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des Arabes, s'étaient mis en embuscade sur le haut de la montagne. L'armée défilait sur une longue ligne comme l'exigeait la nature des lieux. Les Vascons laissèrent passer l'armée sans se montrer. Les bagages étaient à l'arrière-garde et presque sans escorte. Sitôt qu'ils les virent paraître, ils se jetèrent sur le peu de troupes qui les défendaient, et commencèrent à les piller. Charles était à la tête de l'armée. Il ne fut averti de cette agression qu'après la retraite des ennemis, et il lui fut impossible de tirer immédiatement vengeance de leur attaque, car, après avoir à la hâte pillé les bagages, et profitant de la nuit qui approchait, les ennemis prirent la fuite avec une telle célérité qu'on ne put indiquer où ils s'étaient retirés. Dans cette embuscade, les Français perdirent plusieurs de leurs plus célèbres guerriers, et, entre autres, Roland, gouverneur de la Marche de Bretagne, si célèbre chez les romanciers, bien que ce soit la seule fois que l'histoire fasse mention de lui.

La fuite des agresseurs avait été si rapide que, non-seulement on ne put les suivre dans leur retraite, mais que, au dire de plusieurs historiens, on ne put savoir d'une manière bien avérée quels ennemis on avait eus à combattre. S'il faut s'en rapporter à une chartre de Charles le Chauve, rapportée par le cardinal Aguirre dans sa collection des conciles (*), le fils de

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Vaifar, Loup II, duc de Gascogne, vassal du roi de France, était à la tête des montagnards qui se jetèrent sur l'arrière-garde de Charlemagne, dans le défilé de Roncevaux. Cette félonie ayant été découverte par la suite, le duc Loup fut ignominieusement pendu (*).

Ibn-al-Arabi garda peu de temps le pouvoir que lui avait rendu Charlemagne. Un musulman, vassal et tributaire d'un roi chrétien, ne pouvait conserver aucune influence parmi les disciples fanatiques du prophète. Un parti puissant se forma contre lui et, en 778, il fut assassiné dans une mosquée. Houssein-ben-Yahyah, qui était à la tête des conjurés, s'empara du gouvernement de Saragosse, et proclama la souveraineté de Mahadi, fils d'Abou-Giaffar, calife d'Orient. Abdel-Rhaman, qui jusqu'alors était resté tranquille, s'emut en entendant encore une fois retentir le nom des califes abbassides. Il rassembla une armée puissante. Cependant Saragosse résista pendant plus d'une année. Enfin Houssein-ben-Yahyah se soumit, et remit à Abd-el-Rahman ses deux fils pour ga rants de sa fidélité. L'émir parcourut ensuite tout le pays jusqu'au pied des Pyrénées, et fit rentrer en son pou voir Pampelune, Barcelone, Gironne, Tortose et toutes les villes qui avaient accepté la suzeraineté du roi des Francs.

Quelques années plus tard, en 787, Abd-el-Rhaman, sentant les approches

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de la mort, réunit solennellement les principaux chefs de la nation et leur demanda de reconnaître pour son successeur Hescham, le plus jeune de ses trois fils. Tous les chefs présents jurè rent de faire ce que l'émir leur demandait. El-Daghel avait, dit-on, préféré celui-ci à ses deux fils Soleïman et Abd-Allah, parce qu'il avait trouvé en lui plus de bonté et plus de justice que dans ses autres enfants. Cette reconnaissance anticipée du successeur à la couronne fut imitée, non-seulement par les souverains ommyades, mais encore par les princes chrétiens de la Peninsule, qui y trouvèrent le moyen de transmettre le trône à leurs enfants; car il est un point dont il faut bien se pénétrer en lisant l'histoire d'Espagne, c'est que, dans les premiers temps de la monarchie, le souverain ne tenait la couronne que du vœu de ses sujets, et non de sa nais

sance.

