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suscitant les motifs de haine qui avaient rendu le nom espagnol si odieux dans les Pays-Bas.

L'animosité populaire que le mar quis de Prié avait, dès son arrivée en Belgique, su exciter contre lui s'accrut d'année en année; si bien que l'empereur lui-même n'attendait qu'une occasion pour rappeler cet exécrable proconsul. Cette occasion se présenta en 1724. Le prince Eugène, ayant résigné son titre de gouverneur général, obtint pour successeur momentané le maréchal comte de Daun, auquel de Prié remit son administration. Le comte arriva aussitôt dans les provinces, afin d'y mettre tout en ordre pour la réception de l'archiduchesse MarieÉlisabeth, sœur de l'empereur, qui vint établir en 1725 sa résidence à Bruxelles, avec le titre de gouvernante des Pays-Bas.

L'administration absente du prince Eugène avait eu cela de bon, qu'il n'avait cessé d'insister auprès de l'empereur pour que tout fût mis en œuvre pour relever le commerce dans les provinces. C'est grâce à cette insistance qu'était née la compagnie d'Ostende, dont nous avons déjà raconté les malheureuses destinées.

Un traité conclu entre la France et la république des Pays-Bas assura, en 1733, la neutralité des provinces belges, durant la guerre de la succession de Pologne.

Dès ce moment, le calme se rétablit en Belgique. Pendant quelques années elle put vivre dans le repos le plus profond, et se remettre des laborieuses fatigues qu'elle a endurées pendant un siècle et demi. A peine si elle voit passer au gouvernement de ses provinces l'archiduchesse Marie-Élisabeth, qui mourut en 1741; le duc Charles de Lorraine, qui lui succéda la même année; et cette série de gouverneurs intérimaires qui administrèrent au nom de ce prince jusqu'en 1780; le comte Frédéric de Harrach, le comte de Konigsegg-Erps, le comte de KaunitzRittberg, le comte de Bathiani, et enfin le comte de Cobenzl.

Au moment où Charles de Lorraine devait prendre le gouvernement des

provinces (1741), la guerre de la succession d'Autriche éclata. Nous avons vu quelles conséquences elle eut pour la Belgique, et comment la paix d'Aixla-Chapelle (1748) rendit à l'impératrice Marie-Thérèse les Pays-Bas, tels que son père les avait possédés.

La guerre de la succession étant close, la Belgique obtint enfin un répit qui dura longtemps. Ce fut une paix réelle pour ces provinces, fatiguées par tant de secousses. Leur gouvernement était, à la vérité, devenu une monarchie presque absolue; mais la liberté nationale possédait, contre les écarts auxquels cette forme tend nécessairement toujours à se livrer, une garantie puissante dans une organisation municipale qui avait fini par faire partie de la vie même du peuple, et dans des priviléges politiques que rien n'avait pu anéantir ni ébranler.

Le premier soin de Marie-Thérèse fut d'améliorer les finances et de réduire les impôts, de réparer les abus, et d'introduire un système uniforme et régulier d'administration. Mais elle ne se borna pas à ces mesures seulement: elle concourut aussi au développement de l'intelligence, régla sur des bases plus larges et plus libérales la censure des livres, réorganisa l'université de Louvain, encouragea partout les bonnes études, fonda à Anvers une académie militaire, à Bruxelles une académie impériale des sciences et des belles-lettres, et créa un grand nombre d'établissements pour l'enseignement des beaux-arts. Enfin, pendant tout son règne, elle respecta les droits constitutionnels de ses populations belges, corrigea les abus locaux sans violer les principes et sans contrarier les opinions.

Dans tout ce travail, elle fut merveilleusement secondée par le prince Charles de Lorraine, auquel les Belges érigèrent, par reconnaissance, une statue sur la place royale de Bruxelles le 17 janvier 1775.

L'impératrice mourut le 29 novembre 1780, et emporta dans sa tombe les regrets de ces peuples, depuis şi longtemps habitués à se réjouir de la mort de leurs souverains, dans l'es

pérance d'obtenir enfin un maître qui leur fût bon. Charles de Lorraine l'avait précédée de cinq mois; il était mort le 4 juillet.

