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Toison-d'Or, que le roi d'Espagne envoie à M. le duc de Berry. S. M. en a revêtu ce prince. Toute la famille royale étoit présente.

Les souverains alliés, qui avoient dû partir à la fin de la semaine, sont encore dans cette capitale. L'empereur de Russie a fait ces jours derniers plusieurs visites au Roi. - L'ouverture des chambres a été remise au lundi 2 oc

tobre.

- Le maréchal Blucher est arrivé à Paris, venant de Caën. Il doit établir son quartier général à Versailles, et les troupes prussiennes qui occupoient plusieurs départemens de l'Ouest se rapprochent de la capitale, où elles doivent être passées en revue par leur souverain.

- Plusieurs juges de différens tribunaux ont été destitués et remplacés.

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- Il y a un grand mouvement dans les troupes antrichiennes pour la revue qui doit avoir lieu du côté de Dijon. On fait toujours des préparatifs au camp de Genlis.

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Une ordonnance du Roi déclare valables les diplômes délivrés par l'Université, du 20 mars au 7 juillet. D'autres ordonnances règlent l'uniforme de la garde royale, ordonnent la formation d'une légion départementale pour la Corse, et nomment à la pairie M. le comte Lynch, et pour commissaire à Sainte-Hélène, M. de Mootchenu.

-M. le marquis de Villeneuve, qui avoit été appelé à Paris pour rendre compte de sa conduite, a donné sur sou administration des explications qui ont satisfait le gouver

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-Sur les représentations de M. le général Desole de Grisolles, commandant les armées royales en Bretagne, M. le général prussien Tauenzien n'a pas fait entrer ses troupes dans les cantonnemens occupés par cette armée, et a écrit à ce sujet au général françois une lettre fort polie.

-Un journal anglois publie une lettre de Murat, qu'il dit avoir trouvée dans le Moniteur de 1793. Elle est adressée au club des jacobins. S. M. y déclare qu'elle est jacobin, montagnard et sans-culotte; ce qui étoit probablement assez vrai. Elle demande la permission de changer son nom pour celui de l'immortel Marat, qu'elle a pris pour modèle. L'exroi n'auroit donc pas besoin de chercher un nouveau noui. On ne pense pas que cette découverte du journal aniuse beaucoup ce prince dans sa retraite.

L'Indicateur de Bordeaux publie une liste de personnes riches qui ont fait des offres considérables pour tenir lieu de leur contingent dans la contribution de 100 millions. Il y en a qui se montent à 8 et 10,000 francs.

AU RÉDACTEUR.

Monsieur, j'ai l'honneur de vous prier de rectifier dans un de vOS prochains numéros un article peu exact, et assez mal présenté dans les journaux relativement à la chapelle royale de Versailles.

Nos derniers malheurs n'ayant pas encore permis de commencer les travaux pour la restauration de la chapelle du Roi, j'ai cru entrer dans les vues de M. le prince de Poix, gouverneur du château, en faisant disposer la chapelle, dite de la Reine, située dans les galeries à gauche pour y faire décemment le service divin, et d'une manière provisoire. Le samedi, 2 septembre, j'ai béni cette chapelle comme délégué du grand-aumônier de France, et le lendemain 3, à dix heures, j'y ai célébré la messe à la suite d'une courte exhortation adressée aux as sistans, dans laquelle j'ai rappellé nos malheurs passés, et les profanations commises dans le lieu saint. Je ne suis étendu sur l'obligation où nous sommes de suivre les exemples de piété du Roi et de toute son auguste famille, et de prouver aussi par notre zèle à remplir les devoirs de notre sainte religion, que les vrais chrétiens sont les meilleurs et les plus fidèles serviteurs du prince.

La messe a été précédée du Veni Creator, et terminée par le Psaume Exaudiat, chanté avec piété par le grand concours de fidèles présens cette religieuse cérémonie.

Tous les dimanches et fêtes il se dit deux messes dans la chapelle, la première à neuf heures et l'autre à dix.

Il y a avec le chapelain deux autres ecclésiastiques attachés au service de la sacristie.

Veuillez, Monsieur, rectifier cette inexactitude dans votre journal, connu depuis long-temps par un caractère de vérité et d'impartialité, assez rare aujourd'hui, et qui ajoute au mérite et à l'intérêt de votre fouille.

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J'ai l'honneur d'être, Monsieur, votre très-humble serviteur,

DEVINS, chapelain du Roi à la chapelle de Versailles, chanoine honoraire de la même ville, et un de vos abonnés.

Conformément au Mandement de MM. les vicaires-généraux de Paris, le siege vacant, qui ordonne des prières de quarante heures dans toutes les églises du diocèse, pendant la durée de la session des deux chambres, ces prières viennent d'être imprimées en latin et en françois. Les fidèles les trouveront chez Ad. Le Clerc, imprimeur de l'archevêché, quai des Augustins, no. 35; prix, 25 cent. franc de port.

Li duchesse d'Angoulême à Bordeaux, ou Relation circonstanciée des événemens politiques dont cette ville a été le théâtre en mars 1815; par M. A. D. B. P. (1).

