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vain avait en sa faveur des titres réels et légaux. Henri VI balança d'abord, ne sachant auquel des deux il accorderait l'investiture, lorsque Thierry, comte de Hostade, qui avait rendu de grands services à son impérial suzerain, vint tout à coup s'interposer, et demander la crosse de Liége pour son frère Lothaire, prévôt de l'église de Bonn. L'empereur hésitait encore, quand le comte de Hostade lui offrit une somme de trois mille marcs d'argent. Henri VI accepta, et Lothaire, ayant obtenu l'investiture désirée, vint prendre possession de la principauté.

Albert de Louvain, dont les partisans diminuaient chaque jour par crainte de l'empereur, et dont le frère, le duc Henri I, ne pouvait plus lui prêter le moindre secours, résolut alors d'aller demander la protection de Rome. Après avoir heureusement échappé aux satellites apostés tout le long de sa route pour le frapper, il arriva un matin dans la capitale chrétienne, brûlé par le soleil, couvert de poussière et de sueur, coiffé d'un mauvais bonnet de laine, vêtu d'un habit d'étoffe grossière, chaussé de gros souliers, et portant à la ceinture un coutelas dans une gaine couverte de graisse et de rouille. C'est dans ce singulier accoutrement qu'il se présenta devant le pape Célestin III, qui, au risque d'encourir toute la colère de l'empereur, confirma solennellement la nomination d'Albert à l'évêché.

Cependant Albert, rentré dans les États de son frère, n'y trouva plus même un asile, Henri VI ayant ordonné au duc de Brabant de le faire sortir de ses États.

Un orage allait éclater.

L'empereur se rendit lui-même à Liége, pour infliger une punition éclatante aux partisans que l'évêque y avait conserves. Il fit raser d'abord leurs maisons; puis, ayant ordonné au duc Henri de Brabant de venir le trouver, il lui imposa l'obligation de déclarer nulle la nomination de son frère, et de reconnaître celle de Lothaire,

valable. Le duc, pris au dépourvu, demanda le temps de réfléchir sur ces points. L'empereur voulait que la réponse fût donnée avant le soir; et quand le prince brabançon eut quitté le palais, ille fit suivre par des espions, afin qu'il ne pût s'échapper. Les amis du duc, sachant à quel danger il s'exposait en refusant de se rendre à la volonté de l'empereur, l'engagèrent à céder. En effet, le soir, il se déclara disposé à accepter ce que l'empereur lui avait imposé. Mais ce n'était pas assez; il fallait se défaire, par un prompt coup de main, d'Albert lui-même, qui se tenait à Reims, où l'archevêque lui avait administré le sacre par ordre du pape. Une trame odieuse fut ourdie à Maestricht par Henri VI, dont Lothaire et son frère Thierry ne cessaient d'attiser la violence. Trois chevaliers allemands se chargèrent de l'exécuter. Ils se rendirent à Reims avec un train considérable, et se lièrent avec le malheureux fugitif, qui les accueillit avec la plus grande bonté, et s'enquit du motif de leur voyage. Ils répondirent qu'ils étaient des seigneurs allemands attachés à la cour de l'empereur; et qu'ayant eu le malheur de tuer l'échanson de leur maître dans une rixe qui s'était élevée à la table impériale, ils avaient été forcés de prendre la fuite. Dès ce moment, le crédule Albert ne vit plus en eux que des compagnons d'infortune, et il les admit dans son intimité; mais il ne tarda pas à tomber dans le piége qu'ils lui avaient ainsi tendu. Un jour, étant allé se promener avec eux à cheval, ils l'entraînèrent à une grande distance de la ville et le massacrèrent misérablement. Le crime consommé, ils se sauvèrent à Verdun, d'où ils allèrent bientôt annoncer à l'empereur le succès de leur mission.

Aussitôt que la nouvelle de cet horrible assassinat fut connue à Liége, le peuple entra dans une grande fureur, et Lothaire quitta Liége en toute hâte et se retira vers l'empereur, parce qu'il ne se voyait plus en sûreté dans l'évêché.

