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dans cette chapelle; ils ont été ensuite transportés dans l'église principale de Daroca. On montrait aussi, dit Mariana, le pale du calice dans un couvent de dominicains de Carboneras.

Dès que don Jayme fut de retour à Valence, les musulmans lui portèrent leurs plaintes. Le roi les accueillit avec bonté. Il blâma vivement la conduite de ses officiers; il parla même de les punir et de confisquer les biens de don Guillén de Aguilon, pour dédommager les musulmans des pertes qu'ils avaient souffertes; mais toutes ces paroles restèrent sans effet, et bientôt recommencèrent les courses des chrétiens sur les terres des musulmans. Plusieurs places furent successivement enlevées. Un parti d'Aragonais étant entré sur le territoire de Xativa; l'alcayde qui avait le gouvernement de cette ville se mit à leur poursuite, les attaqua, les mit en déroute, leur enleva le butin qu'ils avaient ramassé, et fit six d'entre eux prisonniers. Don Jayme les fit aussitôt réclamer; et comme on refusait de les remettre en liberté, il s'avança vers Xativa, à la tête de son armée. L'alcayde de cette ville, pour ne pas être assiégé, fut obligé de livrer au roi d'Aragon la ville de Castellon et de se reconnaître son vassal. Cette concession, quelque grande qu'elle fût, ne procura aux musulmans de Xativa qu'un répit assez court. En 1243, don Rodrigo de Lizana, gouverneur de Valence, recommença les incursions sur le territoire de cette ville. Dans une de ces expéditions il fut mis en déroute par les Maures. A la nouvelle de cet échec, le roi don Jayme fit marcher ses troupes vers Xativa. Il en commença le siége, et la ville, après une vigoureuse résistance, fut prise au mois de juin 1244.

L'effet naturel des conquêtes de don Jayme était de pousser vers le couchant les musulmans du pays de Valence, et de les jeter sur le royaume de Murcie; aussi Abu-Giomail-ben-Zeyan essaya-t-il de s'indemniser aux dépens de ce royaume des pertes qu'il faisait dans le sien. L'état de révolution dans

lequel se trouvait Murcie lui promettait une heureuse réussite : les habitants y étaient divisés en plusieurs factions. Les gouverneurs s'étaient déclarés maîtres des villes et des forteresses dont la garde seulement leur avait été confiée; ils disputaient entre eux sur l'étendue et sur les limites de leurs juridictions. Les populations ne retiraient de ces différends que meurtres et que désolation. Tout le monde était mécontent de cet état de choses. Abu-Giomail-ben-Zeyan eut donc peu de peine à s'emparer de quelques forteresses. Les habitants de Llorca, commandés par Azis-ben-Abd-el-Melech, sortirent à sa rencontre; mais ils furent vaincus, et leur chef fut tué dans le combat, le dimanche 22 ou 29 ramadan 640 (*) (15 ou 22 mars 1243). Ceux de Murcie ne sachant comment repousser Ben-Zeyan, et ne trouvant pas Ben-Alhamar assez puissant pour les protéger, et peut-être se sentant de la répugnance contre lui, parce qu'il était l'appui du parti berbère, tandis qu'eux formaient les restes du parti arabe de Ben-Hud, se jetèrent dans les bras des chrétiens. Ils adressèrent un ambassadeur à Tolède, pour proposer à saint Ferdinand de reconnaître sa souveraineté, pourvu qu'il prît de son côté l'engagement de les protéger et de les défendre. L'infant don Alphonse le Savant, fils de saint Ferdinand, arrivait en ce moment à Tolède, pour prendre le commandement des troupes qui allaient combattre en Andalousie. Il pensa qu'il ne fallait pas laisser échapper cette occasion, et il se mit en route pour profiter de l'offre qui lui était faite. Il était arrivé à Alcaraz, quand les principaux seigneurs du royaume de Murcie vinrent au-devant de lui. On convint qu'ils conserveraient une part des revenus de Murcie, et qu'ils continueraient à faire face aux charges de l'Etat. Ces conventions furent rédigées par écrit, et signées par Mohammed-ben-Aly

(*) Condé écrit, le dimanche 26 ramadan 640. C'est une erreur évidente. Le 26 ramadan 640 était un jeudi.

