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Ce grand arrangement signé, les états recurent, le 1er mars 1581, l'archiduc Mathias, qui déposa entre leurs mains l'autorité factice dont il avait été revêtu pendant quatre années. Il avait été honorablement cité dans le traité conclu avec François d'Alençon; et, vers la fin du mois d'octobre, il reprit le chemin de l'Allemagne, pourvu de pensions considérables. Selon l'historien Strada, outre l'acte du Plessis-lez-Tours, le seigneur de SainteAldegonde avait, au nom du prince d'Orange, signé avec le duc d'Alençon un traité secret qui assurait au Taciturne la souveraineté de la Hollande, de la Zéelande et de la Frise. Quoi qu'il en soit, le 24 juillet le duc fut reconnu, par la noblesse et les villes, magistrat suprême, et chargé d'administrer le gouvernement des comtés de Hollande, de Zéelande, et de la seigneurie de Frise, avec le titre de stadhouder général. Non content d'avoir ainsi affermi son autorité, le prince d'Orange poussa vivement les états à sortir de l'indécision où ils étaient restés jusqu'alors, flottant entre une apparente obéissance et la révolte ouverte. Déjà, à plus d'une reprise, il avait essayé d'en venir là; mais le moment n'était pas arrivé. Enfin, le 28 mars 1581, l'assemblée des états de Hollande résolut unanimement de retrancher le nom du roi de tous les actes judiciaires, et d'administrer la justice au nom du prince d'Orange. Toutefois, la publication de cet acte fut différée jusqu'à ce que l'adhésion des autres provinces eût été obtenue. Mais l'exemple de la Hollande fut si bien suivi, que, le 26 juillet, les députés de l'Union presque tout entière abjurèrent solennellement la domination de Philippe II.

Dès ce moment, la position des provinces des Pays-Pas se trouvait nettement dessinée à l'égard de l'Espagne; le gant était définitivement jeté de part et d'autre.

En effet, le prince de Parme, voyant tout ce qui se passait autour de lui, d'un côté les mutineries qui commençaient à travailler ses garnisons, leur solde ne leur étant plus payée,

de l'autre côté la révolution qui, opérée déjà dans les provinces septentrionales du pays, s'étendait de plus en plus dans celles du midi, grâce à l'accord conclu avec le duc d'Alencon, résolut tout à coup de reprendre les hostilités avec énergie. Il marcha donc vers les frontières de France, par où devaient arriver les secours promis aux Flamands par le due, et il fit le siége de Cambrai. Son but était de s'emparer de cette place avant que le duc d'Alençon n'eût pu s'y jeter avec les Français qu'il devait amener. Mais, après l'avoir tenue bloquée pendant quelque temps et presque réduite par la famine, l'armée française s'avança aussitôt sous les ordres du duc, et força les Espagnols à la retraite. D'Alençon, maître de cette forteresse importante, qui lui assurait un solide appui, et placé à la tête d'une armée composée de l'élite de la noblesse française, eût été maître du terrain, s'il avait pu se rendre aux instances que ne cessaient de lui adresser les états généraux pour l'engager à pénétrer dans les Pays-Bas. Mais toute cette belle troupe qu'il avait sous ses ordres ne tarda pas à se dissiper entièrement. Les seigneurs qui l'accompagnaient, voyant le siége de Cambrai levé, se hâtèrent de rentrer en France, tandis que ses propres soldats, ne recevant point de solde, se débandèrent peu à peu; si bien qu'il ne lui resta plus qu'une poignée d'hommes, avec lesquels il lui était impossible de rien entreprendre. Il se retira donc au Câtelet, attendant l'occasion d'agir selon les circonstances qui s'offriraient.

Quand son ennemi se trouva ainsi réduit à une inactivité forcée, le prince de Parme rentra aussitôt en campagne, et se dirigea vers Tournai, dont les bourgeois s'étaient emparés de la petite place de Saint-Ghislain sur la Haine, d'où ils inquiétaient tour à tour Mons et Valenciennes. Farnèse reprit SaintGhislain d'abord, puis il investit la forteresse de Tournai. Cette ville, qui ne possédait qu'une garnison peu importante, parce que le prince d'Espinoy, qui en était gouverneur, avait conduit une grande partie de ses

hommes au prince d'Orange, n'était guère en état d'opposer une longue résistance. Toutefois elle suppléa au nombre par le courage, et soutint vaillamment les assauts multipliés que Farnèse Cirigeait contre elle. Les assiégés étaient commandés par la princesse d'Espinoy, qui brava héroïquement tous les efforts de l'ennemi, et obtint enfin, le 29 novembre, une capitulation honorable.

