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voulant lui donner une famille, dans son zèle tout catholique il en aura fait le petit-fils de Noë.

Suivant Strabon, les habitants primitifs de l'Espagne adoraient un dieu qu'ils ne représentaient par aucune idole, auquel ils n'élevaient aucun temple; mais plus tard ils reçurent les dieux des Phéniciens et ceux des Grecs, qui, sous des noms différents, avaient cependant les mêmes attributs. La cause de cette ressemblance s'explique d'elle-même. Les divinités paiennes n'étaient souvent que la personnification de quelque qualité de l'âme; il n'est donc point étonnant qu'on ait employé dans différents pays les mêmes signes pour les représenter, quoique leurs noms fussent différents, suivant les époques et suivant les nations qui les avaient déifiées. A Cadix, les Phéniciens avaient construit un temple au dieu qu'ils appelaient Melkarth. Ils le représentaient couvert d'une peau de lion et armé d'une massue, où bien lançant des flèches. C'est le même dieu que les Grecs nommaient Hercule. Ce temple était, dit-on, dans une petite île qui a été submergée. On prétend même que, quand la mer est basse, on aperçoit encore sous les eaux les ruines de ce monument.

Dans son Histoire d'Espagne, M. Romey, qui a éclairci tant de questions douteuses, et qui, sur des points qu'on ne saurait prouver, a fourni tant d'ingénieuses conjectures, pense que Melkarth, l'Hercule tyrien, est une personnification du génie de Tyr. On pourrait ajouter peut-être qu'il est un emblème des forces de la civilisation. Ce qui donnerait un caractère de probabilité à cette explication, c'est que le nom de Melkarth paraît formé des mots phéniciens melech, roi ou puissant et kartha, cité. Il peut donc

en France des familles qui ont pris le mot Dieu pour nom patronymique, de même en Espagne quelques individus avaient pris celui de Tubal ou Dobal. Un des chefs qui combattirent contre Scipion après la prise d'Iliturgi se nommait En-Dobal. Les Romains ont fait de ce nom celui d'Indibilis.

signifier ou le puissant de la ville, ou plutôt la puissance de la cité. Alors les fables d'Hercule deviennent faciles à expliquer c'est le pouvoir civilisateur des Phéniciens qui extermine les monstres, et qui marche de l'orient à l'occident en suivant les côtes d'Afrique. Il triomphe des habitants féroces de ces contrées, caractérisés sous les noms de Busiris et d'Antée; puis il passe en Espagne, y répand ses lumières, dissipe l'ignorance des indigènes. Ce Géryon à trois corps qui tombe sous les coups d'Hercule, c'est la barbarie qui succombe sous les atteintes de la civilisation phénitienne. Peut-être cette manière d'entendre des fables satisfera-t-elle quelques esprits. Cependant il ne faut pas se laisser entraîner par le désir de tout expliquer; ces interprétations ne sont souvent que des jeux d'esprit sans fondement, sans réalité. Les fables anciennes peuvent se rapporter quelquefois à des faits dont rien ne saurait maintenant révéler les circonstances véritables. Alors elles forment un dédale dont le fil conducteur est à jamais perdu. Souvent donc il serait sage de renoncer à l'espoir de trouver leur sens figuré, de découvrir leur pensée morale, et l'on devrait se borner à les accepter comme des romans agréables, comme des récits amusants.

Après Hercule, la divinité dont le culte était le plus répandu était la lune, qu'on vénérait sous le nom d'Astarté. On la représentait sous la figure d'une femme dont la tête était entourée de rayons. On en retrouve l'image sur des médailles bastules (*).

Dans les pays soumis à la domination des Grecs, on adorait la même divinité sous le nom d'Artémis, qui était la Diane des Romains. C'est, dit-on, à cette divinité que la ville de Dania doit le nom qu'elle porte (**). Ce culte était si profondément enra

(*) Velasquez. Essai sur les lettres inconnues, planche xvII, médaille 2. Dans le texte hébreu des saintes Écritures, on trouve cette divinité désignée sous le nom d'Asthoreth.

