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lerie française prit place dans ses rangs, que vinrent grossir encore un grand nombre d'épées du Hainaut, du Brabant et même de l'Italie. Ce fut comme une croisade destinée à anéantir la Flandre.

Unorage terrible allait fondre sur les bourgeois; mais le pays presque tout entier s'était déclaré pour leur cause. Gand et Audenarde avaient égorgé les partisans de la France; Ypres s'était prononcé pour le comte. Les Courtraisiens eux-mêmes ne cachaient pas l'esprit qui les animait, bien que la garnison du château jetât l'incendie dans plusieurs quartiers de leur ville. Ce fut un élan unanime dans toute la Flandre. Guillaume de Juliers, le comte Gui de Namur, Arnould d'Audenarde, seigneurs, chevaliers et bourgeois, tout fut soldat pour la défense du sol natal et de l'indépendance. Jamais les Flamands ne s'etaient trouvés dans un aussi grand péril.

L'armée française entra en Flandre au milieu du mois de juin, brûlant tout sur son passage et ne laissant derrière elle que la mort et la destruction. Elle était commandée par Robert d'Artois, que secondait de toute sa puissance Jean, comte de Hainaut, de Hollande et de Zélande. Composée de toutes les milices de l'Ile de France, de Champagne, de Normandie, de Poitou et de Picardie, elle était renforcée encore par un grand nombre de lances du Hainaut et de gens de guerre du Brabant. On y comptait dix mille cavaliers, autant d'archers, et quarante mille fantassins. Presque toute la chevalerie française capable de porter les armes faisait partie de cette expédition. Cette armée se dirigea d'abord vers Courtrai, pour forcer Gui de Namur à lever le siége du château, qu'il tenait investi.

Cependant le jeune Gui, fils de Gui de Dampierre, avait mis tout en œuvre pour réunir des forces capables de résister à l'ennemi. Outre les cavaliers allemands que Guillaume de Ju

Jean d'Avesnes avait hérité de la Zélande et de la Hollande, du chef de sa mère Adelaide, sœur de Guillaume de Hollande, élu empereur en 1247, et mort en 1256.

liers lui avait amenés, il réunit les troupes de toutes les villes et châtellenies de Flandre, qui s'étaient déclarées contre les Français. Jean de Renesse, seigneur zélandais, avait conduit dans les rangs des Flamands quelques uns de ses compatriotes. Sept cents Gantois, bravant le ressentiment des Leliaerts qui dominaient encore dans leur ville, étaient accourus, sous les ordres de Jean Borluut et de deux échevins. Les forces réunies des Flamands pouvaient s'élever à soixante mille fantassins, parmi lesquels on comptait à peine une dizaine de chevaliers.

Robert d'Artois quitta Lille aux premiers jours de juillet, et vint planter son camp à une demi-lieue de Courtrai. Après avoir employé trois ou quatre jours à des escarmouches, le 11 on se prépara des deux côtés à une lutte acharnée. Les Flamands avaient reçu, la veille, un renfort de six cents Namurois. Ils laissèrent les gens d'Ypres dans la ville et sur les remparts, pour tenir en respect la garnison du château, et ils se disposèrent en un seul corps de bataille dans la plaine qui s'étend à l'est de la ville, sur la route de Gand. La rivière de Lys, qu'ils avaient à dos, les couvrait au nord. Ils étaient flanqués à droite par les retranchements de la ville, et à gauche par le ruisseau de Groeninghe, qui, après s'être dirigé pendant quelque temps d'occident en orient, et se repliant brusquement vers le nord, défendait aussi leur front. Les Français se disposèrent d'abord en neuf corps, outre celui que Godefroid de Brabant venait de leur amener. Mais quand ils eurent vu l'ordre adopté par les Flamands, ils se réunirent en masses plus lourdes, de manière à ne plus former que trois corps seulement, dont l'un fut destiné à servir de ré

serve.