Pendant ce temps d'Alençon avait quitté le Câtelet, et s'était rendu en Angleterre, dans l'espoir de se faire accepter pour mari par la reine Élisabeth. Il réussit à avancer si bien l'affaire du mariage, que le bruit s'en répandit dans les Pays-Bas, et que le prince d'Orange en donna même connaissance aux villes, comme d'une chose définitivement conclue. Seulement il avait un rival qui ne négligea rien pour faire échouer ce projet : c'était le comte de Leycester, favori de la reine. Ce seigneur, en effet, parvint, à force d'intrigues et d'adresse, à faire écarter le duc, qui se détermina enfin à quitter Londres le 1er février 1582.

deux de Frise, et deux des Ommelandes de Groningue. Ce conseil fut investi de l'exercice du pouvoir souverain concurremment avec le duc; du soin de faire entrer les impôts consentis, et de les appliquer aux besoins du pays, et du droit de conférer tous les emplois publics, en s'entendant, à ce sujet, avec le prince. Toutefois il ne lui fut permis ni d'établir des taxes, ni de céder zucune partie du territoire, ni de conclure la paix ou la guerre, ni enfin d'exercer aucun pouvoir législatif, sans le consentement exprès des états. Du reste, il entrait dans ses attributions de conclure des alliances avec les puissances étrangères; et quant à la monnaie, il était obligé de s'entendre avec les différentes provinces. Afin de se trouver en position de mieux dépêcher les affaires pressantes, les membres de ce corps étaient tenus de séjourner en partie sur la rive droite, en partie sur la rive gauche de la Meuse. Enfin, le due possédait le droit de nommer les chefs militaires et ses propres officiers. Pour les états généraux, ils s'assemblaient deux fois par an, le 1' Dix jours après, il débarqua à Fles- avril et le 15 octobre, dans leurs lieux singue, où les princes d'Orange et d'Es- de réunion, sauf la faculté de tenir pinoy le recurent à la tête de la no- des assemblées plus fréquentes s'il en blesse. Le 22 du mois il fut inauguré à était besoin. Anvers, par le prince d'Orange et par les députés des états, duc de Brabant et de Lothier. Le 3 avril, il fut reconnu par les députés de Gueldre et de Zutphen; le 20 août, par ceux de Flandre; et, dès lors, il prit publiquement les titres de duc de Lothier, de Brabant, de Limbourg et de Gueldre, de comte de Hollande, de Zéelande, et de Zutphen, de marquis du Saint-Empire et de seigneur de Frise. Ces titres pompeux ne conféraient cependant au duc qu'une autorité extrêmement restreinte: car, de crainte qu'il ne pût enfreindre le traité conclu au Plessis-lez-Tours, on lui adjoignit un conseil général, composé de trente et un membres, dont quatre de Brabant, quatre de Gueldre et de Zutphen, cinq de Flandre, quatre de Hollande, trois de Zeelande, deux de Tournai et du Tournaisis, trois d'Utrecht, unde Malines, un d'Over-Yssel,

Le prince d'Orange avait eu soin, dès l'origine, de faire en sorte que la Hollande, la Zéelande et la province d'Utrecht fussent soustraites à l'influence du duc d'Alençon. Grâce à ses manœuvres, les deux premières de ces provinces avaient d'abord refusé de prêter le serment d'hommage au duc, et elles ne l'avaient donné plus tard qu'à des conditions qui le rendaient presque illusoire celle d'Utrecht, plus obstinée, s'y refusait toujours. Pendant tout le temps que la querre avait duré en Hollande, le Taciturne avait eu pour lui la noblesse, qui le regardait comme son chef; tandis qu'il avait mieux encore réussi à plier à sa volonté les villes, en faisant tout pour leur inspirer la conviction qu'il était l'homme indispensable au pays. Cependant Amsterdam et Haarlem lui avaient, pendant quelque temps, ma

