Page images
PDF
EPUB

val, appela l'empereur d'Orient à son secours. Il promit de faire rentrer une partie de l'Espagne sous la domination romaine si on voulait l'aider à renverser son compétiteur. Justinien lui envoya une armée, sous le commandement du patrice Libérius. Agila, battu par Athanagilde et, par les Romains réunis, se retira à Émérita, et il y fut assassiné par les siens.

Sa mort eût laissé Athanagilde seul maître de l'Espagne, si les dangereux auxiliaires qu'il avait appelés n'eussent pris pour eux une partie de son royaume. Les Romains n'avaient point encore oublié que cette riche contrée avait appartenu à l'empire, et ils ne désespéraient pas d'y détruire la puissance des Wisigoths, comme Bélisaire avait déjà anéanti celle des Vandales en Afrique et celle des Ostrogoths en Italie. Les Romains s'étaient approprié le littoral de la Bétique, et même de la Lusitanie, jusqu'au promontoire sacré. Athanagilde eut donc à soutenir contre eux des guerres longues et acharnées. Dans ses entreprises, il eut tour à tour à se plaindre et à se louer de la fortune; mais quel qu'en ait été le succès, l'histoire n'en a pas moins de graves reproches à lui adresser. Celui qui, pour satisfaire son ambition, pour renverser un rival et s'emparer du pouvoir, appelle à son aide l'invasion étrangère, est traître à sa patrie; et lorsqu'un prince est déjà coupable d'un semblable crime, s'il faut juger son caractère non-seulement d'après ses actes, mais encore d'après la conduite de ses enfants, ce doit être une circonstance bien aggravante que d'être, comme Athanagilde, père de Galsuinde et de Brunehaut.

Galsuinde, l'aînée de ses deux filles, fut unie à Chilpéric, roi de Soissons, et mourut peu de jours après son mariage, assassinée, à ce qu'on croit, par Frédégonde. La plus jeune, que les Espagnols appellent Brunechilde, et qui est si horriblement célèbre dans l'histoire française sous le nom de Brunehaut, épousa Sigebert, roi d'Austrasie. Elle put être accusée par Clotaire d'avoir fait périr dix rois ou en

fants de rois. Au reste, Athanagilde ne fut pas témoin de cette série d'horreurs. Il mourut de maladie à Tolède en 567.

Ce fut à peu près vers cette époque que Théodomir (*), roi des Suèves, abandonna l'hérésie d'Arius pour embrasser le catholicisme. On raconte que sa fille ayant été frappée d'une maladie incurable, il avait fait vœu de croire ce qu'avait cru saint Martin, dont on lui vantait les miracles, si, par l'intercession de ce saint, la vie de son enfant était sauvée. La guérison ayant eu lieu, Théodomir, ainsi qu'une grande partie de ses sujets, se convertirent. Pour s'éclairer davantage dans la voie nouvelle qu'il voulait suivre, le roi réunit un concile à Bracara. Parmi les actes de ce concile, il en est un qui mérite d'être remarqué. Les évêques rassemblés condamnerent l'usage d'enterrer les morts dans les églises, qui convertit les temples en autant de charniers. Mais les abus sont vivaces, et quoiqu'on eût reconnu, dès le milieu du sixième siècle, combien cette coutume était insalubre, elle n'a pas moins subsisté en Espagne jusqu'à nos jours.

Après la mort d'Athanagilde, il y eut un interrègne de quelques mois. Les grands ne pouvaient tomber d'accord sur le choix à faire. Enfin on élut Leuva. Celui-ci, dès la seconde année de son règne, trouvant qu'une seule personne pouvait difficilement pourvoir à la fois au gouvernement de l'Espagne et à celui des provinces que les Goths possédaient dans la Gaule, demanda à la nation que son frère Léovigilde partageât avec lui la royauté. Leuva se réserva les provin

(*) L'histoire depuis Remismond ne parle pas des Suèves; et s'ils reparaissent, c'est pour quelques instants seulement, car ils doivent être absorbés bientôt par la monarchie des Goths. Voici la liste de leurs rois ; Hermenrich. Rechila. Rechiaire. Maldras. Frumar. Remismond.

Lacune.

Ariamir, Carriarich on
Théodomir.
Mir ou Miron.

