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La doctrine de l'église russe, telle qu'elle est enseignée aujourd'hui, peut se connoître par un Abrégé publié en 1765 par Platon, dernier métropolitain de Moscow, sous le nom de Sommaire de théologie chrétienne.Cet Abrégé a été depuis réimprimé très-souvent, et a été introduit pour l'éducation dans tout l'empire, Il est divisé en trois parties, de la connoissance naturelle de Dieu, de la foi en l'Evangile, de la loi de Dieu. La première, qui est une préparation à la religion, traite de Dieu, de ses attributs, de la création, de l'immortalité de l'ame, de la Providence, du culte divin, de l'état futur, et de la misère et de la corruption de l'homme. Il règne dans cette partie une philosophie saine. La deuxième embrasse la doctrine névélée, et est conformé dans beaucoup de points à l'enseignement de l'Eglise catholique. Mais elle la combat sur la procession du Saint-Esprit, sur la primauté du Pape et sur le purgatoire. Sur le premier article, les Russes croient avec l'église grecque que le Saint-Esprit procède du Père seul. Sur le deuxième article, Platon dit que Jésus-Christ seul est chef de l'Eglise, et il ne fait point mention de saint Pierre. Il reproche à l'Eglise romaine d'avoir imaginé une espèce de purgatoire, d'avoir privé le peuple de la coupe et de la lecture de l'Ecriture sainte, et de s'être donné un pouvoir inconnu dans l'Evangile. Il y a dans son catéchisme quelques autres déclamations contre les papes. De plus, il ne reconnoît que les sept premiers conciles généraux, et ne parle ni du quatrième concile général de Constantinople, ni de ceux qui le suivirent, Voilà les principales différences qui se trouvent entre l'église russe et nous. Du reste, elle a conservé la pureté de l'enseignement, les mystères, les sacremens,

le culte des saints, la confession, etc. La troisième partie du Catéchisme de Platon est un commentaire des dix commandemens, où il n'y a rien à remarquer.

de

L'église russe donne le nom de raskolnicks ou de schismatiques à toutes les sectes qui se sont séparées d'elle. Leur origine remoute, dit-on, aux altérations faites dans les livres liturgiques, vers le milieu du 17. siècle, du temps du patriarche Nikon. Mais quelques-uns croient que ces schismatiques existoient deux ans auparavant, et que les contestations qui eu❤ rent lieu sous Nikon leur donnèrent seulement occasion de se montrer et de s'étendre. On cite une secte des strigoniks, qui s'étoient séparés du clergé, et croyoient que l'église russe n'avoit plus l'assistance du Saint-Esprit. Ce parti se fortifia lors des soins qu'on prit pour la correction des livres liturgiques. Le bruit se répandit parmi le peuple qu'on en altéroit la pureté, et quoique deux conciles, en 1654 et ea 1667, eussent ordonné cette révision, elle occasionna beaucoup mécontentemens. Un des plus zélés pour ce sentiment fut un prêtre nommé Nikit, qui avoit beaucoup d'ascendant sur la populace. Il fut condamné; mais ses partisans n'en eurent que plus de vénération pour sa mémoire, et ils le regardent aujourd'hui comme un martyr. Plusieurs se retirèrent dans l'Ukraine, et les raskolnicks ne laissent pas d'être nombreux dans la partie de l'empire qui avoisine la Pologne. Ils se regardent comme les défenseurs de l'ancienne foi, et on loue leur conduite et leur moralité. Après plusieurs efforts inutiles pour les ramener au sein de l'église. russe, Catherine II leur permit, en 1685, d'user de leurs anciens livres, mais les força de recevoir les prêtres ordonnés suivant les formes de la communion dominante. La plupart se soumirent à cette condition,

et depuis ces temps ou a cessé de les persécuter. Les dissidens de diverses dénominations montent, à ce qu'on croit, en Russie, au nombre de deux mi'lions. On les divise en deux classes principales, les popoftschins et les bezpopoftschins. Le livre d'où nous tirons ces détails, divise ces deux sectes en d'autres branches, dont quelques-unes sont assez récentes, et se sont formées dans le siècle dernier. Elles règnent à Vetka, à Moscow et sur les frontières de la Pologne. Les duhobortsi sont ceux qui s'éloignent le plus de la doctine de l'église principale: ils ont formé des colonies dans le département de la Tauride, et paroissent avoir quelque ressemblance avec les méthodistes anglois. Les théodosiens observent le sabbat. Notre auteur cite 18 sectes différentes. La dernière est celle des martinistes, qui prit naissance dans l'université de Moscow, et eut pour chef un professeur nommé Schwartz. Ils avoient adopté les opinions inintelligibles et folles de ce saint Martin, qui, vers la fin du dernier siècle, renouvela en France les rêveries de Jacques Boehm. Leurs efforts pour propager leur doctrine les fit arrêter; mais Paul les relâcha à son avénement au trône. Ces martinistes russes étudient la magie et la caba'e, prétendent faire des découvertes en métaphysique, et se servent d'hieroglyphes mystiques. Ils trouvent dans l'Ecriture une foule de sens spirituels qui sont une source d'erreurs et d'illusions.

