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pressions et de marques de dévouement qui étonneroient peut-être de la part d'un monarque jeune et fier. Ainsi il écrivoit à un des prédécesseurs de Clément XI : « Votre sainteté peut s'assurer que désormais une de mes plus sérieuses et plus douces applications sera de lui complaire en toutes les choses où j'en aurai le pouvoir, et de ne rien oublier de ce qui dépendra de moi pour témoigner ma dévotion envers le saint Siége, mais aussi pour contribuer à la gloire de son nom; je le dis de cœur, et les effets lui feront voir la vérité de mes sentimens ». On trouve dans ses OEuvres, en six volumes, imprimées en 1806, d'autres lettres adressées au même Pontife, et qui ne sont pas moins affectueuses. On en trouve qui sont adressées à Bossuet, à Mlle. de Lamoignon, et qui n'ont pas d'autre objet que de se recommander à leurs prières. Il écrit à l'archevêque de Paris uniquement pour l'engager à voir le duc de Rohan, alors mourant, et à le disposer à une fin chrétienne. Il étoit alors à l'armée, et il trouvoit le temps de s'y occuper d'un objet de cette nature. Il presse le roi de Danemarck de protéger les catholiques de ses Etats. Il écrit, pour le même motif, aux magistrats de Hambourg. Il avoit sollicité plus d'une fois, dans le même but, le roi d'Angleterre, Charles II, et il avoit travaillé à fortifier le penchant de ce prince pour la religion catholique. Il avoit envoyé en Portugal l'abbé de Bourzcis, uniquement pour engager M. de Schomberg, qui commandoit pour les François en ce pays, à renoncer au calvinisme.

Tel étoit le zèle de ce prince dans le temps même où la religion avoit à reprendre en lui de grandes fautes. Ce zèle parut s'accroître quand Louis fut re

venu à des mœurs plus chrétiennes. Il remplissoit exactement les pratiques de la religion. Il entendoit la messe tous les jours, et n'y a manqué qu'une seule fois, se trouvant à l'armée. Il se tenoit à l'église dans la posture la plus respectueuse, et vouloit qu'on fit de même. Il observoit, autant qu'il le pouvoit, les règles sur l'abstinence, et il les faisoit observer. Il rendit un grand nombre de lois favorables à la religion. Il s'efforça de réprimer la fureur des duels, et d'arrêter, par des édits vigoureux, la licence des blasphêmes. Il désira vivement réunir tous ses sujets dans une seule croyance, et pour y parvenir, il favorisa le zèle des missionnaires qui se répandirent en plusieurs provinces pour y prêcher la controverse. Il encouragea des écrivains à se servir de leurs talens pour démontrer le vice de la prétendue réforme....... İl fit plusieurs établissemens utiles à la religion; et je ne parle pas ici de cette fondation magnifique où les défenseurs de l'Etat trouvoient, après leurs travaux guerriers, un asile honorable et une retraite pieuse, et où ils peuvent finir leur carrière dans les soins du salut, après l'avoir commencée dans les exercices des camps; je ne parle pas de cette autre fondation, non moins respectable, destinée à élever des filles pauvres, et à leur inspirer des sentimens de piété qui ne les rendoient ensuite que plus propres à devenir de bonnes mères de famille, Louis favorisa d'autres établissemens dirigés plus spécialement encore vers le bien de l'Eglise. Il concourut à la fondation du séminaire des Missions étrangères, d'où partoient des hommes. apostoliques qui alloient porter le flambeau de la foi dans les contrées les plus reculées de l'Orient. II

obtint l'érection d'un évêché à Québec. Il pourvat aux besoins spirituels des habitans des colonies. Son zèle s'étendit jusque sur la Grèce et les autres pays occupés par les Musulmans. Il étoit auprès du GrandSeigneur le protecteur des chrétiens opprimés, et il les délivra plusieurs fois des avanies et des vexations des infidèles. Il envoyoit à ces églises malheureuses des prêtres, des livres, des objets nécessaires au culte. Son ambassadeur à la Porte étoit chargé de veiller à leurs intérêts, et un de ces ambassadeurs, le marquis de Ferriol, mérita les éloges du souverain Pontife pour le soin qu'il prenoit de défendre les catholiques et d'adoucir leur sort. Peutêtre se trouveroit-il des gens dédaigneux qui riroient de voir un grand prince descendre à ces sortes de soins. Mais je ne sais si la politique ne seroit pas ici d'accord avec la religion et l'humanité, et si ce beau rôlé de protecteur des chrétiens opprimés en Grèce et en Asie, ce rôle si honorable pour la France, ne pouvoit pas aussi lui être utile sous un autre rapport, en procurant de nouvelles branches à son commerce, et en lui donnant dans ce pays des

amis dévoués à ses intérêts ».

