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On se rappelle qu'en 757 Froïla, qui venait d'être élu roi à la place d'Alphonse le Catholique, avait porté la guerre en Navarre. Il y avait rencontré Monime, fille d'Eudes, duc d'Aquitaine (*). Épris de sa beauté, il l'avait choisie pour épouse. Il en avait eu deux enfants de caractères bien différents. L'un était Alphonse, dont la femme, dit-on, mourut vierge, et auquel l'histoire a donné le nom de Chaste. L'autre était Ximena, dont on traduit le nom par le mot de Chimène. Tous deux étaient encore bien jeunes lorsque leur père expia, par sa mort, le crime qu'il avait commis en poignardant son frère. Le trône était passé entre les mains d'Aurèle, puis de Silo, de Maurégat et de Bermude; mais, avec le temps, Alphonse, à son tour, avait été élu roi. Avec le temps aussi, Chimène était devenue aussi belle que l'avait été sa mère. Un des plus vail lants chevaliers de la cour de son frère, Sancho Dias, comte de Saldaña, lui avait inspiré de l'amour. L'infante et son amant, effrayés par le caractère sévère d'Alphonse, n'avaient osé s’unir qu'en secret. Cette alliance, néanmoins, ne put rester longtemps cachée. La naissance d'un fils vint la révéler au roi, qui, plein de courroux, fit enfermer sa sœur dans un couvent de religieuses. Il ordonna d'arrêter le comte de Saldaña, qui, d'après ses ordres, venait pour lui baiser la main, de le charger de chaînes et de le jeter dans une des prisons du château de Luna. Quant au jeune infant, auquel on avait donné le nom de Bernard, il n'était pas coupable de la faute de ses parents; soigneusement élevé par les soins d'Alphonse, il devint bientôt un chevalier accompli, digne en tout point de sa noble origine. Cependant il ne la connaissait pas. Le roi avait fait jurer à tous ses chevaliers de ne jamais révéler à Bernard le secret de sa naissance ou le sort de son père;

(*) Cette parenté avec Eudes est fort douteuse. La charte d'Alaon, dont nous avons déjà parlé, ne fait aucune mention de cette prétendue fille du duc d'Aquitaine.

mais il avait oublié d'exiger le même serment des dames, et une d'entre elles apprit au jeune héros tout ce qu'on voulait lui cacher. Bernard prit alors des vêtements de deuil et alla se jeter aux pieds du roi pour lui demander la liberté de son père. Mais Alphonse le repousa avec colère.» J'ai juré, lui dit-il, que de sa vie votre père ne vous verrait, et je garderai mon ser

ment. »

Bernard espérait qu'à force de bons services et de vaillance il con traindrait le roi à céder à ses prières. Il se montra le plus brave de tous les chevaliers espagnols. A chaque service qu'il rendait, il demandait la même grâce qui lui était toujours refusée; cependant, avec un dévouement inépuisable, il recommençait à servir le roi, croyant toujours qu'il parviendrait à fléchir son ressentiment. Il n'y avait pas de combat, pas de tournoi où Bernard ne méritât d'être appelé le meilleur chevalier. Dans une bataille, les Maures ayant tué le cheval d'Alphonse, ce prince se trouvait en grand danger de mort. Bernard vint l'arracher aux mains des ennemis et lui donna son propre coursier.

Enfin, Alphonse, accablé par l'âge et fatigué par les guerres éternelles qu'il avait à soutenir contre les Maures, et se voyant sans héritier, offrit son royaume à Charlemagne, s'il vou. lait venir l'aider à chasser entièrement les ennemis de la foi. La noblesse d'Espagne fut révoltée de cette proposition et Bernard fut chargé de faire des représentations au roi, qui se vit contraint de retirer sa parole. Mais déjà Charlemagne était en marche. Alors les Espagnols se réunirent sous la conduite de Bernard del Carpio, attaquèrent l'armée française dans le défilé de Roncevaux, et Bernard tua de sa propre main le fameux Roland.

Tant de services n'ayant pu toucher le roi, Bernard del Carpio se retira dans son château et commença à faire une guerre acharnée à son souverain. Pour obtenir la paix, Alphonse consentit à lui rendre son père. Il accomplit sa parole, dit le Romancero, et

ce fut encore une tromperie, car il ordonna qu'on ne mit le comte de Saldaña en liberté qu'après lui avoir crevé les yeux.

