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bre des bienheureux, et l'histoire n'aurait rien à lui reprocher, si ses chroníqueurs ne rapportaient qu'en 1236, non content de laisser faire à Palence un de ces exécrables sacrifices qui consistent à brûler des hérétiques, il attisa lui-même le feu et y jeta du bois. On aimerait à croire que les chroni queurs, qui presque tous étaient des moines, ont pensé, dans leur zèle fanatique, augmenter ses titres de gloire en lui imputant cet acte de barbarie dont il n'était pas coupable. On répugne à penser que ce grand homme soit descendu jusqu'à se faire l'assistant du bourreau.

Le roi Thibault Ier de Navarre sur

à Trapani, le 5 décembre de la même année. Il ne laissait pas d'enfants ; ainsi Henri, son frère, auquel en partant il avait laissé l'administration du royaume, fut proclamé roi à Pampelune, le 1er mars 1271.

Henri avait épousé Blanche, fille de Robert, comte d'Artois. Il en avait un fils du nom de Thibault, qui lui fut enlevé pendant la seconde année de son regne. Il avait aussi une fille nommée doña Juana. Elle entrait dans sa troisième année lorsqu'il mourut, le 27 août 1274, étouffé, dit-on, par son obésité. Ce fut cette princesse qui hérita de la Navarre.

vécut de peu de temps à saint Fer REGNE D'ALPHONSE I, SURNOMMÉ LE SAVANT,

dinand. Ce prince est surtout connu par la protection qu'il accorda aux beaux-arts. Il cultiva lui-même la músique et la poésie; il faisait des vers qu'il chantait en s'accompagnant avec la guitare'; il avait l'habitude d'exposer ses poésies dans son palais pour les soumettre au jugement du public. Ce prince fut marié trois fois. Il épousa en premières noces la fille du comte de Lorraine; mais cette union fut stérile, et elle fut annulée pour cause de parenté. Sa seconde femme fut Sibyle, fille de Philippe, comte de Flandre. Il en eut une fille nommée Blanche mariée à Jean, duc de Bretagne, surnommé le Roux. En troisièmes noces, il épousa Marguerite, fille d'Archambaud, comte de Foix. Il en eut deux fils, Thibault et Henri, ainsi qu'une fille nommée Léonore. Il mourut le 8 juillet 1253, laissant pour héritier son fils Thibault II. Les événements du règne de celui-ci ne tiennent qu'une bien petite place dans l'histoire de la Péninsule. Il épousa Isabelle, fille de saint Louis. Parmi les présents de noces que lui fit ce roi, il faut compter une épine de la couronne de NotreSeigneur. Cette précieuse relique fut par lui déposée dans l'église de Pampelune.

Thibault accompagna son beau-père à la conquête de la terre sainte, et saint Louis étant mort le 25 août 1270, Thibault passa en Sicile, où il mourut

ALTÉRATION DES MONNAIES.-ALPHONSE EST ELU EMPEREUR.- - REBELLION DE DON ENRIQUE.— GUERRE AVEC LES MUSULMANS DE GRENADE. ILS RÉCLAMENT LE SECOURS DES BENI-MERINES. DON JAYME S'EMBARQUE POUR LA TERRE SAINTE. — L'INFANT DON philippe et d'autres seiGNEURS MÉCONTENTS SE BETIRENT DANS LE ROYAUME DE GRENADE. MORT DE MOHAMMED I BEN ALHAMAR. —— SON FILS MOHAMMED II LUI SUCCÈDE.—ALPHONSE X SE REND AUPRÈS DU PAPE.-MOHAMMED I APPELLE EN ESPAGNE YACOB ABU-YOUSOUP, ROI DE MAROC.- BATAILLE D'ECIJA ET MORT DE NUNO DE LARA.

er

MORT DE DON

SANCHO, ARCHEVÊQUE DE TOLÈDE. — MORT DE L'INFANT DON FERNAND DE LA CERDA. -DON SANCHO SE MET A LA TÊTE DE L'ARMÉE CASTILLANE. IL FORCE YACOB ABU-YOUSOUF A DEMANDER UNE TRÊVE — LES CORTÈS DE SEGOVIE PROCLAMENT DON SANCHO HÉRITIER PRESOMPTIF du trône. -RÉVOLTE DES MUSULMANS DU ROYAUME DE VALENCE. MORT DE DON JAYMẸ LE