(**) A l'occasion de cette étymologie, on

ciné dans la Péninsule, que le christianisme n'a pas pu l'extirper entièrement; il reste encore un peu de l'idolâtrie antique dans la manière dont les Espagnols honorent la mère de Dieu. Pour eux, elle remplace Diane, déesse de la chasteté; elle représente la triple Hécate, et vous ne verrez jamais un artiste espagnol peindre le mystère de la Conception, sans que la Vierge ait sous les pieds ou bien près d'elle le croissant, attribut de la divinité païenne.

Les dieux des Phéniciens n'étaient pour la plupart que la personnification du soleil, dont ils modifiaient le nom selon celui des attributs de la divinité qu'ils voulaient exprimer. Il en était ainsi de Neto, Nito, ou Neton, dont ils avaient introduit le culte en Espagne. On représentait ce dieu sous la figure d'un jeune homme couronné de rayons, ou sous la forme d'un taureau c'était, dit Macrobe, le soleil vainqueur, le dieu des conquêtes ou de la guerre. Aussi Montfaucon, dans Antiquité expliquée, et M. Depping, dans le savant travail qu'il a publié sur l'histoire d'Espagne, le nommentils le Mars radié des Espagnols. Son culte avait la plus grande analogie avec celui d'Adonis; et lorsqu'on se rappelle qu'Adonis représentait le soleil qui triomphe des ténèbres, on sera volontiers porté à penser qu'Adonis et Neto sont la même divinité. En effet, n'est-il pas évident que Donis et Nito sont identiquement le même nom dont les syllabes ont été interverties? Le culte de Néton était fort répandu en Espagne; et ces figures colossales de taureaux qu'on rencontre dans quelques localités de la Péninsule, sont des idoles de ce dieu (*).

doit observer que le nom de Dianium n'a jamais pu être donné à cette ville par les Grecs qui l'avaient fondée. En effet, le mot Diana, ainsi que le constate Varron, liv. Iv, $10, est d'origine purement latine. Il n'a donc été donné à cette ville qu'après l'occupation des Romains, qui l'ont substitué au nom primitif. En effet, Strabon la nomme Artémion.

(*) Apud Heliopolim taurum soli conse

Les Phéniciens avaient encore établi en Espagne le culte de la Vénus génératrice, que les Babyloniens, aussi bien que les habitants de Tyr, nommaient Salambo. C'est aussi sous ce nom que les Espagnols vénéraient cet emblème de la beauté, de la fécondité de la nature. Chez presque tous les peuples anciens, la fête de cette divinité a été pompeusement célébrée, soit qu'on ait appelé cette déesse Salambo, Isis, ou bien Cérès Éleusine. On faisait en son honneur des processions où l'on promenait son image. Les femmes l'accompagnaient en portant dans des corbeilles ou dans des vases de terre les fleurs et les fruits de la saison. Les Actes des martyrs racontent que sainte Justine et sainte Rufine, qui, pour vivre, vendaient de la poterie sur une place de Séville, ayant refusé de céder des vases que les femmes de la ville destinaient à la célébration de cette fête, furent insultées par la populace, et que ce refus devint une des causes de leur martyre.

Sur beaucoup de pierres votives, on a lu des noms latinisés qu'on a ju gés devoir être ceux de dieux adorés par les Espagnols; mais rien ne fait connaître leurs attributs, et dès lors on doit peu s'occuper de ces prétendues divinités. En effet, il faut se mé fier de la facilité avec laquelle des antiquaires, pour interpréter une inscription qu'ils ne comprennent pas, vous font un dieu inconnu avec autant d'aplomb que Sancho Pança en mettait à enchanter l'incomparable Duleinée. Veut-on un exemple du laisser - aller de quelques auteurs en cette matière? Qu'on prenne ce passage d'une histoire d'Espagne, d'ailleurs fort. bien faite et consciencieusement élaborée :

« On lit sur une cornaline annulaire trouvée dans le territoire d'Almeida :

N'offense pas le dieu Ypsistos, c'est un grand nom. La curiosité renonce à apprendre quel est ce dieu dont le

cratum, quem Neton cognominant, maxime colunt, Macrobe.

nom paraissait si redoutable aux anciens (*). »

L'auteur se trompe. La curiosité peut facilement être satisfaite; et il suffit de rectifier une erreur qui s'est glissée dans sa traduction. Le traducteur a pris le Pyrée pour un homme. Cette devise est évidemment chrétienne; en voici le sens littéral : « Tu ne m'outrageras pas, moi, le Dieu TrèsHaut; mon nom est grand.