Mariana raconte différemment le dénoûment de cette histoire. Bernard continua à servir l'Etat pendant deux règnes, ceux de Ramire et d'Ordoño. Sous Alphonse le Grand, il présenta de nouveau sa demande au roi; mais celui-ci lui ayant répondu que ce serait une offense à la majesté royale de revenir sur une décision prise par ses prédécesseurs, Bernard éleva, à quelques lieues de Salamanque, le château del Carpio, d'où il a reçu son nom. Il se mit à courir les terres du roi, enlevant les troupeaux et faisant tous les dommages possibles. Effrayé de ses ravages, le roi réunit les grands à Salamanque pour les consulter. Tous furent d'avis qu'il fallait accorder à Bernardo del Carpio sa demande, pourvu qu'il livrât auparavant son château. Bernard fit ce qu'on exigeait; mais quand on alla pour mettre son père en liberté, on le trouva mort de vieillesse dans la prison où il était renfermé. Mariana ajoute que de son temps on voyait à Aguilar del Campo un tombeau qu'on pensait être celui de Bernardo del Carpio. Il n'est pas besoin de répéter que, pour nous, tout ce récit n'est qu'un roman rempli d'invraisemblances et d'impossibilités (*).

D'abord il n'est nullement prouvé qu'Alphonse le Chaste ait eu une sœur; mais si cette sœur a existé, comme son père ne s'était pas marié avant l'année 757, elle pouvait tout au plus avoir 20 ans lors de la mort de Roland arrivée en 778. A supposer qu'elle eût conçu à 12 ans, elle n'aurait pu en 778 avoir qu'un fils de sept ans, qui se serait trouvé un peu jeune pour combattre le plus vaillant des douze pairs de Charlemagne. Aussi Mariana, pour rendre ce roman possible, recule-t-il la bataille de Roncevaux de 34 ans; c'est une licence plus hardie encore que celles d'Ermoldus Nigellus.

Mariana fait vivre le comte Sancho de Saldaña jusqu'à 874. Ce comte devait avoir au moins l'âge de sa femme, s'il n'était pas son aîné. Or le père de Chimène étant mort en 768, le comte Sancho aurait eu en 874

Il faut revenir maintenant à des faits plus sérieux et plus certains. Sans le secours fabuleux de Bernard, Alphonse remporta des avantages continuels contre les Maures. Mais, parmi les événements de ce règne, il en est un surtout qui eut sur le sort de l'Espagne la plus active influence: c'est la découverte du corps de saint Jacques, fils de Zébédée. Voici comment elle est racontée dans la chronique de Compostelle écrite, au commencement du douzième siècle, par les évêques de Porto et de Mondoñedo :

« Dans le lieu où est aujourd'hui bâtie l'église de Saint-Jacques, au royaume de Galice, sur l'ancien diocèse d'Iria Flavia, nommé à présent El-Padron, il y avait un bois'épais, sur lequel plusieurs personnes, dignes et respectables par leur sainteté, assurent que l'on voyait, toutes les nuits, descendre du ciel des lumières et des anges. Théodomir, personnage très-recommandable, qui occupait le siége d'Iria Flavia, en ayant été informé, voulut, par lui-même, examiner la chose et s'assurer de la vérité. Il se transporta une nuit près de ce lieu, et il vit de ses propres yeux tout ce qu'on lui avait raconté. Il fit sur-le-champ abattre le bois par quelques personnes pieuses qu'il avait amenées avec lui, et il trouva un petit ermitage où était le tombeau qui renfermait le corps du glorieux apôtre. C'est ainsi que Dieu révéla l'existence de ces restes précieux au saint évêque

au moins 106 ans, ce qui est une assez belle vieillesse. On s'étonne à cet âge de le trouver mort dans sa prison; il n'y a cependant pas de quoi rester surpris. Mais au milieu de toutes ces invraisemblances, le romancero de Bernardo del Carpio a de fort belles strophes, très - patriotiques, et qui, pendant la guerre de 1808, se trouvèrent dans la bouche de tous les Espagnols:

El Frances ha por ventura
Esta tierra conquistado?
Victoria sin sangre quiere?

No mientras tengamos manos.