nifesté une opposition assez vive; mais il finit par triompher aussi de cet obstacle. De cette manière, il était parvenu à se rendre maître des négociations entamées avec d'Alençon par la Hollande et la Zéelande. Aussi il eut soin de se faire délivrer des reversales par le duc, lorsque celui-ci eut pris possession de l'autorité dans les Pays-Bas. Il était stipulé, dans ces lettres, que, conformément au traité du Plessis, d'Alençon n'entendait pas comprendre, avec la généralité des provinces réunies, la Hollande, la Zéelande et Utrecht, ces trois dernières ne se trouvant assujetties à l'union générale que pour ce qui concernait la guerre, les monnaies, et les priviléges respectifs.

Durant ce temps, les hostilités se continuèrent avec des chances presque égales de part et d'autre, sans pouvoir amener une affaire décisive, les deux partis manquant d'argent pour presser la guerre avec l'énergie nécessaire. Le prince de Parme prit Audenaerde par capitulation, Lens par force, Lierre et le château de Gaesbeck par trahison, pendant que les troupes du duc d'Alençon emportaient Alost, et faisaient sur Namur une infructueuse tentative.

Mais si les Espagnols n'avançaient que fort peu par la guerre, en revanche ils avaient trouvé un puissant auxiliaire dans l'assassinat. L'édit de proscription lancé contre le prince d'Orange avait porté ses fruits, et les tentations offertes à la cupidité avaient amené le crime. Un marchand espagnol fixé à Anvers, et nommé Gaspar d'Anastro, poussa un de ses commis, Jean Jaureguy, à tuer le Taciturne. Le jeune fanatique choisit, pour l'exécution de son dessein, le jour où le prince donnait un grand diner dans son hôtel, à Anvers, et célébrait l'anniversaire du duc d'Alençon : c'était le 18 mars. Le Taciturne sortait précisément de table, quand il fut tout à coup abordé dans l'antichambre par Jaureguy, qui lui tira un coup de pistolet à la tête. La balle lui entra sous l'oreille gauche, passa par le pa

lais sous les dents supérieures, et sortit par la joue droite. Le jeune homme fut percé, à l'instant même, de coups d'épée et de hallebarde. Le prince ne tomba pas du coup; mais on l'emporta aussitôt sans connaissance. La blessure heureusement n'était pas mortelle.

Le bruit de cette tentative se progagea dans la ville avec la rapidité de l'éclair. Au premier instant, le peuple, attribuant ce crime aux Français, courut aux armes et se mit en devoir d'investir l'abbaye de Saint-Michel, où setrouvait d'Alençon: il était décidé à. mettre le feu au monastère, et à massacrer le duc avec toute sa suite française. Heureusement Maurice, fils du princed'Orange, prévint cette catastrophe, en assurant au peuple que le coup partait des Espagnols, et non des Français. La nouvelle de la mort du Taciturne se répandit bientôt dans l'Europe tout entière; car on croyait qu'avec lui toute cette formidable révolution des Pays-Bas devait tomber. Le prince de Parme lui-même, prenant ses espérances pour la réalité, crut à la perte de son adversaire, et adressa de Tournai aux principales villes, à Bruxelles, à Anvers, à Bruges, à Gand, à Ypres, des dépêches par lesquelles il cherchait à les ramener de son côté. Mais il obtint si peu de succès par cette démarche, que la plupart des provinces firent renouveler par leurs députés leur serment au duc d'Alençon.