ben-Hud et par les alcaydes d'Alicante, d'Elche, d'Orihuela, d'Alhama, d'Aledo, d'Aceca et de Chinchila. Les gouverneurs de Llorca et de Carthagene refusèrent seuls d'y prendre part. On reçut Alphonse à Murcie, et les citadelles des principales villes de ce royaume furent livrées aux chrétiens. Cette conquête toute pacifique placait le nouveau royaume d'Alhamar dans la position la plus critique. Néanmoins il résolut de bien se defendre, et fit tout son possible pour approvisionner d'armes et de vivres les places frontières. Il combattit avec avantage contre quelques partis chrétiens, et défit un corps commandé par Alphonse de Léon, frère naturel du roi Ferdinand. Don Isidore, gouverneur de Martos et commandeur de l'ordre de Calatrava, fut tué dans cette rencontre, ainsi que don Argote et plusieurs autres personnages de distinction. Ferdinand, pour tirer vengeance de cet échec, entra en Andalousie, s'empara d'Arjona et de plusieurs autres villes. Enfin il alla mettre le siége devant Grenade. Alhamar repoussa toutes les attaques, et la mauvaise saison venant en aide à sa défense, les chrétiens furent obligés de lever le siége. Mais l'année suivante, ils vinrent investir Jaën. Alhamar ayant échoué dans toutes ses tentatives pour secourir la place, se rendit seul au camp du roi Ferdinand, se mit à sa discrétion, et lui baisa la main en signe de vasselage. Le roi de Castille voulut répondre noblement à cet acte de confiance: il reçut le roi de Grenade avec amitié. Les deux souverains convinrent du tribut qu'Alhamar payerait chaque année, ainsi que du nombre de cavaliers qu'il devrait fournir pour le service de la Castille chaque fois qu'il en serait requis. Enfin, la ville de Jaën fut remise aux chrétiens. Ce traité fut, suivant Condé, signé dans le courant de 643 de l'hégire (1245 de J. C.). Il y avait huit mois que cet arrangement était conclu lorsque Mohammed ben Alhamar reçut des lettres de Ferdinand, qui lui disait de venir à la tête de 500 cavaliers pour l'aider à faire le

siége de Séville. On commença, suivant l'usage de cette époque, par ravager tous les environs de la ville qu'on voulait assiéger, on porta la dévastation jusque sous les murs de Xérès. Pour commencer le siége, il fallait être maître de la mer, car les Maures de Tanger et de Ceuta avaient amené des secours aux habitants de Séville, et si l'embouchure du Guadalquivir restait libre, ils pouvaient introduire chaque jour dans la place des vivres ou des défenseurs. Ramon Bonifaz, amiral du roi Ferdinand, fit construire sur les côtes de la Biscaye une flotte de 13 bâtiments, qui vint mouiller à l'embouchure du fleuve. Les vaisseaux musulmans sortirent pour la combattre. Ils avaient l'avantage du nombre, mais les matelots basques étaient tous des hommes aguerris qui manoeuvraient avec bien plus d'adresse que les Africains. La victoire se déclara bientôt pour eux. Ils prirent trois navires des Maures, en coulèrent deux, en incendièrent un, et mirent les autres en fuite. Ils purent ainsi remonter le Guadalquivir jusqu'à Séville, dont toutes les communications par la rivière se trouvèrent interceptées, et le siége fut commencé le 20 août 1247.

Séville est la tête de l'Andalousie. La richesse et la grandeur des édifices qu'elle renferme, la beauté de sa position, ont fait dire : « Qui n'a pas vu Séville n'a pas vu merveille. » Quien no ha visto Sevilla, no ha visto maravilla. Elle est située sur la rive gauche du Guadalquivir, et le fleuve la sépare d'un faubourg qui prend le nom de Triana. Un pont de bateaux assurait une communication entre les deux rives. Le roi de Castille établit son camp sur la gauche du fleuve, au-dessous de la ville, dans un endroit appelé le camp de la Tablada. Don Pelayo Correa, maître de Saint-Jacques, assit le sien sur l'autre rive, du côté d'Alfarache, pour empêcher les secours qui auraient pu être amenés de Niebla. Il serait bien long de raconter tous les combats qui furent livrés, de dire tous les faits d'armes par lesquels se signalèrent les assiégeants. Au commence

