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Les alcades connaissaient de toutes les difficultés qui pouvaient naître entre les frères de la mesta, relativement à la conduite ou à l'alimentation des troupeaux. Ils jugeaient aussi les procès qui s'élevaient entre les bergers pour injures, rixes ou blessures. Au reste, la procedure était toujours sommaire. La loi (*) veut que les bergers s'expliquent en personne. Elle condamne à trois cents maravédis d'amende la partie qui produit des moyens écrits; l'avocat qui a prêté son ininistère pour rédiger un mémoire dans ces affaires, peut même être condamné à la même peine tout doit être oral. Il n'y a d'exception que pour les causes graves, et lorsque le juge lui-même l'a ordonné.

La juridiction des alcades de la mesta s'étendait aussi sur les bergers des troupeaux sédentaires de la plaine, mais dans trois cas seulement : lors qu'ils avaient voulu faire des mestas, c'est-à-dire, se réunir en conseil et faire errer leurs brebis; lorsqu'ils avaient introduit des troupeaux malades dans les pâtis communs; lorsqu'ils s'emparaient des herbages dont les bergers de la mesta étaient en possession. Les endroits où devaient påturer les brebis ambulantes étaient réglés par les lois; et il ne faut pas croire, comme l'ont écrit quelques auteurs, que ce droit de pâture s'étendit sur toutes les terres indistinctement. La loi ordonne que les troupeaux circuleront sans être inquiétés dans toutes les parties du royaume, broutant les herbes, buvant les eaux, à la

(*) Loi 1, titre xiv, livre II de la Recopilacion de don Felipe II.

condition de ne faire de dommage ni aux moissons, ni aux vignes, ni aux autres endroits qui ont des bornes (*).

Le droit de pâture ne s'exerçait donc que sur les terres vagues et incultes, sur des propriétés louées par les contadores pour le compte de la mesta, et sur des prairies assujetties à cette servitude, de même que nous avons en France des terres soumises aux droits d'herbage, de pacage et de paisson; des bois grevés de droits d'usage, de pâturage, de parcours, de panagé et de glandée. Quelques économistes se sont évertués à démontrer que la mesta causait d'immenses préjudices à l'agriculture, et que ces terres produiraient beaucoup davantage si on les semait en céréales. Mais a-t-on le moyen de les défricher? Il ne faut pas perdre de vue que plus des trois quarts de l'Espagne sont incultes. A-t-on des bras pour les labourer, des fumiers pour les amender, de l'eau pour les arroser? Et puis, à quoi servirait de faire produire à la terre tant de blé, dans un pays qui déjà en produit plus qu'il n'en consomme, et qui, manquant de chemins et de moyens de transport, ne peut exporter ses récoltes. Il n'est pas rare, lorsque plusieurs années ont été trop abondantes, de voir des fermiers castillans réduits à jeter une partie de leur grain, parce qu'il ne se vend pas au marché voisin, et que la difficulté des transports ne leur permet pas de le voiturer autre part. C'est là un inconvénient qui n'existe pas avec une denrée qui marche. Chaque année, les brebis ambulantes apportent leurs toisons à Ségovie ou sur quelque autre marché, et toujours elles s'y vendent.

La loi s'était aussi occupée de distribuer les pâturages communs entre les frères de la mesta. Des alcades

(*) Manda el-Rey..... que anden salvos e seguros por todas partes de sus reynos e pascan las yervas e bevan las aguas e non faziendo daños en miesses, nin en viñas, nin en otros lugares acotados.... Partida 11, tit. 18, ley 19.

spéciaux (*) délivraient à chacun d'eux la portion qu'il devait occuper. Lorsqu'un berger avait trouvé une terre vague, et que, pendant une année, il y avait fait paître son troupeau sans être trouble; quand il avait joui, comme disent les légistes espagnols, en paz y en faz, en paix et à visage découvert, il avait acquis le droit de conduire, les années suivantes, son troupeau dans le même lieu. Ce n'était pas un privilége qui appartînt au berger, car il ne pouvait pas le transmettre; c'était un droit inhérent à l'existence du troupeau lui-même; et le droit s'éteignait si le troupeau venait à périr. Au reste, la mémoire avec laquelle les brebis ambulantes reconnaissent leurs pâturages est un fait digne de remarque. Chaque année, à la même époque, elles font le même voyage, elles suivent le même chemin, s'arrêtent d'elles-mêmes aux endroits où elles se sont arrêtées l'année précédente; et ce ne serait pas sans peine que le berger pourrait les déterminer à aller plus loin.