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Les Phéniciens, les Grecs, les Romains ne sont pas les seuls qui aient donné des dieux à la Péninsule. Un peuple, qui les avait dès longtemps devancés dans ce pays, y avait aussi apporté sa mythologie. Avec les Celtes, et peut-être même avant eux, le culte druidique s'était établi en Espagne. Dans beaucoup d'endroits, on rencontre des pierres énormes, entassées de manière à former des autels sur lesquels a coulé le sang des victimes immôlées à Teutatès.

Le dieu des Germains, le dieu de la guerre, Erman, était adoré, en Espagne, sous le nom d'Elman. Il est probable que ce sera quelque temple élevé à ce dieu qui aura donné son nom à la ville d'Elmantica, aujourd'hui Salamanque (**).

(*) ΤΟΝ.ΘΕΟΝ.ΣΟΙ.ΥΨΙΣΤΟΝ ΜΗ.ΜΕ. ΑΣΙΚΗΣΙΣ

META.TO ONOMA

Je dirai d'abord que cette pierre gravée ne doit pas être très-antique. Elle ne peut guère remonter qu'au temps où déjà les langues anciennes étaient corrompues, c'est-àdire au moyen âge, quand on a commencé à employer en Espagne le datif au lieu du nominatif. σot est un hispanisme; correctement il faudrait σύ. Au lieu de ἀσικησις il faudrait dotynos. L'altération du langage, en prouvant que cette inscription est presque moderne, devait éveiller la défiance du traducteur; car le nom d'un dieu adoré encore au moyen âge serait probablement venu jusqu'à nous. Hypsistos n'est donc pas le nom d'une divinité. C'est tout simplement le superlatif de l'adjectif ü↓os, haut. üotos c'est le très-haut.

(**) Nous donnons la gravure d'une médaille d'argent de la bibliothèque royale (no 1490), sur laquelle on lit en caractères celtibériens

Après ces dieux principaux, il y avait encore beaucoup de divinités inférieures vénérées seulement dans quelques localités particulières ; mais il est sans intérêt de les connaître. Nous ne nous arrêterons donc pas davantage sur les anciennes superstitions; nous quitterons les époques fabuleuses pour arri ver à des événements qui, bien éloignés encore cependant, présentent déjà moins d'incertitude.

Établissement en Espagne des Phéniciens, des Grecs, puis des Carthagi nois. La venue des Phéniciens en Espagne est un fait hors de contestation; mais à quelle époque faut-il la reporter? On ne peut, sur ce point, faire que des conjectures. Cependant M. Romey a déterminé cette date par des raisonnements si plausibles, que son opinion ne saurait s'écarter beaucoup de la vérité. Voici comment il s'exprime :

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« Le temps de l'accomplissement des « promesses de Dieu faites à Abraham « était arrivé. La postérité de ce pa<< triarche devait enfin entrer dans la « possession de la terre promise; et «< cette terre, c'était le riche pays des Phéniciens. Josué, successeur de Moïse, et conducteur du peuple «< choisi de Dieu, l'y introduisit le fer « à la main, 1452 ans avant Jésus<< Christ. Jéricho, Haï, Gabaon, Jérusalem, Béthel, Yérimoth, Hébron, Gader et Lachis, toutes villes phé<< niciennes de l'intérieur des terres, « tombèrent au pouvoir du chef des «< Hébreux; il en chassa et dispersa les

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habitants; et cette invasion refou<< lant la population cananéenne vers « les grandes métropoles de la côte,

Sidon, la vieille Tyr, Biblos et Arade, << regorgèrent d'habitants. Ce surcroît << de population fit bientôt naître la

pensée d'aller établir des comptoirs « et des citadelles dans les pays où « jusque-là les Phéniciens ne s'étaient

le mot Elman. La plupart des numismatographes pensent que cette légende exprime le nom primitif de la ville de Salamanque. L'académie espagnole a émis l'opinion qu'elle indique celui du dieu Elman. Cette médaille est la cinquième de la planche 3.

