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des anciens Espagnols, trouva une table d'airain sur laquelle était gravé ce rescrit de Vespasien :

« César Vespasien, auguste, pontife suprême, investi pour la huitième « fois de la puissance tribunitienne, « de l'autorité impériale pour la dix« huitième, consul pour la huitième, <«< aux quatuorvirs et aux décurions de « Sabora. Salut.

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D'après l'exposé que vous faites « de votre faiblesse et de vos embar«ras, je vous permets de bâtir la ville, << ainsi que vous le désirez, sous mon nom et dans la plaine. Je naintiens « les tributs que vous dites avoir reçus « de l'empereur auguste. Pour tous autres que vous voudriez percevoir « de nouveau, vous aurez à vous pré« senter au proconsul. Je ne puis rien « établir dans ce genre sans que les « intéressés soient entendus. J'ai reçu « votre requête le huitième jour avant « les calendes d'auguste, et j'ai con « gédié vos envoyés trois jours avant lesdites calendes. Portez-vous bien. « Gravé sur l'airain aux frais du pécule public, par les soins des duum<< virs Cornélius Sévérus et Septimius « Sévérus. >>

Les duumvirs auxquels ce rescrit est adressé étaient des magistrats qui remplissaient dans chaque ville les fonctions dont les consuls étaient char gés à Rome. Quelquefois ces magis trats étaient au nombre de quatre, et alors ils prenaient le nom de quatuorvirs. Ils étaient assistés par un conseil municipal ou curie de dix décurions.

Avant l'arrivée des Romains, l'Espagne n'avait été qu'un assemblage de petites souverainetés indépendantes, dont l'origine, les habitudes et souvent le langage étaient différents. Sous l'administration romaine, elle forma un ensemble plus homogène et plus puissant. Le commerce prospéra; on fit de ces travaux qui sont à la fois la gloire et la richesse du pays. On ouvrit des voies de communication; on éleva des monuments; les Espagnols s'adonnèrent à l'étude des belles-lettres, et plusieurs d'entre eux purent rivaliser de gloire avec les

écrivains de Rome les plus célèbres.

Parmi les auteurs illustres auxquels l'Espagne a donné le jour, il en est trois dont les ouvrages ne sont pas venus jusqu'à nous. Ce sont Antonius Julianus, Porcius Latro et Turianus Gracilis. Antonius Julianus était rhéteur à Rome, et Aulu-Gelle, dans ses Nuits attiques, en fait un pompeux éloge. Pline cite plusieurs fois dans son histoire naturelle les travaux de Turianus Gracilis, qui avait écrit des observations physiques sur l'Espagne. Sénèque et Quintilien vantent les talents de Porcius Latro, comme rheteur et comme jurisconsulte. Ce fut lui qui guida Ovide dans l'étude des lois, et qui fut chargé de l'initier à tous les secrets de l'éloquence du barreau.

Nous trouvons aussi une longue liste d'auteurs dont nous pouvons nous-mêmes apprécier le mérite; car le temps n'a pas détruit leurs écrits Les deux Sénèque, Lucain, Columelle, Martial, étaient Espagnols. Sénèque l'orateur, Marcus Annæus Seneca, est né à Cordoue en l'année 695 de Rome. On a de lui quelques déclamations. Lucius Annæus Seneca, que nous appelons le philosophe, était son fils. Il naquit à Cordoue en l'année 750 de Rome, et fut chargé par Agrippine de l'éducation de Néron. Tant que ce jeune prince suivit les instructions de son précepteur, il fut les délices de Rome; quand il cessa de les écouter, il devint l'exécration du genre humain. Cependant lorsqu'on voit Sénèque faire l'apologie des meurtres de Britannicus et d'Agrippine, on peut douter que la morale qu'il avait recommandée à son disciple ait été aussi sévère que celle répandue dans ses écrits. Ce n'est pas sans raison qu'on lui reproche d'avoir, par sa conduite, donné un démenti continuel aux principes qu'il soutenait dans ses ouvrages. Il professait dans ses paroles le mépris des richesses; et, lorsqu'il fut questeur, il se déshonora par ses concus sions et par sa rapacité. Néanmoins, il faut le dire à sa louange, il se montra d'accord avec lui-même lorsqu'il

mourut courageusement. Condamné par Néron comme complice de la conspiration de Pison, il se fit ouvrir les veines dans un bain chaud; et, avant de consommer ce sacrifice, il prit de l'eau de son bain, en arrosa la terre et les spectateurs, en disant qu'il faisait des libations à Jupiter libéra

teur.