Ce serment n'augmentait guère l'autorité factice dont le duc était revêtu, et dont il sentait chaque jour davantage le vide et l'inanité, grâce aux représentations que ne cessaient de lui adresser à ce sujet les seigneurs français qui composaient sa cour. Ils s'appliquaient à lui insinuer, chaque jour, qu'il ne possédait que le vain titre de souverain, et que le prince d'Orange en avait toute l'autorité. Ils finirent enfin par concerter entre eux les moyens de le tirer de cette espèce d'avilissement où il se trouvait réduit. Ils conclurent qu'il ne pourrait établir son pouvoir que par la force, et que,

pour y parvenir, il devait s'assurer d'Anvers et des principales villes de la Flandre. Ce fut Fervaque, favori du duc, ou, selon d'autres, Bodin, son maître des requêtes, qui se chargea de lui faire connaître les sentiments et les projets de ses officiers. Séduit par les avantages que le succès de cette entreprise ne pouvait manquer de lui procurer, d'Alençon se résolut à la tenter. Toutes les dispositions ayant été prises vers le milieu du mois de janvier 1583, la première explosion se fit à Dunkerque, dont les Français s'emparèrent. Les gens du duc furent aussitôt chassés d'Ostende et de Nieuport; mais ils parvinrent à s'établir dans plusieurs autres places flamandes. Il fallait se rendre maître de quelqu'une des villes du premier rang. Ils firent donc une tentative sur Bruges; mais ils échouèrent, grâce à la résolution du grand bailli. A Anvers, les desseins du duc ne restèrent pas si bien cachés qu'on ne sût partout que, le 16 janvier, les Français devaient essayer un coup de main sur cette ville. D'Alençon avait fait approcher de la place son armée, qui, fort nombreuse déjà, venait d'être renforcée d'un corps de quatre mille Suisses, qu'il avait récemment fait lever. Il en fit même loger un assez grand nombre dans la ville, près de son hôtel, sous prétexte que c'étaient des officiers de sa maison et des gens de sa suite. Cette mesure augmenta encore les soupçons, auxquels l'éveil était déjà donné. Aussi les bourgeois demandèrent que, ce soir-là, les chaînes des rues fussent tendues de meilleure heure que de coutume. Cette précaution força les Français de se tenir tranquilles cette nuit."

Le lendemain, le duc, prétextant qu'il allait sortir de la ville pour passer la revue de son armée, fit détacher les chaînes et ouvrir les barrières. Il envoya une partie de ses troupes à la Porte Rouge, et luimême se dirigea avec le reste de ses gens vers la porte de Kipdorp. Au moment où il eut atteint le second pontlevis, il montra de la main la ville à

BELGIQUE ET HOLLANDE.

Courage,

ses soldats, en leur criant : « mes enfants! Anvers est à vous! >> Trois cents chevaux détachés du campétaient venus à sa rencontre, et attendaient le signal convenu: il fut donné par Rochepot, l'un des seigneurs du duc, qui, faisant semblant de s'être cassé une jambe dans le désordre qui régnait sur le pont, cria au secours. L'attention se trouvant attirée de ce côté, d'Alençon s'avança avec une faible escorte vers le camp établi au faubourg de Borgerhout, pendant que le gros de ses gens pénétrait tumultueusement dans la place, et s'emparait de la porte et du corps de garde qui la surveillait. Maîtres de ce point, les Français coururent par le rempart surprendre et ouvrir une autre porte, par où de nouvelles troupes entrèrent. Cela fait, ils pointèrent les canons vers l'intérieur de la ville, et y descendirent eux-mêmes au nombre de trois mille, en criant : « Ville gagnée! vive la messe ! tue! tue! »> Le premier moment d'hésitation passé, après cette surprise inopinée, on commença à tendre les chaînes, et à tirer çà et là sur l'ennemi. En moins d'une heure l'alarme fut générale, et le combat engagé sur tous les points. Hommes, femmes, enfants, soldats et bourgeois, protestants et catholiques, se rallièrent dans une pensée commune de défense. De toutes les fenêtres, de tous les toits, pleuvaient des pierres, des meubles, des objets de toute nature, qui écrasaient les assaillants. Les gens d'Anvers étaient si animés, qu'à défaut de balles ils coulaient dans leurs mousquets les boutons de leurs vêtements, ou des pièces d'argent qu'ils pliaient entre leurs dents. Parvenus à reprendre les remparts, ils retournèrent leurs canons contre les Suisses qui s'avançaient vers la ville au secours de leurs compagnons; tandis que, par les fenêtres des maisons voisines de la porte de Kipdorp, un feu meurtrier accueillait les soldats qui cherchaient à pénétrer dans la place. Les cadavres amoncelés sur ce point eurent bientôt entièrement obstrué le passage. En vain les vivants cherchaient à gravir ce monceau de morts: de sorte que