CONQUERANT,

Dès que Ferdinand fut mort, on proclama pour roi don Alphonse X, son fils aîné. C'était un prince qui, bien qu'élevé au bruit des armes, avait cependant trouvé le temps de cultiver les sciences avec tant de succès, qu'il passait pour l'homme le plus savant de son époque. Ses travaux sur l'astronomie sont restés célèbres, et dans un temps où les lois qui règlent la marche des corps célestes étaient encore un secret pour l'intelligence hu

maine, il semblait les avoir pressenties. Un jour qu'on exposait devant lui le système du monde, comme on l'exposait au treizième siècle, il fut frappé des absurdités que contenaient ces explications, et il laissa échapper ces paroles «< Vraiment, puisque le monde est arrangé comme vous le dites, Dieu aurait bien fait de me consulter quand il l'a créé. J'aurais pu luj donner quelques bons conseils. » Bien des auteurs ont reproché ces paroles à Alphonse. Ils n'y ont vu que le cri d'une vanité démesurée. N'est-ce pas plutôt une ironie contre les docteurs qui discutaient devant lui sur des phénomènes qu'ils ne comprenaient pas? L'étendue des connaissances d'Alphonse était réellement prodigieuse pour ce temps, et il a mérité le nom d'Alonzo el Sabio que les Espagnols Jui ont donné. Ce n'est pas qu'il faille, comme l'ont fait quelques personnes, traduire ce mot de Sabio par celui de Sage; c'est plutôt savant qu'on doit entendre. Mais il y a de l'injustice à présenter ce prince comme un pédant tout gourmé d'équations, de calculs astrologiques et incapable de comprendre ou de diriger les affaires de ce monde. Alphonse, du temps de son père, s'était déjà distingué comme un brave et habile capitaine. Sans doute il a fait des fautes dans l'administration de l'État, mais les malheurs de son règne sont dus aux circonstances dans lesquelles il se trouvait, bien plus encore qu'à ses fautes.

La folie des croisades n'avait pas seulement épuisé d'hommes plusieurs contrées de l'Europe, les dépenses de ces immenses armements avaient déplacé une si grande quantité de numéraire et fait de telles plaies aux finances de tous les États, que partout on en était aux expédients. L'altération des monnaies fut de tous les côtés le palliatif auquel les souverains eurent recours. On sait combien elle causa de troubles en France sous le règne de Philippe le Bel. En Aragon, peu de temps après la prise de Valence, il courait des pièces connues sous le nom de malgrines, jaqueses, torneses, bar

celoneses. Elles contenaient une telle quantité de cuivre, que dans les cortès de Monçon, en 1236, il fallut régler le titre que devait avoir le signe monétaire. Il fut décidé qu'il serait de même aloi que l'ancienne monnaie appelée jaquesa, ou monnaie de Jaca en l'honneur de cette ville qui avait été le berceau de la monarchie (*). En Castille et en Andalousie, le défaut de numéraire se faisait sentir de la manière la plus pressante. Les musulmans des royaumes de Jaën, de Séville et de Cordoue, en se retirant devant leurs vainqueurs, avaient emporté toutes leurs richesses; ils avaient laissé un pays entièrement ruiné, qui, pendant plusieurs années, ne pourrait rien fournir à ses nouveaux habitants. Il fallait que ceux-ci tirassent tout du dehors. Cette nécessité de tout acheter chez leurs voisins sans avoir eux-mêmes rien à leur ven dre, devait nécessairement épuiser leurs ressources en peu de temps. Aussi trouve-t-on que, deux ans après la conquête de Cordoue, en 1238, la disette de vivres et de numéraire était telle dans ce royaume, que Ferdinand fut obligé d'y envoyer des provisions et 25,000 maravedis d'or. Quand Alphonse monta sur le trône, il n'y avait que trois ans que Séville avait été prise. On y éprouvait la même pénurie qui s'était fait sentir à Cordoue en 1238; mais le trésor était vide. Alphonse eut donc recours à un remède alors en usage: il altéra la monnaie. Le commerce n'est jamais dupe d'une valeur nominale donnée au signe monétaire; il ne le reçoit jamais que pour sa valeur intrinsèque, et les marchands, pour obtenir l'équivalent de ce qu'ils vendent, en exigent un prix nominal plus élevé. Le roi crut pouvoir éviter cette augmentation de prix, en fixant pour chaque denrée un maximum qu'il n'était pas permis au vendeur de dépasser. Il en arriva qu'on