Telles sont les principales notions que donne Robert Pinkerton sur l'état de la religion en Russie. On pourroit y joindre des renseignemens sur les projets de réunion entre les deux églises. Il y a eu à ce sujet une tentative faite dans le dernier siècle, et on en trouvera l'historique daus les Mémoires sur l'Histoire ecclésiastique récemment publiés.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. La fête de saint Louis a été célébrée avec la plus grande pompe, et S. S. a contribué elle-même à la rendre plus solennelle. Elle se rendit ce jour-là dans l'église Saint-Louis des François, et dit la messe sur l'autel du saint, pendant que la musique exécutoit deux motets. Quatorze cardinaux assistèrent à la grand'messe, qui fut chantée par Mr. Frattini, archevêque de Philippes, et vice-gérent de Rome. Plusieurs évêques et prélats vinrent dire la messe dans l'église, et les vêpres furent exécutées à grand orchestre. M. Cortois de Pressigny, ambassadeur extraordinaire de S. M. T. C. reçut le saint Père à la porte de l'église, et traita splendidement les prélats et autres personnes qui étoient venues à la cé→ rémonie. L'illumination de l'église et du palais, un fea d'artifice et un concert terminèrent le soir la fête, à la❤ quelle Rome entière a semblé prendre part.

Le 26 août, le roi Charles IV, la reine son épouse et l'infant leur fils sont rentrés dans cette capitale, après cinq mois d'absence. Depuis leur entrée dans les domaines du saint Siége, ils ont reçu les plus grands honneurs, et on leur a fait, à Rome en particulier, une réception brillante. La noblesse étoit allée au-devant de LL. MM. Le palais Barberini a été illuminé, et deux orchestres ont exécuté un concert. Le saint Père envoya un prélat de sa cour féliciter les augustes voya geurs, qui, de leur côté, le.firent remercier par leur majordome. Le lundi suivant, LL. MM. firent visite au saint Père.

-Rome vient de perdre coup sur coup plusieurs personnages distingués par leur mérite. Le 25 août mourut M. Alexandre Lacchini, auditeur de S. S. et chanoine du Vatican. Sa charge d'auditeur a été donnée à Mgr. Jean

Alliata, qui en remplissoit déjà les fonctions, et son canonicat à Mgr. Cavalli, promoteur de la foi. Mgr. Mariano d'Aquino, des princes de Caramanica, est mort également, le 21 août, à 63 ans. Il avoit été vice-légat à Bologne, puis gouverneur de Fermo, et s'y étoit distingué par sa douceur et son équité. D. Louis Salvatori, chanoine de Saint-Laurent in Damaso, et grand-vicaire du cardinal Mattei, est mort à Albano. C'étoit un ecclésiastique régulier et plein de zèle. A Naples, le savant et célèbre voyageur Jean Chetwade Eustace, est mort à 52 ans. Les lettres et l'Angleterre ont perdu en lui un écrivain élégant en matières de voyages et de religion. Cet illustre abbé est mort dans les sentimens dé piété et de résignation qui convenoient à son caractère. Soeur Marie Colonna, Dominicaine, tante du grand connétable, mourut le 20 août.

-Mer. Pelagallo a été fait évêque d'Osimo et de Cingoli.

PARIS. M. l'abbé Long, ancien supérieur du séminaire des Irlandois, vient d'être réintégré dans sa placé par l'ordre de S. M. conformément à une ordonnance rendue l'année dernière. Il aura sous sa direction tous les établissemens irlandois en France.

- Le docteur Murray, archevêque d'Hierapolis, et coadjuteur de Dublin, est arrivé à Paris, le 15 septem bre, avec le docteur Murphy, évêque de Cork. Ces deux prélats se rendent à Rome. Leur mission est relative à une déclaration des évêques d'Irlande sur le veto que l'on veut donner au Roi dans la nomination aux siéges. On ajoute qu'une députation de laïques doit être adjointe à celle des évêques,

Un décret rendu par S. M. le roi d'Espagne, le 29 mai dernier, pour le rétablissement des Jésuites, porte ce qui suit:

«< Depuis que, par la singulière miséricorde de Dieu, je suis remonté sur le trône glorieux de mes ancêtres, il m'est continuellement parvenu une foule d'adresses

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