ment, les efforts portèrent principalement sur le faubourg de Triana; mais ces attaques n'avaient que peu de succès, car la ville y faisait continuellement passer de nouveaux renforts. Pour empêcher ces communications, l'amiral Ramon Bonifaz résolut de briser le pont, et profitant de l'instant où la marée montait et où le vent soufflait de l'ouest, il fit déployer au vent toutes les voiles de deux bâtiments lourdement chargés, et les lança contre le pont. La violence du choc fut si grande, que les chaînes de fer qui servaient à lier les bateaux furent brisées, et que les communications entre la ville et le faubourg demeurèrent interrompues. Alors le faubourg de Triana, réduit à ses propres ressources, ne tarda pas à tomber entre les mains des chrétiens. Parmi les guerriers qui se signalèrent à l'attaque du faubourg, on cite Pérez de Vargas. Quelqu'un lui contestait le droit de porter les armes gravées sur son écu. Un jour, il resta si longtemps au combat, et reçut tant de traits et de pierres sur son bouclier, que son blason se trouva presque entièrement effacé. Vous avez bien raison, »> dit-il, en rentrant au camp, à celui qui lui disputait la propriété de ses armes, «< vous méritez mieux que moi de les conserver, car vous ne les exposez pas tant.»>

Quand le siége eut duré dix-huit mois, les musulmans, qui manquaient de vivres et qui n'avaient aucun secours à espérer, demandèrent à se rendre. La capitulation fut signée le 5 sjaban 646 de l'hégire (23 novembre 1248 de J. C.). On consentit à laisser les assiégés maîtres de se retirer où bon leur semblerait, avec ce qu'ils pourraient emporter. On leur accorda un mois pour exécuter la convention. Mais, quatre jours après qu'elle eut été conclue, le 27 novembre, on remit à saint Ferdinand le château et les clefs de la ville. Il sortit de Séville cent mille âmes, hommes, femmes ou enfants. Les uns passèrent en Afrique, les autres allèrent chercher un asile dans le royaume de Grenade. Ferdinand prit possession de la ville le 22

décembre 1248. Il y entra en procession avec tout le clergé qui était dans son armée, et il entendit la messe dans la principale mosquée, qui fut purifiée et consacrée au culte chrétien." Pendant que les musulmans de Séville succombaient sous les coups de la Castille, ceux échappés aux arines de Jayme, qui vivaient dispersés dans le royaume de Valence, se rassemblèrent et tentèrent un dernier effort pour se soustraire à la domination des Aragonais. Un chef, du nom d'Alasdrach, les conduisit au combat avec quelque bonheur. Mais il ne put lutter longtemps contre la puissance de l'Aragon. Il fut vaincu, et don Jayme décréta que tous les musulmans qui se trouvaient encore dans le royaume de Valence devraient, dans l'espace d'une année, sortir de ses États. Ces infortunés cédèrent à la nécessité. Ils abandonnèrent leurs maisons, leurs champs, les tombeaux de leurs pères. Les uns allèrent chercher un asile en Afrique. La plupart vint augmenter le nombre des sujets d'Alhamar. Ils portèrent dans le royaume de Grenade leur industrie, leurs capitaux, et leur haine implacable contre les chrétiens. Alhamar leur accorda des terres; il les exempta d'impôts pendant plusieurs années; il s'attacha à faire prospérer dans son royaume les arts et l'agriculture; et ses États, enrichis de presque toute la population qui avait été perdue par les royaumes de Séville, de Cordoue et de Valence, se trouvèrent pour quelque temps les plus riches et les plus peuplés de la Péninsule.

Jusqu'à présent, nous n'avons vu que les conquêtes de don Jayme; c'est maintenant au sein de ses États qu'il faut suivre les actions de ce grand roi. Si, contre les musulmans, le bonheur de ses armes ne se démentit jamais, il trouva dans sa propre famille bien des sujets d'affliction; et les années les plus glorieuses de son règne ne furent pas toutes exemptes de troubles et d'agitations intérieures.

