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d'un contrôle sévère, Charlemagne chercha à remédier à ce vice. Il est vrai que, dans chaque district, le premier dignitaire de l'église, l'évêque, pouvait surveiller le premier fonction naire civil, le comte; de même que celui-ci pouvait tenir l'œil ouvert sur les actes de celui-là. Mais ce contrôle, l'empereur le regarda comme insuffisant dans les provinces; car il pouvait naturellement arriver que tous deux s'unissent pour sortir des limites de leurs pouvoirs, et s'entendissent pour faire tourner à leur profit particulier des abus qui leur étaient si faciles, surtout dans les cercles répandus sur les limites extrêmes de ce vaste empire. Voici donc comment Charlemagne procéda pour empêcher ces abus. Il institua des envoyés, appelés missi dominici, qui servirent à introduire l'ordre et l'unité dans l'administration générale, en s'enquérant des plaintes qui pouvaient s'élever çà et là contre les administrations locales. Dans chaque district, composé de plusieurs comtés, il y avait deux de ces missi dominici, dont l'un était prêtre, l'autre laïque. Ils avaient mission de parcourir leur district quatre fois l'année, et d'instruire l'empereur de l'état des provinces, des domaines, des fonctionnaires, etc. Un autre genre d'envoyés, désignés par le nom de missi fiscalini, étaient chargés de la perception des amendes judiciaires qui devaient être payées à la chambre impériale, comme aussi du contrôle des bénéfices accordés et de la gestion des domaines. Les rachimbourgs et les scabini concouraient à l'administration de la justice. Ils étaient secondés par les centeniers; mais ceux-ci ne pouvaient pas connaître des affaires où il y avait à trancher des questions de vie, de liberté, ou de propriété immobilière. Les affaires relatives au service militaire étaient entièrement du ressort des comtes. Sous Charlemagne, ce service était si strictement obligé, que celui qui refusait de s'y rendre et de s'équiper était condamné à payer une amende de soixante sols, ou à devenir le vassal

de l'empereur jusqu'à ce que sa famille eût produit la somme. Dans la classe des hommes qui n'avaient pas les moyens de se procurer chacun un équipement de guerre, plusieurs se réunissaient pour équiper en commun l'un d'entre eux. Le service militaire était ainsi considéré comme un impôt. Outre la division de l'empire en comtés, il y avait une autre division du territoire en districts plus étendus, dont chacun était placé sous un comte palatin, ou justicier supérieur. Le comte palatin était, dans l'origine, appelé à rendre la justice dans le palatinat royal, où le roi luimême présidait les plaids quand il n'était ni empêché ni absent. Mais, plus tard, l'empire ayant acquis un plus vaste développement, chaque grand district obtint son comte palatin particulier, qui avait le droit de connaître de toutes les affaires judiciaires dont la décision eût directement appartenu à l'empereur, s'il avait été présent dans le district. Cependant le pouvoir de ces justiciers supérieurs s'arrêtait devant la juridiction exclusivement réservée à l'empereur, et comprise sous le nom de placita regia, c'est-à-dire, celle qui avait à décider les affaires relatives aux prélats, aux comtes, et en général à tous les agents immédiatement soumis à l'empereur. Du reste, les comtes palatins jugeaient en dernier ressort les appels des jugements des comtes.

Telle était l'organisation que Charlemagne donna à l'administration locale dans son empire.

Quant au gouvernement central, il résidait presque exclusivement dans l'action de Charlemagne lui-même et de ses conseillers personnels. Nous venons de dire presque exclusivement, car l'empereur s'appuyait fréquemment sur les assemblées nationales pour recueillir les lumières et les conseils dont il s'aidait pour la rédaction des lois et des règlements. Ces assemblées, qui tiraient leur origine des anciennes institutions germaniques, et qui, après avoir d'abord été connues sous le nom de Champs-de-Mars, parce qu'on les

tenait dans le cours de ce mois, furent ensuite appelées Champs-de-Mai lorsque Pepin le Bref les eut fixées au deuxième mois plus tard, - devaient, selon la règle, se tenir deux fois l'an. Mais elles ne furent jamais régulièrement tenues ainsi; car, sous le règne de Charlemagne, c'est-à-dire dans l'intervalle de quarante-six ans, l'histoire ne cite que trente-cinq de ces assemblés générales, dont la première eut lieu en l'an 770 à Worms, et la dernière à Aix-la-Chapelle en l'an 813. A ces réunions assistaient tous les grands du royaume, prêtres et laïques.

