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PARIS. Une des plus grandes fautes des gouvernemens qui se sont succédés en France depuis plus de vingt ans, la faute qui a été la source de toutes les autres, a été d'isoler la religion de la politique. Ils eussent regardé comme une honte de laisser croire qu'ils avoient besoin de l'assistance du Très-Haut, et dans leur orgueilleuse présomption ils eussent traité de capucinade la proposition de demander les prières de l'E- ́ glise pour le succès de leurs travaux. Il ent fait beau voir en effet la Convention ou le Directoire appeler le ciel à leur secours. Ç'eût été un contre-sens et un scandale. Ils ont voulu nous gouverner avec leur seule sagesse humaine, et l'on sait combien les résultats en ont été heureux, et combien nous avons eu à bénir leurs soins et lents efforts. Ils avoient voulu se passer de religion, et pour simplifier leur marche, ils se sout passés aussi de justice et d'humanité. Dieu soit loué, qui a renversé ces contempteurs de son nom et ces oppres seurs de son Eglise, et qui a rappelé parmi nous les rois très-chrétiens. Fidèles à la religion comme à l'honneur, leur piété est la meilleure garantie de l'équité et de la douceur de leur gouvernement, et nous avons d'autant plus de raisons d'espérer que le ciel bénira leur administration, qu'ils sentent la nécessité de recourir à lui, et qu'ils appellent, comme Salomon, la sagesse d'en haut. C'est dans ces dispositions que S. M. a désiré que l'ouverture de la session des chambres fut marquée par une cérémonie religieuse et par des prières solennelles.

En conséquence, MM. les vicaires-généraux du diocèse ont donné, le 17 de ce mois, un Mandement pour ordonner des prières publiques.

«La France, disent-ils, heureusement rentrée dans les principes de la légitimité, qui sont les principes de la vérité et de la justice, seules bases du repos public, seul et dernier terme des révolutions, la France désavonera à jamais toutes ces multitudes, tous ces rassemblemens, qui, abusant de la force, et levant la main

contre le Seigneur et contre son oint, ont renversé les autels du Dieu vivant, et le trône de saint Louis.

>> Quel jour de gloire pour la religion! le Roi semble vouloir la rétablir sur le trône françois et sur ses peuples avec autant de solennité qu'autrefois David introduisit de nouveau, au milieu du peuple d'Israël et dans la sainte cité, l'arche qu'une nation ennemie avoit tenté de lui enlever. Il veut inaugurer en quelque sorte la nation, en faire à Dieu, dans sa personne royale et dans la personne des membres des deux chambres, une nouvelle dédicace avec la même pompe religieuse et nationale, avec laquelle Salomon, entouré des chefs des douze tribus, dédia au Seigneur le temple et le peuple ».

Il y aura donc, le dimanche 1er. octobre, à NotreDame, une messe solennelle du Saint-Esprit, précédée du Veni Creator, et suivie du Sub tuum et du psaume Exaudiat. S. M. y assistera avec les princes, les pairs et les députés. Les mêmes prières auront lieu dans les autres églises le lendemain, jour même de l'ouverture des chambres, et jusqu'à la fin du mois de novembre, on fera, dans les différentes paroisses de la capitale, les prières de quarante heures avec exposition du SaintSacrement Chaque paroisse fera ces prières à son tour, et elles auront toujours lieu dans deux églises à la fois. Les fidèles y prendront sans doute part dans un moment si important, et où tant de malheurs nous avertissent que la sagesse dans les conseils et le succès dans les efforts ne sont dus qu'à Dieu.

La messe solennelle du Saint-Esprit que les journaux avoient annoncée pour la veille du jour où le Roi fera l'ouverture de la session des chambres, ne sera célébrée que le dimanche d'après le jour de l'ouverture.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Diverses députations de colléges électoraux ont élé successivement présentées au Roi, et accueillies de S. M. avec sa bonté ordinaire.

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← MONSIEUR est de retour de Rambouillet, ainsi que MADAME et les deux princes qui y étoient allés prendre le divertissement de la chasse.

-La déclaration des puissances alliées relativement aux affaires de la France a été définitivement remise aux ministres de France. Elle ne fait point mention de cession de territoire, mais réclame l'occupation de quelques places pendant un certain temps. On croit qu'il y aura à ce sujet des communications faites aux deux chambres.

-La cour d'assises de Paris a condamné au bannissement pour cinq ans un homme et une femme, coupables de propos et de provocations séditieuses. Le tribunal de Périgueux a condamné à deux ans de prison un individu qui avoit foulé aux pieds la croix de Saint-Louis d'un vieux militaire. A Narbonne, dis porteurs de cocardes tricolores ont été condamnés à un an de prison.

Des changemens vont s'opérer, à ce qu'il paroît, dans le ministère du Rot, Le duc d'Otrante, ministre de la police, a donné sa démission, et a déjà quitté l'hôtel du ministère. Il est nommé ambassadeur en Saxe. Son successeur n'est pas encore connu. On parle de la rentrée de M. le duc de Feltre dans le ministère de la guerre.

Des troupes russes sont en mouvement de tous les côtés pour se porter vers les frontières. Plusicurs corps autrichiens prennent la même direction.

