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sement appropriées au génie du peuple pour lequel elles sont faites. Cette aptitude du législateur à se plier aux mœurs et aux coutumes du pays est la première sagesse qu'il doit ambitionner; et, sous ce point de vue, les lois d'Alphonse X ne laissent rien à désirer. Je n'en citerai plus qu'une, parce qu'elle reproduit d'une manière frappante un des traits du caractère espagnol. On a déjà vu des exemples de cet héroïsme de la défense poussé jusqu'à la férocité. On a vu les siéges de Sagunte, de Numance, celui de Calahorra, pendant lequel les assiégés avaient souffert une famine si affreuse, qu'à Rome elle était devenue proverbiale. On y disait endurer une faim calagurritaine. Eh bien! tout cela se trouve résumé dans une seule loi. C'est la 8, au titre 17 de la 4° partida.

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Seyendo el padre cercado en al« gun castillo que toviesse de señor si « fuesse tan cuytado de fambre que << non oviesse al que comer, puede co« mer al fijo, sin mal estança ante que « diesse el castillo sin mandado de su « señor. >>

Le père qui se trouve assiégé dans un château qu'il tient de son seigneur, s'il est pressé par la faim et n'a plus de quoi manger, peut, sans mériter de reproche, manger son fils plutôt que de rendre le château sans ordre de son seigneur.

Cette loi n'a pas besoin de longues explications, et il suffit de la glose qu'en faisait le commentateur des partidas, Lopez de Tovar: Mira valdè istam legem quæ permittit potius homicidium filii ut comedatur, urgente fame, quam traditionem castelli. Faites bien attention à cette loi qui, en cas de famine, permet de tuer son fils et de le manger plutôt que de rendre le château.

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Pour échapper aux intrigues et aux soulèvements que les partisans de l'Aragon et de la Castille excitaient dans la Navarre, la veuve de Henri s'était réfugiée à la cour de Philippe le Hardi. La jeune reine Jeanne avait eté élevée à Paris; aussi, le 15 août 1284, dès qu'elle fut en âge d'être mariée, on l'unit à Philippe le Bel. Ce fut cette alliance qui mit la couronne de Navarre sur la tête d'un petit-fils de saint Louis; et lorsque Jeanne mourut, le 4 avril 1305, elle laissa pour héritier son fils, le roi de France, Louis Hutin. L'Aragon vit ainsi passer entre les mains d'un prince voisin cette Navarre qu'il convoitait, cette Navarre démembrée des États d'Alphonse le Batailleur; mais une large compensation lui était réservée. Le roi d'Aragon don Pedro avait, en 1262, épousé Constance, fille de Mainfroi, prince de Tarente, roi de Sicile; il avait reçu pour dot 50,000 onces d'or, et cette alliance ne devait pas tarder à lui donner des droits au trône des Deux-Siciles. Mainfroi, son beau-père, chef du parti des Gibelins, avait été excommunié par le pape. L'investiture de son royaume avait été donnée par le souverain pontife à Charles d'Anjou, frère de saint Louis. La fortune des armes ne lui avait pas été favorable vaincu par les Français dans une bataille qu'il leur livra en 1265 près de Bénévent, il était resté au nombre des morts. Son neveu Conradin avait, après lui, essayé de disputer la couronne à Charles d'Anjou ; mais ayant livré bataille dans le comté de Tagliacozzo, il avait été vaincu,