Là, dit Hincmar, archevêque de Reims, qui vécut vers la fin du 1x° siècle, on soumettait à l'examen et à la délibération des grands, et en vertu des ordres du roi, les articles de loi nommés capitula, que le roi lui-même avait rédigés par l'inspiration de Dieu, ou dont la nécessité lui avait été manifestée dans l'intervalle des réunions. Après avoir reçu ces communications, ils en délibéraient un, deux ou trois jours, ou plus, selon l'importance des affaires. Des messagers du palais, allant et venant, recevaient leurs questions et leur rapportaient les réponses; et aucun étranger n'approchait du lieu de leur réunion, jusqu'à ce que le résultat de leurs délibérations pût être mis sous les yeux du grand prince, qui alors, avec la sagesse qu'il avait reçue de Dieu, adoptait une résolution à laquelle tous obéissaient. Les choses se passaient ainsi pour un, deux capitulaires, ou un plus grand nombre, jusqu'à ce que, avec l'aide de Dieu, toutes les nécessités du temps eussent été réglées. » Il résulte de ces paroles de Hincmar, que ces assemblées étaient tout simplement consultatives, et que Charlemagne seul prenait toujours les résolutions définitives sur les questions ainsi mûries dans ces grandes délibérations. On pourrait, en outre, déduire de ce que l'archevêque de Reims rapporte au sujet de ces réunions, que le roi seul y avait le droit d'initiative. Cependant on croit généralement que les membres de l'assemblée pou

vaient faire de leur côté les propositions qui leur paraissaient convenables. Les édits ou règlements adoptés dans ces assemblées recevaient le nom de capitularia, capitulaires. Nous en connaissons soixante, se composant ensemble de onze cent vingt-six articles, dont six cent vingt et un appartiennent à la législation civile, et quatre cent quatorze à la législation religieuse.

Mais ces assemblées n'avaient pas seulement pour objet de fournir à l'empereur les lumières et les conseils nécessaires dans les affaires législatives: il en faisait aussi un grand moyen d'enquête générale sur les affaires intérieures des provinces, et sur les dangers qui menaçaient les frontières. « La seconde occupation du roi, dit Hincmar, était de demander à chacun ce qu'il avait à lui rapporter ou à lui apprendre sur la partie du royaume d'où il venait. Non-seulement cela leur était permis à tous, mais il leur était étroitement recommandé de s'enquérir, dans l'intervalle des assemblées, de ce qui se passait au dedans ou au dehors du royaume; et ils devaient chercher à le savoir des étrangers et des nationaux, des ennemis comme des amis, quelquefois en employant des envoyés, et sans s'inquiéter beaucoup de la manière dont étaient acquis les renseignements. Le roi voulait savoir si, dans quelque partie, quelque coin du royaume, le peuple murmurait ou était agité, et quelle était la cause de son agitation, et s'il était survenu quelque désordre dont il fût nécessaire d'occuper le conseil général, et autres détails semblables. Il cherchait aussi à connaître si quelqu'une des nations soumises voulait se révolter, si quelqu'une de celles qui s'étaient révoltées semblait disposée à se soumettre, si celles qui étaient encore indépendantes menaçaient le royaume de quelque attaque, etc. Sur toutes ces matières, partout où se ma nifestait un désordre ou un péril, il demandait principalement quels en étaient les motifs ou l'occasion. »