Marie-Thérèse eut pour successeur, sur le trône de l'Empire, son fils Joseph II. A l'avénement du prince, le comte de Stahremberg possédait l'administration intérimaire des PaysBas. Joseph pourvut aussitôt au gouvernement général en y appelant sa sœur, l'archiduchesse Marie-Christine, et son époux, le duc AlbertCasimir de Saxe-Teschen. En 1781, il vint lui-même aux Pays-Bas; et nous avons vu quelles furent les conséquences du voyage qu'il fit ensuite dans les Provinces-Unies. Dès le principe, il s'était posé en réformateur des abus. Il avait, à son avénement, refusé les dons gratuits que présentaient ordinairement au souverain, en semblable occasion, les royaumes et les provinces héréditaires; et il n'avait pas voulu que des présents de cette nature fussent donnés à sa sœur l'archiduchesse, lorsqu'elle fut installée dans le gouvernement des provinces belges. Il avait également aboli la génuflexion, qui avait de tout temps fait partie de J'étiquette en Belgique quand on approchait le prince, ou le gouverneur général, s'il était prince du sang. Aussi rien ne dut lui être plus agréable, quand il visita ces provinces, que de se voir assailli de requêtes et de mémoires contre la vicieuse adminis tration de la justice. Il puisa dans ces documents l'idée de bouleverser un jour toute l'organisation de la Belgique. Cette idée, il ne put la mettre en pratique dès son retour en Au

triche; il ne la formula en fait que quelques années plus tard, et ce fut tout à la fois un grand coup pour l'empereur et un grand coup pour les Pays-Bas.

CHAPITRE TROISIÈME.

HISTOIRE DE L'ÉVÊCHÉ DE liége. 1484 à 1792.

L'évêque Jean de Horne, qui succéda, en 1484, à l'infortuné Louis de Bourbon, tombé sous l'épée de Guillaume d'Aremberg, comte de la Marck, avait fait arrêter ce seigneur, qui fut décapité à Maestricht le 18 juin 1485. Cet acte de justice fut regardé comme une trahison par la famille et par les partisans du comte, qui prirent les armes, et commencèrent une guerre terrible contre l'évêché. A leur tête se trouvaient Évrard de la Marck, frère de Guillaume d'Aremberg, et Robert son neveu. Ils s'étaient attaché Ghys de Kanne, seigneur de Spauwen, que les chroniques contemporaines dépeignent comme l'homme le plus hardi, le plus entreprenant et le plus féroce de son temps. Le prélat se vit bientôt forcé de fuir devant eux, et de se réfugier dans le Brabant ; car ils avaient pris à leur solde et armé un grand nombre de vagabonds, avec lesquels ils entrèrent en eampagne. Ghys porta le fer et le feu dans le comté de Horne, et prit la petite ville de Weerdt, qu'il livra au pillage, tandis que Robert emportait le château de Stokheim, et qu'Evrard surprenait la ville de Hasselt et répandait la terreur dans le comté de Looz. Jean de Horne, retiré à Louvain avec une grande partie de la noblesse et des notables du pays, eut beau lancer les foudres de l'excommunication contre les la Marck, Kanne et leurs adhérents; ceux-ci n'en devinrent que plus furieux.

Ghys dominait la populace de Liége, qui l'avait nommé général de la milice, et il exerçait dans la ville une sorte de dictature. Il lanca ses bandes sur la ville de Saint-Trond, où elles exercèrent les plus affreux brigandages. Il s'empara du château de Curenge, qui ne fut pas mieux traité. Revenu à Liège, il vit avec jalousie l'ascendant qu'avait su prendre sur le peuple un partisan de la mai son de la Marck, Pierre Rockar, bailli de