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Fait prisonnier près d'Astura, quelques jours après sa défaite, il avait été condamné à mort; et du haut de l'échafaud où la hache du bourreau allait le frapper, il avait lancé son gant à la foule, en déclarant qu'il léguait son royaume à celui qui se chargerait de sa vengeance. Le fils de Mainfroi ayant été pris par Charles d'Anjou et étant mort dans sa prison, Constance, d'après les règles de la nature (*), était seule héritière du trône de Sicile. Il est vrai que Charles d'Anjou l'occupait et par droit de conquête et en vertu de l'investiture du pape; mais le joug qu'il avait imposé aux Siciliens leur était tellement insupportable, sa tyrannie leur était si odieuse, qu'ils résolurent de s'y soustraire. Un seigneur sicilien nommé Procida (**) fut l'agent le plus actif de cette conjuration. Il vint, diton, apporter à don Pèdre le gant que Conradin avait jeté du haut de son échafaud en signe d'investiture, et il lui offrit la couronne de Sicile. Don Pedro hésitait à accepter ce dangereux présent. Il alléguait que pour cette entreprise une flotte était indispensable, et qu'il manquait d'argent pour l'armer. Procida lui fit prêter par l'empereur Paléologue les fonds qui lui étaient nécessaires. Au reste, les Siciliens n'attendirent pas, pour se soulever, que les voiles catalanes parussent sur leurs côtes. Tout le monde sait comment ils classèrent Charles d'Anjou; tout le monde connaît les vêpres

(*) Conradin était petit-fils de l'empereur Frédéric II et de Constance, seur de don Pero le Catholique. Ainsi don Pedro le Grand pouvait prétendre au tròne de Sicile, soit comme issu de germain de Conradin, soit comme gendre de Mainfroi.

(**) Les historiens ne sont pas d'accord sur le nom de cet agent de la révolution sicilienne. Les chroniqueurs français ou catalans, sans doute pour rendre la prouonciation du e italien, l'appellent Jean Prochita. La version latine de Pandulfo Colenuccio le nomme Procula. Procula Salernitanus, qui Manfredi medicus fuerat, inito cum Siculis consilio, insulam eam ex Gallorum servitute in Whertatem vindicare decrevit.

siciliennes. Messine et Palerme avaient reconquis leur liberté, et don Pedro, dont cependant la flotte était prête, hésitait encore à accepter la couronne qu'on plaçait sur sa tête, lorsque les Palermitains lui députèrent deux des principaux d'entre eux pour l'engager a venir prendre possession du royaume. Alors, bien assuré des dispositions des Siciliens, il vint jeter l'ancre à Trapani. Les victoires que don Jayme, son fils, et Roger de Lauria, son amiral, remporterent sur la flotte de Charles d'Anjou, achevèrent de lui asssurer la possession de cette île.

Cependant le pape, dévoué aux intérêts des Français, fulmina l'excommunication contre don Pedro. De son côté, Charles d'Anjou crut réparer ses défaites en adressant un cartel à son vainqueur. Cette provocation ridicule fut acceptée; on convint que le 1er juin 1283 les deux rois, accompagnés chacun de cent chevaliers, se rendraient à Bordeaux pour y combattre en champ clos. Mais le défi resta sans effet; le roi d'Aragon trouva que la grande quantité de troupes rassemblées en Guyenne par le roi de France rendait le lieu du combat peu sûr. Au reste, c'eût été de sa part une folie insigne d'aller risquer dans une semblable lutte le fruit des victoires qu'il ne cessait de remporter. En 1284. Roger de Lauria battit encore une flotte commandée par le prince de Salerne, Charles le Boiteux; il fit même ce prince prisonnier. La victoire se montra si constante pour ses armes, que la valeur et l'adresse des Catalans étaient devenues proverbiales en Sicile; à Naples, trois siècles plus tard, on disait encore un coup de lance catalane pour un coup mortel. On trouve plusieurs fois cette locution employée dans le Pentamerone d'Abbattutis (*).

(*) Giovan Battista Basilio, comte de Torone, a laissé d'assez nombreux ouvrages en dialecte napolitain, et entré autres le Pentamerone, o cunto de li cunte, publié pour la première fois à Naples, en 1637, sous le pseudonyme de Gian Alesio Abbattutis. C'est dans cet ouvrage plein de verve

Le pape, irrité de ce que don Pedro avait osé porter la main sur un royaume qui relevait directement du saintsiége, fulmina de nouveau contre lui l'anathème. Il le déclara déchu du trône d'Aragon, et donna l'investiture de son royaume à Charles de Valois, tils du roi de France Philippe le Hardi. Il fit prêcher la croisade contre le souverain excommunié.

