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Maurice avait habilement mis à profit les inquiétudes que le choix de l'archiduc Ernest avait inspirées aux états, pour faire augmenter considérablement les subsides destinés à pousser la guerre. Dès le mois de février, il tenta de s'emparer par surprise de la ville de Bois-le-Duc, ensuite de la forteresse de Maestricht. Mais ces deux entreprises échouèrent. Irrité de n'avoir réussi ni dans l'une ni dans l'autre, il se transporta tout à coup en Frise, se joignit à son frère GuillaumeLouis, dégagea la ville de Koeverden, et parut le 22 mai devant Groningue, pour investir cette place. Ernest ne fit rien pour faire lever ce siége; et, à la vérité, il ne lui était guère possible de rien entreprendre, à cause des rébellions auxquelles se livraient à tout moment les troupes espagnoles, qu'on ne payait plus. Aussi Groningue ne tarda pas à tomber. Cette forteresse capitula le 22 juillet, et s'attacha à l'union d'Utrecht.

Les embarras de l'archiduc croissaient de jour en jour, et la guerre avait épuisé les dernières ressources des Pays-Bas espagnols. Il lui vint donc à l'idée d'offrir des conditions de paix aux états confédérés, et il leur écrivit, le 6 mai, des lettres à cet effet. Mais les états, dont la fortune favorisait si puissamment les armes, répondirent, avec la juste fierté que leur donnait la victoire, et dans la défiance de sa sincérité, qu'ils aimaient mieux se confier dans la Providence que dans des ennemis aussi déloyaux que les Espagnols. Cette disposition des esprits rendit vaines toutes les tentatives que l'archiduc mit en œuvre pour obtenir la paix, jusqu'au moment de sa mort, survenue le 20 février 1595.

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et espagnols; et l'amiral d'Aragon, don Francisco de Mendoza, remplaça dans le commandement de l'armee Fuentes, qui reprit le chemin de l'Espagne.

Albert, fils de l'empereur Maximılien II et de Marie d'Espagne, sœur du roi Philippe, avait été, depuis son enfance, destiné à l'Église. A l'âge de dix-huit ans, il avait reçu du pape Grégoire XIII le chapeau de cardinal, au titre de Sainte-Croix de Jérusalem. Mais Philippe II, qui l'avait appelé en Espagne avec ses deux frères Ernest et Wenceslas, ne voulut pas qu'il prît les ordres; car il se réservait de lui procurer un tout autre établissement. En 1578, après l'acquisition du royaume de Portugal, il plaça le jeune prince en qualité de vice-roi à Lisbonne, où il rendit les plus grands services, en combattant la faction soulevée par don Antonio, prieur de Crato, qui élevait des prétentions sur ce royaume. En 1594, Albert fut nommé coadjuteur de l'archevêché de Tolède. Bientôt après il obtint cette primatie, sans cependant avoir été ordonné prêtre. Mais le roi avait d'autres desseins sur son jeune parent: il le destinait pour époux à sa fille l'infante Isabelle, dont les Pays-Bas devaient être la dot. C'est pour lui en préparer la voie qu'il l'envoya d'abord en qualité de gouverneur général dans les provinces belges.

Albert fit son entrée à Bruxelles le 11 février 1596. Outre les trois mille hommes qu'il amenait, il apportait une somme de deux millions de ducats, destinée à pourvoir aux besoins de la guerre. En outre, pour se procurer un moyen d'accommodement avec les confédérés, il conduisait avec lui Philippe-Guillaume, comte de Buren, fils aîné du Taciturne, qui, pendant les premières persécutions du duc d'Albe, avait été enlevé à l'université de Louvain, où il étudiait, et conduit prisonnier en Espagne. Mais ni ces troupes, ni cet argent, ni ce prince, gage de réconciliation qu'il venait donner aux Provinces-Unies, ne l'amenèrent à ses

fins. Car le roi, moins préoccupé de faire rentrer dans l'obéissance les PaysBas soulevés, que de seconder en France les efforts de la Ligue, avait, depuis longtemps, tourné toutes ses forces de ce côté. Il espérait que, la Ligue triomphant, il lui serait facile de dompter ses propres provinces.