Ainsi Charlemagne avait l'œil sur

toutes choses; ainsi il était partout, dirigeant, avec la force du génie et d'une volonté énergique, ce vaste empire composé d'éléments si divers. A la fois législateur, homme de guerre et d'administration, il imprima, à tous les actes et à toutes les institutions qu'il fonda, le cachet d'un homme qui avait devancé son siècle. Les crimes qu'on peut lui imputer, tels que la boucherie des quatre mille Saxons qu'il fit décapiter en un jour, appartiennent à l'époque barbare où il vécut; mais ses vertus et ses grandes vues d'utilité nationale lui restent. Car, si l'on veut ne lui tenir compte ni de ses vastes conquêtes, ni de la vigueur avec laquelle il sut les maintenir, on ne peut lui refuser la gloire d'avoir tout renouvelé. Ainsi, dit Hallam, << on le voit réformer les monnaies et en donner un tarif régulier; rassembler autour de lui les savants de tous les pays; fonder des écoles et former des bibliothèques; prendre part aux disputes religieuses, mais en roi; faire des efforts, à la vérité prématurés, pour créer une force maritime; concevoir, dans l'intérêt du commerce, la superbe entreprise de la jonction du Rhin avec le Danube, et se préparer à fondre, dans un système uniforme, les codes discordants des lois romaines et barbares. » Ce n'était donc pas seulement à affermir ses conquêtes, et à introduire l'unité et l'ordre dans l'administration de son empire, que Charlemagne s'appliquait il prenait soin aussi d'éclairer ses peuples, de polir leurs mœurs, et de faire refleurir parmi eux les sciences et les arts, dont il ne restait presque plus aucun vestige lorsqu'il monta sur le trône de Pepin le Bref. En 782, il attacha à sa personne le célèbre moine anglo-saxon Alcuin, qui lui enseigna la rhétorique, la dialectique, et surtout l'astronomie, qu'il préférait aux autres sciences après la théologie. Outre ce savant, il y avait Éginhard, qui fut secrétaire de l'empereur, et devint, dans la suite, abbé de Saint-Bavon, à Gand, Angilbert de Neustrie, Leidrade de

Norique, Smaragde, saint Benoît d'Aniane, Théodulphe, Adalhard, Anségise, Wala, Amalaire, Agobard, Thegan Raban Maur, Walfried Strabo, Nithard, Florus, saint Prudence, Servat-Loup, Radbert, Ratramne, Jean Scott et Gottschalk, tous hommes dont les écrits sont connus, et dont quelques-uns fournissent, sur l'époque où ils vécurent, les lumières les plus précieuses. C'est ainsi que l'empereur se plaisait à s'entourer non-seulement des savants lettrés de son empire, mais encore des étrangers distingués par leur savoir, quand il pouvait les attirer auprès de lui. Charlemagne était lui-même remarquable par son instruction. Selon Eginhard, il avait une élocution facile; il possédait à fond la langue latine; il savait lire le grec; il avait des connaissances en logique, en grammaire, en rhétorique et en astronomie; il entreprit même d'assujettir aux règles grammaticales la langue des Franks. Il fonda de nombreuses écoles, parmi lesquelles se distinguerent surtout, en Belgique, celles de Liége, de Saint-Bertin, de Lobbes et de Saint-Amand, qui obtinrent une grande célébrité littéraire, et où l'on enseignait les sept arts libéraux, savoir la grammaire, la rhétorique, la dialectique, l'arithmétique, la géométrie, l'astronomie et la musique. Il alla jusqu'à s'occuper des détails de l'orthographe et de la calligraphie, et fit substituer les caractères romains à l'alphabet teutonique mérovingien, qui avait prévalu jusqu'alors.

Malheureusement, pour continuer Charlemagne, il eût fallu un autre Charlemagne. Aussi, ce vaste empire dut s'écrouler sur lui-même, tout ce formidable entassement de puissance dut tomber, quand le bras eut disparu qui avait créé cet empire et fondé cette puissance

L'empereur fut enterré à Aix-la-Chapelle, où sa tombe se voit encore aujourd'hui. La cérémonie des funérailles se fit avec une pompe extraordinaire. Le mort, revêtu de ses habits impériaux, la couronne sur la tête, son

épée d'une main et son sceptre de l'autre, fut placé dans un caveau sur un trône d'or. Son bouclier fut mis à ses pieds, sa bourse de pèlerin attachée à sa ceinture, et le livre des Évangiles posé sur ses genoux. On ajoute que le sépulcre fut pavé de pièces d'or et embaumé de parfums, et qu'il fut scellé ensuite.

