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par notre député, le révérend docteur Murray, qui, en cette qualité, étoit plus compétent pour éclairer S. S. sur l'état réel et sur les intérêts de l'église catholique d'Irlande, qu'aucune autre personne que l'on dit que S. S. a consultée; 4°. qu'une déclaration de ces sentimens, faite avec respect, mais avec fermeté et décision, à S. S., pourra l'engager à sentir et à reconnoître la justice et la convenance de notre détermination ».

On voit par le style un peu vif de cette résolution que les Irlandois ont cet objet fort à cœur.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. On remarque que depuis quelques jours les souverains alliés et les princes de leur famille font des visites plus fréquentes aux Tuileries. Quatre archiducs et deux princes de Saxe ont dîné, le 17, avec le kot.

MADAME est partie, le 18, pour Rambouillet, où elle va passer quelques jours,

La députation du collège électoral de Bordeaux a été présentée au Roi. M. le duc d'Angoulême lui a fait l'honneur de marcher à sa tête, et a prononcé le discours au Roi, S. M. a répondu de la manière la plus honorable et la plus flatteuse pour les Bordelois; puis s'adressant à M. Lynch, président de la députation, elle lui a dit : « M. le comte Lynch, j'aime à annoncer les récompenses que mérite une conduite telle que la vôtre, et c'est ce qui m'a fait différer josqu'à ce jour votre nomination à la chambre des pairs, afin de pouvoir vous le dire moi-même ».

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- La Gazette officielle contient aujourd'hui une ordonnance du 10 de ce mois, sur la nouvelle organisation de la gendarmerie, dont l'inspection générale est réunie au minis-, tere de la guerre. Le corps de gendarmerie royale formera, huit inspections et vingt-quatre légions, divisées en escadrons, compagnies, lieutenances et brigades.

La première légion fera le service du département de la Seine, des voyages et chasses, et des résidences du Ror.

La force des vingt-quatre légions sera de 1550 brigades à cheval, chacune de huit hommes, et de 600 brigades à pied,

chacune de huit hommes, qui formeront ensemble, y compris les officiers de tout grade, 18,010 hommes.

Il y aura huit inspecteurs généraux de la gendarmerie. Cette ordonnance règle les admissions aux emplois de gendarmes, d'officiers, l'avancement des sous-officiers, briga diers et gendarmes, et des officiers.

Il ne sera plus reconnu d'officiers à la suite du corps de la gendarmerie royale.

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Les journaux anglois contiennent les instructions données par les ministres à l'amiral Cockburn, chargé de la garde de Buonaparte. Ces instructions sont rassurantes pour nous par les mesures et les précautions qu'elles ordonnent. Lorsqu'il arrivera des vaisseaux à Sainte-Hélène, Buonaparte ne pourra sortir d'une enceinte où il sera gardé, ni communiquer avec les habitans. Ses lettres seront remises à l'amiral. Les gens de sa suite seront séparés de lui s'ils font quelque tentative pour le faire évader. L'amiral peut le retenir à son bord, s'il le juge nécessaire. Enfin on paroît n'avoir rien cmis de ce qui est nécessaire pour contenir un homme qui a si long-temps troublé l'Europe, et dont le retour seroit une calamité pour le genre humain. Chacune des grandes puissances de l'Europe aura un commissaire à l'ile Sainte-Hélène. Celui de la France sera M. de Montchenu, qui est, dit-on, sur le point de partir.

Murat a obtenu la liberté de résider en Bohême ou en Hongrie, à son choix. Il s'engagera à ne pas quitter les Etats autrichiens, et à vivre conformément aux lois du pays. Il est en ce moment en Corse, où il s'étoit ménagé des intelligences. On le croit retiré dans l'intérieur de l'île.

-Un aventurier, nommé Félix, a parcouru quelques dé partemens en se faisant passer pour Buonaparte, et en débitant des contes absurdes sur ses projets et ses moyens. I a été arrêté, et est aujourd'hui dans les prisons de Vienne en Dauphiné. Il ne paroît pas qu'il eût réussi à faire beaucoup d'effet dans les villages qu'il parcouroit. Il faut espérer qu'il en sera de même de ceux qui répandent dans quelques campagnes que Buonaparte va arriver à la tête d'une armée formidable de Turcs et de Noirs. Cette dernière ressource qu'on lui suppose, prouve apparemment qu'on ne peut lui en prêter d'autre, et elle pourroit à peine être crue

de quelques paysans ignorans, qui ne sauroient pas que Buo parte est loin d'être à portée de rassembler une armée de Turcs et de Noirs.