L'archiduc fut forcé de suivre ce système indirect de conquête. Cependant il ne négligea point d'agir sur les confédérés par des moyens de conciliation. Il leur adressa des lettres pleines de bienveillance, et qui respiraient la loyauté et la franchise, leur promettant qu'il s'engageait à ramener au sein de leur patrie la paix, l'ordre et la prospérité. Mais les choses en étaient venues à une telle extrémité, que toutes ces promesses ne firent pas le moindre effet, et que les états se montrèrent aussi peu disposés à écouter ce langage qu'à se résoudre à la soumission.

C'est donc à la guerre seule qu'Albert put avoir recours. Il s'appliqua d'abord à lever un nombre considérable de troupes, et ses armes remportèrent en France des avantages importants la ville de Calais fut prise, et réunie à la Flandre. Puis, se tournant brusquement vers les marches de la Zéelande, il emporta la ville de Hulst, mais non sans d'énormes sacrifices. Cet échec ne découragea point les confédérés, qui prirent une revanche signalée, en réunissant leur flotte à celle des Anglais, et en allant frapper les Espagnols sur leur propre sol. Ils s'emparèrent du port de Cadix, qu'ils livrèrent au pillage et à l'incendie.

Les Provinces-Unies s'étaient ainsi réveillées. Elles répondirent par un coup à chaque coup que l'archiduc leur portait.

Albert employa le reste de l'année à méditer une entreprise décisive. Dans les premiers jours du mois de janvier 1597, ses troupes se mirent tout à coup en mouvement. Un corps commandé par le comte de Varas, et composé de trois mille hommes d'infanterie et de cinq cents chevaux, s'avança du côté de Turnhout. On disait qu'il

devait profiter du moment où les rivières et les canaux seraient pris par la glace, pour pénétrer en Hollande : mais le prince Maurice prévint les ennemis en rassemblant à la hâte et en secret, dans les environs de Bréda, une troupe de cinq mille hommes d'infanterie et de huit cents chevaux, et vint prendre position près de Turnhout. Varas, au lieu de se tenir enfermé dans cette ville, qui était munie d'excellentes fortifications, en sortit pour se replier sur Herenthals. Pendant sa retraite il fut accosté par les confédérés, et mis dans une déroute si complète, qu'il resta sur le champ de bataille avec plus de deux mille hommes. Cette sanglante défaite eut lieu le 24 janvier. Maurice mit à profit le découragement où elle avait jeté les Espagnols, pour aborder et enlever Turnhout.

Albert n'avait aucun moyen de s'opposer aux progrès des confédérés, toutes ses forces se trouvant absorbées par le siége d'Amiens, dont ses troupes s'étaient emparées par stratagème, et qu'Henri IV était venu investir en personne avec une armée formidable. Aussi, le prince Maurice se multiplia pour pousser la guerre avec vigueur. Il se transporta tout à coup sur le Rhin, emporta la ville de Rhynberg et la place de Meurs, se rendit maître de Groll et d'Oldenzeel, et termina cette campagne par la prise de Lingen, qui capitula le 12 novembre.

Cependant Philippe II, sentant sa fin approcher, avait entièrement perdu l'espoir de reconquérir les Pays-Bas. En effet, il voyait les Provinces-Unies lui opposer une résistance toujours plus énergique, et se développer, après chaque nouvelle campagne, en force et en puissance; il les voyait, en outre, soutenues d'un côté par l'Angleterre, et de l'autre par Henri IV, dont le parti, en France, avait déjà presque entièrement dompté la Ligue. Il sentit que continuer la guerre contre tant et de si puissants ennemis, c'était s'exposer d'une manière presque certaine à perdre même les provinces qui lui étaient restées soumises;

et d'ailleurs l'argent et toutes les autres ressources lui manquaient pour la conduire selon les nécessités du moment. Dans cet état de choses, Rome lui offrit de s'entremettre pour lui ménager la paix avec la France. Philippe accepta la médiation papale, et des conférences furent ouvertes à Vervins, où s'étaient rendus les plénipotentiaires d'Henri IV et ceux de l'archiduc Albert.