Le danger qui menaçait don Pedro devait lui faire rechercher l'alliance du roi don Sancho de Castille. Il eut donc avec lui une entrevue à Ciria, et don Sancho promit de l'aider à repousser les attaques des Français, pourvu que lui-même ne fût pas contraint d'occuper ses armes contre Abu-Yousouf.

Il y avait alors à peu près une année qu'Alphonse le Savant était mort, et que don Sancho s'était emparé de sa succession. Toutefois ce n'était pas sans contestation qu'il avait recueilli son héritage. Son frère, l'infant don Juan, avait voulu faire valoir le testament de son père, et réclamer le royaume de Séville qui lui avait été légué. Mais les habitants de cette ville avaient eux-mêmes repoussé ses prétentions. Don Juan avait été obligé de les abandonner, et de reconnaître la souveraineté de son frère.

Un autre ennemi tout aussi dangereux avait aussi commencé à troubler le royaume. C'était don Juan Nuñez de Lara. Il s'était retiré en Navarre, et venait d'entrer, à la tête d'un corps de troupes, sur les terres de la Castille. Il y avait porté le ravage et la désolation. Les troupes castillanes s'étaient mises à sa poursuite; mais au lieu de retourner en Navarre, il s'était retiré avec tout son butin dans la ville d'Albaraçin. Cette ville, que les anciens appelaient Lobetum, et, disent quelques autres, Turia, s'élève dans les montagnes inaccessibles où le Tage, le Guadalaviar et le Jiloja prennent leur source. Lors de l'arrivée des Almoravides, l'émir d'Albaracin fut un des princes musulmans de l'Espagne

et de gaieté que Perrault a puisé la plupart des sujets de ses contes.

orientale qui, à l'aide des Beni-Hud de Saragosse, purent conserver le titre de souverains. En 1171, cette ville dépendait des domaines de Ben-Sad, qui, ayant reçu de grands services de Pedro Ruiz de Azagra, la lui donna en toute souveraineté. Le roi de Castille Alphonse le Noble et Alphonse II d'Aragon prétendirent également que cette ville devait faire partie de leurs domaines, et que Pedro Ruiz de Azagra devait leur rendre hommage pour ce fief; mais ce seigneur répondit qu'il ne tenait son domaine ni de l'Aragon, ni de la Castille; qu'il ne le devait qu'à lui seul, et qu'il ne rendrait hommage à personne. Les deux rois pensèrent à employer les armes pour contraindre Ruiz de Azagra à reconnaître leur suzeraineté; mais quelques différends survenus entre eux les détournèrent de cette entreprise, et don Pedro Ruiz de Azagra resta souverain indépendant de cette ville. Après sa mort, elle passa à son frère Hernando Rodriguez de Azagra. Celui-ci la transmit à son fils Pero Fernandez de Azagra, qui eut plusieurs enfants: Pero Fernandez, Garci Fernandez, doña Thereza et don Alvaro de Azagra. Ce fut ce dernier qui hérita de l'État d'Albaraçin. Quand il mourut, il le transmit à sa fille unique doña Thereza, mariée à Juan Nuñez de Lara. C'est dans cette ville que don Juan Nuñez venait de se réfugier. La place, construite dans une position extrêmement forte, était encore défendue par d'épaisses et de hautes murailles. Il croyait donc pouvoir y braver la colère de don Sancho et celle de don Pedro. Une des premières conventions intervenues entre les deux souverains de Castille et d'Aragon fut que ce dernier assiégerait la ville d'Albaraçin, sur laquelle don Sancho lui abandonna toutes ses prétentions. Les troupes de don Pedro commencèrent donc le siége, qui fut poussé avec énergie, et bientôt, malgré le courage des défenseurs, la ville commença à se trouver étroitement serrée. Nuñez de Lara sortit de la place pour aller chercher des secours; mais n'ayant pu réunir une ar

mée assez nombreuse pour oser entreprendre de faire lever le siége, il fit dire aux défenseurs de capituler, et ils se rendirent le jour de la Saint-Michel, 29 septembre 1284.