Le moment était grave et solennel. D'un côté, des hommes bardés de fer et habitués à la guerre; de l'autre, des bourgeois qui ne songeaient qu'à leurs foyers et au sol de la patrie. Ceux-ci se préparèrent à la bataille comme s'ils se fussent préparés à la

mort, en se confessant comme ils le purent, sans quitter leurs rangs, à des gens d'église et à des moines qui se trouvaient parmi eux. Alors un prêtre montra le saint viatique à toute l'armée et donna l'absolution générale aux soldats, qui, prosternés dans un silence religieux, prirent chacun une poignée de terre et la portèrent à leurs lèvres, comme pour témoigner leur désir de participer à la sainte communion, et leur dévouement à la défense sacrée du pays. Ensuite les chefs haranguèrent les combattants avec énergie, et firent défendre, sous peine de mort, à toute l'armée de faire ni butin ni prisonnier. Pour redoubler encore l'ardeur des troupes, Gui et Guillaume créèrent, sur le front de bataille, plusieurs chevaliers, parmi lesquels se trouvaient Jean Breydel et Pierre de Koninck.

Le connétable Raoul de Nesle et

plusieurs autres capitaines expérimentés, ayant examiné la position prise par les Flamands, furent d'avis qu'il ne fallait pas les attaquer, et que le plus sage était de les affamer dans l'ile où ils se trouvaient enfermés. Mais Robert d'Artois ferma l'oreille à tout conseil, et donna, à neuf heures du matin, le signal de l'attaque à ses archers, à la suite desquels il fit avancer la cavalerie rangée en épais escadrons, puis le gros de l'infanterie. Les arbalétriers flamands furent bientôt forcés de se replier devant les archers ennemis. Les chevaliers, jaloux de ce premier succès, et craignant de laisser à de simples gens de pied l'honneur de la victoire, s'ébranlèrent aussitôt, et se précipitèrent au milieu de leur ligne, à travers laquelle ils voulurent se faire un passage pour aborder eux-mêmes les Flamands. Ce mouvement causa leur perte; car des masses de chevaux furent engloutis dans les nombreux filets d'eau dont la plaine est sillonnée, et que les gens des com

munes avaient eu soin de cacher au moyen de branchages et de haies abattues. Ces chevaux tombés, d'autres se ruèrent sur eux, et sans cesse et toujours. Les ruisseaux se trouvèrent bientôt comblés de cadavres. Ce

pendant la presse poussait toujours en avant. Mais les lances flamandes étaient là. Alors commença une lutte opiniâtre et sanglante. Un moment les communes virent leurs rangs enfoncés sous le choc formidable des Francais; mais elles les reformèrent aussitôt, et commencèrent à faire jouer ces terribles massues armées de pointes, qu'on appelait par dérision bonsjours. Elles étaient déjà presque fatiguées de cette boucherie effroyable, quand leurs capitaines les firent se déployer sur leurs deux ailes. Alors le massacre se développa avec plus de fureur, parce qu'un plus grand nombre pouvait y prendre part. On frappait, on tuait sans miséricorde. En vain la garnison du château de Courtrai avait tenté d'opérer une sortie et incendié quelques maisons de la ville, pour attirer de ce côté une partie des Flamands: les gens d'Ypres suffirent pour la refouler dans la citadelle. Le corps de réserve français essaya un moment d'avancer; mais il ne put passer sur l'infanterie, qui déjà reculait en désordre. Il ne lui resta donc plus qu'à se décider à la retraite. En ce moment la déroute devint générale, et tout ce qui put se sauver s'enfuit dans un pêle-mêle épouvantable.

Dans cette sanglante journée périrent soixante-quinze princes, ducs, comtes et barons français ou alliés du roi, parmi lesquels se trouvaient Robert d'Artois, Jacques de Châtillon, Godefroi, oncle du duc de Brabant, avec son fils le sire de Vierson, Jean sans Quartier, fils du comte de Hainaut, les comtes d'Eu et d'Aumale, Raoul de Nesle et son frère Gui. Il resta, en outre, sur le champ de bataille plus de mille simples chevaliers et plus de trois mille nobles écuyers. Enfin, la perte totale du roi, en y comprenant ceux qui tombèrent dans la déroute, s'éleva à vingt mille combattants. Les Flamands n'eurent qu'un petit nombre de morts; mais celui de leurs blessés fut très-considérable.