Les confédérés furent d'abord effrayés en entendant cette résolution; mais quand ils apprirent que le roi Philippe avait fiancé sa fille IsabelleClaire-Eugénie à l'archiduc Albert, et que cette princesse allait obtenir à titre de dot la Bourgogne et les Pays-Bas, leurs inquiétudes furent moins grandes. Cependant ils se hâtèrent d'envoyer des ambassades à Paris et à Londres, pour empêcher la conclusion de la paix entre la France et l'Espagne, qui semblait aussi devoir amener la paix entre l'Espagne et l'Angleterre. Mais, malgré leurs efforts, un traité fut signé à Vervins le 2 mai 1598, et la France rentra dans la possession de la ville de Calais, et de toutes les places dont les Espagnols s'étaient emparés dans la Champagne et dans la Picardie. Toutefois, bien que cet accommodement fût intervenu, Henri IV conserva son alliance avec les Provinces-Unies, auxquelles il continua à payer des subsides annuels pour pousser la guerre. Quant à l'Angleterre, elle ne s'était montrée qu'en apparence disposée à traiter avec l'Espagne; et, lorsque les états se furent engagés à payer à la reine Élisabeth la somme de huit millions de florins, comme dette arriérée, et trois cent mille florins par an pendant toute la durée de la guerre, elle se décida à reprendre les armes : cet engagement fut signé le 16 août. Dès le 6 mai, le roi Philippe avait abdiqué à Madrid en faveur de sa fille la souveraineté de la Bourgogne et des Pays-Bas, en stipulant toutefois le retour de ces provinces à la couronne d'Espagne, en cas que cette princesse vint à mourir sans postérité. Deux jours

après, le contrat de mariage de l'infante et d'Albert fut confirmé par l'impératrice, sœur de Philippe II, et par l'ambassadeur de l'empereur à la cour d'Espagne. Le 30 du même mois Isabelle envoya à l'archiduc une procuration par laquelle elle l'autorisait « à prendre, accepter et retenir, au nom de l'infante, l'entière, réelle et pleine possession des Pays-Bas et comtés de Bourgogne et de Charolais, et de faire tout ce qu'elle pourrait faire elle-même, y étant en sa propre personne. » Le 15 août, Albert fut inauguré dans le palais, à Bruxelles.

SII. JUSQU'A LA TRÊVE DE 1609.

Ici s'ouvre une période toute nouvelle pour les provinces de l'Union; elles rencontreront désormais un ennemi plus direct dans le gouverneur général des Pays-Bas espagnols, qui en est maintenant le souverain. Avant d'aborder les événements qui vont se succéder dans cette phase nouvelle, importe que nous jetions un coup d'œil sur l'organisation et sur l'administration des provinces affranchies du joug de l'Espagne.

il

D'abord, et en première ligne, se présente à nos yeux le conseil d'Etat, qui a subi en 1587 sa dernière modification, et qui continue à exister dans cette forme. Selon l'organisation qu'il avait reçue, les stathouders ou gouverneurs des différentes provinces avaient le droit d'y siéger, et étaient tenus de suivre les résolutions qu'il jugeait à propos de prendre. Depuis le départ de Leycester, il n'avait plus été nommé de gouverneur général, et les stathoudérats des provinces s'étaient réunis dans les mains des deux princes de Nassau. Maurice avait d'abord obtenu celui de la Hollande et de la Zéelande, et plus tard il avait acquis celui d'Utrecht, d'Over-Yssel, de Gueldre et de Zutphen, tandis que son frère Guillaume-Louis, après n'avoir primitivement possédé que celui de Frise, y avait joint celui de Groningue et des Ommelanden. Comme Maurice était en même temps capitaine général dans les provinces