Abd-el-Rahman-el-Daghel mourut l'année suivante, le 24 rabia posterior de l'année 172 de l'hégire (1er octobre 788 de J. C.) Il était entré à Cordoue en 756; son règne avait donc duré environ 32 ans. Malgré les révoltes nombreuses que ce prince eut à réprimer, malgré la diversité des ennemis qu'il eut à combattre, il ne se montra jamais cruel et ne chercha pas à se venger. Il fit grâce quand il le put sans compromettre la tranquillité de l'État, et s'il se crut dans la nécessité de faire tomber quelques têtes, c'est que, jusqu'à nos jours, c'etait une chose inouïe qu'une dynastie nouvelle s'élevant au milieu des factions, des révoltes et des assassinats, sans tacher son manteau royal d'une seule goutte de sang.

Au milieu des troubles continuels qui agitèrent son règne, il fit fleurir les beaux-arts: lui-même, il cultivait la poésie avec succès. Il embellit Cordoue de plusieurs édifices remarquables, et c'est lui qui commença la célèbre mosquée de cette ville. Dernier descendant d'une race royale, et parent du prophète, il avait sauvé des désastres de sa famille, un koran écrit

tout entier de la main d'Otman, le compagnon de Mahomet, et le troisième calife direct. Il en avait fait don à la mosquée de Cordoue destinée à devenir la ville sainte des musulmans d'Occident.

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On peut compter Abd-el-Rahman au nombre des plus grands princes de cette époque. « Sa renommée était si grande,» dit M. Romey dans son excellente histoire d'Espagne, « que son « rival de Bagdad, El-Mansour, par« lait souvent de lui avec admiration. « Il avait coutume de l'appeler le fau« con de Koraïsch, non parce qu'il « était un grand chasseur, mais à cause « de l'habileté et de la rapidité avec lesquelles, de la condition de proscrit, il s'était élevé au rang de ses proscripteurs. Il vantait sa bravoure « et sa sagacité, et se félicitait que << les embarras intérieurs du gouver«nement des tribus andalou-musul« manes le détournassent du projet qu'il eut un moment de porter la a guerre jusqu'en Orient et d'y ruiner « la puissance de la maison d'Abbas. » « Abd-el-Rahman avait

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« le teint vif et coloré, les yeux bleus, « les cheveux, par endroit, tirant sur « le roux; il était remarquable par un signe au visage; sa taille était haute « et élancée. Dans les dernières an«< nées de sa vie, il avait perdu un œil. « Il était amateur passionné de la chasse << aux oiseaux, et il avait fait dresser « pour cet amusement un grand nom«bre de faucons très-habiles, qu'il « menait avec lui jusque dans ses expéditions de guerre. On raconte que « dans une de ces expéditions, mar<< chant au centre de son armée, il « n'eut pas plutôt aperçu un vol de « grues allant s'abattre dans une val« lée voisine, qu'il sortit de son esca« dron et courut, avec ses fauconniers, pour leur faire la chasse. »>

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Malgré sa fortune élevée, il ne put oublier que l'Espagne n'était pour lui qu'une terre d'exil. Il fit apporter d'Afrique, et planter dans le jardin de son alcazar de Cordoue, un palmier qui lui rappelait sa patrie.

RÈGNES DE MAURÉGAT, DE BERMUDE ET

--

REGNE

évêque d'Urgel, qui, renouvelant en

D'ALPHONSE LE CHASTE. - HÉRÉSIE D'ÉLI partie la doctrine des nestoriens, sou-
PAND ET DE FÉLIX D'URGel.
D'HESCHAM rer.— NOUVELLE INVASION DES
SARRASINS DANS L'Aquitaine. — CONSTRUC-
TION DE LA MOSQUÉE DE Cordoue.