-S. Exc. M. le général Pozzo di Borgo, ambassadeur de S. M. l'empereur de toutes les Russies près S. M. T. C., a reçu le 19, avec le cérémonial usité, MM. les comtes d'Aguesseau et Desèze, pairs de France, commandeurs grandmaître des cérémonies et grand-trésorier des ordres de SaintMichel et du Saint-Esprit, chargés d'offrir à ce souverain les honneurs et attributs desdits ordres, qui lui ont été personnellement conférés par S. M. le Roi de France. La présentation et remise en ont été faites à S. Exc. par M. Caminade de Castres, officier des mêmes ordres et maître des requêtes honoraire de MONSIEUR, lequel avoit été chargé, au mois de janvier dernier, d'aller en Angleterre, remplir pareille mission auprès de S. A. R. le prince-régent, aussi chevalier des mêmes ordres.

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pour le maréchal Ney, où il est dit que cette ville étoit insurgée. On se plaint que l'auteur du Mémoire ait plus consulté les intérêts de son client que la vérité. Autun ne se déclara point pour Buonaparte, qui reprocha lui-même aux magistrats leur conduite, et en dernier lieu elle a été des premières à secouer son joug, malgré le zèle et les mesures du commissaire Thibaudeau.

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– On a accordé au maréchal Ney la permission de voir sa fesime et ses enfans: ils viennent tous les soirs à la Conciergerie, et assistent à la promenade du maréchal.

Des lettres de Toulon annoncent l'arrivée en ce port de trois bâtimens de l'Etat, portant la garnison françoise de l'île d'Elbe, qu'on évalue à 700 homines. L'esprit qu'ils ont manifesté en débarquant a satisfait les habitans. Cependant l'on ne croit pas que ces troupes soient destinées à être envoyées sur-le-champ dans l'intérieur.

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Le Roi a rendu, le 6 septembre, une ordonnance portant qu'il sera établi à Saint-Cyr, dans le local qu'occupoit l'é cole militaire, une seconde école préparatoire, dont l'orga nisation et le régime seront les mêmes qu'à l'école royale militaire de la Flèche, tels qu'ils ont été prescrits par l'ordonnance du 23 septembre 1814.

-Une ordonnance royale, du 18 septembre, instituant la cour royale de Paris, commence par ce préambule :

« La justice fonde la sécurité des peuples et la véritable gloire des rois; la rendre à nos sujets est le premier devoir et le plus beau privilége de notre puissance. C'est aux magistrais à qui nous remettons ce soin, qu'il appartient surtout de faire chérir et respecter notre autorité. Appelés à protéger la trauquillité de l'Etat et le repos des familles, leur fidélité est l'un des plus sûrs appuis de notre trône, qui doit également s'honorer de leurs vertus. Leur fermeté veillera au prompt rétablissement de la paix publique; leurs exemples hâteront le retour des bonnes mœurs, et leur inflexible équité ramènera cette confiance parfaite que le maintien des lois inspire à tous les citoyens. Dans les temps difficiles où il a plu à la Providence de placer notre vie et notre règne, nous avons senti que pour atteindre à ce but si dési rable, il étoit nécessaire de donner sans retard à la magistra ture cette stabilité que lui assure notre institution royale, et qui fait sa force et son éclat. Notre intention est donc

d'étendre successivement ce bienfait à tous les tribunaux de notre royaume. En instituant d'abord notre cour royale de Paris, nous nous plaisons à rappeler aux hommes qui doivent siéger dans son sein les devoirs sacrés que leur impo sent les fonctions qui leur sont confiées; notre désir est que, cette cour servent de modèle à toutes les cours de notre royaume, et qu'elle leur donne l'exemple de la fidélité, de la sagesse et du courage que commandent ces augustes fonctions. Le soin que nous avons apporté dans le choix des magistrats que nous appelons à ce poste éminent, nous donne lieu d'attendre que nous ne serons pas déçus daps notre espoir » .

La même ordonnance nomme ensuite :

Premier président. M. Séguier, pair de France, premier président actuel.

Présidens. MM. Agier et Faget de Baure, présidens acnels; Amy, Bastard de l'Estang, de Merville, conseillers en la cour.

Conseillers. MM. Parisot, Lepoitevin, Cholet, Hardouin, Hénin, Bouchard, Jolly, Cotta, Baron, Brière, Sylvestre de Chanteloup, le Chanteur, Busson, Plaisant-Duchâteau, Titon, Pinot-Cocherie, Debonnaire, Lucy, Vanin, de la Selle, Chopin d'Arnouville, Dupaly, Pavyot de Saint-Aubin, Leschassier de Méry, de Berny, Malleville, Sanegon, Monmerqué, Bertin d'Aubigny, conseillers actuels; d'Ilaranguier de Quincerot et Delaveau, conseillers auditeurs en la cour; Malartic, président à la cour royale de Pau; Frasans et Monicloux de la Villeneuve, anciens magistrats; Delahuproye, président du tribunal de première instance de Troyes; Crespin, président du tribunal de première instance de Provins; Moreau de lá Vigerie et Gabaille, vice-présidens au tribunal de première instance du département de la Seine; Villedieu de Torcy, juge au tribunal idem; Romain Desèze, Hemery, Larrieu, Moreau, avocats, et Le Picard, ancien secrétaire-général de la chancellerie.

Conseiller honoraire. M. Lecourbe.

Conseillers-auditeurs. MM. Dehaussy, Devatimesnil, Debroé, Sylvestre, Brisson, Godard de Belbeuf, conseillersauditeurs actuels.

Procureur-général. M. Bellart, nommé par ordonnance da

14 août.

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