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des villes et des provinces de mon royaume, pour me supplier de rétablir, dans toute l'étendue de mes Etats, la compagnie de Jésus. Elles m'exposent tous les avantages qui en résulteroient pour mes sujets, et m'invitent à imiter l'exemple de plusieurs souverains de l'Europe, et particulièrement celui de S. S., qui n'a point hésité à révoquer le bref de Clément XIV, du 21 juillet 1773, en vertu duquel fut aboli cet ordre célèbre, et à publier la bulle du 7 août 1814, Sollicitudo omnium ecclesiarum. Les voeux de tant de respectables personnes qui m'ont donné les preuves les plus signalées de leur loyauté, de leur amour pour la patrie, et de l'intérêt qu'elles n'ont cessé de prendre à la félicité temporelle et spirituelle de mes sujets, m'ayant déterminé à un examen plus approfondi des imputations faites à la compagnie de Jésus, j'ai reconnu que sa perte avoit été conjurée par la jalousie de ses plus implacables ennemis, qui sont également ceux de la sainte religion, qui est la base essentielle de la monarchie espagnole. Comme elle a toujours été hautement protégée par mes prédécesseurs, ce qui leur a mérité le titre de catholique, mon intention est de faire preuve du même zèle, et d'imiter de si grands exemples. Convaincu, de plus en plus, que les plus ardens ennemis de la religion et des trônes étoient ces mêmes hommes qui mettoient en euvre toutes les ressources de l'intrigue et de la calomnie pour décrier la compagnie de Jésus, la détruire, et persécuter ses membres, malgré les services inappréciables qu'ils rendoient à l'éducation de la jeunesse, j'ai pensé que cet important objet devoit être soumis à la délibération de mon conseil, pour rendre ma décision plus inébranlable, ne doutant point que dans l'exécution de mes ordres, il ne fasse ce qui convient le mieux à ma dignité, et à la félicité spirituelle et temporelle de mes sujets. La nécessité et l'utilité de la compagnie de Jésus ayant été reconnue, il a été décidé que son rétablissement seroit de suite effectué dans les villes et les

provinces qui l'ont sollicité, sans avoir égard à la disposition de la pragmatique sanction de mon bisaïeul, du 2 avril 1767, et à tous autres décrets et ordres royaux qui, dès ce moment, demeurent supprimés et abrogés;

» En conséquence, les colléges, hospices, maisons pro fesses et de noviciat, résidences et missions des Jésuites, seront rétablis, tant dans les villes que dans les provinces espagnoles, conformément aux lois et réglemens portés

dans le même décret ».

- sera célébré, par ordre de la diète générale, rendu avant sa séparation, une fête religieuse de jeûne et de prières dans toute l'étendue de la Suisse. M. Goedlin de Tieffenau, vicaire apostolique pour les cantons séparés de l'ancien évêché de Constance, a adressé une circulaire à ce sujet. Ce délégué du Pape réside main→ tenant dans la petite ville de Munster, canton de Lucerne. Les gouvernemens des cantons protestans ont également publié des proclamations à leurs habitans respectifs.

Lors du passage du roi des Pays-Bas par Gand, M. de Broglie, évêque de cette ville, l'a complimenté, ainsi que la reine, à la tête de son clergé. Il a protesté de son respect et de son dévouement pour LL. MM., et a exprimé ses regrets de ce que ses devoirs, comme évêque, l'empêchoient de satisfaire à tous les désirs d'un prince qui se concilie de plus en plus l'amour de ses sujets par son équité et sa douccur.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Les trois souverains alliés, qui étoient allés à la revire des Vertus, sont de retour à Paris.

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Les princes de Saxe, neveux du roi de ce pays, sont arrivés à Paris, et ont fait visite à S. M. et aux princes, dont on sait qu'ils sont très-proches. parens.

S. M. reçoit journellement des députations de colléges. électoraux, et leur répond à toutes avec cette facilité que donne un esprit cultivé, et cette bonté qui lui est propre.

→MM. les comtes Etienne de Durfort, Charles de Da mas, François d'Escars, de Puysegur, et le marquis de la Grange, lieutenaus-généraux, sont nommés gouverneurs des 6o., 18°., 4°., 7°. et 20o. divisions militaires.

-Un journal annonce qu'il doit rester en France 130,000 hommes de troupes étrangères, qui seront commandés par le duc Wellington, et entretenus aux frais de la France. Les alliés occuperont quelques forteresses jusqu'à l'entier paiement des contributious.

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On s'occupe avec beaucoup d'activité de l'organisation de la garde royale, et il paroît que par les soins que l'on prend, le corps des officiers sera composé de la manière la plus rassurante. MM. les colonels les choisissent sur leur responsabilité.