Un des chanoines de Reims ayant

annoncé ce crime au duc Henri, auquel il porta les vêtements ensanglantés de son frère, une exaspération non moins grande éclata dans le Brabant. Ce ne fut qu'un cri. Le duc Henri et tous les membres de sa famille formèrent alors contre l'empereur une ligue, dans laquelle entrèrent l'archevêque de Cologne et tous les princes allemands. Cette coalition était formidable. Aussi Henri VI songeant sérieusement à la conjurer, demanda aux princes alliés une conférence qui eut lieu près de Cologne. Il consentit à chasser de ses États les meurtriers d'Albert; il aban donna Lothaire, et permit au duc Henri de choisir, de concert avec le chapitre de Saint-Lambert, l'évêque qui leur plairait.

Pendant que Lothaire renonçait à l'évêché pour échapper à l'excommunication dont Rome l'avait menacé, les querelles recommencèrent à Liége, et le chapitre se divisa de nouveau sur l'élection à faire. Quelques chanoines voulurent placer sur le siége épiscopal Simon, fils de Henri IV, duc de Limbourg, enfant qui comptait seize ans à peine. Mais quatre archidiacres réclamèrent contre le choix devant le pape, qui cassa cette nomination. Dans la crainte que les partisans de Simon ne leur laissassent pas la liberté de procéder, selon leur conscience, dans leurs opérations, les archidiacres et le plus grand nombre des chanoines se rendirent à Namur, où ils proclamèrent évêque Albert de Cuyck.

L'élu avait pour appui Baudouin V, comte de Hainaut, auquel le pape avait, dans ces circonstances difficiles, confié le soin de l'église de Liége, tandis que Simon avait, de son côté, le duc de Brabant. Une lutte était imminente. Simon avait mis en état de défense le château de Huy, que le comte de Hainaut vint assiéger, lorsque le duc prit tout à coup le rôle de médiateur, et proposa un accommodement en vertu duquel les deux princes prendraient le pays sous leur protection, jusqu'à ce qu'Albert et Simon se fussent rendus à Rome, et eussent soumis leurs titres à l'arbitrage du sou

verain pontife. Cet arrangement accepté, les deux élus partirent pour l'Italie, et le pape confirma l'élection d'Albert de Cuyck.

Mais, avant le retour d'Albert, de nouvelles difficultés lui furent suscitées. Ses ennemis ayant répandu le bruit de sa mort, les chanoines qui lui étaient opposés élurent évêque Othon de Fauquemont, archidiacre de Liége, et demandèrent son investiture à l'empereur Othon IV, qui se trou-vait à Worms. Heureusement Albert arriva dans cette ville en même temps que son compétiteur, et reçut de l'empereur la confirmation de son titre.

Albert, investi du pouvoir, s'adonna à la simonie, à l'exemple de plusieurs de ses prédécesseurs, et fit censurer sa conduite par le pape Innocent III.

Dans la fameuse lutte des Guelfes et des Gibelins, il embrassa avec ardeur le parti de ceux-ci, tandis que les Brabançons se prononcèrent pour ceux-là. Cette division amena plus d'un froissement funeste.

Ce ne fut pas l'unique cause de désordre qui tourmenta la principauté sous Albert de Cuyck. Fondateur de ces libertés et de ces priviléges qui rendirent si fière la turbulente population liégeoise, et qui donnèrent lieu à cet adage consacré depuis dans d'autres actes publics: Pauvre homme en sa maison roi est, ce prélat vit commencer dans l'Etat ces dissensions civiles par lesquelles Liége fut si sou-vent et si profondément agitée pendant cinq cents ans. Les magistrats ayant résolu, en 1199, de faire des réparations aux remparts de la ville, imposerent une taxe, dans laquelle ils comprirent le clergé lui-même. Mais les clercs, se retranchant derrière leurs immunités, s'opposèrent à cette décision, fermèrent leurs églises, et lancèrent l'interdit sur la ville. Le peuple s'ameuta contre cette me sure de violence. Enhardi par l'appui que l'évêque lui prêtait, il se porta bientôt à des voies de fait. Cette exaspération aurait peut-être eu ·

les conséquences les plus graves, si le grand doyen du chapitre de Saint-Lambert n'était parvenu à apaiser les esprits, et à amener le peuple à respecter les priviléges de l'Église.

