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dre de ces pierres à demi-rongées que (pour ne citer qu'une autorité, parce qu'elle est suffisamment imposante) l'um de nos plus savans antiquaires, M. Visconti, faisoit remonter seulement de l'an 12 à l'an 132 de l'ère vulgaire En Italie, un savant ceclésiastique, membre de la société de religion catholique, voulut aussi concourir à la destruction du fantôme, et dans un discours académique de réception, prononcé en séance extraordinaire, le 2 juillet 1802, il détruisit de fond en comble le fragile édifice, et réfuta toutes les suppositions mises en avant pour en défendre la réalité, et soutenir les conséquences qu'on en vouloit tirer. Son ouvrage fut traduit en françois en 1807, et avantageusement annoncé dans les Mélanges de littérature, et dans quelques autres journaux. La direction donnée alors à l'esprit public, et les tristes circonstances politiques et militaires dans lesquelles on se trouva depuis cette époque, ayant empêché de donner à l'ouvrage de M. Testa toute l'attention qu'il mérite, nous avons pensé qu'il seroit utile d'en présenter un nouveau précis qui mit à même d'en apprécier la solidité, et de détruire les restes des erreurs qu'il a si victorieusement réfutées.

L'auteur, avant de soumettre la découverte des zodiaques de Dindéra et de Henné à un examen approfondi, se demande si l'on ne pourroit pas regarder ces monumens si importans comme une pure supercherie: mais ici il s'arrête, et fait remarquer que c'est véritablement celui qui les a faits, et non celui qui les a trouvés, qui est coupable de cette condamnable imposture. Il se garderoit bien d'inculper ou de soupçonner le moins du monde la bonne foi de nos savans et de nos astronomes. Mais risqueroit-on

beaucoup de se tromper en taxant de cette supercherie l'orgueil national, et la vanité si connue des Egyp tiens?

L'invention ou l'usage du zodiaque n'a pas précédé le temps où l'équinoxe du printemps tomboit dans le bélier. Or, la dernière étoile de cette constellation se trouve maintenant de 50° plus à l'orient que l'équinoxe indiqué; ce qui, à 72 ans pour chaque degré, fait 3600 aus. Il s'est donc passé 3600 ans depuis que l'équinoxe du printemps entra, pour ainsi dire, dans la constellation du bélier; il n'y avoit donc pas encore de zodiaque avant cette époque chez les Egyptiens. Comment donc ceux de Dindéra et de Henné ont-ils été construits, l'un 720 et l'autre 2880 ans avant cette même époque? Un zodiaque est la description du passage annuel du soleil sous quelques étoiles. En avoir un depuis tant de siècles, et ignorer combien il y a de jours dans l'année, c'est une contradiction trop manifeste; et cependant l'on voit que.ce n'est que 1325 avant Jésus-Christ que l'année égyptienne, jusqu'alors de 360 jours seulement, a été augmentée des 5 qui lui manquoient.

Quand Ptolomée voulut comparer ses observations avec de plus anciennes, il n'en trouva que chez les Chaldéens, et non pas chez les Egyptiens, encore ne remontoient-elles qu'à 620 ans avant Jésus-Christ. Hipparque ne découvrit, on plutôt ne soupçonna le mouvement des fixes que pour avoir comparé ses observations avec celles de Timocare, qui n'avoit venu que 200 ans avant lui. Comment donc le mouvement des fixes vers l'orient, de deux degrés en 72 ans, auroit-il été une découverte pour Hipparque, qui florissoit entre les 160 et 125 ans avant Jésus

Christ, si depuis tant de siècles les zodiaques de Dindéra et de Henné, indiquoient, aux plus ignorans même et aux moins clairvoyans, ce même mouvement des fixes, puisque le premier offre, dit-on, le solstice d'été dans le lion, et l'autre dans la Vierge? Si les deux zodiaques offrent en effet l'état du ciel qu'on suppose, au lieu de croire qu'ils sont d'une haute antiquité, il faut au contraire les regarder comme construits postérieurement à la découverte d'Hipparque. M. Testa demande ensuite si l'on peut considérer comme d'une antiquité très-reculée des temples dont la construction paroît relativement moderne. Nous nė craignons pas de dire qu'il porte les probabilités jusqu'à la démonstration dans l'appendice première de son ouvrage, consacrée à la discussion de l'antiquité des temples égyptiens.