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le carnage devint de plus en plus horrible. Une partie des Français s'étaient jetés du haut des remparts, et luttaient pour traverser le fossé à la nage, mais sans atteindre le bord opposé; car une pluie de balles les frappait sans pitié. Le duc, qui arrivait enfin de Borgerhout avec son armée, croyant qu'Anvers était à lui, fut force de rebrousser chemin et de prendre la fuite. Dans cette retraite désordonnée, une partie des siens se noyèrent dans les eaux des fossés, pendant que le reste de ceux qui se trouvaient engagés dans la ville achevaient de périr.

Selon les historiens contemporains il arriva, par un singulier hasard, que le nombre des Français qui tombèrent dans cette échauffourée s'éleva à quinze cents hommes, et celui des Anversois à quatre-vingt-trois; chiffre qui compose exactement le nombre de l'année où arriva ce déplorable événement, c'est-à-dire 1583.

La mauvaise issue de cette entreprise insensée dut nécessairement ruiner tout à fait le duc d'Alençon aux yeux des Flamands, et relever en même temps les espérances du prince de Parme, qui, malgré tout son courage et toute son activité, se trouvait dans la plus grande détresse, par manque d'argent et de toute autre ressource. Le Taciturne avait très-bien su d'avance que la position qu'on avait faite à d'Alençon n'était guère tenable, mais aussi que les efforts que ce prince pourrait mettre en œuvre pour en sortir devaient achever de le perdre. Cependant il chercha à s'entremettre en faveur du duc auprès des états généraux; car il sentait qu'en le maintenant dans une apparente autorité, il conserverait en lui un instrument aussi utile à ses projets que l'archiduc Mathias l'avait été. Seulement il faisait ainsi deux calculs également faux : d'abord, il tenait mal compte de l'animosité que d'Alençon et ses Français avaient excitée contre eux dans les provinces méridionales; ensuite il ne comprenait pas assez qu'il n'é

tait guère lui-même l'homme de cette partie des Pays-Bas, et que, par la démarche qu'il tentait, il ne faisait que les éloigner davantage encore de lui, à moins qu'on ne voulût admettre que, possédant déjà la conviction que ces provinces n'étaient point disposées à se maintenir dans la voie de l'insurrection, il eût l'intention de les traiter avec peu de façon, n'ayant rien à risquer, et pouvant s'attendre à la chance de gagner quelque chose.

De son côté, le prince de Parme sut mieux tirer parti des circonstances, pendant que le duc d'Alençon, se livrant à des entreprises aussi folles, s'était enfermé dans Termonde, après avoir échoué à Anvers. Il avait fait investir par le comte de Mansfeld la ville d'Eyndhoven, qui capitula le 23 avril 1583. Les places de Dalhem, Sichem et Westerloo tombèrent successivement en son pouvoir Ayant remporté ces avantages, Farnèse aspira à des succès plus signalés. Il divisa son armée en deux corps; il envoya l'un bloquer Dunkerque, où le duc d'Alençon s'était enfin retiré, et il fit manœuvrer l'autre dans la Campine, pour chercher à atteindre le maréchal de Biron, qui y tenait la campagne avec un gros de troupes françaises. Lui-même alla se placer à la tête de cette armée, et s'avança vers la place de Steenbergen, près de laquelle il rencontra dans les dunes le maréchal, qu'il battit à outrance. Ce succès fut suivi de la chute de Hoogstraeten, dont les Espagnols se rendirent maî

tres.

Vainqueur de ce côté, Farnèse se porta lui-même sous les murs de Dunkerque, d'où le duc d'Alençon s'était échappé par mer, pour s'enfuir à Calais. Dunkerque se rendit le 16 juillet. Nieuport et Furnes tombèrent, bientôt après, au pouvoir du prince de Parme Ostende fut reconquis de même; Bergues fut repris par trahison. Le siége d'Ypres traîna plus longtemps; cette ville ne capitula qu'au mois d'avril 1584. En revanche, avant la fin d'octobre 1583, le Sas de Gand tomba au pouvoir des Espagnols, que le bailli du

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