Un grand nombre d'éperons dorés, dépouilles d'autant de chevaliers, furent recueillis dans la plaine, et ser

virent de trophées aux vainqueurs. Guillaume de Juliers en envoya une partie à Maestricht, où il occupait la dignité de prévôt. Le reste fut suspendu, en souvenir de cette victoire signalée, à la voûte de l'église de Notre-Dame, à Courtrai.

Cette journée sanglante est appelée, dans les provinces flamandes, la bataille des Eperons d'or.

Le lendemain de cette victoire, la ville de Gand s'affranchit des Leliaerts; et, deux jours après, le château de Courtrai se rendit. Jean, comte de Namur, l'aîné des fils du second lit de Gui de Dampierre, prit les rênes du gouvernement de la Flandre.

Cependant la bataille de Courtrai ne termina point la lutte avec le roi de France; car, dès le mois de septembre, une nouvelle armée française, composée de vingt mille hommes de cavalerie et de soixante mille fantassins, vint prendre position à Vitry, sur la Scarpe, entre Arras et Douai. Mais cette fois Philippe le Bel n'avait pas l'intention d'en venir à un engagement. Il chercha à gagner du temps par des négociations, et à fatiguer les Flamands. Aussi un armistice fut bientôt conclu. Ils mirent cette trêve à profit pour attaquer, au mois d'avril 1303, la ville de Lessines, dont le comte de Hainaut s'était emparé, et pour entreprendre une guerre maritime contre la Hollande et la Zélande. Ils parvinrent à réduire ce dernier pays sous la domination du jeune Gui de Namur, qui prit le titre de comte de Zélande.

Vers le milieu de l'année 1303, les Flamands, enhardis par leurs succès, résolurent de se porter sur Tournai, qui reconnaissait la souveraineté du roi. Mais celui-ci détourna cette nouvelle guerre au moyen d'une nouvelle trêve. Il permit, en outre, au vieux comte Gui de Dampierre de retourner en Flandre pendant le temps que devait durer cette suspension d'armes, pour y négocier la paix avec les communes, mais à condition qu'il reviendrait se constituer prisonnier au printemps suivant, s'il ne pouvait parvenir

à arranger les affaires. Le comte, n'ayant pas réussi dans ses négociations, reprit le chemin de Compiègne, où il expira l'année suivante.

Cette trêve avait été mise à profit

par les Flamands pour recommencer les hostilités en Zélande; elles se terminèrent par un combat naval, qui fut désastreux pour leurs armes; car ils n'eurent pas seulement à lutter avec les Zélandais, mais encore avec un grand nombre de galères rassemblées, par ordre de Philippe le Bel, à Calais, à Gênes et dans les autres ports d'Italie, sous le commandement de l'amiral italien Grimaldi.

Ce fut le 24 juin 1304 qu'expira la trêve avec la France. Dès les premiers jours de juillet, le roi se montra à la tête d'une forte armée sur la frontière de la Flandre. Il n'entreprit rien d'abord, l'issue de l'expédition de Zélande n'étant pas encore connue. Mais, à la nouvelle du désastre essuyé par les Flamands, il attaqua leur armée de terre près de Mons-en-Puelle, entre Lille et Douai. Au premier choc, il fut forcé de céder le terrain. Mais, les Flamands s'étant abandonnés au pillage pendant qu'il se retirait, il profita aussitôt de ce désordre. Sa cavalerie se rallia, et tomba avec impétuosité sur les pillards, qu'elle n'eut pas de peine à mettre dans une déroute complète. La perte de cette bataille entraîna la chute de Lille, qui tomba au pouvoir des Francais. Cependant, malgré cette défaite, une nouvelle armée flamande se trouva bientôt en face du roi, près de Lille. Philippe le Bel, dont la vie avait été en grand péril à la journée de Monsen-Puelle, où il fut désarçonné par Guillaume de Juliers, recula devant une troisième bataille, et fit offrir une trêve aux Flamands, qui, fatigués eux-mêmes de cette guerre prolongée, accueillirent cette proposition. Quatre commissaires furent nommés de part et d'autre, et la paix fut con clue, sous la médiation du duc de Brabant, le 16 janvier 1305. Ce traité assurait aux villes leurs priviléges et leurs libertés, réintégrait le comte

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Gui de Dampierre dans la possession de la Flandre, rendait la liberté à tous les seigneurs flamands prisonniers en France, et, enfin, stipulait une amende de six cent mille livres à payer par le comté au roi, qui exigeait la remise de Lille et de Douai jusqu'à ce que cette somme lui eût été fournie.

