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ét de ses enfants illégitimes était considérable. Ses dépenses étaient énormes. Les communes avaient payé trois fois ses dettes, et cette généro. sité leur avait valu chaque fois un privilége de plus. Cependant, il avait toujours besoin de nouveaux subsides. Un jour (c'était en 1379) il demanda de nouveau une taxe extraordinaire. La commune de Gand la refusa. Celle de Bruges lui offrit d'y consentir, à condition qu'il leur permettrait de creuser un canal pour relier la ville de Bruges à la Lys. Pendant ces négociations, le comte arriva à Gand, où il avait ordonné un magnifique tournoi, auquel assista toute la chevalerie de la Flandre, du Hainaut, du Brabant, de la Hollande et de l'Artois. La splendeur de cette fête fut telle, que le peuple se mit à murmurer, en voyant dissiper des sommes aussi immenses en des jeux dont les villes étaient forcées de faire les frais. Tandis que les passes d'armes se fournissaient, il s'éleva tout à coup une voix du milieu de la foule, la voix d'un simple bourgeois, qui s'écria que la ville n'était pas disposée à donner un liard pour de pareilles prodigalités.

Louis de Maele, irrité haut point, quitta la ville aussitôt, et au plus se rendit à Bruges, dont la commune lui accorda la somme désirée, malgré les avis de la noblesse et du conseil. Les Gantois, de leur côté, craignant que ce canal détournât le cours de leur rivière, refusèrent plus vivement qu'auparavant la taxe demandée; et ce fut la cause d'une guerre civile désastreuse. Parmi les plus riches familles de Gand se distinguaient celle des Hyoens et celle des Mathys, qui vivaient depuis longtemps dans une inimitié héréditaire. Le chef de la première, Jean Hyoens, jouissait d'une grande influence auprès du comte, au moment où l'affaire de la taxe commença. Il avait été exilé à Douai, pour un meurtre qu'il avait commis dans l'intérêt de son seigneur. Mais Louis de Maele l'avait non-seulelement fait rappeler à Gand, mais encore fait investir de la dignité de doyen

de la corporation des poissonniers. Jean Hyoens s'engagea envers en faveur de la taxe. Mais tous ses eftecteur à disposer les esprits gantois son prola famille Mathys, qui, pour achever forts échouèrent contre l'inimitié de de perdre Hyoens, s'offrit au comte pour arranger la question du subside, disant qu'elle avait été mal conduite. Louis abandonna inconsidérément dignité pour en revêtir Gislebert Mason favori, qu'il fit dépouiller de så thys, qui déclarait ne pouvoir réussir qu'autant qu'il serait investi de la charge de doyen des poissonniers. Et, en effet, les Gantois consentirent la taxe. Mais Jean Hyoens était devenu un ennemi irréconciliable du comte. Habile et plein d'audace, il mit à profit la jalousie et l'inimitié qui régnaient entre les villes de Bruges et de Gand, et organisa la fameuse association des Chaperons blancs, dans le but apparent de s'opposer au creusement du canal, et dans le but réel de former un parti contraire au comte. Cette compagnie s'accrut, en peu de temps, de manière à se grossit de tous les mécontents, et devenir réellement redoutable.

Les Brugeois avaient commencé à creuser leur canal. Aussitôt qu'ils euGand, Hyoens marcha contre eux avec rent atteint la limite du territoire de nombre et dispersa le reste. Le comte, ses Chaperons blancs, en tua un grand reculant devant ce parti nouveau qui venait de se former contre lui, fit défendre aux Brugeois de continuer leur ouvrage, et promit à la ville de Gand de faire cesser la perception de la taxe, contre laquelle le nouveau tribun avait excité le peuple, si l'on parvenait à dissoudre les Chaperons blancs. On mit donc tout en œuvre pour parvenir à ce but. Mais Hyoens, craignant de se voir isolé, et de tomber ainsi négligea rien de son côté pour resservictime de la vengeance du comte, ne rer de plus en plus l'union entre ses partisans. Le bailli du comte et le doyen des poissonniers, de ses gens et des hommes du métier accompagné des bateliers, essayèrent, le 5 septem