Éborie, dépouillé par
Andeca.

Malarich, qui ne fut que

prétendant au trône.

ces qui étaient dans la Gaule; Léovigilde eut l'Espagne en partage. Ce prince, qui, d'un premier mariage, avait déjà deux fils, Hermenegilde et Récared, épousa Gowsuinde, veuve d'Athanagilde, afin de consolider par cette union l'autorité qu'on venait de lui conférer. Ensuite il réunit une armée, attaqua les Romains, les battit, et leur enleva les villes d'Asido et de Malaca. Il fit aussi rentrer sous son obéissance Cordoue, qui, depuis qu'elle avait repoussé Agila, s'était maintenue indépendante, et avait refusé de reconnaître aucun souverain.

Il y avait déjà trois ans que Léovigilde travaillait ainsi à affermir l'autorité royale et à combattre les ennemis de sa patrie, lorsque son frère Leuva mourut. Il se trouva dès lors seul maître du royaume des Goths. Le commencement de ce règne fut signalé par quelques troubles. Les Cantabres, toujours prêts à combattre, se soulevèrent contre son autorité; mais, après avoir commencé par chasser les Romains de la Bétique, le nouveau roi se rendit dans le nord de l'Espagne, où bientôt il eut apaisé la révolte. Alors il suivit l'exemple que lui avait donné son frère. Leuva, guidé par l'amour du bien public, et pour que son royaume fût mieux administré, avait partagé le pouvoir avec lui. Un motif différent, le désir de perpétuer le sceptre dans sa famille, détermina Leovigilde à partager son autorité avec ses deux fils, Hermenegilde et Récared. Hermenegilde eut Séville pour résidence. Récared, au contraire, eut la sienne dans une ville de la Celtibérie. Quant à Léovigilde, il s'établit à Tolède, qui prit le titre de ville royale. Cet arrangement, qui semblait devoir assurer la tranquillité dans la famille royale, devint au contraire un ferment de discorde. Tous les Espagnols ne suivaient pas la même croyance: les anciens habitants étaient presque tous catholiques; les Goths étaient ariens. Dans le principe, la religion catholique était restée humble et soumise; mais à mesure que l'époque de la conquête s'était éloignée, elle

avait relevé la tête; elle avait fait des prosélytes même parmi les maîtres du pays. Elle aspirait à exclure l'aria. nisme; elle s'agitait, se remuait; elle était devenue le point de ralliement de tous les mécontents et le prétexte de tous les ambitieux; mais il leur man. quait un chef, lorsque les circonstances vinrent désigner Hermenegilde à leur choix. Il avait épousé Ingunde, fille de Brunehaut et de Sigebert. Cette princesse était catholique. Elle eut de vives altercations avec Gowsuinde, son aïeule maternelle, qui était restée arienne. Hermenegilde prit dans ces discussions le parti de sa jeune épouse. Bientôt converti par elle, il embrassa la foi des catholiques, et se trouva tout naturellement placé à la tête du parti qu'ils formaient dans l'État. Pour donner à cette faction encore plus de force, il fit alliance avec les ennemis du royaume, avec ces Romains que son père avait combattus, et qu'il avait reduits à ne plus posséder qu'un coin de la Lusitanie. Il avait fait aussi alliance avec le roi des Suè ves, Mir, fils de Théodomir, qui était catholique. C'est ainsi qu'il préparait la ruine de son père. Mais Leovigilde, averti de ces menées coupables, rassembla une armée, surprit et cerna les Suèves, qui s'avançaient pour se joindre à Hermenegilde, et contraignit leur roi à venir avec lui, soit comme auxiliaire, soit comme otage, faire le siége de Séville, où Hermenegilde s'était fortifié. Cependant il répugnait à Léovigilde d'enlever cette cité de force; il prit donc le parti de la bloquer étroitement, et d'attendre que la famine la lui eût livrée. Il s'établit à Italica, cette antique colonie fondée par Scipion à une lieue au-dessous de Séville. Il en releva les murailles, coupa toute communication entre les assiégés et la campagne, et parvint même à empêcher qu'on profitât du cours du Bétis pour faire passer des vivres aux habitants. Aussi, après un blocus d'une année, Hermenegilde sentant l'impossibilité de se défendre plus longtemps, prit la fuite et courut chercher un asile à Cordoue. 11 comptait sur les