A la mort de Silo, la plupart des
grands choisirent, pour lui succéder,
Alphonse, fils de Froila. Mais la
royauté fut aussitôt disputée à ce
jeune prince par son oncle Maurégat,
qui, on se le rappelle, était fils d'Al
phonse et d'une prisonnière mauresque.
Maurégat ne se contenta pas de repré-
senter aux grands, qu'en prenant pour
souverain le descendant de Froila, ils
s'exposaient à voir venger sur eux l'as-
sassinat de son père. Pour faire pré-
valoir les prétentions qu'il avait lui-
même au trône, il rassembla une ar-
mée, et eut recours à l'appui d'Abd-
el-Rahman. Quelques auteurs disent
qu'il n'obtint la protection du prince
ommyade qu'en s'engageant à lui payer
un tribut annuel de cent jeunes filles,
dont cinquante devaient être nobles.
Mais il faut croire, pour l'honneur de
la royauté, qu'il ne s'est jamais trouvé
de tyran assez lâche pour consentir à
une semblable transaction, et ce pré-
tendu tribut est considéré, par la plu-
part des écrivains modernes, comme
une invention fabuleuse. Mais, à quel
que titre qu'il eût obtenu des secours
de l'émir de Cordoue, il avait pu join-
dre des troupes arabes aux soldats que
lui-même avait réunis. Alphonse au-
rait peut-être pu défendre son droit
par les armes; mais, plutôt que d'ex-
poser son pays aux horreurs d'une
guerre civile, il aima mieux renoncer
au trône sur lequel on l'avait fait mon-
ter, et il se retira dans l'Alava, aban-
donnant le royaume à son compétiteur.
Quand Alphonse donna cet exemple de
sagesse et d'amour de son pays, il
n'avait encore,
dit-on, que 19 ans (*).
Le règne de Maurégat ne dura que
cing années et demie. Il ne fut signalé
que par un seul événement qui mérite
d'être rapporté : ce fut l'hérésie d'Éli-
pand, évêque de Tolède, et de Félix,

(*) Mariana lui en donne vingt-cinq.

tinrent que Jésus-Christ n'était pas de nature divine, et que seulement il avait été adopté par Dieu. Cette opinion, condamnée par les conciles de Nar bonne, de Ratisbonne et de Francfort, fit au reste peu de prosélytes. Maurégat, compté au nombre des mauvais rois, mourut en 789. Il fut inhumé dans l'église Saint-Jean de la ville de Pravia, ce qui donna lieu à ce dicton: Como fué pravo, in Pravia fué sepullado; et comme il fut mauvais, il

fut enseveli à Pravie (*).

On choisit pour lui succéder Veremunde, Bermunde ou Bermude, bien

qu'il fût engagé dans les ordres sacrés; ce qui lui fit donner le nom de Bermude le Diacre. Les auteurs ne sont pas d'accord sur la généalogie de ce roi. Quelques-uns en font le fils de Bimaran, frère de Froïla que ce tyran avait poignardé de sa propre main; quelques-uns disent qu'il fut fils d'un autre Froila, qui était frère d'Alphonse le Catholique. Bermude était un homme plein de courage. Sous son règne, en 791, la paix avec les Arabes, qui durait depuis le règne de Froila, fut rompue par ceux-ci. Ils entrèrent sur les terres des chrétiens, et furent mis en déroutę. Mais il est pour Bermude quelque chose de plus glorieux encore que cette victoire, c'est le désintéressement dont il fit preuve. Il se montra dépouillé de toute ambition personnelle et vraiment ami de son pays, en appelant Alphonse à partager le pouvoir avec lui. Puis, quand il fut parvenu à dissiper les préventions et les défiances que ce fils de Froïla avait d'abord inspirées, il abdiqua en sa faveur, pour

se consacrer tout entier aux soins re

ligieux que sa qualité de prêtre lui imposait. Quoique diacre, Bermude avait Cependant une femme nommée Ninilon ou Ninila. Il en eut deux fils, Ramire et Garcia. Son abdication eut

lieu en 791.