Tout en faisant cette conquête, don Pedro ne s'en préparait pas moins à soutenir la guerre contre le roi de France, qui s'était chargé d'exécuter le décret de déchéance prononcé par le pape. Il avait fait demander à don Jayme, son frère, de lui amener des secours; mais celui-ci avait contre don Pedro des sujets de mécontentement. Dès le commencement de son règne, le roi d'Aragon avait exigé qu'il lui rendit hommage, comme son vassal, à raison du royaume de Majorque et des autres domaines que leur père lui avait laissés. Don Jayme s'était soumis à la nécessité; mais il n'avait pas renoncé à tirer vengeance de ce qu'il regardait comme un affront et comme un acte de tyrannie. Loin de venir au secours de son frère, il embrassa le parti des Français; il leur servit de guide. Don Pedro avait fait garder les ports des Pyrénées. Don Jayme leur indiqua, par la vallée de Vañul, un passage qui n'était pas défendu, et l'armée française, commandée par Philippe le Hardi et par le connétable Jean d'Harcourt, pénétra en Catalogne. Elle prit Roses, Ampurias, et vint mettre le siége devant Girone, que le comte de Cardone défendait. Quant à don Pedro, ne pensant pas qu'il lui fût possible de tenir en rase campagne contre l'armée française, et ne voyant pas arriver les troupes castiilanes sur lesquelles il avait compté, il licencia une partie de son armée; il ne garda que l'élite de ses chevaliers, et se jeta avec eux dans les montagnes, pour harceler sans cesse les Français et pour les affamer en coupant leurs communications, en enlevant leurs convois. Il fut heureusement secondé dans cette entreprise par sa flotte, qui remporta deux fois l'avantage sur celle de Philippe le Hardi. Néanmoins, la ville de Girone, vivement pressée par les Français, fut obligée de se rendre le 7 septembre 1285. Mais ce siége avait occupé toute

la belle saison. La grande quantité de morts abandonnés dans les campagnes avait infecté l'air. Les maladies s'etaient mises dans l'armée. Il fallut donc songer à la retraite. On laissa une bonne garnison dans Girone, et on reprit la route du Roussillon. Philippe le Hardi lui-même était atteint de l'épidémie qui décimait ses troupes. On le reporta dans une litière jusqu'à Perpignan, où il mourut le 6 octobre

1284.

A peine les Français furent-ils éloignés, que don Pedro se représenta devant Girone, et la garnison laissée par Philippe le Hardi ne tarda pas à rendre la ville. Ainsi délivré du danger qui le menaçait, le roi d'Aragon songea à tirer vengeance de la conduite de son frère. Il résolut de lui enlever le royaume de Majorque. Ce fut l'infant don Alphonse, son fils aîné, qui fut chargé de tenter cette expédition, et qui alla mettre le siége devant Majorque. Ce prince était à peine parti que son père tomba malade, et mourut le 10 novembre 1285, laissant par son testament le royaume d'Aragon à don Alphonse, et la Sicile à son second fils, don Jayme, les substituant l'un à l'autre en cas de mort sans enfant. Alphonse reçut la nouvelle de la mort de son père pendant qu'il achevait le siége de Majorque. Il ne quitta pas son entreprise, et prit immédiatement le titre de roi d'Aragon. Ce fut de la part des Aragonais l'objet de vives réclamations. Ils lui représentèrent qu'il n'avait le droit prendre le titre de roi et d'en exercer l'autorité qu'après avoir juré de respecter les fueros et les libertés de la nation. Alphonse ayant donc achevé la conquête qu'il avait commencée, se rendit à Saragosse, où il prêta le serment qu'on exigeait des rois à leur avénement au trône.