En 1221, et lorsqu'il n'avait encore que quatorze ans, il avait été marié à doña Léonor, fille d'Alphonse le No-.

ble, par conséquent, sœur de doña Berenguela et tante du roi Ferdinand de Castille. Bien qu'il eût un fils de cette union, elle fut attaquée comme illégitime, lorsqu'elle durait déjà depuis huit années. Un concile en prononça la nullité, à raison du degré de parenté qui existait entre les époux (*). Presque tous les auteurs pensent que don Jayme lui-même, engagé dans d'autres amours, provoqua les poursuites ecclésiastiques qui amenèrent cette décision. Néanmoins, l'infant don Alphonse fut déclaré légitime, et reconnu pour héritier présomptif du

royaume.

Quelques années plus tard, don Jayme contracta une nouvelle union. Le 8 septembre 1235, il épousa la princesse Yolande (**), fille du roi de Hongrie. Il en eut trois fils, qui furent don Pedro, don Jayme et don Sancho. Les filles nées de la reine Yolande furent au nombre de cinq, savoir: Yolande, mariée à Alphonse le Savant, fils de saint Ferdinand; doña Isabelle, mariée à Philippe, roi de France; doña Constance, mariée à don Emanuel, infant de Castille; doña Sancha et doña Maria, qui se consacrèrent au service de Dieu.

Doña Yolande se préoccupait, avant tout, du sort réservé à ses enfants. Elle voyait avec envie que le fils de Léonor fût seul héritier du trône. Une reine, tout aussi bien qu'une autre femme, exerce, sur les déterminations de son mari, une immense influence. Doña Yolande engagea le roi à prendre une mesure qui devait avoir pour l'Etat les conséquences les plus désastreuses. Dans les cortès assemblées à Daroca en 1243, don Jayme annonça l'intention de partager le royaume entre ses enfants. Il attribuait l'Aragon à don Alphonse, son fils aîné, et la Catalogne à don Pedro. Cet arrangement ne pouvait contenter personne. Alphonse se plaignit avec

(*) Alphonse l'empereur : 1o Don Sancho le Regretté; 2° Alphonse le Noble; 3o Léonor; 4° doña Sancha, mariée à Alphonse II d'Aragon; 5° don Pedro; 6o don Jayme. (**) Les Espagnols l'appellent doña Violante.

amertume de ce qu'on le dépouillait de la plus grande partie des États qui lui revenaient par droit d'aînesse. Les Catalans se plaignirent de ce que ce partage renfermait la Catalogne dans des limites trop restreintes. Ces récla mations furent si vives, que, l'année suivante, au mois de janvier 1244, dans les cortès tenues à Barcelone, le roi don Jayme crut devoir changer les frontières qu'il avait d'abord fixees. Ce fut alors aux Aragonais à faire entendre des réclamations et des plaintes. En 1250, par suite de conférences tenues à Ariza, don Jayme ajouta le royaume de Valence à la part de don Alphonse; mais cela ne suffit pas pour rétablir le calme. Les esprits s'irriterent de plus en plus. Si l'on n'en vint pas aux mains, on prit les armes, et toute la prudence de don Jayme fut nécessaire pour éviter un conflit.

Ces éléments de désordre ne furent pas les seuls qui vinrent troubler l'État. Doña Yolande n'avait pas conservé longtemps pour elle seule l'amour de don Jayme. Thérèse Vidaure et bien d'autres maîtresses avaient eu part dans ses mobiles affections. Soit que l'évêque de Girone eût, comme le disent les historiens, révélé quelque faiblesse amoureuse du roi qui lui avait éte confiée au tribunal de la pénitence, soit qu'il se fût borné à reprocher en public à ce souverain le déréglement de ses mœurs, don Jayme, irrité, lui fit couper la langue. A la nouvelle du supplice, un long cri d'horreur partit de toutes les églises de la Péninsule. L'anathème vint frapper celui qui n'avait pas craint de porter une main sacrilege sur l'oint du Seigneur. Le royaume fut mis en interdit. Il fallut que le conquérant des Baléares et de Valence sollicitât une absolution publique et qu'il fit pénitence.