secours que lui avaient promis les Romains. Mais Leovigilde gagna à prix d'argent le général qui devait les lui amener, et Hermenegilde, abandonné à ses propres forces, fut encore obligé de prendre la fuite. S'étant réfugié dans une église, il fit prier son frère Récared d'implorer pour lui le pardon de leur père. Léovigilde reçut le rebelle en gråce. Il se contenta de le faire dépouiller de ses vêtements royaux et de l'éloigner du pays où sa révolte avait eu lieu, en lui donnant pour résidence la ville de Valence. Cette clémence paternelle ne corrigea pas Hermenegilde. Il recommença ses intrigues, réunit une armée, et leva de nouveau l'étendard de la révolte. Il pénétra dans cette partie de la Lusitanie ancienne que nous nommons l'Estrémadure. Mais le roi se mit à sa poursuite; il le chassa d'Émérita, qui lui avait ouvert ses portes, et le repoussa ainsi de ville en ville jusqu'à Valence. Les rebelles, ainsi pressés, se débandèrent; leur chef, resté presque seul, tomba encore une fois entre les mains de son père, qui, justement irrité, le fit emprisonner à Tarragone. Malgré tous les crimes de son fils, Leovigilde voulait encore lui pardonner; mais il exigeait quel que preuve d'un repentir sincère. Hermenegilde s'était uni à tous les ennemis de l'État; aux mécontents, aux Romains, à Gontran, roi d'Orléans et de Bourgogne, qui, voisin des provinces possédées par les Goths dans le midi de la Gaule, était par conséquent leur adversaire naturel; à Childebert, roi d'Austrasie, frère d'Ingunde sa femme. Le catholicisme avait été le nœud qui avait resserré toutes ces alliances, qui en avait été la cause ou le prétexte. Léovigilde exigeait qu'il revint à son ancienne croyance; et, pour l'exhorter à l'abjuration qu'il lui demandait, il lui avait envoyé un évêque arien. Mais le prisonnier s'emporta en invectives contre cet évêque et contre son père lui-même. Alors celui-ci, dans un moment de colère, ordonna de le décapiter; et cet ordre fut exécuté avec une précipitation qui

ne laissa de place ni à la réflexion, ni au repentir. Sans doute cette catastrophe est déplorable; mais faut-il, comme le font les historiens espagnols, en rejeter tout l'odieux sur Léovi gilde, qu'ils dépeignent comme poussé contre son fils par une haine aveugle de la religion que celui-ci venait d'embrasser? Cette accusation paraît démentie par les faits. Leovigilde aimait tendrement ses enfants, puisqu'il s'était spontanément dépouillé d'une partie de son royaume et l'avait partagé avec eux. Il n'était pas entraîne par un fanatisme furieux; car, loin de persécuter les catholiques, il avait cherché tous les moyens de rapprocher les opinions religieuses; dans ce but de conciliation, avant d'aller assiéger Séville, il avait réuni un concile, et les prêtres ariens qui composaient cette assemblée, animés du même esprit de transaction, proclamaient ce qu'ils n'avaient pas accordé jusqu'à ce jour, que le fils est égal au père. Ce n'était donc pas un fanatisme religieux qui le faisait agir. Sa sévérité était sollicitée par des causes plus impérieuses. Comme roi, n'était-ce pas pour lui un devoir de punir le sujet qui s'alliait avec les ennemis de l'État, et qui remplissait le royaume de troubles et d'agitations? Hermenegilde n'était-il pas d'ailleurs assez coupable, lorsque deux fois il avait pris les armes contre son père? Cependant les Espagnols le vénèrent comme un saint, et l'Église romaine l'a placé au nombre des martyrs.

Après la mort d'Hermenegilde, sa femme et son jeune fils, Athanagilde, qu'il avait confiés à la garde des Romains, s'embarquèrent pour passer à Constantinople. Ingunde périt dans la traversée, et son enfant fut élevé par les soins de l'empereur Maurice.