La ville de Givet s'est rendue aux Prussiens, le septembre, après un bombardement très-vif. Il ne reste plus à soumettre, le long de la Meuse, que la forteresse de Charle mont, qui ne peut tenir long-temps.

Strasbourg est tranquille depuis les événemens des 2 et 3 septembre, où les soldats ont forcé la ville de leur payer ce qui leur étoit dû de leur solde. Tous les officiers supérieurs ont fait une adresse au général Rapp sur ces événement qu'ils attribuent à la malveillance et à l'indiscipline toujours croissante des sous-officiers et des soldats. Cependant on doit dire qu'au milieu de ce mouvement, il ne s'est point commis d'excès, Le licenciement de cette armée s'est opéré avec beaucoup de calme. On s'attend que le blocus sera levé inces

samment.

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On assure de nouveau que le traité de paix a été signé à Paris, le 27 août, et ratifié à Londres, le 1. septembre. L'intégrité du territoire françois y est reconnue d'après les bases du traité de 1814. 150,000 hommes de troupes alliées resteront en France jusqu'à l'entier paiement des contributions. Elles seront commandées, dit-on, par MM. les généraux Woronsof, pour les Russes; de Frimont, pour les Autrichiens, et de Tavensien, pour les Prussiens.

Une lettre du baron de Baden, gouverneur-général pour les Autrichiens à Dijon, informe le préfet de cette ville, qu'en vertu d'une convention conclue entre les deux gouvernemens, il ne peut plus être frappé de réquisitions pour l'équipement et l'habillement des troupes, et que les fournitures déjà demandées et non acquittées ne doivent point être achevées.

- Des ordres ont été donnés pour détruire les retranchemens et fortifications élevés cet été autour de Paris.

Plusieurs corps autrichiens traversent en ce moment le Mont-Cénis pour sortir de France.

Une lettre particulière annonce que Savary et Lallemand sont arrivés à Malte où ils sont gardés.

On écrit de Parme, que le 30 août, à trois heures trois quarts, arriva, dans le plus grand incognito, S. M. la reine d'Etrurie (ci-devant duchesse de Parme), avec le jeune

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roi son fils et la princesse sa fille. S. M. se rendit au collége de Sainte-Ursule, où elle s'entretint pendant une heure avecla princesse Antoinette de Bourbon, sa belle-soeur. Elle repartit à cinq heures dans la même matinée, et prit la route de Rome.

NECROLOGIE.

Sous la persécution suscitée à l'Eglise par Buonaparte, mournt à Paris un ecclésiastique respectable, dont la mémoire est précieuse à bearcoup de gens de bien, et auquel on demande que nous payons un tribut d'éloges. Nous le faisons d'autant plus volontiers, que ce digne prêtre a été plus utile à la religion, et qu'on n'a pu proclamer ses services sous la dernière tyrannie.

Jean-Baptiste Bourdier-Delpuits, ancien Jésuite, étoit né en Auver gue vers 1736. Il n'avoit pas fait ses derniers vœux lors de la proscription de la société en France, et par-là il échappa aux arrêts qui bannirent deux fois tous les profes. M. de Beaumont, qui l'estimoit, lui donna un canonicat dans la collégiale de Saint-Sauveur à Paris. Là, M. Delpuits se consacra à une des parties les plus utiles du ministère. Il donnoit des retraites, soit pour les ecclésiastiques, soit pour les laïques. Il en donnoit pour tous les états et pour tous les âges, mais spécialement pour la jeunesse dans différentes maisons d'education. Plusieurs personnes se rappellent encore l'avoir entendu dans ces retraites, où il montroit un talent tout particulier pour parler au cœur des jeunes gens, et pour les gagner à la religion. La révolution vint arracher M. Delpuits à des occupations qui lui étoient chères. Il perdit son bénéfice, essuya tour à tour un emprisonnement et l'exil, et eut une part abondante dans les tribulations réservées alors aux ministres de la religion. Après la terreur, cet homme vénérable, affligé de l'abandon où étoit la jeunesse privée d'instruction, conçut le dessein d'une congregation à l'instar de celles qui existoient autrefois chez les Jésuites. Six jeunes élèves des écoles de droit et de médecine de Paris, auxquels il fit part de son dessein, furent le premier noyau de cette pieuse association. Ils furent bientôt suivis d'une centaine d'autres de toutes les écoles, et ce nombre augmenta même encore depuis. On fut étonné de voir à une époque de licence et d'impiété, dans une capitale qui fournit tant de moyens de corruption, à un âge où la séduction a tant d'empire, des jeunes gens élevés dans les écoles les moins religieuses, ne point rougir de la religion, et en suivre franchement les préceptes; et ce qui est remarquable, c'est que ces jeunes gens étoient précisément ceux qui se distinguoient dans leurs études. A leur réunion se joignirent bientôt d'autres jeunes gens d'une naissance illustre et d'un rang distingué, qui oublioient là de vaines distinctions, et ne sembloient rivaliser que de zèle et de piété. M. Delpuits, au milieu d'eux, sembloit un patriarche au milieu de sa famille. Ses exhortations étoient toujours écoutées avec un recueillement religieux. Quel charme y étoit donc attaché? car il faut bien le dire. Son extérieur n'avoit rien de