Condroz, et il le tua de sa propre main. Dès ce moment il ne mit plus de bornes à sa cruauté et à sa tyrannie, et il fut à la fois un tribun et un tyran. Pour mieux assurer sa domination, il fit construire un château fort sur les hauteurs de Sainte-Walburge. Mais l'oppression qu'il exerçait ainsi suscita une troupe déterminée de jeunes gens, qui, résolus à vaincre ou à mourir, escaladèrent la citadelle, et la ruinèrent de fonden comble. Kanne, saisi de fureur, envoya contre les assaillants une troupe de routiers, qui furent reçus et repoussés à coups de pierre. Alors il résolut de se venger sur leurs familles, et fit venir de Saint-Trond les bandes qu'il y avait laissées. A peine cette nouvelle fut-elle connue, que toute la ville de Liége s'émut. Les métiers s'assemblèrent en armes dans leurs chambres, et les bourgmestres, réunis au conseil de la commune, publièrent un décret portant que Ghys de Kanne était dégradé de ses dignités et de ses emplois; que les clefs de la ville seraient remises aux bourgmestres; qu'on posterait de bonnes gardes aux avenues de la cité, et que l'administration serait confiée par intérim aux bourgmestres et au conseil. Ce décret ayant été notifié au peuple, les métiers descendirent de leurs chambres, précédés de leurs bannières, et vinrent se ranger en ordre de bataille sur le grand marché. De tous les villages situés en amont et en aval de Liége, sur les bords de la Meuse, étaient accourus ces intrépides rivageois, que nous rencontrons toujours à l'heure du péril. C'en était fait de Ghys de Kanne.

En entendant gronder cette émeute si menaçante, il s'était empressé de gagner l'église de Saint Lambert, comme un lieu d'asile. La plupart de ses satellites l'y suivirent. Quand il les vit réunis en assez grand nombre autour de lui, il reprit toute son audace, et crut pouvoir imposer à la multitude furieuse. Il s'avança aussitôt sur les degrés de la cathédrale, et essaya de conjurer la tempête. Mais, cette fois, il vit que sa parole n'avait plus de prise sur la foule. Au même instant il fut attaqué et enveloppé de toutes parts.

Un horrible carnage commença. Ghys et la plupart de ses compagnons périrent; quelques-uns seulement parvinrent à s'échapper; de ce nombre était Robert de la Marck. Cette boucherie eut lieu le vendredi de Pâques 1486.

Quelques jours après, Jean de Horne rentra à Liége, et le pays semblait rendu au repos. Mais à peine deux mois s'étaient écoulés, que les la Marck, après s'être fortifiés dans leurs châteaux dans les Ardennes, marchèrent de nouveau contre la ville, dont ils comptaient se rendre maîtres par surprise. Cependant, trompés dans leur attente, et n'ayant pas trouvé l'appui qu'ils espéraient du peuple, ils se retirèrent sans avoir fait autre chose qu'une vaine démonstration. Les Liégeois, indignés de cette audace, coururent à l'instant à l'église des Mineurs déterrer le cadavre de Ghys de Kanne et la tête de Pierre Rockar, qu'ils réduisirent en cendres, sous le gibet.

Les la Marck ne s'avouèrent cependant pas encore vaincus; et, durant six ans, ils continuèrent leurs brigandages. Ce ne fut qu'au mois de mars 1492 que l'évêque traita avec eux, et qu'il mit un terme à ces luttes intes tines, qui avaient pendant si longtemps déchiré le pays.

La révolte du Sanglier des Ardennes et de ses adhérents n'avait pas été le seul fléau de la principauté : il y en avait un autre dont le pays ne souffrait pas moins, c'était l'anarchie. Le duc Charles le Téméraire avait enlevé toutes les anciennes lois du pays, et l'on ne s'était pas empressé de les réclamer, parce que l'on sentait vivement le besoin d'une réforme; car toute la législation ancienne ne présentait qu'un chaos informe, où il était impossible de voir clair. Il fallait la remanier tout entière. Une commission de jurisconsultes, de magistrats et de seigneurs fut chargée de ce soin, et elle produisit une espèce de code qui fut approuvé et confirmé par l'évêque le 28 avril 1477, et fut appelé la Paix ou l'Odonnance de Saint-Jacques, du noin de l'abbaye où les conférences avaient été tenues.