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" présentés qu'en simples marchands; « et les vaisseaux de Sidon et de Tyr portèrent à la fois des colonies ca«nanéennes parmi les populations sauvages de l'Attique et du Péloponèse, a et parmi ceux qui habitaient les ex« trémités occidentales de la Méditer<< ranée, jusque dans le sud et l'ouest de l'Espagne. »>

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Il y avait déjà plusieurs siècles que les Phéniciens étaient établis sur les côtes de l'Espagne, lorsqu'un autre peuple maritime vint y fonder une colonie. On fait remonter à neuf cents ans environ avant l'ère chrétienne, l'époque à laquelle les Grecs de l'île de Rhodes vinrent s'établir au pied des Pyrénées, et y fondèrent une cité dont le nom a toujours rappelé celui de ses premiers habitants. C'est la ville de Rosas, située presque sur la frontière de France, dans le voisinage du cap Creuz.

Les Phocéens, à leur tour, naviguant le long des côtes de l'Italie et de la Sicile, arrivèrent dans le golfe que forme le rivage méridional de la Gaule. Ils y élevèrent une ville qu'ils appelèrent Massilia (Marseille). Ils commercèrent aussi sur les côtes d'Espagne; mais d'abord ils ne s'y fixèrent pas. Plus tard, lorsqu'une partie des habitants de l'Asie Mineure, fuyant devant les cruautés d'Harpages, lieutenant de Cyrus, vint chercher un refuge dans les colonies que les Phocéens avaient depuis longtemps établies, ce surcroît de population ne tarda pas à se trouver à l'étroit. Alors ces Grecs fugitifs allèrent s'établir sur la côte orientale de l'Espagne. D'autres poussèrent plus loin; mais ayant trouvé le pays occupé par les Phéniciens, ils poussèrent plus loin encore, franchirent le détroit pour aller au pays des Turditains. Ils y furent accueillis par un roi auquel la tradition donne le nom d'Argantonius. On rapporte beaucoup de fables sur son compte. Pour qu'on en apprécie la valeur, il suffit de signaler une seule des invraisemblances que ces récits renferment. Il suffit de dire que, d'après les traditions anciennes, Argan

tonius aurait déjà été un chef puissant à l'époque des victoires de Nabuchodonosor, et qu'il aurait été encore plein de force et de vigueur près de cent ans plus tard, lorsque Cyrus soumit l'Asie Mineure. Aussi ajoute-t-on que ce prince régna très-longtemps, et qu'il vécut trois cents ans. Quoi qu'il en soit, ces fables n'ont pu dénaturer entièrement la vérité; et le point principal, l'établissement des Grecs au pays des Turditains, n'en est pas moins considéré comme un fait incontestable. On a des détails plus positifs sur l'expédition des Grecs qui, partis de Marseille, vinrent se fixer sur les côtes de la Celtibérie.

545 ans environ avant Jésus-Christ, ils formèrent leur premier établissement à peu de distance de Roses. C'était un simple entrepôt de commerce, ainsi que le prouve son premier nom Emporium (*), qui s'est conservé presque sans altération, car on reconnaît encore le mot grec dans le nom actuel d'Ampurias. Les naturels du pays se montrèrent peu satisfaits de l'arrivée de ces étrangers; la conduite des habitants de Roses leur avait appris le danger de recevoir chez soi des aventuriers presque toujours violents et cupides. Ils résistèrent donc avec énergie aux envahissements que les Massaliotes s'efforçaient de faire chaque jour. Enfin, après des luttes sanglantes, acharnées, les deux peuples firent un arrangement si singulier, qu'on en chercherait en vain un semblable dans l'histoire. Les naturels du pays cédèrent aux colons grecs une petite partie de leur ville; mais il fut convenu aussi qu'une muraille serait construite de manière à empêcher toute communication entre le quartier assigné aux nouveaux venus et ceux réservés par les anciens habitants.