Le Français par hasard a-t-il conquis cette terre? Veut-il la victoire sans qu'elle lui coûte de sang? Non! tant que nous aurons des bras.

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L'UNIVERS.

Théodomir et à un digne ermite, appelé Pélage, qui vivait dans ces montagnes, en grande opinion de sainteté. Depuis ce moment la puissance suprême a prouvé par des miracles, continuels la gloire du fils de Zébédée. »

Théodomir, charmé d'une si heureuse découverte, en donna sur-lechamp avis au roi Alphonse, lui faisant part de toutes les circonstances de cet événement. Le roi accourut aussitôt au lieu où était le corps du saint apôtre, et, après avoir vénéré ses précieuses reliques, il fit bâtir au même endroit une église qui fut faite à la hâte et de simple brique, pour ne point arrêter la dévotion des fidèles qui s'y rendaient en foule, par envie d'honorer ce corps glorieux. C'est en l'année 808, et du temps de Charlemagne, que cette découverte eut lieu. Le roi Alphonse, transporté de joie d'avoir dans ses États un trésor d'un si grand prix, s'occupa de ranimer le culte du patron de l'Espagne; et, après en avoir obtenu la permission du pape, il transféra le siége épiscopal d'Iria Flavia à la nouvelle église qu'il venait de fonder. Ce lieu prit par la suite le nom de Compostelle, par corruption, dit-on, des mots Giacom Postolo, Jacques l'apôtre.

Les effets politiques de cette découverte ne se firent pas attendre, et quand, en 812, Alphonse appela les Galiciens pour faire la guerre aux infidèles, il les trouva tout brûlants d'un nouveau zèle pour la religion. C'est à leur tête que, le premier depuis l'invasion des Maures, il pénétra dans la Lusitanie. Lorsqu'en $13 Al-Hakem vint pour ravager ses États, les Galiciens étaient encore au nombre des combattants, et la victoire fut si sanglante, que le roi maure, épuisé par tant de défaites, se détermina à demander une trêve.

Al-Hakem profita de la paix pour appeler auprès de lui les principaux chefs de la nation, afin de leur faire reconnaître d'avance pour émir Abd-el-Rahman, comme son père l'avait fait reconnaître lui-même. Au reste, depuis longtemps déjà Abd-el-Rahman était

chargé du gouvernement de l'Espagne
orientale. Quant à Al-Hakem, bien que
la paix régnât dans l'intérieur de son
royaume, il avait sans cesse quelques
mécontents à punir, quelques mur-
mures à étouffer. La longueur, la
gravité des guerres qu'il lui avait
fallu soutenir, l'avaient mis dans la né-
cessité de surcharger le peuple d'im-
pôts; aussi ne se passait-il pas de jour
qu'il n'eût à signer quelque condam-
nation à mort pour réprimer ce qu'il
appelait des rébellions."

Al-Hakem est le premier, parmi les
princes maures d'Espagne, qui, pour
assurer en tout temps le maintien de
son autorité, ait conservé un corps
armé permanent. Il avait notamment
une troupe de trois mille cavaliers
étrangers, qui lui servaient de gardes
du corps, et qui faisaient le service
du palais. Ils portaient l'écu, la masse
d'armes et l'épée à deux mains. Pour
subvenir à l'entretien de cette troupe,
il avait mis un droit nouveau sur les
marchandises. On ne put en effectuer
que difficilement la perception. Il se
trouva des individus qui refusèrent de
payer. Al-Hakem en fit saisir dix qu'il
condamna à être cloués à des po-
teaux plantés le long du Guadalquivir.
Au jour indiqué pour le supplice, une
collision éclata entre les habitants du
faubourg méridional de Cordoue et
la garde de la ville. Les soldats furent
poursuivis par le peuple en furie jus-
qu'à la porte du palais; alors Al-Ha-
kem, pour châtier cette émeute,
sortir ses cavaliers étrangers, qui tuè-
rent beaucoup de monde, refoulèrent
tous les révoltés dans le faubourg. Il
tomba entre leurs mains trois cents
prisonniers qu'Al-Hakem fit clouer vi-
vants à des poteaux rangés en file le
long du fleuve. Ensuite il abandonna
pendant trois jours le faubourg au pil-
lage de ses troupes; et, après ce pil-
lage, il le fit raser, et bannit impi-
toyablement tous ceux qui l'habitaient.
Quinze mille de ces malheureux pas-
sèrent en Afrique. Huit mille d'entre
eux, accueillis par Edris-ben-Edris,
se fixèrent dans la ville de Fez. Les
autres, augmentés de tous les aven-

fit

turiers qu'ils rencontrèrent dans leur marche, suivirent le littoral de l'Afrique, arrivèrent en Égypte, et, après avoir pillé à leur tour la ville d'Alexandrie, où l'on avait refusé de les recevoir, passèrent dans l'île de Crète, où ils s'établirent.