Jean de Horne occupa le siége épiscopal jusqu'en l'année 1505. Il mourut, à la suite d'une frénésie que lui causa une querelle qu'il eut avec les Liégeois au sujet des impôts dont il voulait les frapper. Dans la lutte qui eut lieu entre l'archiduc Maximilien et la France, il avait mis tout en œuvre pour maintenir la principauté dans l'état de neutralité qu'elle voulait garder ce fut le seul motif de reconnaissance qu'il légua à son évêché. En l'an 1500, il avait vu entrer le pays de Liége dans le cercle de Westphalie, lors de l'institution des cercles de l'Empire, arrêtée dans la diète tenue à Augsbourg.

Les blessures que Jean de Horne avait faites à la principauté furent fermées en grande partie par son successeur Erard de la Marck, fils de Robert de la Marck, seigneur de Sedan et de Lumey, que les chanoines de Saint-Lambert investirent de la mitre le 30 décembre 1506.

Ce prince s'appliqua à réparer les désordres civils que les deux règnes précédents avaient introduits dans l'administration et dans la police Par des lois sages, mais sévères, il rendit à la légalité son action, et à la justice son cours. Ilfit remettre en bon état les forteresses du pays, bâtit un nouveau palais épiscopal à Liége, réforma les monnaies, restaura les mœurs, et maintint l'ordre et le repos aussi bien qu'il était donné à un évêque de le faire. Il chercha, avant tout, à éteindre les factions, et il empêcha, pendant quelque temps, que le pays de Liége ne prit part à la querelle qui s'agitait alors entre la maison de Habsbourg et la Gueldre. Cependant il n'observa pas aussi bien lui-même la neutralité dont les Liégeois avaient fait, depuis la mort de Charles le Téméraire, la base de leur politique ; car, s'il rompit brusquement les liens qui l'avaient si longtemps attaché à la France, ce ne fut que pour se livrer entièrement à l'Espagne. En effet, en 1518 il conclut à Saint-Trond avec le roi Charles, qui fut depuis CharlesQuint, un traité dont les principales

BELGIQUE ET HOLLANDE.

stipulations portaient que l'évêque Erard et son frère Robert jureraient amitié sincère et bon voisinage au roi Charles et à ses successeurs; que leurs ennemis seraient communs, et qu'ils s'assisteraient mutuellement de toutes leurs forces; que l'évêque ne céderait son évêché qu'à Philippe son neveu, fils de Robert, ou à celui qui serait plus agréable au roi, et que, sous aucun prétexte, on ne pourrait nommer un successeur à l'évêque Érard qui pût être suspect au roi; que, si les seigneurs de la maison de la Marck venaient à être attaqués à l'occasion du présent traité, le roi les défendrait de toutes ses forces, et que, si ces seigneurs en étaient requis, ils assisteraient à leur tour le roi d'Espagne.

Cette alliance fut corroborée la même année par un autre traité qui était, à proprement parler, une alliance défensive entre le pays de Liége et celui de Brabant, et qui contenait la promesse réciproque de ne recevoir ni de favoriser les ennemis respectifs.

Če prompt revirement ne put manquer d'exciter les partisans que la France avait conservés en grand nombre dans la principauté. Il donna lieu à une conspiration contre l'évêque. On voulut la réprimer avec vigueur, en faisant jeter une partie des coupables dans les eaux de la Meuse; mais leurs amis n'en devinrent que plus furieux. Ils conçurent le projet de se défaire de tous les partisans de la maison d'Autriche, de s'emparer de l'évêque, et de le livrer au roi de France. Le moment venu d'exécuter ce plan hardi, ils essayèrent d'introduire dans la ville une troupe de soldats francais; mais le complot fut de nouveau déjoué, pour ne plus se renouveler.