Indépendamment des ouvrages philosophiques laissés par lui, on connaît des tragédies latines que généralement on lui attribue. Quelques savants pensent qu'elles sont d'un troisième Sénèque appelé par eux Sénèque le Tragique.

Lucain était encore de Cordoue, neveu de Sénèque le philosophe et petit-fils de Séneque l'orateur. Lucain commit la noble imprudence de disputer à Néron le prix de la poésie, et mérita le dangereux honneur de l'emporter sur le tyran. Néron le condamna bientôt à mort, comme ayant pris part à la conjuration de Pison. Ainsi que Sénèque, Lucain se fit ouvrir les veines dans un bain chaud, et mourut en déclamant des vers. Il n'était àgé que de vingt-sept ans. La Pharsale est le seul de ses ouvrages qui soit venu jusqu'à nous.

Si on lit Lucain et les Sénèque, on y trouve la même manière sentencieuse, le même goût pour l'antithèse et l'exagération. Ce sont encore aujourd'hui les défauts le plus généralement reprochés à la littérature espagnole. Mais aussi combien de beautés ces trois écrivains ne renferment-ils pas! Sénèque est rempli des préceptes de la morale la plus pure, rendus avec esprit et avec finesse. On reproche avec raison à Lucain l'emphase et l'enflure; mais aussi combien n'y a-t-il pas de pompe et de majesté dans ses images, de vigueur et de force dans ses récits!

Quintilien et Columelle sont nés en l'année 42 de l'ère chrétienne, Quintilien à Calaguris, et Columelle à Gadès. Les Institutes de l'Orateur, par Quintilien, n'ont pas besoin d'être louées, et l'ouvrage de Columelle sur l'agriculture, son traité sur les arbres,

se recommandent autant par l'élégance et la pureté du style que par les excellents préceptes qu'ils contiennent.

Marc Valère Martial était également Espagnol; et, ainsi qu'il nous l'apprend lui-même dans ses vers, il était né à Bilbilis (Calatayud). Quelquesunes de ses épigrammes sont pleines de grâce, d'esprit et de délicatesse ; beaucoup sont médiocres, et quelquesunes sont mauvaises. Il y en a dans le nombre de tellement licencieuses, que de nos jours on rougirait de les expliquer.

Pomponius Méla, célèbre par sa géographie (de Situ Orbis), était né à Mellaria, ville de la Bétique. L'Espagne revendique encore comme ses enfants, Silius Italicus et Annæus Julius Florus. Ce dernier était de cette famille des Annæus qui avait déja produit Lucain et les deux Sénèque Il a écrit un précis de l'histoire romaine. Sa parenté avec les Sénèque, le style souvent déclamatoire de l'auteur, et la partialité qu'il montre pour les Espagnols, font présumer qu'il était lui-même de la Péninsule. Cependant cela n'est pas certain, et quelques écrivains prétendent que Florus serait né dans les Gaules.

Caius Silius Italicus a écrit un poëme sur la deuxième guerre punique. Cet ouvrage, remarquable par l'exactitude et par la précision des détails historiques, manque souvent d'élégance. Les nombreuses altérations que le texte a subies en rendent la lecture difficile ou inintelligible. Les Espagnols prétendent que ce poëte était de la ville d'Italica, et que c'est le lieu de sa naissance qui lui a fait donner le surnom d'Italicus; les Italiens, au contraire, soutiennent qu'il était leur compatriote.