On a peine à s'expliquer comment il fut possible d'exécuter cette convention, et surtout comment elle put avoir quelque durée. Cependant les Grecs prirent possession de la portion

(*) 'Eμñóptov signifie marché, place publique.

qui leur était attribuée. Elle était située du côté de la mer, et n'avait que quatre cents pas d'étendue; tandis que les naturels se réservèrent le reste de la ville et le territoire environnant. La crainte rendit les Grecs vigilants. Ils pourvurent à leur défense avec une prudence qui assura peut-être leur salut. Ils fortifièrent la muraille qui les séparait des anciens habitants, de manière à la rendre imprenable; elle n'avait qu'une seule porte. Pendant le jour, elle était soigneusement gardée; pendant la nuit, une grande partie des habitants veillait sur les murailles. Quelques auteurs portent au tiers des citoyens le nombre de ceux qui restaient ainsi sous les armes. Il y a là une exagération évidente. Un semblable régime eût bientôt exténué de fatigue tous les Massaliotes. Ce qu'on doit croire, c'est qu'ils se gardèrent comme s'ils eussent été dans une ville assiégée. Ils ne sortaient jamais dans la partie habitée par les naturels sans être en grand nombre et armés; enfin ils prirent tant de précautions, que, lors de l'arrivée des Romains en Espagne, cet arrangement s'exécutait encore dans toute son intégrité; la muraille subsistait toujours, et chaque peuple se gouvernait par ses lois particulières. La ville, comme on l'à vu, avait reçu le nom d'Emporium; quant à une petite île située en face de cette partie de la côte, et dans laquelle les Grecs s'étaient d'abord établis, elle reçut le nom de Palæopolis, ou la vieille ville.

Des aventuriers nombreux, entreprenants, devaient se trouver bien resserrés dans un terrain de quatre cents pas. Cependant ils observèrent la convention, soit qu'ils ne se sentissent pas assez puissants pour la rompre, soit qu'ils fussent arrêtés par le respect de la foi jurée; mais rien de semblable ne les retenait à l'égard des côtes voisines; ils commencèrent par s'emparer de la ville de Roses; puis ils s'avancèrent ensuite vers le couchant, et fondèrent trois villes dans le pays des Édétains, aux environs du fleuve Sucro (le Xucar de nos jours).

Dianium, célèbre par le temple consacré à Diane, était une de ces cités. Quant aux deux autres, on ne peut dire ni leur nom, ni l'endroit précis où elles s'élevaient. Près de là, sur la même côte, et en remontant vers l'Ibérus, on trouve encore une autre ville d'origine grecque. Sagunte avait, dit-on, tiré son nom de celui de ses premiers fondateurs, qui auraient été des Zacynthiens, ou habitants de l'île de Zante. Sagunte était renommée par ses produits céramiques; et, de nos jours encore, on estime les poteries de Murviedro (mur-viejo), qui s'élève près des vieilles murailles et des ruines de la cité zacynthienne.

Parmi les colonies que les Phéniciens avaient jetées sur la terre africaine, il en était une qui s'élevait audessus de toutes les autres. Elle égalait déjà la métropole en influence, mais elle la surpassait de beaucoup en ambition. Puissante par son commerce, puissante par ses armes, la ville de Didon, Carthage, qui devait être la rivale de Rome, ne négligeait aucun moyen d'étendre sa domination. Elle saisit avec empressement la première occasion qui se présenta de pénétrer en Espagne. Les anciens habitants s'étaient soulevés contre les Phéniciens, les avaient vaincus, avaient pris plusieurs villes, en avaient passé les habitants au fil de l'épée, en avaient profané les temples. Enfin, les Phéniciens se trouvaient étroitement resserrés dans quelques villes du littoral. Il eût fallu un long voyage pour aller réclamer du secours de la métropole. Les colons se déterminèrent donc à implorer l'assistance des Carthaginois, avec lesquels ils avaient, comme on l'a vu, une commune origine. Ceux-ci attendaient depuis longtemps un prétexte honnête pour mettre le pied en Espagne. Ils saisirent cette occasion, et s'annoncèrent comme les défenseurs des Phéniciens leurs frères, comme les vengeurs des dieux immortels, de la religion profanée, et du temple de Melkarth, qui avait été détruit. Ils commencèrent par combattre pour les Phéniciens; puis, après avoir repoussé

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