bre 1379, de s'emparer de Hyoens. Mais ses Chaperons blancs se groupèrent au même instant autour de lui, et, grossis du métier des tisserands, ils livrèrent à leurs adversaires une bataille sanglante, où le bailli fut massacré. Maîtres du terrain, ils saccagègèrent les maisons de Mathys, de tous les officiers et de tous les partisans du comte. Hyoens ne s'arrêta pas là. Il avait poussé les choses si loin qu'il n'y avait plus de pardon à espérer. Il partit donc avec ses Chaperons pour Wondelghem, et ruina le château que le comte y possédait. Ensuite, ils dévastèrent un grand nombre de châtaux de nobles, partisans de Louis de Maele. L'insurrection, une fois commencée ne tarda pas à s'étendre aux villes de Hulst, de Ninove et de Deynze. Le comte était dans l'épouvante. Il convoqua sa chevalerie à Lille, et plaça des garnisons dans les forteresses qui lui étaient restées fidèles; mais il eut beau faire, Hyoens ne perdait s de temps, et il se trouva bientôt sous les remparts de Bruges, dont il commença le siége. La ville, frappée de terreur, n'opposa aucune résistance et ouvrit ses portes aux rebelles, auxquels cette commune se rallia aussitôt. Deux jours après, Hyoens était maitre de Damme, dont les habitants se joignirent à lui. Le surlendemain de son entrée en cette ville, il tomba malade, après un magnifique banquet auquel il avait assisté. Le jour suivant, il se fit transporter à Gand, et mourut en chemin. On soupçonne qu'il fut empoisonné. Les Gantois lui firent des funérailles aussi riches que pour un prince. Les rebelles, privés de leur capitaine, se choisirent à Gand quatre nouveaux chefs, Jean Bruneel, Jean Boels, Rasse Van Herzecle et Pierre Van den Bossche, et exigèrent des Brugeois plusieurs otages, pour s'assurer de la fidélité de cette ville. Ensuite ils allèrent à Courtrai, à Thourout et à Roulers, qui accédèrent à l'insurrection. Ypres et Grammont chassèrent les nobles, et se rendirent aux insurgés. Le comte n'occupait plus qu'Andenarde, Termonde et Alost, où il se

défendait avec sa chevalerie et les Allemands qu'il avait pris à sa solde. Pour le chasser de ce dernier asile, une armée de soixante mille hommes investit Audenarde, qui, défendue par une garnison de huit cents hommes, opposa la plus vigoureuse résistance. Après plusieurs jours de siége, une partie de l'armée se détacha, sous les ordres de Rasse Van Herzeele, et marcha sur Termonde, où Louis de Maele commandait en personne. Mais elle y trouva une défense non moins énergique, et retourna bientôt devant Audenarde. Cette ville résistait toujours, quoique la famine eût commencé à s'y faire sentir. Mais elle ne pouvait plus soutenir longtemps ce siége vigoureux. Aussi, le comte, secondé par sa mère, pressa le duc Philippe de Bourgogne de se rendre dans l'Artois. Philippe se hâta d'arri ver, et se présenta comme médiateur. Louis de Maele accorda aux insur. gés une amnistie complète, à condition qu'ils rebâtiraient à leurs frais le château de Wondelghem. En outre, il s'engagea à confirmer tous les priviléges et les droits du pays qu'il avait reconnus dans sa joyeuse-entrée avant son inauguration; à abolir tous les actes qui, dans la suite, avaient enfreint ou modifié ces droits et ces priviléges; à bannir à perpétuité tous ceux qui avaient donné la main à ces actes; à ne plus laisser la charge de chancelier de Flandre au prévôt de Saint-Donat à Bruges; à venir fixer sa résidence dans la ville de Gand; à

promettre sous serment le renvoi des soldats allemands; enfin, à ne prendre aucune vengeance sur les Flamands en Allemagne. Ces articles ayant été jurés par le comte, le siége d'Audenarde fut levé le 3 décembre. Mais Louis de Maele n'avait consenti à

conclure un traité aussi dur que pour sauver la garnison de cette place. Quand il eut atteint ce but, il ne songea plus à remplir ses engagements. Après s'être longtemps arrêté à Bruges, il se rendit à Gand, où, au lieu d'oublier le passé selon sa promesse, il commença par réunir une assemblée