Mais le comte ne jouit pas longtemps de sa liberté. Il mourut à Compiègne le 7 mars 1305.

Les deux armées furent dissoutes après la conclusion de cette paix. Jean d'Avesnes, comte de Hainaut, était mort l'année précédente, et avait eu pour successeur Guillaume, le deuxième des fils que Philippine de Luxembourg lui avait donnes, Jean l'aîné ayant été tué à la journée des éperons d'or.

LA FLANDRE SOUS LE RÈGne de ro-
BERT DE BETHUNE, DE LOUIS DE
NEVERS ET DE LOUIS DE MAELE
(1305-1384).

Robert de Béthune succéda à son père Gui de Dampierre, et se trouva, dès son avénement, engagé dans une lutte de négociations avec le roi son suzerain. On fit et on refit sans cesse des traités. On négocia, on négocia encore et toujours, sur des propositions definitives qui furent tour à tour reje-, tées par les villes ou par Philippe le Bel, Louis X et Philippe le Long. Enfin, ce grand débat diplomatique se termina, en 1320, parla stipulation de sommes considérables en faveur de la France, pour le payement desquelles la Flandre française fut engagée et remise à la couronne, qui en garda la possession jusqu'en 1383. Il fut décidé, en outre, que Louis petit-fils de Robert et fils de Louis de Nevers, épouserait Marguerite, fille du roi, et que ce prince succederait à son aïeul, quand même celui-ci viendrait à mourir avant son fils Louis de Nevers.

Mais la plume ne fut pas seule employée à la pacification; l'épée y était intervenue à plus d'une reprise.

Avec ces négociations et cette guerre les Flamands firent marcher de pair

une autre guerre et d'autres négociations qui furent entamées avec le comte de Hainaut, pour la reprise de la ville de Lessines dont il s'était emparé, et pour le règlement des affaires de Hollande et de Zélande. Jean d'Avesnes resta en possession des îles zélandaises, mais comme vassal du comte de Flandre, et à la charge de payer annuellement une rente équivalente aux revenus de ces îles à Gui de Richebourg, auquel elles avaient été données par son père Gui de Dampierre.

Robert de Béthune employa le reste de son règne à développer de plus en plus ce vaste commerce et cette industrie presque fabuleuse qui élevèrent bientôt les communes flamandes au comble de la richesse, et firent donner à Bruges le surnom de Venise du Nord.

Le comte Robert expira en 1322, après avoir été, comme le bruit s'en était répandu, sur le point de tomber victime de la fureur parricide de son fils Louis de Nevers. Ce prince fut accusé d'avoir voulu verser du poison à son père. Robert le fit saisir, et transporter d'abord à Vianen, ensuite à Rupelmonde. Son frère, qui le détestait depuis la conclusion de la paix avec la France, écrivit de fausses lettres, qu'il envoya, après les avoir scellées du sceau du comte, au capitaine du château de Rupelmonde. Elles contenaient l'ordre de faire mourir le prisonnier. Heureusement pour Louis de Nevers, le capitaine ne voulut pas exécuter cet ordre avant d'avoir instruit le comte des doutes qu'il avait conçus sur authenticité des lettres. Robert de Béthune découvrit toute la fraude, et éprouva la joie la plus vive en apprenant que son fils était encore en vie. Mais il ne voulut pas lui permettre de continuer à séjourner en Flandre, tant il était devenu défiant; et il lui ordonna de sortir de ses Etats, en lui défendant de tirer vengeance de ses accusateurs. Louis mourut à Paris, quelques mois avant son père.