Ces exécutions sanglantes valurent à Al-Hakem le surnom de Aboul-Assi, le Père du mal. Depuis le carnage du faubourg, l'émir était tombé dans un état de maladie étrange; il était attaqué d'une fièvre qui le minait sans relâche. Il était pâle et décharné. Par moment, il semblait avoir devant les yeux des gens qui combattaient. Il entendait le cliquetis des armes, les cris et les gémissements de gens qu'on égorgeait. Lorsqu'il était seul, il était saisi de frayeurs subites. Il fuyait dans les salles, sur les terrasses de son palais, appelant ses esclaves, ses gardes. Enfin, dans le courant de l'année 207 de l'hégire (822 de J. C.), il mourut dévoré par ses terreurs et par ses remords.

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De même que son père et que son aïeul, Abd-el-Rahman, en montant sur le trône, eut à défendre ses droits contre les prétentions du vieil AbdAllah, son oncle. Celui-ci, quoiqu'il fut déjà plus qu'octogénaire, passa d'Afrique en Espagne, à la tête d'une armée; mais, battu plusieurs fois par son neveu et assiégé dans Valence, il se décida à lui envoyer sa soumission.

Les Catalans, de leur côté, profitèrent de cette occasion pour faire des incursions sur le territoire des Maures. Abd-el-Rahman, à la tête de l'armée qui venait de vaincre Abd-Allah, se mit en marche pour aller repousser les chrétiens; il s'empara d'Urgel, et même, disent les historiens arabes, de Barcelone elle-même, quoique

cela soit hors de toute vraisemblance. Depuis deux années déjà, le commandement de cette ville avait été confié au comte Bernard. Ce brave guerrier n'eût pas laissé emporter aussi rapidement une place qui avait résisté si longtemps aux armes des Français, et, d'ailleurs, il est constant qu'il resta, sans interruption, gouverneur jusqu'à l'année 832. On ne sait si ce furent ces succès des Maures, ou quelque autre motif, dont les auteurs contemporains ne nous donnent pas connaissance, qui, en 823, seconde année du règne d'Abd-el-Rahman, déterminèrent le roi de France à envoyer une armée dans la Navarre. Les chrétiens de cette partie de l'Espagne, pour repousser cet ennemi, qu'ils redoutaient bien plus encore que les Maures, firent alliance avec Abd-el-Rahman. FortunoGarcia, fils de Garci-Iniguez, après avoir régné depuis 802 jusqu'en 815, était mort, laissant pour successeur son fils Sancho-Garcia. C'est ce prince qui régnait alors et qui s'unit à Abdel-Rahman. L'armée des Français, commandée par Ebles et Aznar, pénétra en Navarre. Ce qu'elle y fit, l'histoire ne le dit pas. Mais elle y resta peu de temps. Attaquée, à son retour, dans les défilés de Roncevaux, elle fut entièment détruite, et les deux généraux qui la commandaient, Ebles et Aznar, furent faits prisonniers. Ebles entra dans la part de butin réservée à l'émir. Aznar, au contraire, étant tombé en partage aux chrétiens, fut épargné par eux à raison, dit un chroniqueur français, des liens de parenté qui l'unissaient aux vainqueurs (*). L'auteur s'exprime trop laconiquement pour qu'on puisse en conclure quelle était cette affinité de sang. Cependant, s'il était permis de tirer la moindre conséquence d'une similitude de noms, on pourrait penser qu'il était de la famille de cet Aznar, qui, au temps du roi Garci-Iniguez, avait gagné la ville de Jaca, et dont le petit-fils, Ximeno

(*) Asenario vero, tanquam qui eos affinitate sanguinis tangeret, pepercerunt. L'anonyme astronome.