des bourgeois, leur parla de l'affection qu'il avait toujours eue pour ses sujets, et de leur devoir envers leur seigneur; enfin, il rappela l'amnistie qu'il avait accordée, et demanda que la corporation des Chaperons blancs fût dissoute, et qu'il fut fait justice du meurtre du bailli. Les chefs des Chaperons blancs avaient deviné ce que le comte tramait contre eux. Aussi, ils s'étaient rendus à l'assemblée avec leurs hommes les plus déterminés, tous en armes et placés en évidence de telle manière que Louis de Maele put les avoir bien en vue. Il leur avait été enjoint de se tenir calmes et froids, et de ne témoigner aucun signe de respect au comte, au moment où il se présenterait dans l'assemblée du peuple. L'aspect de tous ces hommes l'avait singulièrement ému d'abord. Ils ne manifestaient cependant aucune mauvaise intention. Mais, quand il réclama la dissolution des Chaperons blancs, des murmures s'élevèrent dans leurs rangs, qui le regardaient avec colère. Alors, voyant qu'il pourrait courir quelque danger en appuyant sur ce qu'il venait de dire, il n'insista pas davantage, et rentra tout triste dans son palais. Peu de jours après, il quitta brusquement la ville de Gand et se retira à Lille, commençant à enfreindre ainsi cette paix que les Flamands, dans leur énergique idiome, ont nommée la Paix à deux visages. Son départ livrait la ville aux Chaperons, qui, dès ce moment, y dominèrent en maîtres, et se mirent à frapper de contributions les nobles demeurés fidèles à leur seigneur, pour subvenir aux frais d'une guerre prête à faire explosion. Mais, avant la guerre que le comte allait leur apporter du dehors, grâce au secours que le roi de France se montrait disposé à lui prêter, la guerre intestine se ralluma avec une nouvelle fureur. La famille du bailli massacré, n'ayant pu obtenir justice de ce meurtre, avait recommencé les hostilités. De leur côté les Chaperons blancs avaient repris les armes. Cinq mille d'entre eux, sous les ordres de Jean Bruneel, tombe

rent à l'improviste, au mois de février 1380, sur la ville d'Audenarde, et démantelèrent en partie cette forteresse. Louis de Maele essaya vainement d'empêcher, par des actes de sévérité, la guerre civile de s'étendre. Elle prit partout un caractère d'acharnement de plus en plus opiniâtre entre le peuple et les nobles, auxquels la chevalerie du Hainaut et des pays avoisinants avait commencé à prêter un appui efficace. Le comte se trouva bientôt débordé, et se vit forcé de permettre à ses nobles de faire la guerre chacun sous sa propre bannière. Ainsi le caractère de la lutte était nettement dessiné.

Bruges se trouvait dans une situation toute particulière. Son intérêt ne résidait pas exclusivement, comme celui de Gand, dans la fabrication et dans le commerce des draps; il consistait surtout dans ses relations avec les négociants étrangers. Cette ville avait donc un besoin extrême de la paix. Celles de Tournay, de Douai et de Lille étaient animées de l'esprit le plus pacifique. Louis de Maele n'eut ainsi aucune peine à les maintenir de son côté. Pour mieux s'attacher les Brugeois, parmi lesquels il avait un parti puissant, et qui l'avaient sollicité par leurs députés de venir établir sa cour dans leurs murs, il leur promit d'y séjourner la plus grande partie de l'année, et, de cette manière, il s'assura de presque toute cette vaste cité. Il s'y rendit avec un grand nombre des chevaliers flamands, artésiens, hennuyers, brabançons et bourguignons, qui composaient son armée. Mais il y fut à peine arrivé, que, pour réduire les mutins qui y restaient encore, il en fit saisir cinq cents, qui furent enfermés dans le château des comtes, et

lesquels petit à petit on décoloit, selon l'expression de Froissart. Cette mesure frappa de terreur les habitants du Franc de Bruges, dont un grand, nombre s'enfuirent, et dont le reste se rattacha spontanément au comte en lui promettant fidélité.