C'est au mois de septembre que les troupeaux quittent les lieux élevés pour descendre dans les plaines; les chemins, en Espagne, ne sont pas trèslarges, et ils seraient beaucoup trop étroits pour le passage des moutons. Les propriétaires riverains sont donc obligés de laisser de chaque côté de la route un certain espace libre, c'est ce qu'on appelle las cañadas. Cette voie réservée aux troupeaux doit avoir de largeur six sogas de quarante - cinq palmes chacune; ce qui représente environ quatre-vingt-dix pieds. Il n'est permis aux bergers ni de s'écarter de ce chemin, ni de s'arrêter. Si cependant la crue imprévue de quelque courant d'eau les empêche d'avancer, ils peuvent séjourner pendant quelque temps; mais on leur désigne un terrain dont ils ne peuvent dépasser les limites, sous peine de trente moutons d'amende; et, dans tous les cas, ils doivent payer au propriétaire une indemnité proportionnée au dom

(*) Alcaldes entregadores.

mage que lui cause (*) leur séjour.

On dit que les cañadas, qui ne produisent que de l'herbe, sont autant de terrain perdu pour l'agriculture. Elles n'ont que quatre-vingt-dix pieds de largeur, et on les signale comme un mal; mais si de larges routes sont un mal pour l'agriculture, que dira-t-on de nos routes françaises? Il faut bien d'ailleurs que les pâturages donnent un produit qui se rapproche beaucoup de celui des terres à blé, car il n'est pas rare de voir, en Andalousie, un propriétaire louer ses terres uniquement pour la pâture des moutons, parce que les pasteurs lui en donnent un prix supérieur à celui que pourrait lui rendre le fermier qui les cultive. Cette circonstance est même si fréquente, que les Espagnols ont fait le verbe dehesar, pour exprimer l'action de mettre en pâturage des terres qui étaient précédemment cultivées. On a été jusqu'à incendier les bois pour les convertir en pâtis; et il a fallu une loi pour détruire cet abus. Poursuivre les incendiaires eût été chose assez inutile, car il est bien difficile de les saisir, mais on défendit de laisser paître quelque espèce de bestiaux que ce fût dans les bois qui avaient été brûlés; et les incendies cessèrent (**). Les migrations continuelles des brebis causaientelles réellement du tort à l'agriculture? C'est une question que nous n'osons pas résoudre. On a beaucoup déclamé contre l'institution de la mesta. Mais c'est au temps où l'agriculture était le plus florissante que la mesta était aussi le plus puissante et le plus riche. L'Espagne alors produisait les plus belles laines de l'Europe. Maintenant on a conservé seulement les lois sur les cañadas; le conseil de la mesta n'existe plus. Les propriétaires de brebis errantes y ont perdu quelques priviléges. Mais l'agriculture y a-t-elle gagné ?

Puisque nous parlons des productions animales de l'Espagne, nous ne

(*) Tit. 40 del libro de las leyes de la

mesta.

(**) Recopilacion de don Felipe II. Libro vir. t. VII, ley 21.