fort imposant. Il n'avoit ni ces saillies, ni cette eloquence qui attache et qui captive, et ses discours rouloient sur un petit nombre d'idees assez communes exprimées sans art. Comment put-il donc intéresser si vivement des jeunes gens plus sensibles en général aux grâces du discours? Mais ils portoient la des vues si pures qu'ils n'étoient frappés que de la clarté et de la solidité des avis de leur directeur, et qu'ils étoient touchés de son zèle, de sa tendresse pour cux, ct du désir qu'il montroit de leur être utile. C'étoit sur sa vertu, comme sur la leur, qu'étoit fondé l'empire qu'il exerçoit sur eux. Dès qu'il se fut chargé de cette œuvre, il s'y livra tout entier. Ses momens étoient consacrés à ses enfans, qui, chaque jour, affluoient chez lui. il les écoutoit avec bonté, et leur donnoit sur leur conscience, leurs affaires, leurs familles, les conseils de l'expérience et de l'amitié. Il les reprenoit de leurs fautes avec l'intérêt d'un père tendre. Il les assistoit dans leurs maladies, il, les exhortoit à la mort, et il en est plusieurs qui sout morts saintement entre ses bras, ainsi que nous aurons occasion de le dire une autre fois. En septembre 1809, M. Delpuits ent un vif chagrin. Plusieurs de ses disciples furent arrêtés pour des correspondances avec la cour de Rome. On les accusoit d'avoir fait circuler des brefs. Alors on interdit les réunions. Le bon prêtre annonça cet ordre en pleurant. Il ne vit plus ses enfans que séparément, et leur continua ainsi ses soins, tant qu'il le put. Mais peu après, son âge et ses infirmités achevérent de priver ses enfans de ses exhortations. Sa tête s'affoiblit, et il dépérit successivement. Il mourut le 15 décembre 1811, jour de l'octave de la Conception, fête principale de sa congrégation. Ses obsèques furent honorées de la présence de ses fidèles disciples, qui se réunirent pour suivre son convoi, et qui traversèrent ainsi tout Paris. On lui érigea un modeste tombeau avec cette inscription:

R. P. J. B. Delpuits, soc. Jesu presbyter, Deo devotos ac deipara virgini innumeros, verbo et exemplo alumnos informavit.

Audite ergo, filii mei, patrem vestrum; servite Domino in veritate et inquirite ut faciatis quæ placita sunt illi.

Comme écrivain, M. Delpuits n'a laissé qu'un Abrégé de la Vie des saints de Godescard, en 4 volumes. On a tiré son portrait, qui a été gravé. Mais le graveur, ne l'ayant pas connu, n'a rappelé que foiblement ses traits, qui revivent bien mieux dans la reconnoissance de ses nombreux élèves dispersés aujourd'hui pour toute la France. Ils sont restés fidèles à ses instructions, et leur conduite ferme dans le dernier orage de cette année est encore une suite de l'esprit qu'ils avoient puisé dans les entretiens de leur vénérable directeur.

N. B. Plusieurs abonnés ont réclamé la Table du second`volume. Nous les prévenons que cette Table forme une feuille entière avec celle du premier; en conséquence, on n'a pas pu recevoir l'une sans l'autre, et dorénavant elles seront livrées avec le dernier numéro de chaque volume.

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