Pendant le siége de Séville, Mir, roi des Suèves, était mort, et il avait eu pour successeur son fils Éboric. Mais ce jeune prince n'avait pas tardé à être détrôné par le second mari de Sisegunde sa mère, nommé Andeca. Cet usurpateur, après lui avoir fait couper les cheveux, l'avait renfermé dans un

cloître. Ce fut pour Léovigilde un motif d'intervention. Il attaqua le tyran, et, l'ayant vaincu, il lui fit à son tour couper sa chevelure, ce qui, à cette époque, dégradait de la noblesse et rendait indigne de régner. Il le jeta dans un cloître de la Lusitanie. Un seigneur suève, appelé Malarich, voulut encore prendre le titre et l'autorité de roi; mais Léovigilde réprima promptement cette tentative, et resta seul maître de la Galice; car Éboric, dont les cheveux avaient été rasés, ne pouvait remonter sur le trône; et d'ailleurs Léovigilde n'avait peut-être pas bien envie de le lui rendre. C'est ainsi que le royaume des Suèves finit en 586, après avoir duré 174 ans.

Léovigilde mourut dans cette même année 586. Il est le premier qui, parmi les Wisigoths, ait fait usage des insignes de la royauté, du manteau, du sceptre et de la couronne. Avant son époque, on ne trouve sur les médailles ni sur les monuments gothiques aucune trace de couronne ni de bandeau royal. Malgré les guerres nombreuses qu'il eut à soutenir, malgré cette autre plaie qui désole souvent l'Espagne, les sauterelles, qui portèrent la famine et la dévastation dans plusieurs provinces, son règne fut heureux. Aussi tous les historiens s'accordent-ils à regarder Léovigilde comme un des plus grands rois de l'Espagne gothique.

Un événement d'une grande importance signala le règne de Récared, son fils et son successeur. Le nombre des catholiques s'était considérablement accru en Espagne. Soit par politique, soit par conviction, Récared favorisait leur croyance, et s'efforçait de la propager. Il détermina un grand nombre de seigneurs à l'embrasser; il y engageait les uns par des caresses, les autres par des présents. Enfin, quand il eut successivement préparé les esprits au changement qu'il méditait, il fit lui-même profession de la foi catholique. Cependant ce n'est jamais sans agitation dans l'État qu'une pareille conversion peut avoir lieu. Plusieurs conjurations éclatèrent; mais

elles furent déjouées par la prudence et par la fermeté du roi. Les Romains l'attaquèrent; il leur fit la guerre avec vigueur et avec succès. Des révoltes éclatèrent dans le pays des Vascons; il les réprima; et, malgré la sévérité qu'il lui fallut déployer dans plus d'une circonstance, il sut cependant se faire aimer de la plus grande partie de ses sujets; aussi plusieurs historiens, et notamment Mariana, l'appellent - ils souvent le bon roi Récared. Il mourut en 601, laissant trois fils: Leuva, Suinthila et Geila.

Leuva n'était âgé que de vingt ans, et promettait d'être aussi bon roi que son père; mais les assassins ne lui en laissèrent pas le temps. Ils le frappèrent comme il achevait la seconde année de son règne.

Witerich, qui avait été l'artisan de ce crime, fut élu à la place de Leuva. Il était d'un caractère cruel, et s'efforça, mais inutilement, de faire revivre la secte d'Arius. Il eut bientôt amassé tant de haines contre lui, qu'enfin elles éclatèrent. Le peuple se Souleva, l'attaqua dans son palais, le massacra, et traîna dans les rues son cadavre, qui fut honteusement enseveli hors des murs de Tolède. Et parce qu'il s'était élevé par le glaive, dit saint Ísidore de Séville, il périt par le glaive; et cette fois du moins, la mort de l'innocent ne resta pas sans vengeance.

On élut roi Gundemar, qui avait été chef de ce mouvement populaire. Pendant son règne, qui ne dura que deux années, il combattit avec succès contre les Romains, et apaisa des révoltes dans le pays des Vascons. Il mourut de maladie à Tolède en 612.