saurions nous dispenser de dire un mot du nombre et de la beauté de ses chevaux. Dès la plus haute antiquité, leur élégance et leur vitesse étaient devenues proverbiales; aussi on a prétendu que le nom spania venait des mots ispah, chevaux, et ania, contrée. Employé dans les langues de l'Orient, le nom d'Ispahan n'a pas une autre signification. Les chevaux de la Péninsule étaient tellement estimés, que les Romains faisaient venir des bords du Bætis et du Tage ceux qui devaient concourir dans le cirque. L'abondance et la bonté des coursiers avaient fait des indigènes des écuyers parfaits. Leur adresse à cet égard avait quelque chose de merveilleux. Souvent un cavalier conduisait deux chevaux, et voltigeait avec une grande aisance de l'un sur l'autre ; ils excellaient aussi à conduire des chars. L'histoire a conservé le souvenir d'un Espagnol nommé Dioclès, qui fit à Rome le désespoir de tous ses émules. Il gagna mille fois le premier prix; huit cent soixante et une fois le second; cinq cent soixante et seize le troisième, et quatre-vingt-dix-neuf fois le dernier; en sorte qu'il fut deux mille cinq cent vingt-six fois vainqueur. Il concourut en tout trois mille huit cent soixante et dix-sept fois.

Les haras des bords du Guadalquivir avaient déjà la renommée qu'ils ont conservée jusqu'au commencement de notre siècle, et qu'ils n'ont perdue que par suite des longues guerres qui ont dévasté la Péninsule. Aussi les villes qui se trouvaient près de ce fleuve frappaient-elles, sur presque toutes leurs monnaies, une tête de cheval. Les cités des côtes de la Méditerranée mettaient sur les leurs des poissons ou un coquillage; c'est qu'en Espagne la terre n'était pas seule féconde, et que les eaux renfermaient aussi d'abondantes richesses. Les côtes de la Galice, de la Biscaye et du Portugal fourmillent de sardines et de saumons. Dans presque toutes ces rivières, on trouve des truites d'un goût délicieux. Du temps des Phéniciens et des Carthaginois, les côtes de l'Anda

lousie étaient renommées pour la grande quantité de thons qu'on y prenait.

Les Maures, qui, à leur tour, se sont beaucoup occupés de cette pêche, l'ont appelée al-madraba. De ce mot, les Provençaux et les Catalans ont fait celui de madrague, en usage pour dé. signer les filets qu'on y emploie. C'est près du cap de Trafalgar et de la ville de Conil qu'elle est surtout abondante. Aux mois de mai et de juin, les thons s'approchent des côtes pour déposer leur frai; ils viennent par bancs d'un à deux mille, et quelquefois davantage. Voici comment cette pêche se pratique: Les pêcheurs montent six ou sept nacelles qui se placent assez éloignées l'une de l'autre, et de manière à former un croissant; deux d'entre elles restent près de terre, tandis que la plus éloignée se trouve à un quart de lieue un homme, placé à terre sur une élévation, guette l'arrivée de ces poissons qui font beaucoup de bruit en nageant, et qui agitent tellement l'eau, qu'il est facile de les apercevoir de plus d'une lieue. On peut même déterminer à peu près leur nombre. Aussitôt que celui qui fait le guet voit les thons s'approcher des bateaux, il donne le signal, et les deux barques qui sont aux extrémités jettent leurs filets en s'avançant dans la mer, manière à se rejoindre après avoir entouré le banc de poissons. Ce premier filet, qui est fait en corde de sparterie, se nomme açadal. Les thons pourraient facilement le rompre; mais ils sont si timides qu'ils se laissent effrayer par le moindre objet. Aussi, quoique très-léger, ce filet suffit-il pour les arrêter, et pour laisser à une autre barque plus grande le temps de jeter à l'entour de l'açadal un second filet, fait en grosses cordes de chanvre, qu'on appelle la grosse enceinte (la cinta gorda). Celui-ci est destiné à tirer les thons à terre. Il faut environ deux cents hommes pour le haler. A mesure que les poissons amenés près de terre se trouvent plus resserrés, ils s'agitent plus violemment, ils se blessent en se frappant l'un l'autre ;

de

et l'écume, qui tout autour d'eux était jusqu'alors restée blanche, devient rose et sanglante. Lorsqu'enfin ils sont tout à fait près de terre, des hommes nus entrent dans l'eau jusqu'aux genoux. Chacun d'eux est armé d'un long harpon, auquel est attaché un câble. Lorsqu'un thon est harponné, il faut que trois ou quatre personnes saisissent la corde pour le traîner à terre, car une seule ne le pourrait pas. Il arrive même quelquefois, lorsque le harponneur tient la corde attachée autour de son bras, que le poisson entraîne le pêcheur à la mer. Quelques uns ont tant de force, qu'il ne faut pas moins de dix hommes pour s'en emparer. Au reste, on ne fait pas partout usage des mêmes moyens. Dans le golfe de Biscaye, on les pêche à l'hameçon; mais, avec la madrague, on en prend, sur la seule côte de Conil, jusqu'à cinquante mille en une saison, qui ne dure que deux mois.