Nous avons admiré plus d'une fois dans notre révolution la constance et l'énergie des femmes. Ce sexe, qui paroissoit n'avoir reçu en partage que la douceur et la patience, a montré souvent le zèle le plus actif, le dévouement le plus intrépide, le sang froid le plus étonnant. Des épouses, des filles, des mères ont bravé les plus grands dangers pour sauver les objets de leur affection. Exaltées par un sentiment vif et profond, leur sensibilité s'est tournée en courage, et leur foiblesse en audace. Elles n'ont pas craint de professer leur attachement au Roi, même sous la tyrannie; de témoigner toute leur pitié pour les malheureux, même sous la terreur; de laisser voir leur fidélité à la religion, même sous le règne de l'impiété. Etrangères à des calculs d'intérêt et d'ambition qui ont entraîné trop d'hommes foibles ou avides de fortune, elles n'ont pas ployé devant l'injustice toutepuissante, et ont entretenu avec soin dans leurs familles et dan leurs sociétés le sentiment du devoir et de l'honneur. Ce seroit un recueil intéressant que les traits de courage, de grandeur d'ame, de tendresse maternelle ou filiale, de charité sublime dont

(1) Brochure de 96 pages in-8°.; prix, 2 fr, et 2 fr. 25 c. franc de port. A Versailles, chez Angé, libraire, rue Satory; et à Paris, au bureau du Journal.

Teme V. L'Ami de la R. et du R. No. 119.

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elles ont marqué des jours féconds en crimes; traits qui consolent l'humanité, vengent le caractère national, et dont l'histoire s'emparera pour tempérer l'amertume de ses récits, et reposer l'imagination attristée de tant de scènes désolantes.

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A la tête de ces femmes fortes et généreuses, ne convient-il pas de placer cette fille des rois qui a fait un si long apprentissage du malheur, et n'en a pas été abattue; qui, privée successivement de tous les siens, n'a conservé pour appui que son courage et sa piété, qui a passé sans se démentir de la prison à l'exil, qui a rempli auprès d'un Roi, banni comme eile, les devoirs d'une fille tendre, et qui, de retour dans le pays où elle avoit versé tant de larmes, n'a pas montré un sentiment de vengeance, et n'a songé qu'à faire des heureux là où elle avoit éprouvé des traitemens si rigoureux et essuyé des chagrins si amers? Ne l'a-t-on pas vue dans une nouvelle épreuve ui eut accablé un courage ordinaire, déployer cette fermeté, ce calme, cette présence d'esprit qui cussent conjuré l'orage si elle eût été secondée? Bordeaux n'a-t-il pas été témoin de ses efforts pour sauver la France, et de sa noble persévérance à tenter tous les moyens? Seule, privée d'un époux, elle résiste jusqu'au dernier moment, et anime par son exemple et par ses discours tout ce qui l'environne. Mais autant elle avoit montré d'ardeur pour exciter les troupes tant qu'elle avoit cru la défense possible, autant elle exhorte les Bordelois à ne point se sacrifier quand elle voit qu'il n'y a plus d'espérance. Surtout elle s'oublie entièrement elle-même. Elle ne considère que le Roi, la France et les braves serviteurs rangés autour d'elle. Elle n'a d'alarmes et d'inquiétudes que

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pour les autres, tandis qu'elle court le plus imminent danger, et elle ne consent qu'à la dernière extrémité à ce qu'on s'occupe de sa sûreté personnelle.

Ce sont ces faits intéressans que M. D. B. a cherché à recueillir. Son ouvrage n'est qu'un épisode; mais cet épisode se rattache à une époque de désastres, et fait ressortir un beau caractère. On n'en connoissoit jusqu'ici que les circonstances principales. La nouvelle relation en présente les détails. La Princesse étoit arrivée à Bordeaux, le 5 mars, avec son auguste époux. Les Bordelois leur témoignoient à l'un et à l'autre, par des acclamations et par des fêtes, leur joie de les voir dans leurs murs, quand, le 9, on apprit le débarquement de Buonaparte. Nous nous rappelons tous l'effet que produisit cette nouvelle. Qui eût pu croire encore alors que cet odieux aventurier dût entrer quelques jours après dans Paris? Toutefois M. le duc d'Angoulême se mit en devoir de repousser l'invasion. II quitta Bordeaux la nuit même, créa des moyens de défense, rassembla quelques troupes, quelques gardes nationales, quelques braves volontaires, marcha vers le Rhône, luttant contre tous les obstacles, et agit jusqu'à la fin avec un courage soutenu et digne d'un petit-fils de Henri IV. Le Midi admira son activité, son zèle, sa constance à supporter les fatigues comme un simple soldat, et à ne pas séparer sa cause de celle des braves qui l'accompagnoient. On reconnut en lui un vrai chevalier françois, et de ce moment ces provinces lui témoignèrent cet attachement et ce respect dont dernièrement encore elles lui ont prodigué de nouvelles marques, l'occasion d'un nouveau bienfait dont elles lui sont redevables.

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