qui avaient le plus d'importance pour la guerre, et que les ordres du conseil d'Etat, au sujet des opérations à entreprendre, n'étaient exécutoires que lorsque le stathouder provincial et le capitaine général ou ses lieutenants les avaient approuvés, il arriva que presque toutes les forces de l'armée se trouvèrent sous la main de ce prince. Il est vrai que les états généraux lui adjoignirent des commissaires, à l'exemple des provéditeurs de Venise. Mais Maurice ayant toujours possédé, parmi les fonctionnaires qu'on attachait ainsi à sa personne, le brave et intelligent Oldenbarneveld, cette mesure, inspirée par la défiance, fut plutôt pour lui un moyen d'avancement qu'une entrave.

Leycester avait cherché à paralyser le pouvoir de Maurice comme amiral de Hollande, en établissant de nouvelles amirautés en Zéelande et en Flandre. Mais ce ne fut là encore qu'une nouvelle source de puissance pour ce prince; car le lieutenant d'Élisabeth eut à peine quitté les PaysBas, que l'on sentit le besoin de nommer un amiral suprême; et cette charge fut établie en 1589. Maurice fut nommé premier amiral. Six conseillers de Hollande, de Hollande et Frise, de Zéelande et de West-Frise, formaient avec l'amiral en chef le conseil de l'amirauté, qui se trouvait à la tête des affaires de la marine. Les provinces de Gueldre et d'Utrecht s'étaient réservé le droit de nommer également de leur côté des membres à ce conseil, quand elles le jugeraient convenable. Sous cette amirauté suprême étaient cinq autres amirautés, qui avaient leur siége à Rotterdam, à Amsterdam, à Hoorn, à Middelbourg et en Frise.

Toutes les autres lacunes que la suppression de la charge de gouverneur général avait laissées dans l'administration ou dans la législature, furent comblées par les états des provinces, qui s'arrogèrent naturellement ce droit, mais qui se virent par là même impliqués dans des difficultés de tout genre avec les stathouders provinciaux. De là une infi

nité de froissements et de collisions qui se manifestèrent d'une manière différente dans les diverses provinces, selon la direction que prenait l'esprit d'empiétement des états ou des stathouders. Une autre branche du pouvoir où ce même esprit put se donner libre carrière, fut celle des domaines ecclésiastiques et de l'organisation religieuse. Leycester s'en était longtemps servi à son avantage, et pour l'intérêt particulier de sa position. Enfin, on sentit le besoin de soumettre cette matière à un règlement normal, et l'on prit pour base un projet formulé déjà du vivant du Taciturne, mais que la mort inattendue de ce prince laissa inachevé. Grâce aux soins de Barneveld, ce règlement nouveau fut introduit dans les premiers mois de l'an 1591. Il établissait, dans la hiérarchie de l'Église protestante des Pays-Bas, trois degrés : les conseils ecclésiastiques locaux, qui se composaient de leurs pasteurs, de leurs diacres et de leurs anciens; les conseils ecclésiastiques de district, et en dernière instance le synode.

Comme, en réalité, le pouvoir suprême, dans les Pays-Bas, était retombé entre les mains des états des provinces, ou du moins qu'ils étaient redevenus le centre de presque toute l'autorité, il n'est guère étonnant qu'ils se soient, sous plus d'un rapport, arrogé l'exercice de la justice. La connaissance d'un grand nombre de crimes, à la répression desquels se rattachait un intérêt politique, était abandonnée par les états de Hollande à des commissions permanentes, qui expédiaient ces affaires rapidement et en dernier ressort. En beaucoup de cas, les états admettaient la compatibilité de la réunion de l'administration et de la juridiction dans les mêmes mains. Ainsi, par exemple, les magistrats des villes exercaient le pouvoir judiciaire dans les affaires relatives aux impôts, et ils les jugeaient sans appel. Les commissions permanentes, déléguées par les états de Hollande, étaient, depuis 1590, divisées en deux sections, dont l'une pour la Nord-Hol

lande, l'autre pour la Sud-Hollande.