La fabrication de mauvaises nouvelles est toujours en pleine activité, et les propagateurs d'alarmes et d'inquiétudes n'oublient point leur funeste métier. On répandoit, il y a quelques jours, des nouvelles désolantes de Toulouse, et il sembloit que cette ville étoit en proie aux troubles et au déchirement des partis, tandis que nous avons sous les yeux un journal imprimé sur les lieux, et où l'on dément ces faux bruits. Il remarque que l'on faisoit courir ces rapports mensongers, précisément au moment où cette ville recevoit, avec des sigues non équivoques de joie, un prince et une princesse adorés dans le midi. Le bonheur de les voir n'a été accompagué d'aucun événement sinistre, et si le calme a été troublé, c'est par des cris d'allégresse et les bruyantes démons→ irations d'une foule nombreuse. Les bons Toulousains ont fait à MADAME un accueil digne d'un peuple fidèle, et n'ont eu à pleurer sur aucun excès. Plus récemment encore, journal de Paris a inséré une lettre d'où il résulteroit qu'Avignon est un théâtre de carnage, et que les gens paisibles se hâtent de s'en éloigner. M. le marquis de Forbin des Issarts réclame contre cette imposture. Parti d'Avignon, le 2 septembre, il y a vu régner la plus grande tranquillité, et il donne un démenti formel aux rapports contraires. Les bons citoyens doivent se réunir avec lui pour imposer silence à ces éternels agitateurs qui exagèrent nos maux pour aigrir les partis, qui s'en vont semant l'effroi par des bruits inventés à plaisir, qui semblent craindre de voir guérir les plaies de leur patrie, qui perpétuent les défiances, et appeleroient des

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troubles véritables par le soin qu'ils prennent d'en imaginer de chimériques.

ORLEANS. Si le passage de MADAME la duchesse d'Angoulême a excité dans les villes l'enthousiasme et l'allégresse, il a été accompagné, pour notre ville, de circonstances particulières. L'arrivée de MADAME avoit été annoncée pour la nuit. Avant trois heures du matin, tout le monde étoit sur pied. Les habitans, répandus dans les rues, formoient des danses et des rondes, et crioient Vive le Ror! On n'étoit pas accoutumé à se lever tout-à-fait aussi matin pour Buonaparte, et quand il nous empêchoit de dormir, ce qui n'arrivoit que trop souvent, ce n'étoit pas pour nous livrer à la gaieté. Nous avons attendu MADAME au milieu des transports de joie. Toutes les rues étoient illuminées, et ce spectacle, à l'heure où le repos est le plus général et le sommeil plus profond, avoit quelque chose de singulier et de touchant. La princesse arriva à cinq heures, et fut sûrement étonnée de voir toute la ville en mouvement. Elle descendit à la préfecture, où elle déjeuna. La foule étoit extrême. On força la garde, et tout le monde entra dans la cour de la préfecture. La princesse parut très-sensible à tant d'empressement, et jeta quelques fleurs, que les personnes qui ont eu le bonheur d'en avoir, conservent comme de précieuses reliques. Les cris et l'enthousiasme continuèrent jusqu'à la sortie de la princesse, que l'on accompagna aux portes de la ville. Le peuple, ne pouvant alors la suivre, rentra aux cris de Vive le Ros! qui durent encore au moment où je vous écris. Personne n'avoit dormi; mais tout le monde étoit heureux.

LORGUES (Var.) Il ne faut pas mesurer l'estime qu'on fait des gens sur leurs richesses, ni le cas qu'on fait des sentimens d'une ville sur sa grandeur. Cette petite ville avoit arborė, dès le 27 juin, les couleurs du royalisme, malgré le voisinage du général Brune. On n'y a point chanté, pendant l'usurpation, la prière pour celui qui se moquoit des prières. Un habitant exposa le buste du Roi sur sa fenêtre. On envoya pour l'enlever des gendarmes, qui furent accueillis par des cris unanimes de Vive le Roi! et obligés de s'en aller comme ils étoient venus. Le 3 août, il y a eu une messe so lennelle et procession à Saint-Ferréol, qui a duré toute l'après-midi. Les rues étoient tendues de blanc et illuminées. On ne se lasse point de montrer sa joie par des arcs de triom phe, des guirlandes, des farandoles,

MEMOIRES pour servir à l'Histoire ecclésiastique pendant le 18. siècle. Seconde édition, considérablement augmentée (1).

TROISIÈME ARTICLE.

CES Mémoires sont rédigés sur un plan qui auroit peut-être besoin d'apologie aux yeux de quelques lecteurs. L'auteur, au lieu d'un récit continu, tel qu'on le trouve dans la plupart des historiens, procède en quelque sorte par tableaux détachés. Chaque année a son cadre à part, et dans chaque année même il se trouve souvent plusieurs faits qui sont isolés entre eux, et qui sont rangés suivant l'ordre chronologique. Cette marche peut avoir des inconvéniens, mais elle a aussi ses avantages. Elle classe mieux les faits dans la mémoire, elle offre plus de variété, elle permet de quitter le livre sans perdre le fil historique; enfin elle convient spécialement à des mémoires qui peuvent être écrits avec plus d'abandon, et qui ne sont pour l'ordinaire que des matériaux pour l'histoire. Le seul inconvénient un peu grave qu'y trouveroit la critique, c'est la nécessité de se répéter quelquefois lorsqu'on revient sur des matières dont il a déjà été question. Mais les histoires, écrites même suivant la

(1) 2 vol. in-8°., qui doivent être suivis de deux autres: prix, 30 fr. franc de port par la poste; en retirant les deux premiers volumes, on remet le prix des quatre.

Tome V. L'Ami de la R. et du R. No. 116.

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