Albert de Cuyck termina, en 1200, son règne, signalé par la découverte de la houille, qui ne remonte qu'à l'an 1198, et par l'octroi de la première charte, écrite en l'an 1199.

Son successeur fut Hugues de Pierrepont, fils du comte de Warnade et de Pierrepont, et allié par sa mère au comte de Rethel.

Dès le commencement de sa prélature, ce prince eut avec le duc de Brabant un débat qui se serait converti en une guerre acharnée, sans l'intervention du comte de Namur. Ce différend eut lieu au sujet de certains droits que l'évêque de Metz, possesseur de l'abbaye de Saint-Trond, avait accordés au comte Louis de Looz, et que le duc de Brabant disputait à ce seigneur. Le comte de Looz, pour s'assurer l'appui de l'évêque, convertit alors en fief liégeois tous ses domaines autres que ceux qui l'attachaient déjà par le lien féodal à la principauté. C'est ainsi que Hugues de Pierrepont dut recourir aux armes pour tenir tête à Henri I de Brabant. Il se dirigea avec une armée nombreuse vers Landen, et les épées brabançonnes se portèrent sur Waremme. Une rencontre allait avoir lieu, quand le comte de Namur s'interposa, et parvint à engager le duc à céder.

Cet accommodement ne fut, à vrai dire, qu'une suspension d'armes momentanée; car, peu de temps après, les hostilités éclatèrent entre les deux princes avec une incroyable fureur. Voici à quelle occasion.

Albert, comte de Dasbourg, de Metz et de Moha, avait perdu ses deux fils, qui, revenant d'un tournoi auquel ils avaient assisté à Andenne, et la tête exaltée par le spectacle chevaleres que de ces joutes, avaient voulu s'essayer dans un de ces combats, et s'étaient entre-tués. N'ayant plus d'héritier, le comte céda ses terres de Moha

et de Walef au duc de Brabant pour une somme de quinze mille marcs d'argent. Mais, soit que le payement n'eût pas eu lieu, soit qu'Albert eût change derésolution, il vendit en 1204, avec toutes les formalités d'usage, ces mêmes seigneuries à l'évêché de Liége, à condition toutefois que s'il lui survenait un fils ou une fille, cet héritier tiendrait les terres en fief de la principauté. Ce marché était à peine conclu depuis quelques mois, qu'Albert devint père d'une fille, et lit de vaines tentatives pour rompre le contrat. Il mourut huit années après, c'est-à-dire en 1211. Il avait investi de la tutelle de l'orpheline le duc de Lorraine, dont le fils, Thibaut de Bar, était appelé à l'obtenir pour épouse. Hugues de Pierrepont, prévoyant que de grandes difficultés allaient s'élever entre lui et le duc de Brabant, chercha aussitôt à s'arranger avec Thibaut. Tous deux tombèrent facilement d'accord, et les domaines vendus restèrent à l'évêché. Mais Heuri de Brabant vint réclamer le payement de sommes considérables qu'il prétendait avoir prêtées au comte de Moha, et demanda à être mis en possession du château et des revenus qui en dépendaient, jusqu'à ce que ces sommes lui eussent été. remboursées. L'évêque, éludant cette demande, lui proposa de soumettre leur différend à l'arbitrage de l'empereur, leur juge à tous deux.

Le duc, au lieu d'accepter la médiation impériale, recourut au moyen extrême des armes. Pendant que les épées brabançonnes se préparaient à entrer en campagne, Hugues de Pierrepont, croyant qu'elles allaient se jeter dans le comté de Moha, voulut les prévenir, et se hâta d'occuper le château. Mais la consternation se répandit bientôt à Liége, quand on apprit que le duc marchait contre la ville avec une troupe de vingt mille hommes. Les métiers coururent aux armes, et le haut avoué de la Hesbaie, Raes Desprez, les conduisit, avec l'etendard de Saint-Lambert, jusqu'au village de Horion, à deux lieues

BELGIQUE.