Charlemagne portait une affection particulière au pays de Liége, au berceau de sa famille. Il venait fréquemment se reposer de ses fatigues, ou passer les fêtes de Pâques ou de Noël, à Herstal, à Jupille et à Liége, où tout rappelle encore aujourd'hui son souvenir. Ici c'est quelque église fondée par lui ou par Ogier le Danois; là c'est une tradition populaire dont quelqu'un de ses paladins est le héros. Dans les campagnes, plus d'un arbre vénérable porte le nom d'arbre de Charlemagne, et plus d'un vieillard vous raconte, d'une voix grave et pieuse, la légende des Quatre Fils Aymon, dont le cheval Bayart imprima, selon le dire du peuple, l'un de ses fers dans l'énorme rocher à pic qui se dresse près de la ville de Dinant. Au village d'Oupeye on vous montre une vieille tour qu'habitait, dit-on, la célèbre Alpaïde, mère de Charles Martel. Quand vous visitez avec quelque savant les ruines de Franchimont, il ne manque pas de vous dire que les historiens font remonter l'origine de ce manoir à Pharamond, et que d'autres en reportent la construction à Chilpéric. Non loin de là on vous conduit sur le théâtre de cette fameuse bataille de l'Amblève, où Charles Martel défit l'armée des Neutriens et des Frisons, et préluda aux victoires de Vincchy et de Soissons. C'est à Liége quefut exilé avec sa femme et ses enfants le dernier roi des Lombards, Didier que l'empereur, après l'avoir vaincu, en 774, y plaça sous la garde de l'évêque Agilfride. Plusieurs de nos an. ciens et naïfs chroniqueurs rappellent les merveilles et les pompes des cours plénières que Charlemagne tenait en cette ville, et citent avec orgueil les glorieux faits d'armes que les hommes

de la cité éburonne accomplirent sous l'étendard dont il la gratifia, et qui, pendant plusieurs siècles, fut si célèbre dans l'histoire de l'évêché sous le nom d'Étendard de saint Lambert, ainsi appelé parce qu'il était confié à la garde du chapitre de la cathédrale liégeoise.

Charlemagne mort, son fils Louis le Débonnaire, qu'il avait associé à l'empire dans la ville d'Aix-la-Chapelle en 813, lui succéda au trône imperial. Mais ce trône avait perdu son éclat depuis que l'épée du grand homme avait été déposée dans son sépulcre avec son corps. La tête de Louis n'était pas faite pour porter le lourd diadème que Charlemagne s'était forgé avec tant de labeur; son bras n'était pas fait pour maintenir le grand ensemble de l'empire carlovingien, composé de tant d'éléments divers qui tendaient déjà à se séparer, du vivant même de celui qui le fonda. Ces principes de dissolution que l'absence d'homogénéité devait nécessairement faire naître, se développèrent de plus en plus sous le faible successeur de Charlemagne. Aussi, dès l'an 817, Louis ne se sentit pas de force à porter seul le poids dont il s'était chargé en revêtant le manteau du pouvoir. Dans une diète tenue à Aix-la-Chapelle, il associa son fils Lothaire à l'administration de l'empire, créa son autre fils Pepin duc d'Aquitaine, et son autre fils Louis roi de France; de sorte que son quatrième fils Charles II, dit le Chauve, qu'il avait eu de Judith, sa seconde femine, n'eut d'abord aucun partage. Mais il obtint bientôt un trône aussi, celui d'Italie, après que le roi de ce pays, Bernard, neveu de Louis le Débonnaire eut été défait, pris et mis à mort par son oncle, en l'an 820. Le mécontentement que cette cession fit naître dans les fils de l'empereur, et l'inimitié que des jalousies réciproques suscitèrent entre eux, engendrèrent une suite de révoltes et de dissensions, qui eurent pour résultat deux dépositions et deux restaurations de Louis le Débonnaire, qui expira en 840, d'inanition et de chagrin. Sa mort fut