Si les Espagnols citent avec orgueil les noms de leurs concitoyens que les lettres ont rendus célèbres, ils peuvent aussi montrer avec fierté le sol de leur patrie, enrichi de tous côtés par les chefs-d'œuvre de l'architecture. La manière dont les beaux-arts ont été cultivés dans la Péninsule leurs progrès, leurs vicissitudes, of

frent un digne sujet d'attention et d'étude. Parmi les monuments les plus anciens qui se trouvent chez eux, il faut ranger les sépultures découvertes en Catalogne, près des restes de l'ancienne ville d'Olerdola (planche 12). Ce sont des trous creusés dans le roc, de manière à recevoir un cadavre en conservant la forme du corps. Il y a la place de la tête et des épaules, et jusqu'à un creux pour les talons. Ils sont de différentes dimensions, suivant la taille des invividus auxquels ils étaient destinés. On en voit de très-petits, qui n'ont pu servir qu'à des enfants nouveau-nés. Malgré l'antiquité de ces tombeaux, on reconnaît le soin avec lequel ils ont été travaillés, et l'on voit encore très-distinctement autour de plusieurs d'entre eux la feuillure taillée pour recevoir la pierre qui .eur servait de couvercle. Au reste, nulle tradition ne vient nous apprendre à quel peuple ils ont pu appartenir. On ne sait non plus à qui attribuer la construction des murailles de Tarragone (planche 1re). Elles n'ont pas moins de vingt pieds d'épaisseur, et sont formées de blocs immenses, dont quelques-uns ont jusqu'à treize pieds de long sur huit de large et de haut. Ils sont au reste disposés par assises, ce qui les distingue des constructions pélasgiques, où les pierres sont entassées sans ordre et sans symétrie. Ces travaux annoncent déjà chez ceux qui les ont exécutés un degré avancé de civilisation, puisqu'ils ont nécessité l'emploi d'instruments assez parfaits. Ils sont donc bien supérieurs aux monuments grossiers élevés par les Celtes; car ceux-ci se contentaient d'entasser des blocs de pierre dont la main de l'homme n'avait pas modifié la forme primitive, ainsi qu'on peut le reconnaître par les dolmens et les menhirs qui se trouvent encore en assez grand nombre dans quelques contrées du Portugal ou du nord de l'Espagne. La totalité des remparts de Tarragone n'a pas la même origine; et, au-dessus de ces constructions que nous n'osons pas appeler pélasgiques, on distingue parfaitement des travaux

d'une antiquité moins reculée; ce sont des murailles romaines.

En suivant l'ordre des temps, et aussi les progrès que l'art avait faits, il faut citer les statues colossales d'animaux qu'on trouve dans le sud de la Vieille-Castille. Les plus fameuses sont connues sous le nom de taureaux de Guizando. Quoique très-célèbres en Espagne, elles ont rarement attiré l'attention des voyageurs, parce qu'elles ne se trouvent pas sur les routes qui conduisent à l'une des extrémités du royaume. Les taureaux de Guizando (planche 63) sont placés sur le chemin qui mène de Tolède à Avila, et non loin de la rivière Alberche. Les mousses, les lichens dont ils sont couverts, les traces profondes que les intempéries y ont creusées, sont un témoignage de leur haute antiquité. Ils étaient au nombre de quatre; un d'eux a été renversé, il n'en reste plus que des débris. Trois sont encore sur pied, et braveront sans doute encore pendant de longues années les injures du temps. Ces statues colossales représentent, à ce qu'on pense, des taureaux; mais elles sont travaillées d'une manière si grossière, qu'on pourrait au premier abord se demander si celui qui les a taillées n'a pas eu l'idée de sculpter des hippopotames. Une de celles qui restent debout paraît néanmoins faite avec plus de soin, ou bien le temps en a moins altéré les formes: la tête du taureau y est assez reconnaissable, et le fanon est sculpté d'une manière à peu près distincte. Sur la tête de chacune de ces statues on a percé deux trous destinés sans doute à recevoir des appendices qui devaient figurer les cornes. Un autre trou creusé à la partie postérieure de l'animal a servi à attacher ce qui représentait sa queue. Deux de ces taureaux sont ornés de bandelettes, le troisième au contraire n'en a pas. Sur le flanc de l'un d'entre eux existe une inscription en lettres romaines, qui paraît avoir été gravée bien postérieurement à l'érection de ces statues; mais ces mots, dont les caractères n'étaient pas très

profondément incisés dans la pierre, ont éte en partie effacés. Ils sont aujourd'hui tout à fait inintelligibles. Sur le flanc d'un autre de ces animaux se trouvent aussi de ces caractères, que les Espagnols nomment inconnus. Ceux-ci semblent remonter à l'époque la plus reculée; car, bien que profondément creusés, ils ont été tellement maltraités par le temps, que l'examen le plus attentif ne saurait permettre d'en déterminer la forme d'une manière certaine.