Dans ces entrefaites, les Gantois dirigèrent, au mois de mai, une attaque

contre la forteresse de Termonde; mais la garnison allemande, que Louis de Maele y avait maintenue, les força à la retraite. Alors ils se tournèrent vers Alost, qui leur ouvrit ses portes. Rassurés par ce succès, ils retournèrent recommencer le siege de Termonde, où ils furent rejoints par les fugitifs de Bruges et du Franc. Leur armée était assez forte pour frapper deux coups à la fois. Ils la divisèrent done en deux corps, dont l'un continua le siége, tandis que l'autre marcha sur Bruges, où il parvint à pénétrer, mais d'où il fut chasse avec une grande perte d'hommes. La nouvelle de ce désastre exaspéra au plus haut point les hommes restés devant Termonde. Ils poussèrent avec tant d'énergie le siége de cette place, que la garnison épuisée se vit réduite à céder. Une partie des Allemands s'échappa, le reste se rendit.

Cependant l'armée du comte s'était réunie à Cassel, et avait entrepris le siége de Poperinghe, dont la commune, ainsi que celle d'Ypres, tenait pour les Gantois, et se défendit vaillamment.

La guerre se continuait ainsi avec une vivacité extrême. En vain les Brugeois mirent tout en œuvre pour rétablir la paix. Pendant les négociations, une armée gantoise s'avança contre eux, et menaça de mettre leur ville à feu et à sang, si Gand n'obtenait pas, aussi bien que Bruges, la faveur du séjour du comte. Pour sauver cette ville de la destruction, Louis de Maele promit de se rendre à Gand, et d'y venir traiter un accommodement. En effet, il s'y rendit et fut reçu avec les plus vives démonstrations de joie. Le 19 juin, la paix fut conclue, et une amnistie complète promise aux rebelles. Mais cette paix ne dura guère que deux mois; car elle fut rompue le 8 août suivant. Une ardente querelle s'était élevée à Bruges entre les nobles et les tisserands. L'écoutète du comte punit ceux-ci, et donna droit à ceux-là. Les Chaperons blancs de Gand s'émurent contre cette décision, et se déclarèrent pour les tisserands. Louis de Maele, qui avait déjà

tant de motifs de se défier de cette turbulente corporation, la fit désarmer, et lui défendit de porter des armes dans la rue et d'en posséder dans les maisons. Cette défense fut étendue aux tisserands des autres villes. Elle n'eut pour résultat que de produire une explosion nouvelle. Les insurgés de Gand marchèrent sur Deynze, Thielt et Roulers. Ypres et Courtrai se prononcèrent pour eux. Dixmude allait entrer dans leur parti, quand le comte, averti à temps, se mit à la tête des hommes d'armes de Bruges et du Franc, et se rendit à Thourout, où il convoqua les gens de Furnes, de Nieuport et de Bruges. Les milices d'Ypres et de Gand, conduites par Jean Boels et Arnould de Clerck, lui présentèrent le combat; et, après avoir essuyé une sanglante défaite, s'enfuirent en partie à Ypres, en partie à Roulers. Après cette victoire, Louis de Maele marcha contre l'armée de ceux d'Ypres et de Gand, qui avait commencé le siége de Díxmude, la battit à Woemen le 27 août, et la poursuivit jusqu'à Courtrai. Les Gantois, qui s'étaient jetés dans cette ville, y massacrèrent leur propre capitaine Jean Boels, auquel ils attribuèrent les désastres de leurs armes. La ville d'Ypres était dans une grande épouvante, et envoya trois cents de ses bourgeois se jeter aux pieds du comte vainqueur pour implorer sa miséricorde. Louis fit grâce à cette commune, se borna à demander lå tête de trois cents mutins, et à réclamer un nombre égal d'otages, qu'il fit conduire à Bruges. Courtrai s'était soumis à son tour; Gand seul tenait encore la campagne. Le comte résolut d'entreprendre le siége de cette ville; mais son armée, si nombreuse qu'elle fût, ne l'était point assez pour tenir fermé l'accès de toutes les portes; et les Gantois purent aisément recevoir les convois de vivres que Liége et Bruxelles leur faisaient parvenir en abondance. Pendant que le siége traînait ainsi en longueur, Louis envoya le maréchal de Flandre, Gauthier d'Enghien, avec trois cents cavaliers, à