le signal de la guerre entre ses fils, qui se mirent à s'arracher et à se disputer, les armes à la main, les lambeaux de l'empire de Charlemagne, tandis que de toutes parts ce vaste édifice commença à craquer et à tomber en dissolution. A la guerre intérieure se joignirent de tous côtés des soulèvements terribles, tandis que les Barbares s'agitaient de plus en plus autour des frontières, enhardis qu'ils étaient depuis que l'épée avait disparu qui les avait tenus en respect jusqu'alors. A l'orient ce furent les Slaves, au midi les Sarrasins, et au nord les Normands. Déjà, du vivant de Charlemagne, les premières voiles des Normands s'étaient montrées sur ses côtes. « Un jour, dit le moine de SaintGall dans sa précieuse chronique, l'empereur se leva de table, se mit à une fenêtre qui regardait l'orient, et y demeura longtemps immobile; des larmes coulaient le long de ses joues; personne n'osait l'interroger.

Mes fidèles, dit-il aux grands qui l'environnaient, savez-vous pourquoi je pleure? Je ne crains pas pour moi ces pirates; mais je m'afflige que, moi vivant, ils aient osé insulter ce rivage. Je prévois les maux qu'ils feront souf. frir à mes descendants et à leurs peuples. »

Lothaire à peine parvenu à l'empire après la mort de son père Louis le Débonnaire, ses deux frères Louis et Charles se liguèrent contre lui, pour s'affranchir de la suzeraineté qu'il affectait sur leurs couronnes royales. Le résultat de cette ligue fut la sanglante bataille de Fontenay, livrée le 25 juin 841, qui, après avoir détruit les idées de monarchie universelle rêvées par Lothaire, amena le célèbre traité de Verdun en l'an 843. En vertu de cet acte, l'empire fut divisé en trois grands royaumes, d'Italie, de France et de Germanie. Charles le Chauve, qui, dans un précédent partage, avait obtenu la France, conserva l'Aquitaine et la Neustrie. Louis obtint la Germanie, et fut pour cette raison appelé le Germanique. Enfin, Lothaire, outre l'empire, l'Italie, la Provence,

le Lyonnais et la Franche-Comté, eut dans son partage toutes les contrées comprises entre le Rhône, la Saône, le Rhin, la Meuse et l'Escaut. Ce vaste royaume fut appelé royaume de Lothaire, d'où, par contraction, on lui donna le nom de Lotharingie, et par corruption celui de Lorraine. Cet arrangement plaça sous le sceptre de Lothaire toute la Belgique actuelle, à l'exception de la Flandre et de l'Artois, qui, appartenant à la Neustrie, étaient échus en partage à Charles le Chauve. Le traité qui consacra cette division territoriale avait été précédé d'un serment d'alliance qui fut juré, à Strasbourg, par Charles le Chauve en langue germanique, et par Louis le Germanique en langue française. Cette dernière pièce est considérée comme le monument littéraire le plus ancien qui nous soit parvenu en français.

Non rassurés encore par le traité qu'ils venaient de conclure à Verdun, les trois frères, pour prévenir les dissensions nouvelles qui pourraient s'élever entre eux, et bien définir les intérêts de leurs États respectifs, se réunirent en assemblée au village de Meersen, près de Maestricht, et arrêtèrent un accord en vertu duquel les princes leurs fils hériteraient chacun des États de leur père, conformément au partage de Verdun.

C'est d'après le principe posé dans cet arrangement que Lothaire, avant de mourir, partagea en 855 ses États entre ses trois fils. Louis II devint empereur et roi d'Italie; Charles, roi de Bourgogne et de Provence; enfin, Lothaire, le plus jeune, roi de la Lotharingie. De cette manière la Belgique passa sous la puissance de Lothaire II, dont la succession fut dévolue en 869 à son frère Louis, déjà empereur depuis l'an 855, et roi de Provence depuis la mort de son autre frère Charles, survenue en 863. Mais la Provence et la Lotharingie furent, bientôt après, usurpées par Charles le Chauve, qui, après la mort de son neveu Louis II, trouva, en 875, le trône de l'empire vacant, et se fit couronner

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