L'Espagne a des côtes, des rivières poissonneuses, une terre fertile; les métaux s'y trouvent en plus grande abondance que dans aucune autre contrée de l'ancien continent. La même terre y réunit les fruits de l'Europe, le coton, la canne à sucre de l'Asie, et le dattier de l'Afrique; l'oranger, cette pomme d'or des Hespérides, embaume encore ses vergers; ses champs, ses monts, fourmillent de gibier; ses troupeaux, ses coursiers sont nombreux, d'une espèce supérieure. Avec tant de richesses, comment se fait-il que l'Espagne soit si misérable? La nature l'a traitée en enfant chéri. C'est donc aux fautes des hommes, c'est donc à de mauvaises institutions qu'il faut demander le secret de sa décadence et de sa pauvreté.

DES PREMIERS HABITANTS DE L'ESPAGNE ET DE SES ANCIENNES DIVISIONS TERRITORIALES.

L'histoire ne nous apprend rien de positif sur les peuples qui les premiers ont habité l'Espagne. Il existe quelques rares monuments qui sont évidem ment antérieurs à l'arrivée des Phéniciens et à celle des Grecs; mais on

ne sait à qui les attribuer (*). On voit près d'Olerda des niches taillées dans le roc, qui par leur forme semblent n'avoir pu servir qu'à recevoir des cadavres. On y reconnaît la place de la tête, celle des épaules. Ces sépultures ne sont pas phéniciennes. On a retrouvé à Cadix d'anciens tombeaux attribués aux Phéniciens (**). Ils avaient la forme d'une petite citerne, où un corps seulement pouvait tenir. Ils étaient revêtus intérieurement d'une grossière mosaïque. Il y en avait aussi de construits simplement en pierre et sans aucun revêtement; mais tous avaient la même forme.

Les sépultures d'Olerda ne sauraient avoir davantage une origine grecque ou romaine, car les Grecs et les Romains étaient dans l'usage de brûler les morts, et si quelques familles avaient, il est vrai, conservé la coutume antique de rendre à la terre les dépouilles mortelles de leurs ancêtres (***), leurs tombeaux n'ont aucune analogie avec ceux dont nous parlons.

On ne saurait davantage les attribuer aux Celtes, car dans les monuments celtes qu'on a ouverts, et dans ceux que le hasard fait encore trouver de temps en temps, les morts étaient couchés. Au contraire, dans les sépultures d'Olerda, les tombes creusées sur la face escarpée du rocher sont disposées de manière à ce que les cadavres n'aient pu être placés que bout. Elles appartiennent donc à quelque nation dont l'histoire n'a pas conservé le souvenir.

de

Il existe aussi dans la Péninsule des restes de constructions gigantesques: une partie des murailles de Tarragone

(*) Voir la planche 12.

(**) Antiguedades gaditanas por Juan Baptista Suarez Salazar.

(***) Pline, Historiæ naturalis lib. vit, cap. 54. Ipsum cremare, apud Romanos non fuit veteris instituti : ferra condeban tur. At postquam longinquis bellis obrutos erui cognovere, tunc institutum. Et tamen multæ familiæ priscos servavere ritus : sicut in Cornelia nemo ante Syllam dictatorem traditur crematus. Idque voluisse, veritum talionem, eruto C. Marii cadavere.