A cette époque, il y avait déjà trois

(*) Pravia signifie, en espagnol, méchanceté.

ans que le premier des Ommyades d'Espagne était mort. Son fils Hescham, que les chroniqueurs appellent Issem, avait été proclamé émir. Ce n'était cependant pas sans contestation, car il arrivait rarement chez les Arabes que le pouvoir passât d'une main dans une autre sans que ce changement donnât lieu à quelque guerre civile. Ses deux frères, Soleiman et Abdallah, qui l'un et l'autre étaient nés en Syrie, tandis qu'Hescham n'était venu au monde que beaucoup plus tard et lorsque Abd-el-Rahman était déjà émir de Cordoue, se trouvaient blessés de la préférence donnée par leur père à celui dont ils étaient les aînés. Ils commencèrent à préparer les moyens de se soulever; mais ils ne rencontrèrent pas pour cette entreprise la sympathie qu'ils avaient espérée. Abdallah trouva une vive résistance chez l'officier qui commandait sous ses ordres à Mérida. Celui-ci était un de ceux qui avaient juré entre les mains d'Abd-el-Rahman d'être fidèle à son fils Hescham. Abdallah désespérant de rien obtenir de ce côté, se rendit auprès de Soleiman, qui commandait à Tolède. Là, comme les deux frères s'expliquaient en présence d'un des principaux magistrats de la ville, celui-ci non-seulement ne promit pas de seconder leur entreprise, mais il osa la blâmer sévèrement. Pour le punir de sa franchise et de sa fidélité, Šoleïman le fit aussitôt jeter dans une prison. Hescham, averti de cet acte de violence, en fit demander compte à celui qui l'avait ordonné. En recevant le message de son frère, Soleiman entra dans une affreuse colere. Il fit sortir le prisonnier du cachot où il avait été jeté, et le fit clouer à un pieu en présence de l'envoyé de son frère, qu'il congédia ensuite en lui disant : « Apprends à « ton maître que nous entendons au « moins commander dans nos petites « souverainetés. Ainsi, qu'il nous y « laisse en repos. »

Il n'y avait plus de ménagements possibles. Hescham déclara ses frères rebelles et ennemis du bien public. I réunit en peu de jours une armée de

20,000 hommes, et se dirigea promptement vers Tolède où ses frères étaient renfermés. A son approche, Soleiman confia la défense de la ville à Abdallah et à son fils, et sortit à la tête de 15,000 hommes pour aller au-devant d'Hescham lui livrer bataille; mais il fut défait, forcé de fuir, et le vainqueur put venir mettre le siége devant Tolède. Néanmoins, tandis qu'Hescham s'efforçait d'enlever cette place, Soleïman avait rallié les débris de son armée, et s'était emparé d'un petit fort dans les environs de Cordoue. Mais encore en cet endroit la fortune lui fut contraire il fut battu par un lieutenant d'Hescham et contraint à chercher un asile dans les montagnes de Murcie. De son côté, Abdallah, renfermé dans Tolède, et ne recevant pas les secours que son frère lui avait promis, commença à désespérer de sa cause et songea à capituler. Mais pour ne confier à personne le soin de cette négociation, il demanda un sauf-conduit sous le nom d'un de ses officiers, sortit de la ville sans être connu, et alla trouver Hescham qui le reçut à bras ouverts. L'émir promit l'oubli de tout ce qui s'était passé, ajoutant que le pardon s'étendait également à Soleiman, pourvu qu'il vint aussi se soumettre. Mais celui-ci fut irrité bien plus qu'abattu par la reddition de Tolède; il se préparait avec plus d'acharnement à continuer la guerre, lorsque les troupes qu'il rassemblait dans le pays de Murcie furent détruites par un corps d'armée que commandait Al-Hakem, jeune fils d'Hescham. Placé de nouveau dans la nécessité de fuir, et vivement poursuivi par ceux qui l'avaient vaincu, Soleïman se détermina à envoyer sa soumission. Hescham l'accueillit avec bienveillance; mais, comme il redoutait le caractère emporté de son frère, il lui imposa la condition de sortir d'Espagne et de vendre tous les biens qu'il y possédait. Pour lui faciliter l'exécution de cette dernière disposition, il lui offrit pour prix de ses propriétés soixante mille pesants d'or, qui furent acceptés.

Soleiman alla s'établir à Tanger : il pouvait y vivre sans craindre les persécutions des Abbassides, car, depuis trois années, Édris-ben-Abdallah, des cendant d'Ali-ben-Abou-Thaleb et de Fathimah, fille du prophète, s'était einparé d'une partie de l'Afrique, et y avait jeté les fondements du royaume de Fez.