Mais pourquoi, dit ensuite M. Testa, cherchai-je des probabilités où les preuves ne manquent pas? Le zodiaque de Dindéra contient la balance (libra) entre les autres constellations. Les anciens Egyptiens ne la connurent point, et les Grecs de l'école d'Alexaudrie ont été les premiers à la placer dans leur zo diaque; c'est un fait incontestable et admis partout en général. Il en donne les preuves les plus précises, tant dans l'ouvrage même que dans l'appendice seconde: donc les zodiaques de Dindéra et de Henné, qui contiennent la constellation de la balance, sont postérieurs à l'invention de cet astérisme; ils portent donc avec eux-mêmes la preuve de leur antiquité peu reculée.

M. Testa examine ensuite les raisons que l'on apporte pour prouver que le solstice d'été se trouve dans le lion et dans la Vierge : il les trouve peu con

cluantes. D'ailleurs quand il en seroit ainsi, faudroit-il en conclure la haute antiquité des zodiaques et des temples de Dindéra et de Henné? La cathédrale de Paris a-t-elle donc été construite dans le temps que le solstice d'été tomboit dans le lion, parce qu'on voit cette constellation occuper le premier et le plus haut lieu à main droite, dans un zodiaque placé sur la façade d'une des portes de cette église? D'ailleurs le solstice d'été se trouvoit encore dans le lion 1322 avant Jésus-Christ. Le zodiaque de Dindéra pourroit donc à la rigueur avoir cette antiquité : toujours est-il qu'on a eu tort de dire que le solstice d'été s'est éloigné dụ lion de 60 degrés, tandis qu'il n'y en a que 43, et de le faire remonter à une époque de 1260 aus plus

ancienne.

Quant au zodiaque de Henné, sur l'existence duquel on pourroit élever des doutes fondés, puisqu'on n'en a qu'une connoissance fort imparfaite, M. Testa, qui ne répugne pas à croire qu'il se trouve véritatablement représenté à Henné, propose une manière assez plausible d'expliquer ce monument qui en rapporteroit la construction au temps d'Auguste : il représenteroit alors, non plus le solstice d'été dans la Vierge, mais l'ère actiaque ou alexandrine. Du reste, M. Testa n'attache aucun prix à cette conjecture, qui vaut bien les explications hasardées de nos savans.. Mais il insiste sur ce que les Egyptiens ont donné la figure d'un cancer à l'astérisme dans lequel tomboit le solstice d'été, parce que le mouvement rétrograde de cet animal exprime très-bien celui du soleil dans cette circonstance. Transportez, au contraire, le solstice d'été dans les autres constellations, dans la Vierge, par exemple, le cancer, avec son mouvement rétro

grade, devient inexplicable....... Il faut en conclure que les Egyptiens ne connurent pas d'autres solstices que celui qu'on a indiqué : et comment l'auroient-ils pu, ignorant tout-à-fait la précession des équinoxes?

Telle est la substance de l'ouvrage de M. Testa: on ne sauroit trop le méditer, et approfondir les preuves sur lesquelles il se fonde pour détruire les prétentions qui s'appuyoient sur l'antiquité supposée des deux zodiaques.

Hymnes de Santeuil, Coffin et autres célèbres poètes, traduites en cantiques sur des airs connus, disposés suivant l'ordre de l'office divin; par J. A. Gerard des Rivières, desservant de Héloup, diocèse de Séez, département de l'Orne (1).

Le chant des cantiques spirituels en langue vulgaire, soit dans les églises, soit propre édipour sa fication, remonte à des temps déjà anciens. C'étoit surtout en l'honneur de la nativité de notre Seigneur, et pour célébrer ce grand mystère, que ces poésies saintes étoient composées, d'où vient qu'elles avoient pris le nom de Noëls. Pasquier, dans ses Recherches, rapporte que de son temps on les chautoit encore dans plusieurs églises, pendant la messe, le jour de cette fête. Cet usage s'est couservé dans beaucoup d'endroits; cependant, si on en croit un historien, ces anciens Noëls ne précèdent guère le temps de Pasquier, la plupart de ceux qu'on chante en France,

(1) 1 vol. in-12; prix, 2 fr. et 3 fr. franc de çon, de l'imprimerie de Malassis le jeune..

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