(*) Don Jayme est le premier qui ait mis une croix patriarcale sur la monnaie aragonaise. La pièce de don Jayme, gravée planche 80, no 5, est une jaquesa.

n'apporta plus rien sur les marchés; la disette commença à désoler le pays. Pour la faire cesser, Alphonse fut dans la nécessité de rendre la liberté au commerce; et afin que les employés qui recevaient un traitement de l'Etat ne mourussent pas de faim, il fut obligé d'augmenter leurs salaires. De cette manière, il ne retira aucun profit de cette altération. Il n'en resta que le mécontentement qu'elle avait jeté dans toutes les classes.

On peut aussi considérer comme une des fautes commises par Alphonse X, l'ambition qui lui fit briguer le titre d'empereur. Il avait, par sa mère Béatrix, des prétentions sur le duché de Souabe, qu'avait possédé l'empereur Philippe, son aïeul maternel. Il crut que le meilleur moyen pour faire prévaloir ses droits était de se faire nommer empereur. Les électeurs, réunis à Francfort en 1256, ne tombèrent pas d'accord sur le prince qu'ils devaient choisir. Les uns élurent Alphonse X; le choix des autres tomba sur Richard, comte de Cornouailles.

Alphonse s'étant inutilement adressé au pape, pour faire confirmer par lui son élection, prit le parti de recourir à la voie des armes. Il commença par acheter à prix d'argent l'alliance de quelques princes, et il se mit à préparer des armements pour passer en Italie. Dans l'état déplorable où se trouvaient les finances, de semblables dépenses ne purent se faire qu'en surchargeant le pays d'impôts qui augmentèrent le mécontentement général. Il fallait aussi qu'Alphonse, sur le point de quitter son royaume, nommât des régents qui gouvernassent en son absence. Son choix ne tomba pas sur ses frères, qui ambitionnaient ce poste. Ce fut pour eux un nouveau motif de plainte. L'aîné d'entre eux ne se borna pas à des paroles; il rassembla des troupes, s'empara d'Arcos, de Lebrija, et détermina le chef musulman qui commandait à Niebla à refuser le tribut qu'il payait chaque année au roi de Castille. Don Nuño de Lara, chargé par Alphonse X de châtier cette révolte, prit ses meilleures troupes, et livra aux re

belles une rude bataille. Il les vainquit, et don Enrique n'osa pas se renfermer dans Lebrixa. Il s'embarqua à Cadix, et se rendit par mer à Valence, dans l'intention d'aller chercher un asile auprès de don Jayme. Mais ce roi, dont Alphonse X avait épousé la fille Yolande, refusa de le recevoir. Alors il eut la pensée de se réfugier auprès du roi Alhamar. Il lui écrivit pour lui demander la permission de se retirer dans ses Etats. Le roi de Grenade, voulant encore rester en paix avec Alphonse, se montra peu disposé à conserver à sa cour un prince aussi inquiet et aussi turbulent que don Enrique. Il lui conseilla donc de passer en Afrique, auprès du roi de Tunis. L'infant resta plusieurs années près de ce souverain. Mais un jour qu'il l'attendait dans une des cours du palais pour l'accompagner à la chasse, on y lâcha deux énormes lions qu'on tenait ordinairement renfermés dans des cages. Le brave Espagnol tira son épée pour se mettre en défense; mais les lions ne l'attaquèrent pas, et le laissèrent sortir sain et sauf. Don Enrique ne se plaignit pas; il se contenta d'aller prévenir les gardiens des lions de mieux les renfermer à l'avenir. Mais persuadé que ce qui lui était arrivé n'était pas le résultat du hasard, et qu'on avait voulu le faire périr, il quitta l'Afrique pour passer en Italie.