Le dévouement que l'évêque venait de témoigner à l'empereur ne tarda pas à porter ses fruits. Le crédit de ce prince fit obtenir en 1522, à Érard de la Marck, le chapeau de cardinal. Mais cette faveur donna lieu à une difficulté nouvelle il s'agissait de pourvoir au remplacement du prélat, et de

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mettre la crosse entre des mains qui fussent aussi dévouées aux intérêts et au service de la maison d'Autriche. Le choix de Charles-Quint tomba sur Corneille de Berg, qui était attaché à la cour et à la personne de Marguerite, tante de l'empereur et gouvernante des Pays-Bas. Le chapitre de Saint-Lambert, informé de ce choix, en fut aussi étonné qu'alarmé, parce qu'il voyait dans cette nouveauté un attentat à ses priviléges; mais force fut aux chanoines de l'accepter, ou mieux de le subir.

Presque vers la même époque Marguerite d'Autriche vint à mourir : ce fut en 1530. L'empereur chargea alors du gouvernement des Pays-Bas sa sœur Marie, reine de Hongrie, et vint lui-même l'inaugurer à Bruxelles en 1531. Erard de la Marck s'était rendu aux fêtes qui accompagnèrent cette solennité. Pendant son absence, une guerre civile éclata, causée par une hausse extraordinaire dans le prix du grain. Les rivageois, que nous avons déjà vus en scène sous Ghys de Kanne, coururent aux armes, et s'avancèrent contre la ville, pour forcer les magis trats à faire exécuter le règlement sur les grains, qui commençaient à manquer sur les marchés. Les révoltés furent aisément défaits, après plusieurs rencontres sanglantes, et le repos fut rétabli.

Érard de la Marck n'eut pas aussi bon marché des difficultés que lui suscita l'invasion des doctrines de Luther dans la principauté. A l'exemple de Charles-Quint, qui venait de lancer ses édits contre le lutheranisme, l'évêque rédigea des édits. Pour étouffer mieux et d'une manière plus sûre les sectaires qui en étaient atteints, il institua un inquisiteur, dont l'extraordinaire sévérité faillit soulever de nouveau le pays. Tous les esprits se révoltèrent contre le pouvoir illégal dont ce ministre était investi. Le magistrat lui-même décida qu'aucune poursuite ne pourrait être faite pour cause d'hérésie, si ce n'est après une conviction acquise par une information et une poursuite conformes aux lois et

aux franchises du pays. L'évêque en appela à l'autorité et à l'exemple de l'empereur; mais ceux de Liége, fermes dans leur volonté de maintenir les priviléges de la nation, déclarèrent qu'ils n'accepteraient les édits de l'empereur que pour les points qui ne seraient pas contraires aux droits des citoyens. Erard de la Marck céda un moment en apparence à cette opposition, mais pour revenir bientôt avec plus d'énergie aux mesures de la rigueur la plus extrême : si bien que les têtes s'échauffèrent de plus en plus, et que le nombre des hérétiques crut à mesure qu'on redoublait de violence pour les combattre. Tous les moyens de la sévérité ayant été épuisés, l'évêque conçut l'idée de convoquer un synode, dont l'ouverture fut fixée au 8 janvier 1538; mais cette idée trouva une vive résistance dans le clergé, qu'il s'était aliéné par la réforme introduite, l'année précédente, dans la discipline ecclésiastique, entièrement relâchée, grâce aux temps de troubles qu'on avait parcourus sous les règnes de Louis de Bourbon et de Jean de Horne : de sorte qu'il fut forcé de renoncer à son projet de synode, et de revenir à son premier système de lutte contre les doctri

nes luthériennes. Mais la mort ne lui laissa pas le loisir de l'exercer longtemps encore; car il expira le 16 février 1538.

Charles V avait décidément mis la main sur la principauté de Liége. Il avait commencé par la détacher de la France; il avait ensuite nommé coadjuteur d'Erard de la Marck Corneille de Berg, qui succéda à ce prélat. A peine le nouvel évêque eut-il été inauguré à Liége le 16 juin, qu'il fit un pas de plus, en faisant nommer coadjuteur de Corneille de Berg un fils naturel de l'empereur Maximilien, George d'Autriche, archevêque de Valence. Ce n'était pas assez de tenir ainsi les Liégeois par la bride. A la diète tenue à Spire en 1544, il réclama le contingent du pays de Liége pour la guerre contre François Ier, déclaré ennemi de l'Empire, sous le prétexte

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