Ce n'est point à nous qu'il appartient de prévenir le jugement du lecteur sur ce portrait d'un grand monarque trop souvent défiguré par la partialité. Mais il nous semble que ce morceau, vu son étendue, la réunion des faits qui y sont présentés, et le ton qui y règne, peut servir à fixer l'opinion sur un ouvrage écrit dans de tels principes, où la religion est toujours honorée, et où tout est ramené à elle. Il nous semble que l'on doit savoir gré à l'auteur d'avoir vengé la mémoire d'un grand roi, et d'avoir

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fait ressortir ses sentimens religieux. Il ne s'est point laissé aller à la tentation de mêler la politique aux détails ecclésiastiques; mais il n'a point cru hors de son sujet de rappeler les services que les princes, ont rendus à la religion, et les exemples de piété qu'ils ont donnés. Ces services et ces exemples se rattachent à l'histoire de l'Eglise, et méritoient d'y trou ver une place.

Dans un morceau à part qui suit sa préface, l'au-' teur répond aux critiques de quelques détracteurs. On pourroit trouver qu'il leur a fait plus d'honneur qu'ils ne méritent. L'un de ces détracteurs est un peu ignoré; l'autre n'est connu que par l'âcreté de sa plume. Ou pouvoit sans inconvénient laisser tomber leurs critiques, et c'est un excès d'attention et de déférence que de vouloir réfuter de pareils adversaires.

Nous parlerons dans un autre article du corps des Mémoires, et nous ferons connoître plus amplement l'esprit qui a présidé à leur rédaction, et le soin avec lequel l'auteur a rassemblé tout ce qui pouvoit les rendre plus complets. M.

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PARIS. Depuis les détails que nous avons donnés dans un de nos derniers numéros sur ce qu'ont eu à souffrir plusieurs prêtres de la part des partisans du despote qui ramenoit parmi nous la licence et l'impiété, il nous est parvenu d'autres renseignemens qui prouvent que le même esprit a produit les mêmes effets en d'autres lieux. A Lavalette, le curé fut obligé de quitter sa paroisse." Il est vrai qu'il avoit mérité ce traitement par sou refus

persévérant de prier pour l'usurpateur, refus qui l'exposa à des insultes et à des menaces dont il prévint l'effet en se retirant dans sa famille. Rentré dans sa paroisse depuis peu, il n'y a même pas encore été à l'abri de nouveaux désagremens. Un dimanche du mois dernier, pendant qu'il faisoit le prône, des amis du trouble entrèrent dans l'église, et excitèrent, à dessein, tant de bruit, que le curé fut obligé de descendre de chaire. L'autorité réprimera sans doute ce scandale? Mais il paroît que c'est surtout dans le Beaujolois que les curés ont été le plus en butte à l'esprit de parti, depuis le retour de l'étranger. On a aliéné l'esprit de leurs peuples; on les a bercés de mille contes ridicules propres à leur faire haïr les prêtres; aujourd'hui encore, on les travaille par des bruits calomnieux et par des insinuations perfides. Il semble qu'on veut les dégoûter de l'obéissance, de l'ordre, du repos. On les accoutume à l'oisiveté et à des rassemblemens où se débitent les plus. grandes absurdités, et dont les malveillans profitent pour, entretenir de la fermentation dans les esprits. Un curé, coupable pendant l'interrègne du même crimé que celui dont il est parlé plus haut, fut menacé et insulté, et récemment il a eu le chagrin de voir beaucoup de ses paroissiens sortir de l'église au moment où il entonnoit le Te Deum pour le retour du Roi. Un curé des environs de Paris n'en a même pas été quitte à si bon marché. Il a été forcé par les événeniens de la guerre de quitter sa paroisse, et ce qu'il n'a pu emporter, a été pillé. Ayant voulu retourner, le dimanche 6 août, pour donner la messe à ses paroissiens, un maire mal intentionné lui a sur-le-champ envoyé des militaires à loger, quoi-, qu'il n'y eût plus rien dans le presbytère. Sur les représentations du curé, il a poussé ces militaires à le maltraiter, et ils l'ont en effet frappé avec violence, jusqu'à ce que leur officier leur ordonna de lâcher leur vic time, et témoigna au maire combien il étoit révolté de son peu d'égard pour un prêtre, dont il eût dû

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