturellement quelques rêveurs politiques à songer à un mariage entre le duc et la reine Élisabeth. Tout en abondant en apparence dans le sens de cette combinaison, le Taciturne devait trop bien connaître et apprécier les circonstances, pour ne pas juger cette alliance impossible. Quoi qu'il en soit, au mois de mai 1580, on commença à négocier, dans le but de faire accepter la souveraineté des Pays-Bas par le duc d'Alençon. Ce prince ne pouvait porter aucun ombrage à Guillaume d'Orange, qui le dominait de toute la hauteur de son intelligence. Du reste, esprit fort ordinaire, et appartenant à la famille de France, si ardemment catho

lique, il devait nécessairement avoir tous les désavantages possibles dans une lutte d'ambition que le Taciturne reprendrait, quand le moment opportun serait venu.

Pendant ce temps, les états des provinces wallonnes, assemblés à Mons, ne cessaient de demander avec instance le renvoi des troupes étrangères, conformément au traité d'Arras. Le prince de Parme essaya vainement de les engager à se désister de cette prétention. Ils tinrent bon; et Farnèse, qui reçut, sur ces entrefaites, un ordre précis du roi de congédier ces troupes, se rendit à Namur, pour donner à la garnison de cette place l'ordre de sortir des Pays-Bas. Ce départ fut suivi de celui de toutes les troupes espagnoles, bourguignonnes et allemandes, qui se trouvaient répandues dans les provinces wallonnes. Farnèse ne garda auprès de lui qu'un petit corps d'Italiens, autour desquels il s'appliqua à grouper une armée levée dans le pays même.

Tandis que le prince de Parme s'occupait ainsi de réunir les forces nécessaires pour reprendre la campagne, il fut tout à coup attaqué par le fameux Lanoue, Breton, surnommé Bras de Fer, qui, après avoir rendu de grands services aux calvinistes en France, était entré au service des états. Quelques villes lui furent enlevées; Lille même faillit être surprise. Mais Farnèse se hâta d'envoyer contre Lanoue le marquis de Roubais, qui le battit et le fit prisonnier.

Cependant le roi, dans l'espoir que la duchesse de Parme, mère d'Alexandre Farnèse, laquelle, pendant son gouvernement, avait su se concilier l'affection des Belges, pourrait par sa présence ramener le calme dans les provinces, avait pris le parti de la renvoyer aux Pays-Bas avec le titre de gouvernante, laissant au prince son fils le commandement général des troupes. Mais, Farnèse ne voulant pas d'une autorité divisée, et Marguerite de Parme souffrant à regret un pouvoir partagé, Philippe s'était bientôt vu forcé de la rappeler, et de lais

ser au fils le gouvernement complet -des provinces.

Pendant ce temps le prince d'Orange avait mûri le projet auquel devait nécessairement aboutir la route où il était entré: c'était de s'affranchir ouvertement de la domination du roi. Jusqu'alors on n'avait cessé de ménager les apparences, et de se tenir dans une sorte d'attente armée. Mais le moment était venu de secouer entièrement le joug de l'Espagne. Une assemblée des états généraux avait été convoquée à Anvers au commencement de l'an 1580; la question de l'indépendance des provinces y avait été discutée, et résolue dans le sens du prince d'Orange. Dès lors les négociations avec François, duc d'Alençon, purent être poursuivies avec énergie. Aussi le furent-elles si bien, que, le 29 septembre, un traité fut signé par les commissaires du duc et les députés des Pays-Bas, à Plessis-lez-Tours, où les conférences s'étaient tenues. Cet acte, composé de vingt-sept articles, portait en substance que les états déclaraient élire pour leur souverain seigneur et prince François, duc d'Anjou et d'Alençon, frère unique du roi Très-Chrétien; mais il réglait avec tant de sévérité son administration, sa succession, la régence en cas de minorité pour ses descendants, et stipulait tant de réserves pour les priviléges, la pacification de Gand, l'union d'Utrecht, le consentement des états, etc., qu'au fond il n'inaugurait qu'un simulacre de souverain. Le duc cependant jura ce traité à Bordeaux, au mois de janvier de l'année suivante.

Tout était maintenant rompu avec l'Espagne. Mais depuis longtemps Philippe II savait si bien qu'on ne pouvait manquer d'en venir à cette extrémité, que, dès le mois de novembre 1579, il avait conçu l'idée de proscrire et de mettre au ban de ses états Guillaume d'Orange, comme coupable de trahison et de lèse-majesté. Le prince de Parme essaya d'abord de détourner son maître de cette idée. Mais enfin force lui fut de pu

blier, le 15 juin 1580, le fameux édit qui mettait le Taciturne hors la loi, comme perturbateur de l'État, comme ennemi du roi et du pays, et comme une peste publique; et qui déclarait tous les partisans et les adhérents du prince déchus de leur noblesse, de leurs honneurs et de leurs biens, s'ils n'abandonnaient son parti dans le délai du mois qui suivrait la publication de cet acte. Vingt-cinq mille écus et des lettres de noblesse étaient promis à celui qui livrerait le proscrit, mort ou vif. A cet écrit plein de fureur, Guillaume d'Orange répondit par une apologie non moins furibonde, dans laquelle, pour nous servir de l'expression de l'historien Van der Vynckt, il relança chaque épithète et chaque vice dont on l'accusait sur le roi Philippe, qu'il prit personnellement à partie, en mettant au jour les actions de toute sa vie, ses mariages, la mort de sa troisième femme, et de son fils don Carlos. Si la révolution n'eût été dans tous les esprits, si elle ne fût déjà presque devenue un fait, elle serait, à coup sûr, sortie de cet énergique manifeste, pour embraser le pays.

Le Taciturne présenta cette réponse aux états généraux réunis à Delft, le 13 décembre 1580, et les sollicita de la publier en leur nom, s'ils la trouvaient fondée en raison et en droit. Mais ils n'osèrent en prendre sur eux la responsabilité, à cause de la violence dont elle était empreinte. Le prince d'Orange prit donc la résolution de l'adresser, avec l'édit de proscription, à toutes les cours de l'Europe.

Le ban lancé contre le Taciturne avait imprimé une impulsion toute nouvelle aux événements. Aussi, dès le 30 décembre, les états généraux ratifièrent le traité conclu avec le duc d'Alençon, après avoir obtenu du roi de France la promesse de sa protection et de ses secours, que le duc leur avait assurés, au nom de ce monarque, aussitôt que les troubles qui agitaient depuis si longtemps le royaume seraient apaisés. Ces secours devaient consister en une armée de huit à dix mille hommes.

« PreviousContinue »