Aznar, était alors comte d'Aragon (*). Jamais la domination française ne s'établit d'une manière sérieuse dans la Navarre, la Biscaye, l'Aragon et le pays de Sobrarbe. Elle ne demeura assise d'une manière plus solide au pied de la partie orientale des Pyrénées qu'en s'appuyant sur la grande quantité de Goths qui s'y trouvaient réunis. Cette province était celle que les Goths avaient d'abord occupée. C'était aussi celle où il en restait davantage. Aussi prétend-on que le nom de Gothland ou Gotha-landia, terre des Goths, lui a été donné, et c'est de la corruption de ces mots que sont venus ceux de Catalans et de Cataluña. Ces anciens dominateurs du pays, dans les endroits où ils se trouvaient resserrés, songeaient alors à se rendre indépendants. Ils supportaient avec une égale impatience la domination des Francs et celle des Arabes. Ils avaient fait déjà quelques tentatives pour atteindre ce but. Le premier gouverneur établi par Louis le Débonnaire après la prise de Barcelone, Bera, était Goth d'origine, et avait, à ce qu'il paraît, prêté les mains à ces projets. Il avait été accusé de trahison devant le roi de France.

(*) Voici la série des comtes d'Aragon telle qu'on la trouve dans Blancas :

1o Aznar, qui, en 759, a fondé le comté d'Aragon, mort en 795.

2° Galindo, son fils, qui a construit le château et fondé le comté d'Atar, mort en 816.

30 Ximeno-Aznar, fils du précédent. L'époque de sa mort est incertaine. Il avait un frère, qu'on trouve porté par Zurita au nombre des comtes d'Aragon, sous le nom de Endregoto Galindez.

4 Ximeno-Garcias, oncle du précédent, frère de Galindo et fils du premier Aznar.

50 Garcias-Aznar, fils du précédent, qui, peu de temps après avoir hérité du comté d'Aragon, fut tué à la même bataille que

le roi Sancho Garcia, en 832.

6o Fortuno-Ximenes, fils du précédent. Il n'eut qu'une fille unique, Urraca ou Iñiga. Elle fut mariée au roi de Sobrarbe, Garcia, fils de Iñigo Arista. Elle eut un fils, Fortuno le Moine, qui confondit sur sa tête les droits au royaume de Sobrarbe et au comté d'Aragon.

Pour se justifier, il avait, suivant l'usage de cette époque, réclamé le combat contre son accusateur; mais il avait été vaincu, s'était reconnu coupable, avait été exilé à Rouen, et c'est à cette occasion que le gouvernement de Barcelone était passé entre les mains du comte Bernard. Vers les premières années du règne d'Abd-el-Rahman II, les tentatives des Goths se renouvelèrent. Un de leurs compatriotes, que les chroniqueurs appellent Aizon, s'empara d'une petite ville, s'y fortifia, et bientôt il fut à la tête de forces assez considérables pour tenir la campagne et porter ses ravages jusque sous les murs de Barcelone et de Girone; cependant, comme il ne se trouvait pas assez puissant pour chasser entièrement les Français, il fit alliance avec Abd-el-Rahman, qui lui envoya des secours. Le roi de France, de son côté, envoya une armée pour apaiser ce soulèvement; mais elle se retira après une campagne où elle se borna à rester spectatrice de ce qui se passait, sans rien faire et sans rien empêcher. Abd-el-Rahman préparait des armements considérables pour porter la guerre sur les terres des Francs, dont l'empire commençait à être déchiré par des dissensions intestines. Mais les révoltes qui éclatèrent dans son propre État l'empêchèrent de réaliser ce projet. Les impôts dont il avait été forcé de surcharger le peuple pour subvenir aux dépenses de la guerre, portèrent les villes de Mérida et de Tolède à se soulever. Il fut obligé de les assiéger, et elles se défendirent pendant plusieurs années. Parmi les chefs de la rébellion, il s'en trouvait un nommé Mohammed-benAbd-el-Djebir. Il demanda au roi Alphonse le Chaste un asile pour lui et duquel il se trouvait. Ce prince conpour un parti assez nombreux à la tête sentit à le recevoir dans ses États, et Galice. Cette protection accordée à un à lui donner une résidence dans la proscrit, et probablement aussi les secours et les encouragements donnés en secret aux révoltés, déterminèrent Abd-el-Rahman à entrer sur les terres

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