Pendant que ces événements s'accomplissaient, don Sancho vivait au milieu de craintes continuelles et d'éternelles révoltes. En portant sur la couronne de son père une main sacrilége, il avait donné à ses sujets l'exemple de la rébellion; il leur avait appris que l'autorité royale n'était pas sacrée;

qu'on pouvait l'attaquer et la détruire. Il se soutenait non comme un roi, mais comme un chef de parti en s'appuyant sur des intrigues. Il lui fallait payer les services de ceux dont le cré-. dit avait favorisé ses prétentions, ou bien acheter la tranquillité des autres; il lui fallait gorger les Haro d'honneurs et de pouvoirs; il lui fallait apaiser les Lara. Un des seigneurs qui avaient le plus contribué à le faire nommer roi était don Lope de Haro. Il le combla de faveurs; il l'allia à la famille royale en lui donnant son propre frère, l'infant don Juan, pour gendre. Sa générosité ne servit qu'à accroître les exigences et l'orgueil de don Lope, qui ne tarda pas à devenir odieux aux autres seigneurs avec lesquels il agissait comme s'il eût été leur souverain. Son arrogance ne respectait pas le roi lui-même. Dans une discussion qu'il eut avec lui, il s'emporta au point de rouler son manteau autour de son bras, en forme de bouclier, de tirer son épée et de se précipiter sur don Sancho; mais les gardes se jetèrent sur lui : l'un d'eux lui abattit le poignet droit d'un coup de sabre; un autre le renversa à terre d'un coup de masse d'armes, et, quand il fut tombé, on acheva de le tuer. L'infant don Juan, qui avait imité la colère de son beau-père et qui, comme lui, avait tiré son épée, fut forcé de chercher un refuge auprès de la reine. Cette princesse lui sauva la vie. Il fut seulement arrêté et renfermé dans le château de Burgos. La mort de Lope de Haro, loin de rendre la tranquillité au pays, ne fit qu'augmenter le trouble. Toutes les villes qui appartenaient soit à lui, soit à ses partisans, se soulevèrent; un grand nombre de seigneurs se retirèrent en Aragon auprès du roi don Alphonse. Ce prince avait déjà quelques sujets de mécontentement contre don Sancho; il embrassa la cause de ceux qui se réfugiaient auprès de lui. Depuis treize ans, on tenait les infants de la Cerda renfermés dans le château de Xativa; on les y avait soigneusement gardés comme un moyen d'allumer la guerre civile en

Castille. Alphonse ne se borna pas à les mettre en liberté au commencement du mois de décembre 1288, il fit proclamer, à Jaca, Alphonse de la Cerda roi de Léon et de Castille. Il ne se contenta pas d'une vaine cérémonie: il lui donna une armée avec laquelle le prétendant alla porter la guerre dans les États de Sancho. Néanmoins ces forces étaient insuffisantes, ou bien les généraux qui les commandaient manquaient de talent, et les Cerda ne firent rien de profitable; tous leurs avantages se bornèrent à occuper quelques villes, et la guerre se continua sans qu'il se passât rien d'intéressant. Elle durait depuis trois années, lorsque le roi don Alphonse d'Aragon mourut à Barcelone. Il ne laissait pas d'enfant; ce fut don Jayme, son frère, roi de Sicile, qui fut appelé à lui succéder. Ce prince remit donc le gouvernement de cette île à sa mère Constance et à son frère Frédéric, et il vint réclamer l'héritage d'Alphonse, qui ne lui fut disputé par personne.

Au moment où la mort avait frappé le roi d'Aragon, ce prince était sur le point de terminer, par un traité, ses différends avec le roi Charles d'Anjou et avec Charles de Valois; mais sa mort avait tout remis en question. Le roi don Jayme craignit de voir se renouveler la guerre avec la France, et voulant s'assurer la tranquillité du côté de la Castille, il fit demander la paix à don Sancho. Celui-ci, qui redoutait toujours les entreprises des infants de la Cerda, fut trop heureux de la lui accorder, et les deux souverains, pour cimenter davantage la honne harmonie qui s'établissait entre eux, convinrent que don Jayme épouserait Isabelle, fille de don Sancho, bien qu'elle ne fût encore âgée que de neuf ans.

Tranquille du côté de l'Aragon, don Sancho s'occupa de la guerre contre les musulmans. Depuis l'instant où Mohammed II avait appelé en Espagne les armes des Beni-Merines, Yacobben-Yousouf était resté maître d'Algéciraz et de Tarifa; il profitait de la possession de ces deux villes pour ve

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