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est encore assise sur un assemblage irrégulier de blocs énormes de roches, dont quelques-unes n'ont pas moins de treize pieds de long sur huit de large et de haut. Les portes n'y sont point cintrées; mais, de même que dans les monuments égyptiens ou druidiques, la voûte est formée par une pierre posée à plat. Ces murailles présentent quelques caractères des constructions pélasgiques. Faut-il penser que les Pélasges ont été les fonda teurs de quelques villes de la Péninsule? Le fait est possible; mais on ne saurait le regarder comme entièrement prouvé.

Quelques auteurs prétendent que l'Espagne aurait été peuplée par Tu bal, un des fils de Japhet. C'est de lui qu'elle tiendrait le premier nom sous lequel elle a été connue, celui de Sé tubalie; mais cette origine, qui ne repose sur aucune preuve, sur aucune conjecture raisonnable, doit être classée au nombre des fables inventées au moyen âge par l'ignorance et la superstition. Plus tard, nous en chercherons la source, et nous en discuterons le mérite.

Les Hébreux donnaient à l'Espagne le nom de Sepharad, mot qui, dit-on, signifie le confin ou l'extrémité. Les Grees l'appelèrent l'Hespérie, c'està-dire, l'occident. Quant au nom d'Espagne, Hispania, il paraît aussi d'origine grecque. Il pourrait bien venir de he spania, la clair-semée.

On a aussi appelé l'Espagne Ibérie. M. de Humboldt a écrit une savante dissertation pour prouver d'abord que les premiers habitants de la Péninsule sont les Basques; ensuite que ces aborigènes portaient des le principe le nom d'Ibères. Si la première de ces deux propositions n'est pas entièrement démontrée, au moins est-elle extrêmement probable. Dans toutes les parties de l'Espagne, on retrouve des villes dont les noms sont formés de mots basques. Ainsi, Basturi veut dire, dans leur langue, beaucoup d'eau. Ili berri signifie ville neuve. L'antiquité des Basques ne saurait donc sérieusement être contestée. Maintenant

ont-ils porté le nom d'Ibères? Est-ce à cause d'eux que la Péninsule a été appelée Ibérie? Cette question est beaucoup plus douteuse. Les Basques, dans leur langue, ne se donnent pas à eux-mêmes le nom d'Ibères, mais bien celui d'Escuaraz; d'ailleurs, M. Charles Romey a, dans son Histoire d'Espagne, réuni beaucoup de preuves pour démontrer que l'expression iber est d'origine celtique, et n'est autre que le mot aber, qui signifie onde et havre. On le retrouve en effet, ainsi que ses composés, partout où les Celtes se sont établis. Cette partie de l'Asie qui est le long du Caucase, et que nous appelons aujourd'hui la Géorgie, se nommait autrefois l'Ibérie. Dans la Thrace, on retrouve un fleuve appelé l'Hèbre. Le mot aber, très-peu altéré, est resté dans la langue française. Pour désigner l'embouchure d'une rivière, on dit un havre. Il y avait en Espagne deux fleuves du nom d'Iber, l'un qui se jette dans la Méditerranée : c'est l'Ebre de nos jours; l'autre qui, d'après les passages du Périple d'Himilcon, se jette dans l'Océan. Ces fleuves avaient probablement donné aux pays qui les environnent le nom d'Ibérie, qu'on a ensuite étendu à toute la Péninsule. Ce qui rend l'opinion de M. Romey encore plus vraisemblable, c'est qu'en Espagne on trouvait des Celtibères. On a longtemps entendu ce nom comme représentant cette idée: Celtes mélangés aux Ibères. On n'a pas fait attention que les Celtes étaient dans l'usage de joindre à leur nom la désignation de la contrée qu'ils habitaient. Ainsi on connaissait les Ceilt-Tor (Celtorii), les Celtes de la montagne; les Ceiltac'h, les Celtes de la plaine. Les Celtibères ou Ceilt-Aber sont donc tout simplement les Celtes du fleuve.

C'est dans l'antiquité la plus reculée qu'eut lieu en Espagne l'invasion des Čeltes. Déjà, dans le Périple d'Himilcon, le nom de Celtes est donné aux habitants de la Péninsule. Dans le récit de cette navigation entreprise par l'amiral carthaginois au delà des Colonnes d'Hercule, 440 ans avant l'ère

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