Les stathouders provinciaux étaient nommés par les états des provinces, mais ils ne recevaient formellement leur charge que des états généraux, et ils étaient tenus de prêter serment à l'un et à l'autre de ces corps.

Ainsi, à part les modifications devenues nécessaires par l'abolition de la charge de gouverneur général et souverain, tout était resté à peu près conforme à l'ancien état de choses dans les pays de l'Union, si ce n'est que le clergé catholique perdit partout son importance politique, et même disparut, pour ainsi dire, complétement, la plupart des provinces ayant embrassé le culte protestant.

A coup sûr, peu de corps souverains ont été plus singulièrement.composés et formés d'éléments aussi peu homogènes, disons presque aussi hostiles, que le corps des états des Provinces-Unies. Il n'y avait qu'une seule chose qui lui donnât de l'unité et de l'ensemble : c'était l'impérieuse nécessité de la défense commune.

Quand l'archiduc Albert eut vu que toutes les tentatives qu'il put mettre en œuvre pour en venir à conclure la paix étaient devenues infructueuses, il résolut de reprendre la guerre, et d'y appliquer cette fois toutes les forces qu'il pourrait réunir. D'ailleurs, les mutineries que le défaut de paye avait fait éclater, à plusieurs reprises, parmi ses troupes, lui avaient fait comprendre la nécessité de chercher à occuper des soldats trop disposés à se livrer, pendant la suspension des hostilités, à tous les excès de l'indiscipline. Il assembla donc près de la Meuse son armée, renforcée de toutes les garnisons que la paix de Vervins avait laissées disponibles; et il la plaça sous le commandement de l'amiral d'Aragon, Mendoza. Ensuite, après avoir remis au cardinal André d'Autriche l'administration civile des provinces, il partit, le 14 septembre 1598, pour aller prendre son épouse en Espagne, où Philippe II était mort le 13 du même mois, dans le palais de l'Escurial.

Pendant ce temps, Mendoza s'avança vers le bas Rhin, par les territoires neutres de Clèves et de Juliers. Il se trouvait à la tête de vingt mille fantassins et de deux mille chevaux. Cette expédition fut singulièrement laborieuse, tant à cause de l'indiscipline des troupes, qu'à cause des représailles auxquelles se livrèrent contre les Espagnols tous les petits États des bords du Rhin. Cependant elle faisait chaque jour des progrès nouveaux ; car Maurice n'avait à opposer à l'ennemi qu'une armée de six mille hommes de pied et quinze cents cavaliers. Mendoza assiégea et prit Rhynberg, enleva Wesel, et emporta Rees et Emmerich. Dans le but de s'opposer aux progrès des Espagnols, Maurice occupa aussitôt Zevenaar, Huissen et Lobith; car ils s'avancaient vers l'Yssel, et il lui importait de leur barrer la route de Doesburg. Mais l'approche de l'hiver, et plus encore la famine, les forcèrent bientôt à la retraite ; et ils se replièrent sur la Westphalie, où ils établirent leurs quartiers d'hiver sur le territoire de l'empire d'Allemagne. Maurice les harcela pendant quelque temps, restitua Emmerich au pays de Clèves, dont il balaya le territoire autant qu'il lui fut possible.

Dans toute cette campagne le prince Maurice s'était tenu sur la défensive; et il avait non-seulement la conviction, mais encore il fournit la preuve la plus éclatante que, pour un capitaine qui sait bien tirer parti de ses moyens, la défensive est la forme de guerre la plus favorable. Pendant longtemps il eut à disputer, avec une poignée de quatre mille hommes, l'île de Bommel à un ennemi qui ne comptait pas moins de quinze mille combattants, et qui poussait en masses serrées vers le Wahal. Plus tard, même après qu'il eut reçu des renforts de troupes levées en Allemagne, il évita toujours un engagement décisif; car ce n'était pas là qu'il fallait frapper le grand coup à la puissance de l'archiduc.

De toutes les provinces belges, celle de Flandre offrait le plus de ressources elle était par conséquent d'une

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