Tant que les musulmans virent le gouvernement du roi de Castille tranquille et ferme, ils respectèrent les traités conclus avec saint Ferdinand. On dit même qu'Alhamar montrait une telle vénération pour la mémoire de ce prince, qu'il envoyait chaque année à Séville cent cierges de cire blanche, pour célébrer l'anniversaire de sa mort. Mais quand l'État fut affaibli par des divisions intestines, ils crurent le moment venu de reprendre ce qui leur avait été enlevé en Andalousie. De tous les côtés, ils se révoltèrent, et massacrèrent les garnisons chrétiennes. Les villes de Xérès, d'Arcos, de San-Lucar, furent reprises par eux, ainsi que le royaume de Murcie tout entier. Alphonse ne s'attendait pas à cette subite agression. Il rassembla des trou

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pes à la hâte, et fit demander des secours à don Jayme, son beau-père. Le roi d'Aragon se chargea de réduire les Maures du royaume de Murcie, tandis que les troupes de Castille auraient raison de la rébellion des Maures de l'Algarve et du royaume de Grenade. L'armée d'Alphonse rencontra les musulmans, leur livra bataille, et les mit en déroute. Alors Alhamar réclama le secours du prince qui régnait à Maroc. C'était un prince de la race des BeniMerines, nommé Yacob-Abu-Yousouf, qui fit aussitôt passer quelques cavaliers en Andalousie. Mais leur arrivée ne put empêcher Alphonse de recouvrer rapidement Xérès, Médina-Sidonia, et toutes les villes qu'il avait perdues dans ces contrées. Ben-Alhamar avait reçu avec beaucoup d'égards les cavaliers que les Beni Merines lui avaient envoyés. Les Arabes Andalous virent avec jalousie la préférence qu'il manifestait pour quelques cavaliers africains, des Zégris ou des Zénètes. Les alcaydes de Guadix, de Comarès et de Malaga en furent surtout blessés. Ils prétextèrent des affaires importantes pour retourner dans les villes qu'ils gouvernaient; mais ils n'y furent pas plutôt arrivés, qu'ils écrivirent à Alphonse pour se reconnaître ses vassaux, et pour lui demander des secours que le roi de Castille s'empressa de leur envoyer. Alhamar, effrayé de cette défection, fit demander la paix. Il offrit de payer les mêmes tributs qu'il avait payés à saint Ferdinand, de fournir le même nombre de cavaliers. A ces conditions, Alphonse ajouta que le roi de Grenade s'abstiendrait pendant un an d'inquiéter en aucune manière les alcaydes de Comarès, de Guadix et de Malaga. Cet arrangement fut bientôt suivi de la pacification du royaume de Murcie, et la tranquillité fut encore pour quelque temps rétablie dans la Péninsule.

Don Jayme voulut profiter de ce moment de calme pour aller à la conquête de la terre sainte. Ce fut en vain que son gendre s'efforça de le détourner de cette folle entreprise; Alphonse eut lui-même bien de la peine à se dé

fendre des instances qui lui étaient faites pour qu'il prît part à la croisade; mais il eut la sagesse de résister. Il se borna à donner à don Jayme un secours de 5,000 maravédis d'or, et le roi d'Aragon s'embarqua à Valence, le 4 septembre 1269. Il était déjà en vue de la Sicile, lorsque sa flotte fut dispersée par une horrible tempête. Le vaisseau qu'il montait, poussé par les vents vers les côtes de France, vint aborder à Aigues-Mortes. Don Jayme y aborda, et après s'être pendant quelque temps remis à Montpellier des fatigues de la mer, il regagna l'Aragon, renonçant à une guerre que le ciel paraissait réprouver.

La bonne intelligence entre la Castille et le royaume de Grenade ne fut pas de longue durée. Dès que l'année de trêve qui avait été stipulée par Alphonse en faveur des alcaydes de Malaga, de Guadix et de Comarès, fut écoulée, Alhamar se mit en mesure de leur faire la guerre. Mais Alphonse voulant entretenir un élément de discorde parmi les musulmans, fit dire au roi de Grenade que ces alcaydes s'étaient reconnus ses vassaux; que si la guerre leur était faite, il ne pourrait s'empêcher de les défendre, et que les attaquer serait l'attaquer lui-même. En entendant ces paroles, le roi de Grenade fut rempli de colère; mais il était trop prudent pour la laisser éclater, il attendit, et bientôt l'événement lui apporta une vengeance. Les impôts dont Alphonse avait surchargé ses États avaient soulevé contre lui bien des mécontentements. L'ambition de quelques seigneurs se chargea de les exploiter; et sous le prétexte du bien public, ils formèrent une ligue qui avait pour chef l'infant don Philippe, le propre frère du roi. Ils assemblèrent des troupes, et ils menaçaient de mettre tout le royaume en feu. Cependant, les cortès réunies à Burgos s'étant montrées peu favorables à leurs desseins, ils abandonnèrent avec toutes leurs troupes le royaume d'Alphonse, et se retirèrent auprès du roi de Grenade, qui les accueillit avec joie. Ils firent un traité avec lui, et s'engagèrent à le