Une tradition populaire, qui ne repose sur aucun fondement, attribue aux Romains la construction des taureaux de Guizando. Mais les Romains ne se sont établis dans la Carpétanie qu'un siècle et demi avant l'ère chrétienne. A cette époque, Paul Émile, vainqueur de Persée, avait déjà enrichi Rome des chefs-d'œuvre de la statuaire grecque, et un ouvrage aussi grossier que celui qui nous occupe ne pouvait plus être taillé par le ciseau d'un artiste romain.

M. Bory de Saint-Vincent, en considérant la construction massive de ces statues, croit pouvoir en faire honneur aux Égyptiens; mais l'histoire n'a conservé le souvenir d'aucune colonie égyptienne établie dans la Péninsule. Les Phéniciens, au contraire, sont venus y apporter leurs arts et leur religion. N'est-il pas plus proba ble que ces monuments ont une ori gine phénicienne? Maintenant, en cherchant à quel usage ils étaient des tinés, on ne saurait douter qu'ils ne fussent la représentation de quelque divinité. « Les aborigènes, dit M. Bory « de Saint-Vincent, avaient voué un * grand respect aux taureaux, si l'on « en juge par leurs monuments, soit « qu'ils vissent dans ces animaux l'em<«blème d'un signe céleste du prin « temps, soit qu'ils y vissent un mons tre qu'ils se plaisaient à combattre.»> Et plus bas il ajoute : « Les trois mo*numents de Guizando qui subsistent, « sont des taureaux ou des Apis par « faitement caractérisés. » Les Phéniciens, de même que les Egyptiens, adoraient quelquefois le soleil sous la

figure d'un taureau. Macrobe nous apprend que c'était une des formes sous lesquelles ils vénéraient le dieu Néton. Le culte de cette divinité était répandu en Espagne. Serait-ce done avancer une supposition sans vraisemblance, que de présenter les taureaux sacres de Guizando comme étant des images de ce dieu, et comme ayant une origine phénicienne? Il se présente, il est vrai, une objection; mais nous croyons facile d'y répondre. On s'accorde généralement à penser que les Phéniciens se sont bornés à occuper les côtes sans pénétrer jamais dans le cœur du pays; ils étaient d'ailleurs assez avancés dans les arts, pour qu'on ne les suppose pas auteurs de ces représentations grossières. Aussi nous n'allons pas jusqu'à dire qu'elles sont l'ouvrage de leurs mains; mais il est à croire que les Espagnols, en adoptant leur mythologie, auront aussi cherché à copier leurs idoles, et les taureaux de Guizando sont sans doute des imitations informes, faites par des artistes indigènes, d'après quelque idole phénicienne.

La terre d'Espagne n'a pas conservé d'autres monuments du passage des Phéniciens. Quelques tombeaux, qui avaient été découverts dans les environs de Cadix, et dont Suarez de Salazar avait donné la description dans ses antiquités de Cadix, ont été détruits.Nulle construction ne nous rappelle aujour d'hui les hardis navigateurs qui avaient porté aux limites du monde connu le culte de Melkarth, de Néton et d'Astarté; mais au moins les médailles bastules, qui existent encore assez nombreuses, prouvent à quel point de perfection ils avaient poussé l'art de la gravure en médailles. Nul ne les a surpassés pour la pureté des formes, l'élégance des contours, la puissance des reliefs. Les monnaies bastules, comme presque toutes celles d'une haute antiquité, portent la figure de quelque dieu. Les types qui s'y trouvent représentés avaient quelque chose de sacré, et leur repro uction étant regardée comme un acte pieux, les