La reine Yolande mourut après 16 années de mariage, dans le mois d'octobre 1252. Cette mort laissait un champ libre aux amours du roi, qui ne tarda pas à épouser Thérèse Vidaure. Il en eut des enfants (*): ce qui ne l'empê

(*) Don Pedro, seigneur d'Ayerve, et don Jayme, seigneur d'Exerica.

cha pas, au bout de quelques années, de demander la dissolution de cette union, sous le prétexte qu'il était survenu à Thérèse Vidaure une lèpre contagieuse. La vérité est qu'il était occupé par d'autres amours. En 1275, lorsqu'il était déjà âgé de 60 ans, il enleva la femme d'un de ses sujets; il fallut la menace de l'anathème pour le faire renoncer à ce commerce adul tère. C'est déjà un mal immense quand les désordres du roi ne portent atteinte qu'à la morale publique; mais ils deviennent un crime lorsqu'ils compromettent la tranquillité du pays, et parmi les nombreux bâtards, fruits des liaisons illégitimes de Jayme, il s'en trouva qui se mêlèrent aux discordes civiles.

L'infant don Alphonse d'Aragon n'avait jamais consenti franchement au partage des États de son père. Il s'apprêtait, dit-on, à prendre les armes pour maintenir son droit d'aînesse, lorsque, dans le courant de 1260, il mourut subitement. Cet événement fit passer tous ses droits et toutes ses prétentions à don Pedro. Ce fut alors ce prince qui craignit à son tour le partage des États de son père. Parmi les bâtards de don Jayme, il s'en trouvait un nommé Ferdinand Sanchez, pour lequel le roi montrait une affection toute particulière. Don Pedro craignit que son père ne voulût laisser à celuici la souveraineté du royaume de Valence. Ce soupçon suffit pour faire naître entre les deux frères une haine violente. Des deux côtés on prit les armes. En 1275, don Pedro assiégea Ferdinand Sanchez dans le château de Pomar. Celui-ci ne se sentant pas assez fort pour y résister longtemps, voulut s'échapper déguisé en paysan; mais il fut pris, reconnu et conduit devant son frère, qui lui fit passer un lacet au cou, le fit étrangler et fit je: ter son cadavre dans la Cinca, qui coule auprès du château.

Pour ne pas interrompre le récit de ces discordes intestines, il a fallu laisser de côté les autres événements de l'époque. Revenons donc maintenant au point d'où nous sommes partis, 21 Livraison. (ESPAGNE.)

c'est-à-dire à la prise de Séville. Maître de cette importante cité, Ferdinand eut bientôt conquis toutes les villes des environs, à l'exception de Niebla et de quelques places sans importance. Ne trouvant plus dans la Péninsule d'ennemis du nom chrétien à combattre, puisqu'il était en paix avec le roi de Grenade, il prit la résolution de passer en Afrique et d'y poursuivre les musulmans. Pour mettre ce projet à exécution, on préparait une flotte sur les côtes de la Biscaye; mais les atteintes du mal qui devait enlever Ferdinand vinrent arrêter l'exécution de ses desseins. Atteint d'une hydropisie incurable, il mourut le jeudi (*) 30 mai 1252, laissant à ceux qui l'entouraient l'exemple d'une sainte résignation aux volontés de Dieu et le souvenir de ses grandes actions.

Il avait été marié une première fois à Béatrix, fille de Philippe, empereur d'Allemagne. Devenu veuf, il avait épousé en secondes noces Jehanne, fille de Simon, comte de Ponthieu. Il avait eu plusieurs enfants de ces deux unions. Voici ceux qui existaient au moment de sa mort: Alphonse X, surnommé le Savant, son fils aîné, qui lui succéda sur le trône; don Fadrique; don Enrique; don Philippe et don Manuel.

Ferdinand III est incontestablement un des plus grands rois et un des plus grands hommes dont l'Espagne se glorifie. L'Église l'a rangé au nom

or

(*) On trouve, dans Condé, la date de sa mort indiquée au jeudi 21 rabia 1o 650. Je cite cette date parce qu'elle est encore une preuve à l'appui de cette opinion que j'ai émise, que les auteurs arabes consultés par Condé ont écrit l'histoire en grande partie d'après les documents mozarabes, où les dates étaient primitivement en effet, dans la date mozarabe qu'ils avaient années de l'ère d'Espagne ou de Sophar. En à convertir, ils ont conservé le nom du jour de la semaine, le jeudi. C'est en effet un jeudi que saint Ferdinand est mort; mais, en convertissant le quantième de l'hégire, ils ont fait une erreur de deux jours, et ont indiqué le 21 rabia prior 650, qui tombe le samedi 1er juin 1252.

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