servir dans toutes ses guerres. A l'aide de ce renfort inattendu, Alhamar commença la guerre contre les alcaydes de Guadix, de Comarès et de Malaga. Pendant plusieurs annees de suite, il dévasta leur territoire. Mais comme ces ravages ne terminaient rien, il réunit toutes ses troupes, pour mettre fin à la lutte par un puissant effort. Au sortir de Grenade, le cavalier qui marchait en tête de l'armée, n'ayant pas assez baissé sa lance, elle toucha le cintre de la porte, et se brisa. Cet accident fut considéré par tout le monde comme un mauvais présage; et en effet, lorsque le soleil eut atteint la première moitié de sa course, le roi se trouva indisposé. Son mal devint bientôt si grave, qu'on essaya de le reporter à Grenade. Mais on ne put atteindre cette ville, on fut forcé de s'arrêter. Les médecins qui l'entouraient ne savaient que faire. Bientôt il fut pris de convulsions et d'un vomissement de sang, et il mourut vers le soir, le jeudi 27 (*) sjumada posterior 671 de l'hégire (19 janvier 1273 de J. C.)

Dès qu'on eut rendu les derniers honneurs au roi Alhamar, on proclama pour lui succéder son fils Mohammed II. C'était un prince courageux et prudent. Il ne changea rien à l'ordre établi par son père dans l'Etat. Il continua à entretenir une garde d'Africains et une garde d'Andalous. Les Africains avaient toujours pour chef un prince des BeniMerines ou des Beni-Zeyanes, et leurs capitaines étaient choisis dans les nobles tribus des Masamudes, des Zenetes ou des Zanhagas. Les Andalous étaient commandés par un membre de la famille royale, où par quelque officier distingué par ses exploits.

Le roi Alphonse X avait fait plusieurs tentatives pour déterminer l'infant don Philippe et les autres seigneurs qui s'étaient retirés avec lui dans le royaume de Grenade, à rentrer dans ses États. La mort d'Alhamar, et peutêtre aussi une négociation habilement

(*) Condé met le jeudi 29 sjumada posterior 671. C'est évidement une erreur : le 29 était un samedi.

menée par le maître de Calatrava, les déterminèrent à revenir en Castille.

Alphonse voyant encore une fois ses États tranquilles, et n'ayant pas abandonné la prétention qu'il avait de se faire couronner empereur, se mit en route pour aller trouver le pape, afin de faire annuler le choix que les électeurs venaient de faire de Rodolphe de Habsbourg. Dès que Mohammed II sut que le roi de Castille était éloigné de ses États, il pensa que l'occasion se présentait favorable pour reconquérir toute l'Andalousie. Il réclama donc l'assistance du prince de la famille des Beni-Merines, qui gouvernait à Maroc : c'était Yacob-Abu-Yousouf. Il offrit à ce roi de lui livrer les villes d'Algéciraz et de Tarifa, pour lui servir de magasins et de places d'armes, et pour qu'il restât maître d'entrer dans la Péninsule et d'en sortir quand il le voudrait. Abu-Yousouf accepta ces offres, et passa en Andalousie à la tête d'une armée de 17,000 cavaliers. Quant au nombre des fantassins, on ne le connaît pas, mais il dut être beaucoup plus considérable. Les alcaydes de Malaga, de Comarès et de Guadix craignant de voir cet armement se tourner contre eux, vinrent s'accommoder avec le roi Mohammed, et tous les musulmans, ayant pour le moment mis leurs dissensions de côté, ne songèrent plus qu'à faire la guerre aux chrétiens. Pour les attaquer à la fois sur tous les points, ils convinrent qu'Abu-Yousouf, avec la plus grande partie de ses troupes, se jetterait sur le royaume de Séville; que Mohammed, à la tête de ses troupes, auxquelles se joindraient quelques compapagnies africaines, entrerait dans le royaume de Jaën, tandis que les alcaydes de Malaga, de Guadix et de Comarès pénétreraient sur les terres de Cordoue.

A la nouvelle de cette triple invasion, don Nuño de Lara, qui commandait les forces chrétiennes disséminées le long de la frontière, assembla à la hâte tout ce qu'il put réunir de troupes, et il alla se poster près d'Écija, où il fallait nécessairement que passat le

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