artistes mettaient tout leur talent à ne pas les altérer. Aussi presque toutes celles d'une même ville se ressemblent-elles. Sur le plus grand nombre des médailles de Gadès on retrouve la tête de Melkarth, l'Hercule phénicien. Elle est représentée planche 31, no 2. A défaut de monuments qu'on puisse

d'une manière bien certaine faire remonter aux Grecs fondateurs des colonies établies sur le littoral de la Celtibérie, on a du moins leurs médailles. Celle d'Emporium, qui est reproduite planche 31, n° 1, a toute la finesse et toute la perfection qu'on est accoutumé à rencontrer dans les ouvrages des beaux temps de la Grèce.

Les médailles celtibériennes, au contraire, et celles des Turditains, sont une preuve du peu de connaissances qu'avaient dans les arts les peuples auxquels elles servaient de monnaies. Celles de Bilbilis, de Celsa et d'Helmantica, reproduites sous les na méros 3, 4, 5 de la planche 31, donneront une idée de l'incorrection du dessin et de la roideur des types en usage chez les Celtibères. Mais si, comme objets d'art, ces pièces sont d'un médiocre intérêt, sous le point de vue historique elles sont de la plus haute importance. Les inscriptions qu'elles portent peuvent servir à rectifier les noms de beaucoup de villes, écrits par le plus grand nombre des auteurs romains avec une déplorable inexactitude. Une grande quantité de médailles celtibériennes représentent une tête à cheveux bouclés, et au revers, un cávalier portant, suivant les régions où la pièce avait été frappée, une lance, une palme, ou un bouclier rond. Depuis le pied des Pyrénées jusqu'à l'Ebre, et sur toute la côte septentrionale de l'Espagne, depuis la Cantabrie jusqu'à l'extrémité du pays des Artabres, le cavalier portait une palme. Le căvalier armé d'un bouclier rond est circonscrit à quelques villes de la vallée du Bétis; celui qui tient une lance en arrêt se retrouve dans presque tout le reste de l'Espagne. Il est vrai qu'il y a de nombreuses exceptions à cette règle, et ces types sont bien loin

d'être les seuls en usage. Sur les monnaies de quelques villes maritimes, il y a des poissons; sur celles des contrées où l'influence phénicienne avait agi plus puissamment, on trouve des représentations d'animaux accompȧgnés d'une étoile, d'un croissant, ou d'un soleil; quelquefois aussi on y voit des épis ou des instruments áratoires.

On ne saurait déterminer d'une manière exacte l'époque à laquelle ont été frappées ces pièces. Tout ce qu'on peut affirmer, c'est qu'elles l'ont été avant l'établissement de la domination romaine, puisque les légendes sont entièrement écrites en lettres celtibériennes. Un fait mêrité encore d'être remarqué, c'est que, malgré la quantité de métaux précieux qui existaient dans la Péninsule, les Romains avaient mis tant de rapacité à en dépouiller lé pays, qu'on ne trouve plus de monnaies celtibériennes qu'en bronze. Et cependant les historiens font foi de la quantité considérable de monnaie d'or ou d'argent que les vainqueurs ont portée à Rome. Il suffit de rappeler que Fulvius Flaccus fit porter à son triomphe cent soixante-dix mille livres d'or monnaye d'Espagne.

Après que la domination des Romains se fut établie, les villes espagnoles conservèrent leurs types monétaires; seulement elles ajoutèrent des légendes latines aux inscriptions en celtibérien; car cet idiome continua longtemps à faire la base de la langue vulgaire. Ainsi la médaille 6 de la planche 31 est une médaille d'Obulco. Elle porte au revers une inscription turditaine qu'on n'est pas encore parvenu à déchiffrer. Le numéro 1 de la planche 32 est une pièce de Sagonte. D'un côté, on lit en caractères romains: Saguntum invictum, et de l'autre, des caractères celtibériens. M. de Sauley, dans son essai de classificateur des monnaies des villes autonomes, les a traduits par le mot de Barsè. Il pense que ce nom est celui d'une ville amie avec laquelle Sagonte aurait contracté une étroite alliance.

Le numéro 2 de la planche 32 est

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