Son fils Louis de Nevers, qui obtint plus tard dans l'histoire le surnom de

Louis de Crécy, parce qu'il périt dans cette sanglante journée, prit, après la mort de son aïeul, les rênes du comté, en vertu des stipulations du traité de 1320. Le commencement de son règne fut signalé par de nouvelles querelles avec le comte de Hollande, au sujet des îles zélandaises; mais le roi parvint facilement à les aplanir. Ce différend à peine arrangé, il s'en présenta un autre d'une nature plus grave. Louis de Nevers avait reçu les services les plus signalés de son grand oncle Jean de Namur dans les négociations avec la France. Il le récompensa en lui donnant la seigneurie de la ville de l'Ecluse: c'était lui soumettre tout le commerce de Bruges et de Damme. Aussi, ces villes firent d'abord des réclamations qui ne furent point écoutées; ensuite elles recoururent à la voie des armes. Elles mirent le siége devant l'Écluse, l'emporterent d'assaut, et enfermèrent l'oncle de leur prince dans la prison de Bruges. Louis parvint, à force de supplications, à obtenir que Jean de Namur ne fût pas mis à mort, et se rendit en toute hâte à Paris, pour demander du secours au roi. La noblesse se prononça pour lui; mais elle devint aussitôt l'objet de la haine populaire. Les bourgeois de Bruges et du Franc se levèrent en armes contre elle, et se mirent à lui ravager ses terres et à lui brûler ses châteaux. Cependant Louis de Nevers, qui se trouvait en France, pressait le roi Charles IV de lui prêter main-forte pour faire rentrer les communes dans l'obéissance, tandis que la comtesse de Namur réclamait l'intervention de sa tante Mathilde d'Artois pour faire rendre la liberté au comte Jean. Mathilde, cédant à cette prière, ouvrit une assemblée à Saint-Omer, où se rendirent Louis de Nevers son oncle, Robert de Cassel, Jean et Gui de Nesle, et un grand nombre de seigneurs des pays voisins. La première chose dont on s'y occupa fut l'accommodement d'un différend qui s'était élevé entre le comte Louis et son oncle, au sujet de quelques prétentions que ce dernier avait essayé de faire valoir sur

certaines parties des domaines dépendants de la Flandre. Ensuite on s'occupa de la question soulevée par les Brugeois. Les villes de Gand, de Bruges et d'Ypres, qu'on appelait les trois membres de Flandre, avaient envoyé des messagers pour les représenter à l'assemblée de Saint-Omer. Ces députés mirent à la liberté du comte de Namur des conditions si exagérées, qu'elles furent rejetées tout d'abord Aussi ils se retirerent bientôt, et vinrent annoncer aux villes l'issue défavorable de leur mission. Les communes étaient exaspérées. Un autre motif doubla leur colère. Jean de Namur était parvenu à sortir de sa captivité, en s'évadant par une ouverture pratiquée dans le mur d'une maison qui attenait à la prison, et dont ses partisans avaient réussi à gagner le maître. Mais elles eurent beau se répandre en menaces et témoigner leur fureur, le comte, sûr de l'appui du roi, les menaça à son tour de les châtier, et Charles IV confirma Jean de Namur dans la possession du fief de l'Écluse. Alors les Brugeois n'eurent plus qu'à se résigner, et à faire leur paix avec Louis de Nevers, qui la leur vendit pour soixante-six mille livres, et conlirma tous leurs priviléges.

Toutes ces luttes n'avaient pu parvenir à entamer la richesse toujours croissante des bourgeois flamands. Ils développaient de plus en plus leur commerce et leur industrie, à l'ombre des franchises dont la conquête leur avait été difficile, et dont ils avaient maintenu la possession par tant de courage et de persévérance.

Cependant de nouveaux motifs de désordres ne tardèrent pas à s'accumuler. Le comte se livrait à des dépenses effrénées. Eutouré de baladins et de chanteurs, il eut bientôt épuisé son trésor. Quand il se trouva l'avoir dissipé tout entier, il s'adressa à la génerosité de ses villes, qui lui ouvrirent noblement leurs coffres.

Mais si, d'un côté, on avait à pourvoir aux dissipations de Louis de Nevers, on avait, de l'autre, à faire face aux amendes que les traités

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