repont appela tous ses sujets et ses de la ville. Arrivé en cet endroit, leur vassaux sous sa bannière, et eut bien. capitaine sentit que les hommes s'étôt réuni des forces imposantes, que branleraient au premier choc, peu nom vinrent grossir les épées des comtes breux et peu exercés comme ils l'étaient; et qu'au lieu de les conduire de Flandre, de Namur et de Looz. Le duc Henri ne pouvait résister à une à un combat, il les menait à une bouarmée aussi puissante. Il envoya done cherie. Soldat expérimenté et d'une bravoure souvent éprouvée, il parvint des députés, avec la promesse qu'il viendrait avec ses officiers demander à l'évêà faire comprendre ce péril à ses comgenoux, pagnons, et réussit à les ramener à pardon, pieds nus et à que et au peuple de Liège, des attenLiège, où il remit la bannière sur tats sacriléges dont il s'était rendu l'autel de la cathédrale. On était dans coupable. Hugues, qui ne se fiait la plus grande perplexité, quand on apprit soudain que le duc se trouvait point aux paroles de son ennemi, aux portes de la ville. L'évêque, qu'on engagea le comte de Flandre à exiger avait en toute hâte instruit du danger, de lui une caution en argent, qui fut facilement promise. Mais, au terme accourut de Huy; mais, au moment fixé pour le payement, le duc, qui ne où il arriva en vue de Liége, l'armée cherchait qu'à gagner du temps, réennemie venait de couronner les hauteurs de la cité. Il n'eut ainsi que le pondit qu'il n'avait pas encore pu réunir la somme convenue. Sur ces temps de se retirer au plus vite, pour entrefaites, les alliés de l'évêque, échapper aux Brabançons. Les Liécroyant que la paix était définitivegeois, désespérant de pouvoir se dément assurée, avaient renvoyé leurs fendre, se cachèrent où se sauvèrent troupes et étaient rentrés chez eux. comme ils purent. Le duc entra sans résistance dans leur ville. Ce fut le 4 mai 1211. Après quatre jours de pillage, de dévastation, de violences de toute nature, qui n'épargnèrent pas même les églises, Henri I voulut faire mettre le feu à la cité. Mais les supplications du châtelain de Bruxelles et de son fils, qui était chanoine de Saint-Lambert, le firent renoncer à ce projet, et Liége fut épargnée. En révoquant cette horrible sentence, le duc avait posé pour condition que l'évêché reconnut l'empereur Othon IV, qui avait été excommunié par le pape Innocent III, et remplacé par Frédéric, duc de Souabe. Le peuple et le clergé, pour échapper au désastre qui les menaçait, prêta serment de fidélité à Othon, que Hugues de Pierrepont, sur l'injonction papale, avait cessé de reconnaître pour son suzerain.

Pendant que tout cela se passait à Liége, l'évêque, qui s'était sauvé à Huy, frappa d'excommunication le duc, qui n'en devint pas plus docile. Sentant alors qu'il fallait d'autres armes que celles de l'Église pour réduire le Brabançon, Hugues de Pier

BELGIQUE ET HOLLANDE.

C'était là ce que Henri attendait. Il tomba à l'improviste dans la il Hesbaie, qu'il mit à feu et à sang; incendia la ville de Tongres, et, passant comme une trombe, arriva aux portes de Liége, dont il ne put heureusement entreprendre le siége, à cause des bonnes fortifications dont la ville venait d'être munie. Il se replia donc sur Sendermale, dévastant tout ce qu'il trouva sur son passage. Les gens de Huy, de Dinant et de Fosses, que l'évêque avait appelés à son secours, accoururent se ranger sous sa bannière, à laquelle le comte de Looz se joignit avec sa vaillante chevalerie. Cette armée réunie se mit en mouvement, et s'arrêta à Glons, sur la petite rivière de Jaer, ou elle apprit que les Brabançons étaient arrivés dans le voisinage, à Steppes, près de Montenacken. Hugues de Pierrepont brûlait d'en venir aux mains avec le duc. Il leva ses tentes, et se dirigea vers l'ennemi. A la vue de cette armée imposante, Henri éprouva une grande frayeur, et échangea son armure contre celle d'un de ses soldats, afin d'échapper aux coups qui s'adresseraient au duc. La

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bataille s'engagea, et devint, peu de mi nutes après, une mêlée furieuse et acharnée. Les Brabançons furent taillés en pièces, et mis dans une déroute complète. Il en resta plus de trois mille sur le champ de bataille, outre quatre mille prisonniers, comme l'atteste le distique suivant:

Millibus, ut cæsos numeres, tribus adde du

centos

Brabantos; duo bis millia capta scias.