Hescham, après avoir ainsi apaisé les troubles suscités par ses frères, s'occupa des ennemis du dehors. Il fit prêcher la guerre sainte dans toutes les mosquées. Pendant deux années il combattit au pied des Pyrénées pour reprendre Cardone, Gironne et toutes les villes que les Français possédaient dans la Péninsule. Enfin, en 793, son armée se jeta sur l'Aquitaine. Cette province était alors dégarnie de ses meilleures milices. Le roi Louis les avait conduites en Italie, pour faire la guerre aux Bénéventins qui s'étaient soulevés. Les Maures éprouvèrent donc peu de résistance, pillèrent et saccagèrent tout le pays, et poussèrent leurs ravages jusqu'à Narbonne, dont ils emportèrent les faubourgs. Ils prirent ensuite la route de Carcassonne. Guillaume de Toulouse ayant rassemblé quelques troupes à la hâte, marcha au-devant d'eux, et bientôt il les rencontra au moment où ils venaient de passer l'Orbieu. Ses forces étaient bien inférieures à celles des Sarrasins; aussi, après un combat très-meurtrier, qui dura plusieurs heures, les Aquitains furent forcés de se retirer précipitamment. Mais la perte des Arabes avait été si considérable, qu'ils ne songèrent pas à poursuivre leur victoire, et qu'ils se retirèrent, s'estimant sans doute heureux de pouvoir emmener en Espagne leurs prisonniers et y rapporter leur butin. On dit que par orgueil du succès qu'ils avaient obtenu, ou plutôt pour insulter a la religion chrétienne, ils firent apporter sur le dos de leurs prisonniers, depuis les frontières de France jusqu'à Cordoue, le sable, la chaux et les matériaux nécessaires pour achever la construction de la mosquée commencée par Abd-el-Rahman. Hescham

regardait comme une obligation sacrée l'achèvement de cet édifice, et, à l'exemple de son père, il y travaillait chaque jour de ses mains pendant quelques instants. Cette mosquée, du temps des Arabes, formait un carré long couvert d'un toit plat qui ne s'élevait pas à plus de trente-cinq pieds. Il était soutenu par plus de 1000 colonnes des marbres les plus beaux et les plus rares, disposées en quinconce de manière à former 38 nefs en long et 19 en large. On y entrait par dix-neuf portes neuf s'ouvraient sur l'orient et neuf sur le couchant elles étaient couvertes de plaques de bronze ornées d'arabesques d'un travail et d'une délicatesse infinie. La dix-neuvième, la porte principale, était revêtue de lames d'or, sur lesquelles étaient inscrits les plus beaux passages du Koran. Le toit était surmonté de nombreuses coupoles. Sur la plus élevée il y avait trois boules d'or portant chacune une grenade de ce précieux métal. Quatre mille sept cents lampes brillaient toutes les nuits dans cette mosquée, consumant par an près de vingt mille livres d'huile; on y brûlait aussi tous les ans soixante livres de bois d'aloès et autant d'ambre gris pour les parfums.

Le temps a changé cette disposition. Aujourd'hui la mosquée, convertie en cathédrale, n'a plus tant de richesses qu'au temps des Ommyades. Sa porte, ses boules et ses grenades d'or ont disparu. Au nord on a élevé un beffroi, à la place probablement du léger minaret d'où le muezzin appelait les musulmans à la prière. A l'extérieur, la muraille est presque nue; seulement de petites tours carrées, ou plutôt des arcs-boutants en forme de gros pilastres, séparent chaque façade en plusieurs divisions. Deux bandeaux qui règnent dans la partie la plus élevée du mur et des tourelles, et qui peuvent avoir à peine quelques centimètres de saillie, dessinent seuls l'entablement. Le sommet du mur est surmonté par une rangée de créneaux découpés en degrés d'escalier, qui cachent entièrement le toit. Les portes sont encore

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