Dans ces temps d'ignorance, il était bien rare et presque merveilleux de voir un homme joindre à la pratique du métier de la guerre quelque connaissance des lettres grecques ou latines. Cependant ces deux qualités de brave soldat et d'homme lettre se trouvaient réunies chez Sisebute, qui fut élu roi. On a conservé de lui plusieurs écrits qui rendent témoignage de son érudition. Les révoltes continuelles des populations du nord de la

Péninsule lui donnèrent bientôt l'occasion de faire preuve de ses talents militaires. Des troubles ayant éclaté dans les Asturies et dans cette partie de la Cantabrie habitée par les Ruscons, appelée aujourd'hui la Rioja, il prit aussitôt les armes, confia à Suintila, fils du bon roi Récared, le commandement de l'armée envoyée contre les Ruscons, et conduisit lui-même l'expédition dirigée contre les Astures. Les Romains, le voyant occupé dans le nord de l'Espagne, crurent pouvoir se jeter impunément sur la Bétique, pour reconquérir le terrain que Léovigilde et Récared leur avaient enlevé. Mais Sisebute en finit promptement avec les Astures et les Cantabres, réunit ses forces et vint s'opposer aux attaques des Romains. Il remporta sur eux deux victoires, et leur fit essuyer des pertes considérables. I donna dans cette circonstance nonseulement des preuves de sa vaillance et de son habileté, mais encore il fit connaître sa générosité et sa grandeur d'âme. Il renvoya aux vaincus tous les prisonniers qu'il leur avait faits; et, pour que ses soldats ne fussent pas frustrés de la part qui leur revenait dans cette partie du butin, il leur paya de son épargne la rançon des captifs qu'il délivrait.

Tout en rendant hommage aux talents et aux vertus de ce prince, il faut le plaindre de n'avoir pas su se mettre au-dessus des préjugés, qui, de son temps, faisaient des Israélites les objets de l'exécration générale. A l'instigation de l'empereur Héraclius, il persécuta les juifs, les força à recevoir le baptême ou à quitter ses États; aussi un grand nombre d'Espagnols qui professaient le judaïsme s'expatrièrent-ils pour aller porter dans d'au tres pays leurs capitaux et leur industrie. Sisebute ne régna que jusqu'en 621. Quelques auteurs pensent qu'il fut empoisonné; mais, dit Mariana, lorsqu'un prince renommé par ses vertus et par l'amour de ses sujets vient à périr encore jeune, on veut toujours que sa mort ait une cause extraordinaire. sisebute mourut pour

avoir bu en trop grande quantité d'une potion que ses médecins lui avaient donnée, et qui, prise à moindre dose, eût peut-être été salutaire.

Son fils Récared lui succéda; mais ce prince, qui était trop jeune, ne ré gna que peu de mois, et l'histoire ne dit rien de sa vie ni de sa mort.

Le fils du bon roi Récared, Suintila, qui s'était distingué dans la guerre contre les Ruscons, fut élu roi. Il eut à combattre d'abord les Vascons et les Cantabres, qui portèrent le fer et le feu dans une partie de la Tarraconaise. Quand il les eut vaincus, il tourna ses armes contre les Romains, et les chassa entièrement de l'Espagne, où ils étaient restés pendant plus de soixante et dix ans, depuis qu'Athanagilde les y avait rappelés. Après avoir rendu ce service au pays, Suintila songea à perpétuer le trône dans sa famille. Déjà on a vu plusieurs rois goths associer à l'exercice du pouvoir souverain ou leur fils ou leur frère, pour éluder la constitution, qui voulait que le commandement fût déféré par l'élection. Suintila voulut suivre cet exemple et partager le pouvoir avec son fils Récimir, qui n'était encore qu'un enfant. Cette conduite mécontenta les grands. Ils voyaient avec impatience qu'on cherchât à les dépouiller du droit d'élire le souverain. Suintila s'attira d'ailleurs le mépris du peuple, en s'abandonnant à des excès de tout genre.

Sisenand, qui gouvernait les provinces possédées par les Goths dans la Gaule, crut l'occasion favorable pour s'emparer du trône. Cependant, comme avec ses propres forces il ne se trouvait pas en état d'entrer en lutte contre Suintila, il appela Dagobert, roi des Français, à son aide; et en pavement de l'assistance qu'il réclamait, il promit de lui donner le vase d'or qu'Ætius avait envoyé au fils de Théodored pour sa part du butin fait sur Attila. Les troupes de Sisenand et de Dagobert s'avancèrent jusqu'à Cæsar-Augusta. Suintila, de son côté, marcha au-devant d'eux; mais, au moment de combattre, son armée l'abandonna, pro

[ocr errors]
« PreviousContinue »