Grammont, pour nettre à mort plusieurs mutins de cette commune. L'exé cution venait de commencer, quand tout à coup les bourgeois exaspérés coururent aux armes, et massacrèrent tous les gens du comte. Gauthier d'Enghien et deux de ses compagnons parvinrent seuls à se sauver. Les Gantois se ranimèrent à cette nouvelle; car, le pays tout entier tenant pour le comte, à l'exception de Grammont et du pays de Waes, ils n'avaient presque plus à compter que sur eux-mêmes. Ils se mirent alors à déployer une énergie incroyable. Ils appelèrent sous les armes tous les hommes de l'âge de quinze à soixante ans, et formèrent ainsi une armée de quatre-vingt mille combattants. Elle se divisa en plusieurs corps, et sortit de la ville. Termoude fut assiégé; Alost fut pris et brûlé; le château d'Eenham fut conquis. Alors Arnould de Clerck marcha sur Audenarde; mais il fut cerné par les troupes du comte, et battu le 25 octobre; lui-même resta sur le champ de ba taille. Les Gantois prirent une terrible revanche le 1er novembre, et continuèrent le succès de leurs armes, qui ne fut interrompu que par la perte de Grammont, dont Gauthier d'Enghien parvint à s'emparer.

Après que le siége de leur ville eut duré dix semaines, les Gantois proposèrent la paix au comte, qui, pour mettre un terme à cette lutte prolongée, accepta les conditions qui lui furent offertes. Le traité fut conclu le jour de Saint-Martin, mais il ne fut pas plus durable que ceux qui l'avaient précédé. Au mois de janvier 1381, les Gantois reprirent les armes; et le pays fut de nouveau livré à la plus effroyable dévastation, jusqu'à ce que leurs alliés, fatigués de ces éternels combats, se fussent peu à peu détachés d'eux, et les eussent laissés de nouveau dans l'isolement. Alors le comte, qui avait rassemblé à Bruges une troupe de vingt mille hommes, lança cette armée, sous les ordres de Gauthier d'Enghien, contre la place de Nevele, où s'était établi un corps de Chaperons blancs, commandé par Rasse de Her

zeele et par Jean de Lannoy, et renforcé de six mille combattants que Pierre Van den Bossche avait amenés de Courtrai. Rasse engagea la bataille avec tant d'impétuosité, que l'armée du comte commença à plier. Mais tout à coup a cavalerie de Gauthier se précipita sur les Chaperons, dont elle rompit les lignes et qu'elle mit dans une déroute complète. Tout le corps des rebelles s'ébranla, et se dispersa de toutes parts. De Herzeele fut frappé de mort; Jean de Lannoy se sauva dans une tour à laquelle les vainqueurs mirent le feu, et d'où il fut forcé de sauter sur la pointe des piques qu'ils lui présentèrent les autres chefs furent brûlés dans une église. Tout ce qui avait pu échapper courut à Gand, où se réfugièrent aussi les habitants de Deynze, dont la ville fut livrée à l'incendie. Les Gantois étaient au comble de la fureur. Ils se vengèrent en brûlant plusieurs villages, et en massacrant, sur le marché de leur ville, vingt-six prisonniers de Bruges et du Franc, sans s'inquiéter des terribles représailles qu'exercèrent de leur côté les gens de Louis de Maele. Le magistrat de Gand, dont les intérêts ne se confondaient pas avec ceux des chef's du peuple, et qui voyait avec douleur ces cruautés inouïes et ces ravages continuels, pria le comte Albert de Hainaut de prêter sa média-i tion pour le rétablissement de la paix; mais Louis de Maele ne voulut entendre à aucune négociation, à moins que les Gantois ne lui eussent fourni préa lablement un nombre d'otages qu'il se réservait de fixer et de désigner. Cette condition fut repoussée, et la guerre continua avec le même acharnement. Cette reprise d'armes fut signalée par la chute de Grammont, où les gens du comte, après avoir passé au fil de l'épée plus de cinq mille hommes, ne laissèrent pas une maison debout. Cette commune tombée, toutes les forces de Louis de Maele se tournèrent vers les Gantois. Leur

ville était investie déjà, et chaque jour des secours nouveaux venaient grossir les forces des assiégeants. Quel

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