Cette bataille sanglante, connue dans l'histoire sous le nom de la Warde de Steppes, se livra le 13 octobre 1213. Le soldat, qui avait revêtu l'armure du duc, tomba percé de coups. Henri se sauva par la fuite. Mais l'évêque le suivit l'épée dans les reins, ne laissant que des ruines sur son passage. Il ne rentra à Liége qu'après avoir incendié tout le territoire de Tirlemont, avec les villes de Léau, de Landen et de Hannut.

Cependant le duc, abattu par ce désastre, et menacé d'un autre côté par le comte de Flandre, qui s'apprêtait à entrer dans le Brabant pour le forcer à remplir les engagements pris envers l'évêque, consentit à s'humilier devant les Liégeois. Il se rendit dans leur ville, accompagné du comte de Flandre, après qu'une trêve eut été conclue le 2 février 1214. Il se jeta à genoux devant l'évêque et les chanoines, en demandant pardon; puis il releva de terre le crucifix qui, depuis que l'excommunication avait été fulminée, était, selon l'usage, déposé au milieu de l'église. Cette céré monie expiatoire terminée, le comte et l'évêque donnèrent le baiser de paix au duc, qui retourna dans ses Etats, la honte et la rage dans le cœur.

A peine Hugues de Pierrepont se trouva-t-il délivré de cette guerre, que l'épée d'Othon vint le menacer. L'empereur, irrité du refus que l'évêque

et le peuple de Liége avaient fait de le reconnaître, s'avançait à grandes journées vers la Meuse, prêt à tomber sur l'évêché, où le duc de Brabant, qui conservait toujours un profond ressentiment de l'humiliation à la

quelle il avait été forcé de se soumettre, lui conseillait d'aller exiger le serment de fidélité. Déjà il avait franchi la Meuse, quand l'évêque alla audevant lui avec ses principaux officiers. L'empereur parut satisfait de cette dé marche, et promit à Hugues de ne rien entreprendre pendant deux ans contre la principauté. Son but était de maintenir les Liégeois dans l'inaction. Car, à peine arrivé dans le Brabant, il convoqua à Nivelles une assemblée où se présentèrent les ducs de Brabant et d'Ardennes, les comtes de Flandre et de Boulogne. Il y fut décidé que, à leur retour de l'expédition préparée par la Ligue du Bien public contre le roi de France Philippe Auguste, on renverserait en commun la puissance de l'é vêque de Liége. Othon donna Huy et Moha au duc de Brabant, Dinant au comte de Boulogne, la suzeraineté du Hainaut au comte de Flandre, et d'autres domaines à d'autres seigneurs, se réservant pour lui la possession de la ville de Liége. Mais l'issue de la bataille de Bouvines vint renverser tous ces projets. Les comtes de Flandre et de Boulogne tombèrent aux mains des Français, et le duc de Brabant abandonna Othon vaincu, et prêta serment de fidélité à l'empereur Frédéric, qui, profitant de la défaite de son compétiteur, s'apprêtait déjà à fondre sur le territoire brabançon.

Le désastre de Bouvines sauva ainsi Hugues de Pierrepont de sa ruine.

Ce prélat entra définitivement en possession des terres de Moha et de Walef en 1225, après la mort de Gertrude de Moha, décédée sans postérité.

Cet accroissement ne fut pas le seul dont l'évêché s'enrichit sous cet évêque. En 1227, il acquit le domaine et les dépendances de la ville de SaintTrond et de la riche abbaye de Waulsort située sur la Meuse, qui appartenaient à l'église de Metz, et pour lesquelles l'église de Liége donna la ville de Madière, située sur la Moselle, dont elle avait la possession depuis l'an 884, par la donation que Charles le Gros en avait faite à l'évêque Fran

con.

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